Un drôle de numéro !
Les Episodes à la loupe



L'arrivée
Le carillon de Big Ben
A, B & C"
Liberté pour tous
Double personnalité
Le Général
Le Retour
Danse de mort
Echec et Mat
Le Marteau et l’Enclume
L’enterrement
J’ai changé d’avis
L’impossible Pardon
Musique douce
La mort en marche
Il était une fois
Le Dénouement





La première diffusion en France du "Prisonnier", tel est le titre de la série, remonte au 18 février 1968 sur la deuxième chaîne. D'entrée l'ambiance du premier épisode "L'arrivée" (The Arrival en v.o.) tranche radicalement avec les séries classiques. Filmé un peu à la manière de ce que seront bien des années plus tard les vidéo-clips, le rythme imposé nous entraîne dans une succession d'images rapides. Une Lotus Seven traverse à vive allure les rues de Londres avant de s'engouffrer dans les entrailles d'un parking souterrain. A son bord ce
lui qui n'est pas encore le n°6 semble vouloir en découdre une bonne fois pour toute. Arrivé à destination, il se dirige d'un pas ferme et décidé à travers un couloir vers le bureau d'un homme chauve à qui il jette avec précipitation une enveloppe. Il vient de démissionner. Alors qu'il retrouve son domicile pour y faire rapidement ses valises, un sombre personnage aux allures de croque-morts sort d'un corbillard et injecte à travers la serrure de l'appartement un gaz anesthésiant. A son réveil tout semble normal, il est toujours dans son appartement, sauf qu'apparemment l'appartement, lui, n'est plus à Londres.. mais au Village ! Bien que désertique, celui-ci se reveille et le Prisonnier découvre alors cet univers carcéral aux fausses apparences paradisiaques dans lequel il va devoir lutter pour garder son entité. Le contact avec les autochtones est de prime abord courtois bien que les réponses données à ses premières interrogations le laissent perplexe. "Comment s'appelle cet endroit ?" demande-t'il à la serveuse du café " Vous êtes nouveau ici, on dirait" répond-elle. "Où sommes-nous ?", "Au Village" réplique la serveuse. " Lequel ?", " Je vais voir si le café est prêt" ajoute-t'elle ! Ce ne seront pas les dernières questions qui resteront sans réponse, toute la quête du n°6 sera, en plus de vouloir s'enfuir, de comprendre, de savoir. Pourquoi est-il là ? Qui sont ces villageois ? Pourquoi est-il le Numéro Six ? Qui est le Numéro Deux ? Qui est le Numéro Un ? Autant de questionnements qui lui hantent l'esprit et dont la seule réponse qu'il recevra, sera elle-même une interrogation ! " Pourquoi avez-vous démissionné ?" Cette question lui sera posée mainte et mainte fois par les numéros 2 successifs. C'est avec le premier d'une longue liste qu'il fait le tour du propriétaire, découvrant les différents édifices du Village et les règles qui régissent le quotidien des villageois. Ce dernier en profite pour tenter un premier interrogatoire en glissant dans la conversation quelques questions relatives aux sympathies politiques du n°6, à ses hobbies… Mais il se voit opposer une fin de non-recevoir tout en nuances caustiques. Car l'une des armes du Prisonnier est son humour pince-sans-rire, son sens de la répartie qu'il manie à merveille déstabilisant de fait les plus coriaces de ses interlocuteurs. Les joutes verbales sont des plus exquises et le prisonnier fait preuve d'une habilité déconcertante face à ses inquisiteurs décontenancés qui pourtant ne manqueront pas d'imagination et de subtilité pour arriver à leurs fins. Ce premier épisode est donc une sorte de présentation du Village et de ses protagonistes, un état des lieux des différentes ruses mises en place pour piéger le Prisonnier et une première évasion ratée pour ce dernier qui devra bien malgré lui cohabiter avec ce numéro qu'on lui a affublé.




Dans "Le carillon de Big Ben" (The chimes of Big Ben) diffusé en France le 31 mars 1968, le Prisonnier sympathise avec une nouvelle venue, une certaine Nadia Rakovski, démissionnaire elle aussi, qui arbore le numéro 68. D'après Nadia, le Village serait situé en Lituanie à proximité de la frontière polonaise. Alors que le nouveau numéro 2 imagine une idylle entre ces deux détenus, ceux-ci peaufinent un projet d'évasion. Profitant de l'occasion d'un concours de sculptures organisé au Village, le n°6 réalise une œuvre peu académique qui s'avère être le squelette d'un bateau qui leur servira à s'enfuir par la mer et rejoindre les cotes polonaises où les attend un ami de Nadia. Enfermés dans des caisses en bois, ils suivront un périple qui les mènera à Londres où le Prisonnier ira rendre compte de l'existence du Village à son ex-supérieur pour le moins perplexe qui interroge le numéro 6 quant à ses motivations qui lui ont fait quitter son service. Alors que le Prisonnier va enfin dévoiler ses motifs, soudain Big Ben sonne 8 heures ! Mais voilà, la montre du n°6 censée donner l'heure polonaise, indique aussi 8 heures ! Le Prisonnier comprend de suite qu'il y a là une incohérence certaine et prend immédiatement la porte du bureau qui s'ouvre… sur le Village ! Le village qu'il n'a en fait jamais quitté.



"A, B & C" (A, B & C) arrive sur les petits écrans français le 3 mars 68. Curieusement et comme c'est souvent le cas dans l'hexagone, la série n'est pas diffusée dans l'ordre chronologique original. Ce ne sera pas la seule entorse à l'œuvre initiale et il faudra attendre de nombreuses années avant que le spectateur français puisse voir la série dans son intégralité et suivant la logique voulue par ses géniteurs. Dans ce nouvel épisode, le numéro 2 soupçonne le Prisonnier d'avoir cherché à vendre des informations importantes à trois individus avant de démissionner. Il imagine alors un plan diabolique qui va lui permettre de visualiser et de manipuler les rêves du numéro 6, grâce à un cocktail de drogues associé à une série d'électrodes directement branchée sur la tête du Prisonnier. L'utilisation fréquente de technologies visionnaires et futuristes est monnaie courante dans la série. Les scénaristes imaginent des procédés assez innovants pour l'époque qui deviendront des objets du quotidien comme le téléphone sans fil ou qui ne seront que de purs délires comme le transfert de personnalité d'un corps à un autre. Mais le souci de modernisme prône même si parfois une technique particulièrement novatrice utilisée dans un épisode est totalement abandonnée au profit d'une bien moins révolutionnaire, voire même archaïque dans l'épisode suivant. Cette fois-ci, la solution adoptée est donc résolument innovante. Une première injection permettra au Prisonnier de rencontrer virtuellement l'individu codifié "A" lors d'une réception chez une certaine madame Engadine. Sans résultat. Une deuxième tentative sera faite le lendemain. Là le Prisonnier rencontre le personnage "B" qui s'avère être une espionne. Malgré une tentative du numéro 2 de faire prononcer à B un appel de détresse en direction du numéro 6 afin qu'il révèle les raisons de sa démission, ce dernier suppute une supercherie, le pseudo personnage B ignorant certains détails qui n'auraient pas étonné la véritable espionne. Vous suivez ? Comprenant qu'il est manipulé, le Prisonnier arrive à remplacer la troisième seringue censée lui faire rencontrer, toujours virtuellement, le personnage "C". Alors que le numéro 2 ordonne la dernière piqûre, le numéro 6 feint alors d'être drogué et les images que découvre le numéro 2 ne sont que celles que veut bien lui monter le Prisonnier. Il dévoile ainsi que le personnage "C" n'est autre que madame Engadine laquelle lui révèle la présence d'un quatrième personnage, imprévu dans le scénario du n°2 ! Alors qu'il tarde à ce dernier de découvrir l'identité de ce mystérieux inconnu cagoulé, le numéro 6 lui arrache sa coiffe. Apparaît alors le propre visage du Numéro 2, médusé !!



C'est sur fond d'élection que débute "Liberté pour tous" (Free for all) le 17 mars 1968. Alors qu'on imaginait que chaque numéro 2 était directement nommé par une instance supérieure, probablement le numéro 1, il s'avère que celui-ci est démocratiquement élu, tout du moins dans les apparences. Et c'est ainsi que l'actuel numéro 2 remet son mandat en jeu, proposant même au numéro 6 de se présenter contre lui. Encouragé par les villageois en liesse, il accepte la curieuse proposition. Afin de l'assister dans ce nouveau défit, le numéro 2 lui offre les services d'une assistante peu banale, le n°58. Dans la version originale de la série, celle-ci parle une langue incompréhensible. Dans la version française elle se "contente" d'exprimer des propos complètement incohérents bien qu'en bon français. La campagne électorale menée par le Prisonnier fascine les villageois qui le plébiscitent. Il n'en faut pas plus pour que le numéro 2 intervienne et qu'il fasse subir à son adversaire un lavage de cerveau qui le rend complètement déraisonné et imprévisible allant jusqu'à se saouler dans un club en compagnie du numéro 2 lui-même ! Le résultat est sans appel. Le numéro 6 gagne les élections et devient le nouveau numéro 2 ! Conduit dans la fameuse salle de contrôle du Village, il s'empare du système central et harangue les villageois leur disant qu'ils sont enfin libres et qu'ils peuvent fuir le Village. Mais nul ne bouge. Arrive alors le numéro 58 qui le gifle en prononçant une étrange litanie juste avant que des gardes s'emparent de lui. Une fois encore le Prisonnier a été dupé. D'autant plus que sa collaboratrice, qui en réalité parle un parfait anglais, est en fait le nouveau numéro 2 !



Le réveil est particulièrement déconcertant pour le numéro 6, dans ce nouvel épisode du 10 mars 1968 intitulé "Double personnalité" (Schizoid man). Quoi de plus déroutant que de se réveiller dans une chambre différente de celle dans laquelle on s'est couché ? C'est pourtant le début d'une étrange expérience que va vivre le prisonnier. Une épreuve d'autant plus troublante que le visage qu'il se découvre dans la glace n'est plus tout à fait le sien ! A sa grande stupeur, il porte à présent la moustache et ses cheveux sont bien plus foncés. Pire encore, le voilà devenu gaucher ! Et les surprises continuent lorsqu'il s'aperçoit que ses goûts culinaires ne sont plus les mêmes et qu'il n'apprécie plus les mêmes cigarettes ! Devinant bien entendu u
ne nouvelle manœuvre de déstabilisation des maîtres du Village, il se rend donc logiquement chez le numéro 2, lequel l'accueille en tant que.. numéro 12 ! Le numéro 2 explique alors au Prisonnier "rebaptisé" 12, que celui-ci fait partie d'une stratégie visant à faire craquer le soit disant véritable numéro 6 ! Un faux numéro 6 qui se trouve être la copie conforme du Prisonnier tel qu'on le connaît habituellement. Rapidement une confrontation a lieu entre les deux numéros 6, notamment un duel au fleuret suivi d'une altercation musclée. Une confrontation visant à démasquer l'imposteur et à réhabiliter le véritable numéro 6. Mais celui-ci en ressort perdant. Manifestement il a perdu tous ses moyens n'étant plus réellement lui-même. En dernier recours, il tente une ultime tentative pour démystifier le pseudo-numéro 6. Il va profiter d'un soit disant don de transmission de pensée entre lui et une habitante du Village dénommée Alison avec qui il avait l'habitude de faire deviner des cartes de jeu qu'il tenait en main et qu'elle ne voyait pas. Mais là encore, le résultat est négatif. Alison ne devine aucune des cartes que le Prisonnier tente de lui faire découvrir et plonge le Prisonnier en plein doute identitaire. Cependant une photographie prise par Alison révèle un détail particulier. Sur ce cliché, un des doigts du prisonnier présente un pinçon à la base de l'ongle, pinçon toujours présent aujourd'hui mais situé bien plus haut. Ce qui prouve que cette photo, censée avoir été prise peu de temps avant, est bien antérieure à ce qu'il semblerait. De même, un calendrier visible sur cette photo indique la journée du 10 février, alors que l'éphéméride du Prisonnier marque exactement la même date ! Comment une photo prise quelques jours avant peut-elle monter la date du jour ? Le prisonnier comprend qu'il a subi un traitement particulier ayant modifié ses réflexes et sa personnalité. Il saura rapidement les retrouver grâce à un électrochoc qu'il s'inflige. Il retrouve alors son double, le faux numéro 6 appelé Curtis, à qui il arrache le mot de passe "Schizophrénie" lui permettant d'être reconnu des autorités du Village, ainsi que la puce électronique en forme de grain de beauté le préservant des interventions du rôdeur. Et la fameuse boule blanche est effectivement bluffée en prenant pour victime le faux numéro 6. Se faisant passer à présent pour Curtis, le Prisonnier rend compte au numéro 2 de son soit disant échec quant à sa tentative de faire craquer le numéro 6. Dubitatif, le numéro 2 affrète tout de même un hélicoptère afin que le présumé Curtis puisse quitter le Village, sa mission étant terminée. Tout en le saluant, le numéro 2 prie l'imposteur de présenter ses hommages à Suzanne, la femme de Curtis. Promesse faite, le Prisonnier prend place dans l'hélicoptère, non sans une ultime précaution. Afin qu'il ne puisse divulguer la position du Village devant rester secrète, on lui bande les yeux. L'hélicoptère décolle, puis revient à son point d'origine. Suzanne, la femme de Curtis, est morte, noyée, il y a quelques années déjà…  A deux doigts de réussir son évasion en prenant le numéro 2 et ses sbires à leur propre jeu, le Prisonnier se rend compte, une nouvelle fois, qu'il a été manipulé du début à la fin. Mais le fait le plus étonnant est cette volonté qu'à celui qui ne veut pas être un numéro, qui veut rester un homme libre, de défendre becs et ongles sa qualité de… numéro 6 !



Une nouvelle entorse à l'œuvre originale marque l'épisode du 7 mars 1968. Intitulé dans la version anglaise "The General", la censure de l'époque jugea qu'il était mal venu d'en faire une traduction littérale. En 1968 la France en plein doute était alors gouvernée par un autre Général, bien plus glorieux celui-là, et attribuer ce titre à l'épisode d'une série semblait être quelque peu déplacé. Il fallait ménager les susceptibilités en ce temps là ! C'est donc sous le titre "Le Cerveau" qu'on découvrit "The General" avant de redevenir "Le Général" dans la version actuelle. Une nouvelle technique d'enseignement accéléré est mise en œuvre au sein du Village. Via leurs écrans de télévision, les étudiants potentiels peuvent suivre leurs cours de façon subliminale. En à peine quelques minutes, le programme de plusieurs années est ainsi acquis sans effort et sans problème. Si ce système révolutionnaire particulièrement efficace, créé par un certain Professeur sous la direction d'un mystérieux Général, semble des plus intéressants, les dirigeants du Village voient là l'occasion de manipuler de façon indolore le subconscient de leurs administrés. Mais c'est oublier un peu vite la sagacité du Prisonnier qui découvre que le professeur en question a enregistré une vidéo dénonçant l'exploitation détournée de son invention par les autorités, précisant même, que la destruction du Général était primordiale. Grâce à la complicité du numéro 14, le numéro 6 se procure des laisser-passer électroniques lui permettant d'accéder au système de diffusion vidéo. Son but est de faire échouer l'entreprise du numéro 2 dans sa tentative de lavage de cerveaux des villageois. Malheureusement le Prisonnier est stoppé par le numéro 2 qui néanmoins lui présente le Général. Contre toutes attentes, celui-ci s'avère être un ordinateur censé répondre à toutes les questions. Toutes ? Devant les doutes du Prisonnier le numéro, 2 l'invite à poser au général la question de son choix. Celui-ci s'exécute est entre sa question dans l'ordinateur. Mais ce dernier, soudain, s'emballe et explose ! La question posée était toute simple et sans réponse… Simplement : "Quoi ?". Cet épisode souligne la première victoire du Prisonnier sur ses geôliers.


Le Village est étonnamment désert lorsque débute "Le Retour" (Many Happy Returns) ce 25 février 1968. Un Village sans villageois, sans eau ni électricité ! Les haut-parleurs habituellement très loquaces sont muets. Aucun signe de vie alentour. Pas de numéro en vue, encore moins de rôdeur. Le grand dôme, le cœur névralgique du Village, est désespérément vide. Seule présence vivante : un chat noir. C'est une étrange impression d'ailleurs que de voir ces rues généralement emplies d'une foule bigarrée. Entièrement construit au début du siècle par l’architecte Sir Clough Williams-Ellis un anglais un peu fantasque (mais n'est-ce pas là un pléonasme ?), le village de Portmeirion existe réellement. Situé dans le Pays de Galles, plus exa
ctement dans la baie de Cardigan, ce village mosaïque bénéficie d’un micro climat propice à une flore luxuriante qui n’a pas manqué d’inspirer et d’accueillir de grands écrivai,s comme Georges Bernard Shaw ou Ernest Hemingway. Ce lieu unique en son genre s’est rapidement imposé l’endroit idéal pour incarner cette prison sans barreau. Le Village est devenu un élément à part entière indissociable de la série, tout comme le rôdeur. Plus qu’un décor, le village symbolise de par la diversité de son architecture et son apparence paradisiaque les multiples facettes de nos sociétés occidentales qui, malgré leurs richesses apparentes et leurs luxes synonymes de liberté et de bien être n’en sont pas moins autant de prisons dorées où nous sommes enfermés. Le Prisonnier se retrouve donc livré à lui-même au milieu d'un village mort. Son désir d'évasion n'en est que plus pressant. Une évasion évidemment facilitée par l'abandon curieux et non moins mystérieux du Village par ses habitants. Aussi, à la hâte il fabrique un radeau, fait le plein de victuailles et de divers objets dans l'unique magasin du Village tout en prenant soin de laisser une ardoise avec le montant des produits empruntés. Avant de partir, il photographie le village sous tous ses angles. Enfin il embarque pour un périple de plusieurs semaines. Régulièrement il prend des notes afin de se repérer et de pouvoir localiser l'emplacement exact du Village. Mais le voyage n’est pas de tout repos. A bout de force, il se fait accoster par des marins qui lui dérobent ses maigres provisions avant de le rejeter à la mer. Mais il parvient néanmoins à remonter à bord et, dans un dernier effort, tente de se débarrasser de ses assaillants. Peine perdue, ceux-ci prendront le dessus et le Prisonnier se retrouve une nouvelle fois à la mer. Mais des côtes se dessinent à l’horizon. Aussi il nage jusqu’au rivage où il est recueilli par des gitans. Il découvre alors qu’il est bel et bien en Angleterre et décide de regagner Londres. Là il se rend directement à son ancien appartement lequel est occupé par une veuve, Madame Butterworth. Alors qu’elle arrive au volant de la Lotus Seven du Prisonnier, ce dernier, malgré son apparence de va-nu-pieds, la convainc qu’il a lui-même construit cette voiture et que cet appartement était bien le sien. Touchée par l’histoire du Prisonnier, elle lui offre le gîte et le couvert en plus de vêtements propres. Et c’est à nouveau à bord de son roadster, comme au tout début de la série, qu’il part rendre comptes de sa mésaventure à ses ex-supérieurs pour le moins sceptiques. Mais grâce aux différentes notes prises durant sa traversée, le Village est finalement localisé. Manifestement il se situerait au large du Portugal ! Un vol de reconnaissance est donc organisé et c’est à bord d’un avion de chasse que le Prisonnier découvre effectivement le Village ! A cet instant le pilote retire son masque à oxygène, se retourne, actionne un levier et déclare « Bonjour chez vous ! ». Le Prisonnier n’a pas le temps de réagir que son siège éjectable l’expulse de l’avion ! Et c’est en tenue d’aviateur qu’il retrouve le Village. Un Village aussi désertique que lorsqu’il l’avait quitté. Comme si le temps s’était figé depuis son départ. Il regagne alors désabusé son appartement de numéro 6. Et dès qu’il en franchi la porte, instantanément tout reprend immédiatement vie ! La douche coule à nouveau. Le courrant est revenu. Sur le porche, se tient alors Madame Butterworth. Son élégante robe bleue arbore un badge noir sur lequel figure un chiffre bien connu. Le numéro 2 !


C’est une nuit bien particulière que va devoir vivre le numéro 6 en ce 5 mai 1968 dans l’épisode « Danse de mort » (Dance of the dead). Alors qu’il dort paisiblement, d’inquiétants hommes en blouse blanche font irruption dans son appartement sous l’œil attentif d’un médecin qui visionne la scène depuis le centre de contrôle du Village. Rapidement le Prisonnier, manifestement drogué, se retrouve la tête couronnée d’électrodes. Depuis la salle de commande le médecin chef tente de l’interroger par l’intermédiaire d’un de ses anciens collègues, un certain Dutt
on, lui-même sous l’influence des tortionnaires du Village. Cependant l’inconscient du Prisonnier demeure une barrière infranchissable et l’expérience échoue, ce qui met le nouveau numéro 2, une femme froide et directive, dans une colère noire. Lorsqu’à son réveil le Prisonnier aperçoit le numéro 2 sur son écran de télévision, il lui demande sarcastiquement s’il a bien dormi ! Manifestement il se doute que sa nuit n’était pas des plus calmes même s’il n’en garde aucun souvenir. La matinée s’annonce particulièrement belle lorsque arrive le facteur avec son emblématique bicycle. Celui-ci apporte un recommandé au Prisonnier et lui demande de signer le reçu. « Mettez votre numéro ici, Numéro 6 ! » Bien entendu, le Prisonnier se contente de prendre le courrier sans parapher quoi que ce soit ! Il découvre que la lettre est une invitation au carnaval du Village ! Un carnaval dont il peut déjà apprécier la première parade tout en caressant un énigmatique chat noir, seul être vivant rencontré au Village dans l’épisode "Le Retour". Afin de l’accompagner à ce fameux carnaval, le numéro 2 propose au Prisonnier de choisir parmi plusieurs jolies filles assises à la terrasse d’un café celle qui sera à son bras. Mais le Prisonnier s’intéresse d’avantage à une jeune fille réservée au visage grave. Il tente alors d’engager la conversation, mais la farouche demoiselle, qui porte le numéro 240, décline l’invitation et s’enfui. Le Prisonnier décide alors de la poursuivre, mais le rôdeur veille au grain et lui fait obstacle tandis que la numéro 240 entre dans l’hôtel de ville où elle rejoint une nouvelle "superviseuse" dans la salle de contrôle. On comprend alors que le numéro 240 est affectée à la surveillance du Numéro 6. Très en colère il regagne son cottage accompagné du chat noir. Là il peste contre la femme de ménage qui lui fait remarquer que les animaux sont interdits à l’intérieur des habitations. Puis il s’en prend au fleuriste venu décorer sa fenêtre en vu du prochain carnaval. Exacerbé par ces nuits dont il ne se souvient de rien, il décide de défier les multiples systèmes de sécurité pour découvrir ce qu’il se passe le soir au Village. Dès le couvre feu de 22h il s’apprête à sortit mais à sa grande surprise, la porte est condamnée. Il saute donc par la fenêtre sous l’œil intrigué du Numéro 240 qui le surveille depuis la salle de contrôle. Aussitôt elle alerte la Numéro Deux qui minimise l’incident. Elle sait que le rôdeur veille et la fuite du Prisonnier tourne court. A bout de force il s’endort sur la plage. A son réveil, il fait une bien étrange. A sa grande stupeur il découvre un cadavre rejeté par la mer. Dans ses poches il trouve un poste de radio en bon état de fonctionnement, un portefeuille et des photos. Il cache le naufragé dans un grotte puis retourne au Village alors en pleine effervescence, tous les villageois ayant reçu l’ordre de se rendre au Carnaval, costumés bien entendu ! Le Prisonnier revêt donc le smoking noir qui lui a été attribué et se rend au fameux bal. A un moment, il se met un peu à l’écart de la foule afin de pouvoir écouter discrètement ce que la radio voudra bien diffuser. Il ne capte en fait qu’une étrange émission : une dictée d’entraînement dactylographique de soixante mots à la minute ! C’est alors qu’il est soudainement surpris par les numéros Deux et 240 qui lui confisquent l’appareil et le menacent d’un futur jugement pour cet acte délictueux. A nouveau seul, le Prisonnier s’en va retrouver le cadavre dissimulé dans la grotte. Là il lui glisse dans la poche sa propre carte d’identité ainsi que des notes relatives au Village, avant de le rejeter à la mer dans l’espoir qu’il soit repêché et que quelqu’un lise les documents. Cependant un homme a suivi toute la scène. Il s’agit de son ancien collègue Roland Walter Dutton ! Dutton lui explique qu’il est au Village depuis plusieurs mois et qu’il a du révéler au Numéro Deux toutes les informations en sa possession avant d’être relâché, ces dernières n’ayant pas de caractère vital. Selon le Numéro Deux, Dutton n’est donc pas d’une grande utilité. Le soir du Carnaval se transforme rapidement en tribunal où le Prisonnier doit répondre du délit de possession de radio. La Numéro 240, déguisé en bergère tient le rôle de procureur et la Numéro Deux en tenue de Peter Pan est l’avocat. Le Prisonnier, comme à son habitude, se moque de ce tribunal d’opérette et fait appeler Dutton comme témoin. Mais celui-ci n’est plus que l’ombre de lui-même et n’a plus toute sa tête. Jugé coupable, le Numéro Six s’enfuit, poursuivi par les Villageois. Il parvient à s’échapper et à se réfugier dans une pièce privée du Numéro Deux où se trouve un télex qu’il brise de rage. C’est alors que surgit la Numéro Deux. Pris au piège, le Prisonnier lui demande pourquoi ne cherche-t’elle pas à le tuer. D’un rire grinçant elle lui dit que c’est inutile, vu qu’il est déjà mort ! C’est du moins ce qu’en témoignent les papiers d’identité retrouvés sur un cadavre rejeté par la mer ! Au même instant, le télex se remet en marche…



L’une des spécificités de la série réside dans le foisonnement d’images marquantes qui frappent immanquablement  les esprits. Le « rover », le bicycle, la s
alle de commande, l’architecture excentrique, les costumes bigarrés ont, entres autres, largement participé au succès du Prisonnier. L’épisode diffusé le 24 mars 1968 nous fait découvrir un autre de ces décors emblématiques : un échiquier géant où les pièces sont les habitants du Village qui se voient intimer leurs ordres de mouvements selon la stratégie adoptée par les deux maîtres du jeu qui s’affrontent. Curieusement, rien ne permet de différencier visuellement les blancs des noirs ! « Echec et Mat » (Checkmate) voit donc le Numéro 6 participer à une partie dans laquelle il est le pion de la Reine. Ce rôle peu intéressant lui donne l’occasion d’engager la conversation avec la Reine qui, contrairement à la majorité des villageois, lui répond de bonne grâce. Il tente donc de lui soutirer quelques renseignements quant aux divers participants du jeu. Cependant, si elle se garde bien de répondre de façon directe aux questions du Prisonnier, une certaine connivence semble s’installer. Elle va même jusqu’à emmètre la possibilité de l’aider dans une future tentative d’évasion. Mais alors  que la partie se déroule sans problème particulier, une des tours se rebelle soudain et s’autorise le droit d’avancer et de mettre le roi adverse en échec en dépit des injonctions qui lui sont données. Des gardes s’en emparent immédiatement et l’évacuent manu militari vers l’hôpital dont on a pu apprécier les méthodes d’internement dans de précédents épisodes. Le jeu reprend et voit la victoire de l’équipe du Prisonnier, menée par un vieil homme, lequel vient saluer sa Reine et son Pion avant d’inviter ce dernier à une balade dans le village. Là, devant le questionnement du Numéro 6, il lui explique qu’on reconnaît les noirs des blancs par leurs attitudes et non par leur couleur ou leurs uniformes. Il n’en faut pas plus au Prisonnier pour mettre à profit cette psychologie et tenter de découvrir qui, dans le village, est otage et qui est gardien. Selon leurs réactions il parvient ainsi à mieux distinguer les uns des autres et fini par réunir quelques individus prêts à organiser une évasion avec lui. Parmi eux, la Tour fraîchement sortie de l’hôpital où elle a subit une expérience de réhabilitation. Expert en électronique, il confectionne un émetteur afin d’envoyer un appel de détresse. Un élément entrave néanmoins quelque peu les plans du Prisonnier. En effet celui-ci doit supporter l’omniprésence de la Reine qui prétend être amoureuse de lui, sans pourtant le connaître ! Bien vite il s’aperçoit que le pendentif qu’elle porte est un micro destiné à l’espionner ! La Reine n’est en fait qu’un simple pion manipulé par le Numéro 2.  Le Prisonnier parvient tout de même à lui fausser compagnie et à envoyer un s.o.s que reçoit un bateau le MS Polotska. Bizarrement seul et abandonné par ses camarades, il gagne le navire. Une fois à son bord, un écran le ramène à la dure réalité du village ! Ceux qui étaient censés l’accompagner dans sa tentative d’évasion se sont ralliés au Numéro 2 ! Exaspérés par l’autorité que leur imposait le Prisonnier, ceux-ci l’ont cru faire partie des gardiens du Village ! Cet épisode dénonce l’esprit de soulèvement collectif et confirme le Prisonnier dans son costume d’anarchiste individualiste. Quant à l’échiquier, il est la représentation symbolique du Village au cœur même du Village. Superbe métaphore !


Il se passe décidément de bien étranges choses dans l’inquiétant hôpital du Village. Et ce n’est pas la scène à laquelle assiste le Numéro 6, ce 21 mars 68 dans « Le Marteau et l’Enclume » (Hammer into Anvil) qui va nous rassurer quant aux méthodes peu orthodoxes employées par les maîtres du Village ! Bien au contraire. Impuissant il voit la Numéro Soixante-treize se jeter par une des fenêtres sur sinistre établissement. Et c’est révolté qu’il jure au Numéro Deux qu’il vengera la mort de cette jeune femme. Mais le chef du village ne l’entant pas de cette oreille et veut montrer au Prisonnier qu’il est le seul maître à bord et qu’il n’a que faire de ses menaces. Et c’est par la force que le Numéro Six est contraint de se rendre au Grand Dôme pour une explication musclée. Mais alors que l’entretien va bon train, soudain retentit la sonnerie d’un téléphone rouge. Le Numéro Deux, qui jusque là affirmait son pouvoir d’un ton ferme et directif, semble curieusement effrayé par son interlocuteur mystérieux. Serait-ce le Numéro Un ? Il n’en faut pas plus au Numéro Six pour déceler une faille dans la personnalité du Numéro Deux, faille dans laquelle il va s’engouffrer. Il imagine donc un plan diabolique censé faire douter son geôlier. C’est ainsi que le Prisonnier va se faire passer pour « D6 » un agent double infiltré dans le Village pour surveiller le Numéro Deux et rendre compte de ses moindres faits et gestes à de supposés supérieurs ! Méfiant et inquiet le Numéro Deux ordonne au Numéro Quatorze de suivre le Prisonnier. Mais ce dernier n’est pas dupe et profite même de cette surveillance étroite pour réaliser des actions énigmatiques qui seront forcément relatées au Numéro Deux. Ainsi, il dissimule grossièrement des feuilles de papiers qui, après un examen poussée s’avèrent être… totalement vierges ! Ensuite il parvient à diffuser, via le système de radiodiffusion du Village, un message en espagnol. Sa traduction laisse le Numéro Deux dans l’expectative « Il y a plus de mal dans le village qu'on ne le dit ! ». Un autre message, par ailleurs anodin, souhaite un bon anniversaire au Numéro Six de la part du Numéro Cent-Treize. Seulement ce numéro là n’est plus attribué à personne, le Cent-Treize se révélant être une vieille femme morte depuis longtemps ! Petit à petit le doute s’insinue dans l’esprit du Numéro Deux qui commence même à soupçonner ses plus proches collaborateurs de travailler pour « l’ennemi » ! Le comble de l’angoisse atteint son paroxysme lorsqu’il croit comprendre que « D6 »  met au point une bombe en vu d’un attentat contre sa personne. L’engin explosif s’avèrera n’être qu’une simple horloge inoffensive en vente libre au drugstore du Village ! Terrorisé, le Numéro Deux sombre dans une profonde paranoïa, seul au milieu du Grand Dôme. La mort du Numéro soixante-treize est vengée…


Si l’épisode du 14 avril 68 « L’enterrement » (It’s your Funeral) débute de la même façon que tous ses prédécesseurs, il nous fait découvrir un lieu jusqu’alors inconnu du téléspectateur, la salle de sport ! Et celui qui s’y pratique vient s’ajouter à la désormais longue liste des bizarreries visuelles et marquantes de la série. Casqués et vêtus d’une sorte de kimono, deux adversaires s’affrontent sur un trampoline dans un combat aux allures d’artsmartial. Un de ces combattants n’est autre que le Numéro Six en plein entraînement de ce qu’on appelle au village le Kosho ! Profitant que notre homme bondit et rebondit sur le ring, un des hommes du Numéro Deux subtilise sa montre et la remplace par une autre similaire. On se doute alors que cette montre n’est pas ordinaire et pour cause, elle ne fonctionne plus ! Le Numéro Six se rend donc chez l’horloger du Village. Et alors que celui-ci s’active à dépanner sa montre, le Prisonnier remarque chez le vieil homme un détonateur miniaturisé. Une fois sorti de la boutique, le Prisonnier rencontre une jeune fille, la numéro 50 qui s’avère être la propre fille de l’horloger. Il l’ava
it déjà croisée en début d’épisode alors qu’elle venait l’avertir d’un futur attentat contre le Numéro Deux ! Mais le Numéro Six, perplexe, n’avait pas donné suite à sa demande d’aide, au grand désespoir du Numéro Deux qui, surveillant tout de la scène depuis la salle de contrôle, espérait étonnement voir le Prisonnier intervenir en faveur de la jeune femme. Pourtant cette fois, il ne pouvait nier l’évidence. Le vieil horloger prévoyait bien de tuer le Numéro Deux, en dépit des injonctions de sa fille Monique à renoncer à ce projet insensé. Pendant ce temps, le supposé terroriste interroge le bras droit du Numéro Deux pour savoir s’il avait bien agit selon les instructions qui lui avaient été demandée ! De son coté, le Chef du Village semble pleinement satisfait du déroulement de toute cette affaire. Conscient des risques encourus par le vieil homme et des immanquables retombées sur tous les habitants du Village, le Prisonnier décide d’en avertir le Numéro Deux. Mais celui-ci ne prend pas la menace au sérieux expliquant même que l’inoffensif horloger fait partie d’un groupuscule d’agitateurs ridicules qui s’amusent à faire croire à de faux attentats. Durant toute sa visite, l’entretien du Prisonnier est filmé. Malgré l’insouciance du Numéro Deux, les plans concernant son assassinat semblent pourtant bien réels, celui-ci étant même programmé pour le « Jour du Mérite ». Et alors qu’approche la date fatidique, Monique - la fille de l’horloger - et le Numéro Six découvrent que les terroristes ont dissimulé un explosif dans la médaille que doit arborer le Numéro Deux lors de la célébration. A nouveau, le Prisonnier s’en va tenter de convaincre le chef du Village de la véracité de ses dires et de l’imminence de l’attentat. Seulement, une fois au Grand Dôme il est accueilli par un tout nouveau Numéro Deux ! Bien plus âgé que le précédent celui-ci n’est nullement surpris par les révélations du Prisonnier, bien au contraire. Il connaît tout de son discours pour avoir regardé les vidéos où le Numéro Six tentait de convaincre l’ancien Numéro Deux ! Le nouveau Numéro Deux explique alors que son jeune prédécesseur n’assurait qu’un intérim et que toute cette histoire n’était qu’une manipulation fomentée par le jeune et arrogant ancien Numéro Deux qui, en incitant ainsi le vieil horloger à réaliser son vil projet, visait à lui faire subir des représailles. Cependant le Prisonnier ne semble pas convaincu par ces explications. Pourquoi un tel stratagème pour faire tomber cet horloger ? Le Prisonnier comprend alors que l’ex-numéro Deux avait en fait pour mission de se débarrasser de son successeur, un homme fatigué et proche de la retraite en faisant porter le chapeau à un soit disant groupe de comploteur. Dubitatif, le Numéro Deux fini tout de même par être convaincu qu’un triste dessein lui est réservé. Malheureusement le vieil homme fatigué se révèle totalement impuissant et fataliste, ne pouvant absolument rien faire pour stopper le projet déjà bien avancé. Ce n’est pourtant pas l’avis du Numéro Six qui lui promet de faire quelque chose pour qu’il échappe à cet attentat. Alors que débute la Cérémonie, sous la surveillance de l’assistant de l’ancien Numéro Deux, le Prisonnier remarque l’horloger dissimulé en haut du clocher. Il gravi les marches quatre à quatre et tente d’empêcher le vieil homme d’appuyer sur le détonateur. S’en suit une violente altercation entre le Numéro 6 et l’assistant venu s’interposer pour laisser l’horloger accomplir son forfait. En vain ! Le Prisonnier sort vainqueur de la confrontation, subtilise la médaille piégée et la passe au cou du jeune Numéro Deux avant de donner le détonateur au vieux Numéro Deux….  Piégé, le jeune Numéro Deux, devant la foule des citoyens venue l’acclamer, ne peut qu’accepter de porter cette décoration tant convoitée et laisse s’enfuir son vénérable successeur en hélicoptère. Dans cet épisode particulier où se joue une lutte de pouvoir, curieusement l’intrigue ne semble plus concerner directement le Prisonnier, comme s’il faisait à présent partie intégrante du Village. Il paraît être devenu un Villageois quelconque à peine témoin d’un évènement qui lui est étranger. Ce n’est plus lui qui cherche à s’enfuir ou à contrarier le pouvoir en place, au contraire même, il va jusqu’à tenter de le sauver ! Alors que jusqu’à présent il se défendait becs et ongles contre sa condition de numéro, on le voit maintenant avoir ses habitudes, comme l’achat hebdomadaire du Tally Ho ou la pratique du Kosho où il semble déverser son trop plein d’adrénaline. Doucement il s’adapte à son environnement, il s’intègre. Mais est-ce une façon de rester vivant pour mieux rebondir le moment venu ou est-ce le début de ce qu’on appellera plus tard le syndrome de Stockholm ? Un autre fait marquant est la relation entre le numéro 50 et son père. Curieusement celui-ci appelle sa fille par son prénom ! Plutôt inhabituel en ce lieu où seul compte le numéro ! Est-ce là une volonté de vouloir coûte que coûte préserver leur personnalité ou est-ce une manipulation supplémentaire pour tromper le Prisonnier et les faire passer pour de véritables insoumis? Voilà encore bien questions qui ne demande qu’une chose : des réponses !





Dans «J’ai changé d’avis » (A change of mind) le 28 avril 1968 nous retrouvons le Numéro Six dans la forêt en pleine séance de gymnastique. Mais celle-ci tourne court lorsque deux sbires du Numéro Deux s’en prennent physiquement à lui, lui reprochant de ne pas utiliser, comme il se doit, le gymnase du Village. S’en suit une altercation musc
lée qui voit Le Prisonnier prendre le dessus et mettre en fuite ses assaillants. Mais la scène n’a pas échappé aux instances supérieures qui le convoquent devant le Conseil des membres du Village. Mais celui-ci n’en a cure et détourne en dérision les injonctions du Conseil l’intimant de ne pas défier les membres sous peine de représailles. Pire même, face à son refus d’entrer dans le moule, le Conseil le qualifie d’ « individualiste ». Et de fait, l’attitude des villageois à son égard est des plus déconcertantes, chacun évitant soigneusement tout contact avec le Prisonnier. Le Numéro deux qui l’attend à son appartement lui conseille de ne pas prendre à la légère les propos du Conseil et que, malgré sa position de Chef du Village, il n’a aucun pouvoir de contrôle quant aux décisions prises par cette assemblée « indépendante ».  Au même instant, une femme, le Numéro 86 fait son apparition et invite le Prisonnier à participer à un groupe d’entraide afin qu’il retrouve sa place au sein de la petite communauté. Mais une fois sur place, le Numéro Six se moque ouvertement des participants lesquels abandonnent  alors la réunion qualifiant le trublion de rebel. Amené sans ménagement à l’hôpital pour une série d’examens il y découvre un villageois en pleine séance de réhabilitation sociale. Un homme lui explique alors que ce patient était un individualiste comme lui l’avait été auparavant. Mais l’homme précise qu’il a pu être « soigné » grâce à une opération, laquelle semble avoir laissé une marque sur sa tempe. De retour devant le Conseil, l’homme confirme le caractère individualiste du Prisonnier. Il est donc décidé qu’il subisse à son tour une reconversion instantanée. La nouvelle est immédiatement relayée par les hauts-parleurs du Village ainsi que par le Tally Ho. Instantanément tous les villageois tournent le dos au Numéro Six devenu un véritable paria. Pire même, un groupe de femme se forme et commence à le molester avant que d’autres le conduisent manu-militari à l’hôpital. Allongé sur une table d’opération, il voit un médecin, qui n’est autre que la Numéro 86, prendre en charge les opérations de réhabilitation. Celles-ci consistent à soumettre le lobe frontal du Prisonnier à une série d’ultrasons censées neutraliser toute son agressivité. L’opération est intégralement filmée et diffusée à tous les habitants du Village. A son réveil, le Numéro Six, un pansement sur la tempe, retrouve son appartement accompagné du Numéro 86. Mais alors qu’elle lui prépare un thé, il la surprend versant un produit suspect dans son breuvage. Il parvient néanmoins à échanger les tasses et la jeune femme avale l’infusion destinée au Prisonnier. Le résultat ne se fait pas attendre et, sous l’effet de la drogue, elle devient étrangement loquace et exubérante dévoilant la supercherie imaginée par le Numéro Deux ! En fait d’opération, le Numéro Six n’a suffit qu’une simple anesthésie afin de ne pas altérer le cerveau de celui dont, ne l’oublions pas, les dirigeants du Village veulent soutirer des renseignements ! Seule la drogue devait permettre de garder le Prisonnier dans un état second. Rappelée au Grand Dôme à cause de son comportement étrange, la Numéro 86 quitte le Prisonnier lequel en profite pour aller se ressourcer dans son lieu d’entraînement privilégier, la forêt. Cependant les effets des drogues anesthésiantes ne s’étant pas totalement dissipés, il ne retrouve pas  son agressivité habituelle. Une nouvelle intervention brutale a soudain lieu entre le Numéro Six et deux hommes du service d’ordre. Contraint de se défendre, petit à petit le Prisonnier retrouve toute sa hargne et parvient à prendre le dessus. Alors que le Numéro Deux lance un appel ordonnant au Numéro 86 de le rejoindre pour faire son rapport, le Prisonnier la croise, errant dans la forêt, et profite de son état second pour l’hypnotiser avec sa montre comme avec un pendule. Simulant être lui même drogué, Il se rend ensuite au Village et déclare vouloir enfin dévoiler les raisons de sa démission face à tous les Villageois réunis ! Et alors qu’il commence à déclamer son allocution, soudain retenti le clocher du Village ! Ce n’est autre que le Numéro 86 qui, conditionnée par le Prisonnier, accuse le Numéro Deux d’être ni plus ni moins qu’un « Individualiste » !!!! Appuyée par le Prisonnier, la foule harcèle le Numéro Deux qui n’a d’autre solution que de trouver refuge au Grand Dôme !





Il faudra attendre 24 ans, soit le 1re avril 1991, pour découvrir « L’impossible Pardon » (Do not forsake me oh my darling) sur M6. Une longue attente qui laissera pourtant le téléspectateur sur sa faim. Voyez plutôt. Sous couvert d’une intrigue pour le moins inattendue, l’histoire qui nous est contée reprend un thème récurrent autant dans la littérature de science fiction que dans un grand nombres de scénarii de séries ou de films, celui du transfert de cerveau ! Le seizième épisode de la saison 5 des Avengers (Chapeau Melon et Bottes de cuir) intitulé « Who’s who » réalisé en avril 67, illustre à merveille cette technologie improbable notamment grâce à l‘humour britannique de ses deux  légendaires protagonistes. Mais autant ce genre d’avent
ure sied comme un gant aux au couple John Steed – Emma Peel, autant cette expérience semble pour le moins incongrue dans l’univers du Prisonnier. En résumé, le nouveau Numéro Deux possède une machine mise au point par un certain professeur Seltzman lui permettant de transférer l’esprit d’un homme dans le corps d’un autre. Malheureusement, s’il sait utiliser cette technologie dans un sens, il n’en maîtrise pas toutes les subtilités et seul son inventeur sait comment inverser le processus de transfert. Il lui faut donc retrouver la trace du professeur coûte que coûte. C’est alors qu’il imagine utiliser les qualités d’agent secret du Numéro 6, par ailleurs ancien ami du dit professeur, pour ramener le scientifique au Village ! Pour ce faire il transfère l’esprit du Prisonnier, bien évidemment à son insu, dans celui du Colonel, un de ses hommes de mains. A son réveil, le Numéro 6 se retrouve donc, comme si rien ne s’était jamais passé, dans son appartement de Londres. C’est alors que, face à son miroir, il découvre son nouveau visage ! Il tente alors d’expliquer sa mésaventure à son ancien supérieur, lequel, doutant fortement de la véracité de son récit, décide de le faire suivre. En quête de son véritable physique, le Prisonnier part donc à la recherche du professeur. S’en suit une suite de péripéties plus improbables les unes que les autres qui le conduisent jusqu’en Autriche où Seltzman s’est reconverti en barbier anonyme. Mais alors que le Numéro 6, toujours sous les traits du Colonel , tente de justifier son identité auprès de son vieil ami qui ne le reconnaît pas, l’homme qui était chargé de le filer parvient à les endormir avec un gaz anesthésiant. Tous deux se réveillent alors au Village où le Numéro Deux est fermement décidé de s’emparer des connaissances technologiques de Seltzman désormais prisonnier lui aussi du Village. Mais auparavant, il lui ordonne de rendre au Numéro Six son apparence normale. Le professeur accepte et prend alors place entre le corps du Colonel et celui du Prisonnier, les trois hommes reliées entre eux par une série d’électrodes. L’opération de transfert est engagée et chacun retrouve enfin son physique normal. Le rôle du Colonel étant à présent terminé, le Numéro Deux, satisfait, le laisse logiquement repartir. Mais dans l’hélicoptère qui quitte le Village, s’il y a bien le corps du Colonel, celui qui l’habite est tout autre ! Le vieux professeur s’est joué du Numéro Deux et a profité de l’expérience pour « s’emparer » du corps du Colonel ! Et c’est bel est bien Selztman qui s’enfuit au nez et à la barbe de tous ! Pour la première fois, un des personnages est parvenu à s’échapper du Village mais ce n’est bien entendu pas le Prisonnier. Pourtant l’habituel Numéro Six est quasiment absent de cet épisode ! On ne l’aperçoit en fait qu’en tout début et juste à la lin lorsqu’il récupère son enveloppe corporelle ! Entre les deux, c’est tout simplement un autre acteur qui joue le rôle de Patrick Mc Goohan ! Quant au Village, lui aussi est curieusement absent, l’intrigue se déroulant pour la majeure partie entre Londres et l’Autriche ! Bref « L’impossible Pardon » brise nos repères transposant l’intrique hors du Village avec des protagonistes qui nous sont inconnus. Pour qui a loupé le début, rien ne lui indique qu’il regarde bien le Prisonnier ! Episode déroutant et plutôt médiocre, cette non-aventure du Numéro Six a en fait été réalisée alors que son acteur principal était engagé sur le film « Destination Zebra, Station Polaire ». Les contraintes budgétaires et les délais imposés par les producteurs de la série ne permettaient d’interrompre le tournage de la série aussi il a fallu trouver un subterfuge permettant de tourner un épisode du Prisonnier… sans le Prisonnier !





"Musique douce" (Living in Harmony) aura attendu également près de 25 ans avant d'être diffusé en France, le lundi 8 avril 1991, toujours sur M6. Et les premières images sont, pour le moins, insolites. En lieu et place de l'habituel Village, c'est une petite ville du Far West américain que nous découvrons à l’écran. Un cow-boy arrive chez le shérif de la bourgade, lui remet son étoile d’adjoint, son revolver et repart à pieds. Sur sa route il se fait attaquer par des gangsters qui l’assomment et le sellent sur un cheval qui le conduit jusqu’à "Harmony" ! Là, l’étranger est plutôt mal accueilli par les autochtones et plus particulièrement par un expert de la gâchette, un muet dénommé Kid, qui est d'autant plus susceptible que celle dont il est épris, Kathy, la barmaid du saloon, est la seule qui ait de la sympathie pour… le Prisonnier ! Car plus surprenant encore, "l'Étranger" n’est autre que le Prisonnier ! Le Prisonnier n’est donc plus un Numéro ! Un étranger au look de cow-boy plus vrai que nature. Le Kid est le second du Juge, lequel semble faire la pluie et le beau temps sur Harmony. D’ailleurs dès sa première rencontre avec l'Étranger, il l’interroge sur les raisons qui l’ont poussé à démissionner de son poste de shérif adjoint ! Il n’aura, bien entendu, aucune réponse. Alors qu’il décide de quitter Harmony, le Juge le fait arrêter et l'Étranger se retrouve en prison sous la bonne garde du « Kid ». Mais c’est sans compter sur Kathy qui parvient à endormir son prétendant pour lui subtiliser les clefs de la cellule. L'Étranger parvient donc à s’échapper D’Harmony grâce au courage de la barmaid. Furieux, le Juge lance ses hommes à la recherche du fugitifs qui le ramènent au saloon pour y être jugé. Et là, contre toute attente, ce n’est pas
lui qui est jugé, mais.. Kathy ! Condamnée pour avoir permis cette évasion, elle sera jetée en prison après un jugement expéditif. Un bien curieux jugement qui précise qu'elle pourra être libérée à condition que l’ Étranger accepte la place de shérif.  Car l’intention du Juge est de jouer avec la corde sensible de l’ Étranger pour qu’il accepte de travailler pour lui ! Ce dernier consent à porter l'insigne mais précise qu'il ne veut pas être armé. Dès lors le juge tient parole et libère la barmaid. Mais le Kid, plus jaloux que jamais, n'apprécie définitivement pas les liens amicaux qu'entretiennent le nouveau shérif et sa "promise". Il ira jusqu'à la tuer. Dès lors, l’ Étranger/Prisonnier/shérif n'aura plus qu'un objectif : venger la pauvre Kathy. En dépit de ses premières réticences, il finit par prendre une arme et provoque le Kid en duel. Et malgré l'habilité de ce dernier, l’ Étranger l'abat. A cet instant, le numéro 6 revient à la réalité ! Le saloon n'est qu'un décor de théâtre, le Juge porte le numéro 2, Kathy le numéro 8 et le Kid le 20 ! Toute cette mise en scène avait été faite dans le seul but de faire vivre au Prisonnier, au préalablement drogué et mentalement manipulé, des moments émotionnellement forts censés le faire craquer. Créer un choc affectif et douloureux en supprimant la seule personne qui lui apportait un peu d'amour, Kathy. Bien que l'expérience ait échoué, en revanche, elle a des retombées inattendues ! Le numéro 20, qui la dirigeait, étrangle le numéro 8 avant de se suicider !





Ce n'est que le 15 avril 1991 sur M6 que le "téléphile " français peut enfin voir un épisode passé sous silence jusqu'alors "La mort en marche" (The girl who was death). C'est toujours un moment assez particulier que de découvrir un inédit. Outre l'excitation légitime de la découverte, on a hâte de connaître quelles mésaventures nous ont échappés durant de si longues années et ce quelles pouvaient cacher de subversif pour qu'on nous en ait privées. Je tenais, à cette occasion, de remercier M6 qui a su ressortir les bandes originales et de les avoir fait doublées pour le plus grand plaisir de tous. De même, à l'époque de la rediffusion de la série, M6 a eut l'excellente idée de réaliser un reportage "Le Prisonnier, une histoire de numéros" fort bien documenté, bourré d'anecdotes dans lequel on apprend tout un tas de détails sur la série tout en conservant l'intrigue et le mystère de celle-ci. De même je ne saurai que vous conseiller la lecture du livre publié en 1991 chez 8ème Art "Le Prisonnier, Chef-d'Oeuvre Télévisionnaire" d'Alain Carrazé et Hélène Oswald. Pourtant cet épisode, radicalement différent de tous les autres, ne sera pas, et de loin, le plus représentatif de la série. En premier lieu, le décor habituel du Village a totalement disparu au profit d'un terrain de cricket, sport éminemment anglais par excellence ! Mais la pelouse de ce dernier va rapidement devenir le théâtre d'un évènement inattendu. Tandis qu'il s'adonne à son sport favori le colonel Hawke-Englishe est victime d'un attentat ! Sa balle explose ! Et l'homme qui est chargé de faire toute la lumière sur cette affaire n'est autre que.. Le Prisonnier ! Pour mieux infiltrer le milieu, il se transforme alors en caricatural joueur de cricket. De justesse, il échappe à une déflagration semblable ! En fait, les balles piégées sont l'oeuvre d'une certaine Sonia, la fille du professeur Schnipps, un fou furieux qui a pour dessein la destruction pure et simple de Londres et sur lequel le colonel Hawke-Englishe enquêtait. Dès lors Sonia n'aura de cesse de tout faire pour tuer le Numéro Six. Une première tentative par empoisonnement aura lieu dans un pub. Mais il trouvera rapidement un antidote aussi surprenant qu'improbable en ingurgitant un cocktail  d'alcools de sa fabrication ! On le retrouve un peu plus tard à deux doigts de faire étouffer aux bains turcs avant un combat de boxe duquel il ressortira bien
mal en point. On le retrouve ensuite dans le cadre surréel d’un parc d’attraction et plus particulièrement dans « Le Tunnel de l’Amour » !!!! Il se méprend croyant prendre Sonia en filature à bord des montagnes russes, mais un photographe nerveux s'interpose ! Ce n'était pas Sonia qu'il pourchassait mais un mannequin ! C'est en voiture qu'il prend finalement Sonia en chasse dans une course invraisemblable qui les mènent au village de "Witchwood". Là encore il parvient à passer à travers les pièges mortels qui lui sont tendus dans diverses boutiques du bourg. Il évite le pire lorsque Sonia armée d'un bazooka le prend pour cible alors qu'il tente de s'échapper à bord d'un bulldozer !!! Convaincue d'avoir eu la peau du Prisonnier, Sonia s'enfuit en hélicoptère ! Mais ce dernier parvient à s'agripper à l'appareil qui le conduira jusqu'au phare maritime où se cache le fameux Schnipps ! Un phare qui n'est ni plus ni moins que le lieu de mise à feu de la fusée censée détruire la capitale ! Mais il n'est pas au bout de ses peines ! A peine atterri, il est arrêté mais arrive néanmoins à se libérer de ses liens avant de décimer les gardes de Schnipps ridiculement habillés en soldats de Napoléon ! Il ne lui reste plus alors qu'à détruire les installations de Schnipps en faisant exploser le phare ! Le Prisonnier a gagné la bataille ! Quant au spectateur, lui, il est médusé par un tel épisode, se demandant bien sur quoi tout cela va bien aboutir, tant rien ne l'avait préparé à une histoire pareille ! Un livre alors se referme. Le Prisonnier tout joyeux vient simplement de raconter un conte à des enfants ! Un conte où Schnipps est en fait  le Numéro Deux et Sonia, son assistance ! On l'aura compris, cet épisode en décalage total avec l'univers si particulier de la série n'était que l'occasion de "décompresser" avant le final époustouflant qui se prépare. Un épisode de transition, totalement délirant mais sans grand intérêt, qui, pour la seule et unique fois, nous révèle la présence d'enfants au Village ! Des enfants dont personne n'avait jamais entendu parlés !





"Il était une fois" (Once upon a time) marque le premier chapitre d'une fin en deux parties. Au début cet épisode devait marquer la transition entre la première et la deuxième saison du Prisonnier. Deuxième saison qui ne verra jamais le jour, la production, devant le gouffre financier occasionné par la réalisation de la série et le coté hors norme de celle-ci, ayant décidé d'y mettre un terme pur et simple. Initialement prévue pour 13 épisodes, la première et unique saison en comportera finalement 17. Une fois encore, la France se distingue en ne diffusant pas la totalité de la série et en omettant cet avant dernier épisode ! Celui-ci n'aurait été diffusé chez nous pour la première fois que le 7 mars 1984 sur TF1, ce qui semble assez surprenant et quelque peu frustrant pour le téléspectateur de l'époque qui ne découvrit en fait que la seconde partie de la fin de la série ! "Il était une fois" présente donc l'ultime épreuve que doit subir le Prisonnier. Une épreuve radicalement différente de toutes les précédentes, vu qu'elle est censée clore la série et apporter un début de réponse à l'énigme du Prisonnier. Un huis clôt entre le Numéro Deux et le Numéro Six, appelée "degré absolu" censée enfin faire parler le Prisonnier. Une expérience d'autant plus traumatisante qu'elle ne peut se solder que par la mort d'un des deux protagonistes. Le Prisonnier est donc conduit dans la salle dite "d'embryon" par une vielle connaissance, le Numéro Deux du "Carillon de Big Ben", accompagné du nain majordome, toujours aussi peu loquace et énigmatique ainsi que du superviseur. Durant une semaine, le Prisonnier va subir une introspection radicale, le faisant replonger dans sa plus tendre enfance afin de revivre les moments les plus marquants de sa vie. Il s
e retrouvera nourrisson, écolier, puis militaire pour aboutir à la fin du processus dans le contexte professionnel duquel il a démissionné. Chaque période représente un moment de l'existence du Prisonnier où celui-ci est confronté à une autorité à laquelle il doit se soumettre, une autorité incarnée par le Numéro Deux en personne. La joute entre les deux hommes est des plus hallucinante, frisant des moments de délire assez surprenants et quelque peu déconcertants. Les décors sont surréalistes ! Une étrange salle de jeux où se retrouve une balançoire, un parc de bébé, un cheval à bascule, un tableau d’école. Même le majordome porte de bien curieuses lunettes, qui fait penser aux phares de voitures pendant la guerre avec juste une fente au milieu. Et les situations imaginées par le Numéro Deux sont des plus extravagantes, comme quand, par exemple, il apprend à compter au prisonnier qui se balance sur le cheval à bascule ! Et les situations les plus déroutantes se succèdent les unes aux autres sous la bienveillance du nain majordome. Mais la fatigue gagne les deux adversaires et le temps qui leur était imparti touche à sa fin. Le Numéro six n’a toujours pas craqué. La toute dernière épreuve pousse les deux hommes dans une sorte de coin cuisine, laquelle se ferme par des barreaux. Il ne reste plus que 5 minutes avant le terme du degré absolu ! Là le Numéro Deux entre dans la cage et explique que cette kitchenette est toute équipée, et qu’elle « bouge ». Mais soudain un claquement retenti, et les barreaux se referment sur… le Numéro Deux ! Le Prisonnier donne alors les clés au nain qui s’incline devant lui. S’en suit un échange verbale des plus violents entre le Numéro Six et le Numéro Deux qui, paniqué, commence le compte à rebours des secondes qui lui reste à vivre. Au moment où il annonce « zéro », il s’écroule sur le sol, terrassé ! Le Prisonnier a vaincu son bourreau. Les grilles se rouvrent sur la dépouille de l’ex maître du Village pendant que le superviseur félicite le Prisonnier. « Que désirez-vous ? » demande-t’il au Prisonnier. « Le Numéro Un » répond ce dernier. « Je vous y conduits » !





Les premières images du 17ème et dernier épisode « Le Dénouement » (Fall Out), diffusé le 12 mai 1968, résument l'épisode précédent avant de montrer le Numéro Six toujours dans les arcanes du Village. Cependant à présent il porte un costume de ville en lieu et place de son blazer habituel . Accompagné du maître d'hôtel et du Superviseur, le Prisonnier traverse un long couloir creusé à même la roche où est aligné un nombre impressionnant de juke-boxes d'où s'échappe « All you need is Love » des Beatles ! Assurément, Patrick Mc Goohan, qui multiplie les casquettes, étant à la fois scénariste, réalisateur et instigateur de la série, en plus d'en être l'acteur principal, a décidé de poursuivre l'esprit de folie qui régnait sur "Il était une fois". Et le spectateur n'est pas eu bout de ses surprises ! Le "couloir musical" débouche dans une vaste grotte dans laquelle semble siéger une sorte de tribunal très particulier ! Les membres de celui-ci, vêtus de robes blanches arborant un large numéro sur la poitrine, ont le visage caché derrière un des masques noirs et blancs, sans doute l'illustration d'une certaine forme de dualité dissimulée en chacun de nous. Un juge en toge et perruque préside cette assemblée peu commune où vont comparaître deux personnages bien particuliers. Mais avant de commencer la séance, le Président annonce solennellement qu'en raison de sa victoire sur les dirigeants du Village, l'ex Prisonnier peut dorénavant se prévaloir du titre de "Monsieur". La foule des jurés se lève d'un seul homme et salue la nouvelle dans un concert d'applaudissements nourris. L'ex Numéro Six est donc invité à suivre les débats qui vont suivre. Le premier des inculpés est le Numéro Quarante-Huit, un jeune hippie des plus agités qui sème une pagaille sans pareille. Celui-ci reste sourd à son numéro est crée un désordre apocalyptique au sein de la cour médusée qui résonne d'un surprenant gospel ! L'ex Prisonnier intime à l'insoumis de se calmer en l'appelant à son tour "Monsieur". Effaré de ne plus devoir répondre à un simple numéro, le rebelle stoppe la course effrénée qu'il menait depuis quelques minutes autour du tribunal. Finalement arrêté, il est expulsé hors de la caverne, vers d'autres galeries. L'accusé suivant est un des ex maîtres du Village : le dernier Numéro Deux en date, celui qui organisa le fameux "degré absolu" et qui lui coûta la vie ! Miraculeusement ressuscité grâce à un subtil processus aussi improbable qu'inattendu, cet homme, manifestement bien introduit auprès des sommités mondiales et responsable de bien des révolutions, comparaît pour s'être insurgé contre les procédés de ses supérieurs. Pour finir, il subit le même sort que le Numéro Quarante-Huit. C'est alors qu'on demande à l'ex Numéro Six ce qu'il désire, partir ou devenir leur dirigeant ! Et alors qu'il est appelé à prendre la parole devant l'assemblée, celle-ci réagit bruyamment étouffant ses propos inaudibles. Une fois encore, on lui ôte toute possibilité de s'exprimer ! Néanmoins, le juge fini par accepter l'ultime requête émise par le Prisonnier au superviseur lors du final de "Il était une fois". Enfin il va pouvoir rencontrer le Numéro 1 ! Là tout va très vite. Dans ce qui semble la salle e contrôle d'un fusée, il aperçoit un personnage, de prime abord similaire à ceux du tribunal, mais qui sur sa toge arbore le chiffre 1 ! Le Numéro 1 tend alors une boule de cristal à l'ex Prisonnier qui la laisse tomber. L'ex Numéro Six n'a qu'une envie, découvrir qui se cache derrière le masque blanc et noir... Un ancien Numéro Deux ? Un de ses anciens chefs ? Un des nombreux habitants du Village qu'il a croisé durant son long séjour ? Le suspense est à son comble. C'est alors que rageusement il arrache la cagoule du Numéro 1 et découvre... le visage d'un gorille !!! Mais rapidement il se rend compte que ce n'est qu'un masque supplémentaire qui cache la  véritable identité du Numéro 1 ! Plus décidé que jamais, il enlève d'un coup bref et précis ce dernier artifice. Et là... La surprise est de taille ! Incroyable ! Déconcertante ! Déroutante... Tant pour le Prisonnier que pour le spectateur d'ailleurs...Car le visage qui apparaît alors.. Le fige sur place ! 


 


Une incompréhension totale s'empare de tous, apportant à la confusion de cette ultime révélation, plus de questions que de réponses. Quoiqu'il en soit, l'ex Prisonnier aidé du maître d'hôtel, libère les deux prévenus, les numéros Deux et Quarante-Huit avant de s'enfuir de la grotte à bord de la kitchenette du précédent épisode qui n'est en fait que la remorque d'un camion, non sans avoir déclenché le processus de destruction du Village ! De retour à Londres, le hippie les abandonne pendant que l'ex Numéro Deux se rend au Parlement. De son coté, l'ex Numéro Six regagne son appartement, suivi comme son hombre par le majordome nain. L'aventure semble bien terminée. Il s'approche, franchi le porche... Mais la porte, se referme, automatiquement, de la même façon qu'elle se fermait, il y a peu, dans un Village pas si lointain où il était encore le Numéro Six et dont il est peut être encore et toujours... Le Prisonnier !


 
Mais alors, "le Numéro Un" allez vous me demander, "Qui était-ce ?" Je n'allais tout de même pas vous dévoiler toute l'intrigue, hein ! Non, non ! Mais bon, je vais être bon prince ! Je vais vous donner quelques indices. En premier lieu je reprendrai une réplique de la série :"Questionnez-vous, vous-même!". Et pour finir, je vous dirai qu'on a tous en nous un Village dont nous sommes le Prisonnier !

Alors... Suite, au prochain Numéro ! Peut-être serez-vous celui-là !




© So-Sad 01/11/2006




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