
Richard Gotainer
« Contes de Traviole
»
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
Richard Gotainer… Voilà un
personnage pas banal. Gotainer commença à travailler dans
une agence de pubs pour laquelle il créa de véritables
tubes publicitaires ! Gotainer a sans doute été l’artiste
le plus diffusé des années 70-80 sans que jamais son nom
ne soit mentionné ! Ses ritournelles sont dans le subconscient
de chacun ! « Dans Banga y’a de l’eau oui mais pas trop ! »
« Oh donne-nous un peu de ton fromage, Belle des champs »,
« Babydop, pour les bébés Baby dop est doux, pour
les mamans et les bouts de chou », « MV mmm comme un
maroquinier, vvv comme un voyage MV », « On est tous pour
Danette » « Tapons nous sur la bedaine, Saupiquet
‘cré nom de nom », « Il est 4 heures à la
bonheur, sortez des placards les BN », « je sais pas ce qui
a je suis raplapla.. » « T’es toute molle tu te sens moche,
t’es gnangnan et tu te trouve cloche. Buvez, éliminez ! ».
Autant de jingles et de gimmicks qui ont marqué la
publicité française. Son sens du mot qui fait mouche,
Gotainer le transposa donc en chanson pour écrire des tubes
imparables « Primitif », « Femme à lunettes
», « Le Youki », « Le mambo du décalco
» accompagné du musicien Claude Engel ex membre du groupe
rock Magma, un gage de qualité donc. Avec « Comtes de
traviole » Gotainer nous invite dans son univers loufoque
où il marie une certaine tendresse « Le béquillard
des bois », Chanson Galipette », « Tout Foufou
», l’humour « Halleluya », « Bamboche et
Patachon » et le rock décalé « Soupape
» et surtout « Saturax ». Des titres que l’on retient
immédiatement, qu’on prend plaisir à fredonner et qui
nous laisse une sensation de bien être, de joyeuseté.
Idéal contre la morosité, Gotainer sous ses airs de
rigolard facétieux est un excellent compositeur qui sait
s’inspirer des meilleures influences pour nous offrir de
véritablement moments de plaisir.
|

|
|
|

|
Yves Simon «
Respirer, chanter... »
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
« Respirer, chanter »
est sans doute l’album le plus connu du chanteur-écrivain Yves
Simon. Et pour cause, cet album est simplement parfait. Sorti en 1974,
ce disque très « urbain » est largement
imprégné des atmosphères électriques des
mégapoles américaines parfaitement retranscrites sur les
titres « J’ai Rêvé New-York », « Moi je
sais un jour tu iras » ou bien sûr « Manhattan
». Une atmosphère qu’on retrouve également sur
« Le joueur d’accordéon » ou diluée ça
et là sur l’ensemble de l’album. Mais Yves Simon sait aussi
être planant notamment sur « Les brumes de la Seine »
ou les très poétique « Respirer, chanter
». Les autres titres sont tout aussi superbes, « Clo
Story », « Chaque nuit, tu t’enfuies », « Je
t’emmène ». L’ensemble, très cohérent,
propose une suite de chansons remarquablement arrangées, sans
faute de goût, pour laissait présager un avenir musical
des plus glorieux. Malheureusement, si Yves Simon enregistrera encore
plusieurs albums avec des titres marquants, aucun n’atteindra la
perfection de celui-ci, l’homme préférant s’invertir
d’avantage dans sa carrière de romancier plutôt que de
musicien. Il reste néanmoins un album fort, plutôt
précurseur pour l’époque, rempli d’émotion et
d’images électriques.
|
|
|
Boris Vian «
chante Boris Vian
»
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
Quand on parle du rock
français, évoquer Boris Vian peut pour le moins
surprendre. Pourtant l’écrivain touche à tout est tout
simplement l’auteur français qui a écrit le premier titre
rock de l’histoire de la chanson française ! Ce titre ? «
Fais-moi mal, Johnny » interprété par Magali
Noël. Si Vian est unanimement reconnu pour ses romans, sa
poésie, ses pièces de théâtre, il
était également un musicien averti fou de jazz. Il
devient directeur artistique chez Philips et chroniqueur dans le
magazine Jazz Hot. C’est donc naturellement qu’il s’intéresse
à la chanson et signe des titres qui marqueront la chanson
française et le rock. Sa chanson la plus controversée
reste sans aucun doute « Le Déserteur », reprise par
les plus grands, mais également « le tango des Joyeux
Bouchers », « La java des bombes atomique », «
la complainte du progrès », « On n’est pas là
pour se faire engueuler ». Si ses textes ont été
chantés par d’autres, notamment Henri Salvador avec le
désopilant « Blues du dentiste », les Frères
Jacques, Magalie Noël, Yves Montant, Reggiani ou plus rock Hgelin,
Lavilliers, Jean Louis Aubert, les Amis de ta Femme, Etron Fou
Leloublan, Jacno, Catherine Ringer, les Taites Raides et j’en passe des
dizaines et des dizaines, Vian n’hésitait pas à pousser
lui-même la voix, de fort belle manière. Cet album compile
donc certains titres chantés par Vian, ses classiques bien
sûr, mais aussi de petites perles inédites comme «
La java des chaussettes à clous », « Calypso Blues
», « Barcelone ». Intemporel et unique, l’œuvre de
Vian traverse les décennies avec la même fraîcheur,
le même engagement, la même puissance sans prendre une
ride.
|

|
|
|

|
Bourvil « Du
rire aux larmes
»
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
S’il était connu pour ses
rôles inoubliables au cinéma, Bourvil avait plus d’une
flèche à son arc. Parmi ses nombreux talents, Bourvil
était un chanteur à la sensibilité
exacerbée. Aussi à l’aise dans les chansons
légères, « A Bicyclette », « La
tactique du gendarme », « La rumba du pinceau »,
« c’est le Piston », il était tout aussi touchant et
bouleversant dans un registre plus classique. « La ballade
Irlandaise, « C’était bien (le petit bal perdu) »,
« La Tendresse », « les Crayons », « Ma
p’tit’ chanson ». Bourvil a interprété plus de 300
chansons, dont certaines resteront à jamais gravées dans
la mémoire collective. Ecouter Bourvil, c’est comme prendre une
immense bouffée d’air pur, sans prise de tête, tout en
tendresse. Un véritable bonheur, un antidépresseur
naturel sans aucune contre-indication.
|
|
|
Albert Marcoeur
« Album à colorier
»
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
Le monde d’Albert Marcoeur
fourmille d’idée toutes bêtes. S’en est presque
affligeant. Comment avec trois fois rien, ce type est-il capable de
fabriquer des chansons aussi surprenantes ? Car le tour de force de
Marcoeur est de transformer une certaine naïveté
loufoque, presqu’enfantine, en titres diaboliquement efficaces.
Tout cela dans un univers de prime abord assez éloigné du
rock et même de la chanson française. Chez Marcoeur tout
n’est que cuivre déjanté, il joue lui-même de pas
mal d’instruments à vent (clarinette basse, pipeau, saxophone
alto) et instruments hétéroclites rarement
utilisés dans le monde de la « variété
» (mélodion, bugle, cornemuse, balafon, piccolo,
bandonéon, la liste n’est pas exhaustive). Le résultat,
plus qu’étonnant est de toute beauté. Entre jazz, rock,
chanson française décalée et
expérimentations musicales, Marcoeur s’amuse avec sa voix si
particulière et ses sonorités venues d’ailleurs. Des
titres enlevés comme « Monsieur Lépousse » ou
« Le nécessaire à chaussure » sont bluffant
d’efficacité et de délires verbaux. « Le fugitif
», dramatiquement drôle, part d’un constat des plus
stupides, vu qu’il conte le désarroi d’un homme enfermé
dans les wc d’un bar.. sans papier toilette ! Mais Marcoeur sait aussi
manier la poésie touchante comme « Le père Grimoine
», « Elle était belle » ou « La
cueillettes des noix » le tout au milieu de textes absurdes,
inimaginables en chanson, comme « Le jus d’abricot ».
Souvent considéré comme le Franck Zappa, Marcoeur manie
cependant bien plus les différentes couleurs de l’émotion
que son illustre collègue américain. A la fois solennel,
tragique, triste mais aussi joyeux et amusant, le mode de Marcoeur est
toujours touchant et candide sans jamais sombrer dans la
facilité. Un artiste étrange, inclassable. Un doux
rêveur imprévisible qui nous offre là un «
album à colorier » tout en nuances émotionnelles.
|

|
|
|

|
Pierre Vassiliu
« Présentement
»
Spécial
Chanson Française
(Nouveau
& inédit)
Il faut bien le reconnaître,
lorsqu’on parle d’artiste français, Pierre Vassiliu n’est pas le
premier nom qui vient à l’esprit. Tout au plus, pour les plus
vieux d’entre vous, Vassiliu est simplement l’auteur du tube «
Qui c'est celui-là ? ». Pour les plus jeunes, cet
auteur-compositeur-interprète n’évoque tout simplement
absolument rien. Pourtant l’homme, plutôt discret, a
composé de véritables perles comme le sublime «
Amour amitié » mais aussi des titres improbables pas
toujours du meilleur goût. Vassiliu s’en moque. Il revendique sa
liberté et n’a que faire du « qu’en dira-ton ».
Trouver un album de Vassiliu relève du parcours du combattant et
je dois reconnaître que trouver une image de son album live de 82
« Présentement » n’a pas été sans
peine compte tenu qu’il n’a pas fait l’objet d’une
réédition en cd. C’est bien dommage car cet album est
fabuleux. Subtil mélange de rock et de world-music «
Présentement » est un joyau de délire musical. Des
titres comme « Izdecol » ou « Tarzan » sont de
purs bonheurs où Vassiliu s’en donne à cœur joie dans
l’improvisation et la folie verbale. Avec cet album il rejoint d’autres
allumés au panthéon des artistes des scènes comme
Higelin avec qui il partage le violoncelliste Denis Van Hecque. Si
quelqu’un possède cet album dont je ne possède qu’une
vieille k7 audio, qu’il pense à moi !
|
|
Très très peu
d’interviews, quasiment aucun concert (voire pas du tout), des albums
distillés au compte-gouttes, (près d'une vingtaine quand
même !) Manset est un homme discret. Très discret, voire
même trop discret. A tel point qu’après le succès
de son 45 tours « Il voyage en solitaire », vendu à
plus de 300 000 exemplaires, l’homme se terre chez lui, refusant toutes
formes de médiatisation. Enfermé dans son monde
mystérieux et souvent sombre, Manset fait de sa
discrétion une véritable marque de fabrique. L’album
« 2870 » publié en 78 et jamais
réédité depuis sous sa forme initiale (comme un
grand nombre d’albums du maître) est de toute beauté. Plus
électrique que ses précédents, plus froid aussi,
il nous invite à découvrir en 6 titres son univers
personnel avec talent et humilité. Les titres sont forts «
Jésus », « Le Pont », intimes « Un Homme
une femme », « Ami », « Ton âme heureuse
», intenses « 2870 » (14 minutes de puissance
glaciale). Musicien génial, artiste complet, Manset fuit autant
le public que les médias.
Aussi si vous le croisez, ne lui parlez pas, ne le regardez même
pas !
Penchez-vous juste sur sa musique, c’est tout ce qu’il demande.
Et sa musique est un enchantement.
|

|
|

|
Gabriel Yacoub
« Bel »
«
Bel »… Plutôt énigmatique comme titre non ?
C’est pourtant celui qu’a choisi
Gabriel Yacoub pour son album sorti en 1990 chez Boucherie Production.
Le choix de ce label peut d’ailleurs surprendre, celui-ci, fondé
par Français Hadji-Lazaro des légendaires Garçons
Bouchers, étant plutôt connu pour avoir signé des
groupes post-punks comme La Mano Negra, 10 Petits Indiens, Sttella ou
encore BB Doc. Or dans ce « Bel », tout n’est que
mélodie délicate et nostalgie subtile. Habile
mélange de compositions personnelles et de chansons
traditionnelles, « Bel » est un album envoutant où
la poésie de Yacoub flirte avec le folk irlandais ou la pop
minimaliste. Il marie les atmosphères raffinées et
intimistes associant instruments d’un autre âge et technologie
moderne pour une musique simple et profonde. « Bel » est un
joyau de titres sublimes comme le poignant « Ma délire
» à cappella, le superbe « Les Choses les + Simples
» ou encore le splendide « Words ».
De bien « Bel » compositions qui font de Yacoub, un artiste
unique à découvrir d’urgence.
|
|
Robert Fripp «
Exposure »
Robert Fripp est un curieux
musicien. Un type à part. Guitariste chevelu et
énervé à l’époque du légendaire King
Crimson des années 70, en passant par les dentelles
atmosphériques créées avec son double Brian Eno,
jusqu’aux leçons de guitare avec son quintet à cordes,
Fripp est toujours là où l’on ne l’attend pas, prêt
à nous surprendre toujours et d’avantage. Lorsqu’en 79 il
propose « Exposure », surprise ! On découvre un
Robert Fripp, cheveux court, cravate et costume, un look peu ordinaire
pour un artiste qui ne l’est pas moins. Difficile d’imaginer à
la vue de cette pochette, ce que le disque peut bien contenir. Tout
juste peut-on imaginer un album gentillet bien dans l’air du temps.
D’ailleurs, Fripp lui-même avait annoncé que ce nouvel
album serait commercial et accessible à tous. Seulement il
semblerait que Fripp ait une notion du commercial un peu erronée
et qu’il maîtrise mal le terme « accessible ». Si le
premier titre, enfin le deuxième « You burn me up i'm a
cigarette » (le premier « Preface » étant une
discussion en guise d’introduction) peut paraître convenir
à un album commercial, rapidement l’affaire se corse. «
Breathless » semble tout droit sorti de l’album « Red
» de King Crimson, « Disengage » taquine le punk. Au
milieu de cette frénésie électrique
époustouflante quelques perles de délicatesse. La reprise
de « Here Comes the Flood » de Peter Gabriel qui vient
prêter sa voix ou les très planants « Water music
» qui alternent avec les délires avant-gardistes les plus
sauvages. Pièce maîtresse de cet album incroyable, le
titre qui donne son nom à l’album « Exposure ». Un
pur moment de folie musicale expérimentale sublimé par
une voix incroyable. Grand album que cet « Exposure »
où les fameux Frippertronics (système
d’enregistrement/reproduction sonore basé sur deux Revox en
ligne imaginé par Fripp) côtoient les talents de musiciens
comme, excusez du peu, Brian Eno, Phil Collins, Dary Hall, Peter
Hammill, Peter Gabriel et bien d’autres.
«
Exposure » n’est pas à mettre entre toutes les mains,
c’est un objet d’art réservé aux seuls initiés.
Mais quelle claque !
|

|
|

|
Magma « Live
Hhaï »
Aucun album de rock français
n’est allé aussi loin que ce live de Magma. Et tout bien
réfléchi, aucun groupe, nulle part ailleurs, n’a
osé s’aventurer là où Magma est allé. Magma
n’est pas un groupe, c’est un concept, un univers, un monde à
lui tout seul. Entièrement créé et imaginé
par son batteur charismatique, Christian Vander, sorte de gourou
dément et talentueux (l’un des tout meilleurs batteurs au monde,
tous styles confondus), Magma est une sorte de mythologie musicale
basée autour d’un peuple imaginaire, les Kobaïens,
censé parti former une nouvelle civilisation sur la
planète Kobaïa. A première vue, ça peut
prêter à rire mais l’affaire est prise très au
sérieux par son géniteur. A tel point que Vander est
allé jusqu’à inventer une langue aux accents teutons que
seuls lui et ses disciples comprennent. Et parmi ces derniers, on
retrouve les plus fines lames des musiciens français. L’immense
Klaus Blasquiz au chant (plus de cinq octaves à son actif !),
Bernard Paganotti à la basse, Benoît Widemann aux
claviers, Didier Lockwood au violon et Stella Vander, sœur de
Christian, au chant. Et là, autant dire, qu’on est à des
années lumières du petit groupe de rock and roll. La
musique de Magma, inclassable, évolue à mi-chemin entre
le rock, le jazz et le classique. C’est une déferlante de
sonorités brutes et complexes qui écrase tout sur son
passage. Une sorte de tsunami électrique puissant et rageur qui
nous laisse sans voix. Et ce live de 75 est certainement le meilleur
testament de cette tribu de fous furieux totalement
dévoués à leur œuvre. Le titre «
Köhntark » est l’un des plus puissants qu’il m’ait
été possible d’entendre à ce jour. Près de
40 minutes de pure folie explosive ! « Hhaï » et
« Kobah » sont magnifiques. Quant à «
Mëkanïk Zaïn » il clôt ce voyage vers
l’incroyable de façon magistrale. Magma n’est pas un groupe
rock, c’est une musique, une philosophie, un postulat. Un monde unique
peuplé d’êtres fantasmagoriques et magiques. Du grand, du
très grand
|
|
The Residents «
Commercial Album »
Qui sont les Residents ? Allez
savoir… Depuis plus de 30 ans ce groupe atypique gère de
façon de maître l’anonymat le plus total. Nul ne sait qui
sont ces êtres étranges constamment dissimulés
derrière un énorme globe oculaire en guise de visage. Et
à la limite, on s’en moque. L’important n’est pas qui ils sont
mais ce qu’ils font. Et là, les Residents occupent une place
toute particulière dans le paysage musical moderne.
Définir la musique des Residents relève de l’impossible.
D’ailleurs on devrait parler de musiques et non de musique. Notez la
différence. Chacun de leurs albums est un monde à part,
une exploration nouvelle, un dépaysement inconnu. Leurs musiques
n’a rien de conventionnelle et même lorsqu’ils reprennent de
grands classiques « Satisfaction », « It's a Man's
Man's Man's World » ou quand ils rendent hommage à Elvis
leur démarche est totalement imprévisible et pour le
moins surprenante. En 1980 le groupe propose donc le fameux «
Commercial album » composé de 40 titres… d’une minute
chacun ! Un véritable tour de force car ces morceaux sont de
vraies chansons, avec couplets et refrain. Mieux ces compositions
réduites au minimum, dépouillées de tout
élément superflu, vont directement à l’essentiel
pour s’insinuer en nous comme d’infernales ritournelles pour ne plus
nous lâcher. Et le but des Residents est atteint :
réaliser un album composé de titres d’un durée
équivalente à celle d’un spot de pub au USA et marquer
les esprits, d’où la dénomination de « Commercial
Album ». Musicalement la chose est un mix entre des sons
principalement synthétiques et la guitare acerbe de Snakefinger,
seul élément à figure humaine du groupe, le tout
accompagné de voix pour le moins surprenantes. Pour sa sortie,
le groupe (mais est-ce réellement un groupe ?) réalisera
des vidéos particulièrement innovantes de certains titres
de l’album, lesquelles font partie intégrante du musée
d’art moderne de New York ! Enfin cette critique ne saurait être
complète sans préciser la présence des fous
furieux que sont Fred Frith et Cris Cutler. Les connaisseurs
apprécieront !
|

|
|

|
Yo La Tengo «
Is Murdering The Classics »
Les qualificatifs sont
souvent difficiles à trouver pour bien définir la musique
de tel ou tel
artiste. Et le cas Yo La Tengo ne déroge pas à la
règle. Coller une
étiquette à ce trio d’américains atypiques n’est
pas une mince affaire.
En 10 albums Ira Kaplan (chanteur-guitariste), Georgia Hubley sa femme
(batteuse) et James McNew à la basse ont exploré à
peu près tout ce que
la musique peut offrir comme détours insoupçonnés.
Country pur jus,
rock noisy bien tranchant, pop lumineuse, expérimentation
audacieuse,
délire incontrôlé, ambiance planante, le groupe a
tout osé, sans jamais
se renier. Et ce n’est pas ce « Murdering the classics »
qui me fera
mentir. Bien au contraire, en 30 titres le groupe revisite la courte
histoire du rock tous styles confondus. En vrac, Lou Reed, The Stooges,
Les Who, Jonathan Richman, Eurythmics, Brian Neo, Billy Joel, Yes et
même Petula Clark, les Beach Boys, The Knack ou les Sonic Youth.
Disponible sur le site du groupe pour une poignée de chiques,
cette
compilation regroupe des titres demandés par les auditeurs d’une
radio
en soutien à cette dernière. Il ne restait plus au groupe
qu'à les
enregistrer quasiment en direct avant de les diffuser sur les ondes. Le
résultat est un joyeux bordel musical enregistré à
l’arrache, brut de
fonderie, rafraîchissant et souvent très surprenant. Une
sorte de
récréation musicale interprétée par des
écoliers taquins plein de
malice et de bonne humeur. Yo La Tengo réalise là un
album plein de
surprises, de fraîcheur et de spontanéité, loin,
très loin des
productions aseptisées à gros budget. Le genre de plaisir
simple, sans
prétention qu’on aime à écouter avec bonheur.
|
|
The Locos «
Jaula de Grillos »
Difficile à croire mais le ska est une
spécialité espagnole ! Digne du successeur du
défunt Ska-P, enfin pas tout à fait car le groupe repart
en tournée, The Locos reprend le ska là où ska-P
l’avait laissé, c'est-à-dire dans las quartiers
populaires de Madrid. Aussi pendant le break que s’était
imposé Ska-P pendant quelques années son leader «
Pipi » (Ricardo Delgado de la Obra) a eu l’excellente idée
de continuer ce qu’il savait faire de mieux, c'est-à-dire du
ska-punk festif bourré d’énergie. Autant le
préciser de suite, l’univers de The Locos ressemble comme deux
goutes d’eau à celui de Ska-P. Guitares tonitruantes, rythmes
enlevés, cuivres à gogo... Ajoutez une grosse
pincée de discours altermondialistes, une bonne dose
d’agressivité positive et vous obtenez un cocktail
réjouissant des plus remuants. The Locos transcendent le Ska en
une véritable fiesta au fond d’un tapas surchauffé !
|

|
|

|
Emily Jane White
« Dark Undercoat »
J’ai découvert la musique
d’Emily Jane White par hasard en regardant un reportage
télé. De suite son univers m’a envouté. Etait-ce
sa voix, sa guitare ou les images que ses compositions illustraient, je
ne savais pas trop. Alors j’ai fini par acquérir son «
Dark Undercoat » et je ne m’en suis pas remis. La dame a un
talent fou. Bien sûr c’est du folk, comme on en entend un peu
partout aujourd’hui mais avec un gros plus, le talent.
Mélancolique à souhait, Emily nous emporte dans on monde
de douceur, parfois triste, parfois gai, mais toujours avec
subtilité et délicatesse. Emily possède la
fraîcheur de la jeunesse, l’efficacité d’une compositrice
talentueuse et l’élégance du bel ouvrage taillé
avec minutie et simplicité. Laissez-vous emporter par la
beauté de ses petites chansons légères comme un
nuage de grâce et solides comme un roc qui roule le long d’une
falaise de beauté.
|
|
Bien qu’il s’appelle « Best
of », l’album des belges de Allez-Allez est ni plus ni moins
qu’une réédition de leur véritable seul LP sorti
au début des années 80, agrémenté de
quelques remixes. Groupe éclair de la scène belge, il
n’aura que deux ans d’existence entre 82 et 83, Allez-Allez n’en a pas
moins marqué le monde du rock indépendant en proposant un
funk à l’européenne, un peu à la manière
d’un Talking Heads en moins sérieux. L’album peut paraître
nostalgique à première vue, n’empêche que le groupe
proposait à l’époque une recette d’une efficacité
redoutable, ne serait-ce que par la voix de Sarah Osborne qui
conférait à l’ensemble une ambiance des plus originales.
A (re)découvrir….
|

|
|

|
LKJ
« Bass Culture »
Linton
Kwesi Johnson pour les non-initiés !
Du dub de haut
vol, de la poésie brute, un régal.
Mais qu’est-ce
que le dub ? Le dub plonge ses racines dans le reggae, mais un reggae
minimaliste réduit à sa plus simple expression d’une
langueur extrême, sur lequel « prose » une voix
posée bien plus récitée que chantée. Et son
plus grand représentant est sans aucune doute Linton
Kwesi Johnson, artiste discret et pourtant incontournable.
Seul type capable
de sortir un album "A cappella Live", sans musique,
sans chanson, rien que de la poésie. Tous les grands corps
malades peuvent aller se recoucher, ce petit bonhomme et son chapeau
les écrase tous !
Découvrez
d'urgence "Bass Culture" pour découvrir
l'univers dub de LKJ.
|
|
Robert Wyatt «
Rock Bottom »
« Rock Bottom » n’est
pas un album rock. Non, c’est autre chose. « Rock Bottom »
c’est la magnificence du malaise, la sublimation de l’émotion,
l’apogée de la beauté. Cet album est sombre, comme le
plus douloureux de vos cauchemars, mais d’une noirceur somptueuse et
magnifique. « Rock Bottom » nous ouvre les portes du coma
sensoriel, nous initie à la douleur de son géniteur, qui,
comme toutes les douleurs, donne souvent naissance à des chefs
d’œuvre. Plonger dans cet album est comme sombrer avec délices
dans des méandres tourmentés, c’est se laisser happer par
une douce léthargie torturées. Entre jazz et ambiant,
« Rock Bottom » est un joyau de non-rock, sublimé
par la voix si particulière de Robert Wyatt, ex chanteur-batteur
du cultissime groupe Soft machine, avant qu’il ne finisse
paraplégique suite à un ridicule accident de beuverie qui
le cloua définitivement sur un fauteuil roulant. Mais ce
traumatisme définitif n’a en rien écorné le
génie créateur de Wyatt et encore moins sa voix. Et
quelle voix ! Un organe unique, magique, qui glace le sang autant
qu’elle nous émeut. Ce bijou de six titres à peine
décline toutes les nuances du vertige, du trouble, du mal
être. Un disque profond, intime, douloureux et génial !
Produit par Nick Masson, batteur de Pink Floyd, « Rock Bottom
» est une œuvre majeure, unique et incontournable. Attention
disque culte !
|

|
|

|
Aphrodite's Child
«
666 »
« 666, le nombre de la
Bête » ! Largement influencé par l’Apocalypse, au
sens religieux du terme, voilà de prime abord un album qui
devrait repousser tout rockeur digne de ce nom. D’autant plus, qu’au
départ, et plus encore par la suite, le groupe qui a commis ce
concept-album démoniaque, ne correspond en rien aux
critères rock habituels. En premier lieu, tous les membres sont
grecs, ce qui est déjà en soi un sérieux handicap
pour s’imposer dans un milieu dominé par les anglais et les
américains. Ensuite, les premiers titres enregistrés par
le groupe avaient un sérieux relent de variétoche post
baba-cool fadasse. « Rains & Tears », « It's five
o'clock », c’étaient gentil mais bon. Plus
compliqué encore, l’un des fondateurs du groupe est un certain
Vangelis Papathanasisou, pas très rock non plus comme patronyme,
tandis que le bassiste et chanteur n’est autre que… Demis Roussos !
Là forcément on craint le pire ! Et pourtant !
Ce
disque, censuré dans certains pays dès sa sortie, est
tout simplement un monument ! Un truc inouï, jamais entendu
auparavant et inégalé depuis. Une folie totale,
bourré d’inventivité, de puissance rock. Mieux, «
666 » est une révolution musicale unanimement reconnue par
toutes les critiques ! La sortie de ce double album surprend tout le
monde tant il va loin, très loin, dans l’innovation, l’audace,
l’ambition, la folie et le délire. Subtil mélange de
rock-psychédélique, de folklore grec et de mysticisme,
« 666 » défriche des terres inconnues, pousse le
rock dans ses derniers retranchements, osant aller là où
personne n’avait jamais pensé se diriger. Chaque titre est une
exploration à lui tout seul où les influences les plus
diverses se défient mutuellement sans pour autant se
désunir. Une sorte de patchwork sonore tout en harmonie. On y
trouve du rock « The four Horsemen » avec la voix de Demis
Roussos, hallucinant, de la ballade « Break », du jazz
« Altamont » (avec en toile de fond le fameux concert des
Rolling Stones marqué par l’assassinat d’un spectateur par des
Hells Angels) mais aussi des titres superbes difficilement classifiable
comme « The wedding of the lamb » ou encore « loud,
loud, loud ». « 666 » n’hésite pas à
brouiller les pistes allant même jusqu’à offrir une
pièce monstrueuse, l’incroyable « ∞ »
(oui, oui c’est le titre) où Irene Papas s’adonne à des
vocalises entre chant et gémissements. Osé et jouissif au
possible ! « 666 » est une explosion de guitares, de
percussions, de synthés et de voix partant dans tous les sens.
Un sommet du rock qui signera l’arrêt de mort du groupe,
Vangelis, la tête pensante, préférant continuer
cette aventure musicale seul avec le succès que l’on
connaît. Quant aux autres membres, soit ils disparaitront du
devant de la scène, soit ils perdront leur âme rock pour
se tourner vers d’autres horizons, à l’instar de Demis Roussos.
Dommage car cet homme aurait pu être un grand chanteur de rock !
Quoiqu’il en
soit, cet unique et ultime album est un monstre à plusieurs
têtes, une hydre géniale et gigantesque qui, plus de
trente ans après n’a pris aucune ride.
Osez les enfants
d’Aphrodite !
|
|
Vangelis O.
Papathanassiou «
Earth »
Après la
courte aventure Aphrodite’s Child, le groupe se sépare. Demis
choisi la voie(x) de la variété, tandis que Vangelis,
Evangelos Odysseas Papathanassiou pour les intimes, opte pour une toute
autre direction. Fort de l’expérience de « 666 »
dont il était le principal instigateur, il propose alors un
album de toute beauté « Earth ». Ceux qui ne
connaissent Vangelis que par le biais de ses musiques de film, «
Antartica », « Blade Runner », « Les Chariots
de Feu » ou encore « 1492 : Christophe Colomb » sans
oublier les nombreuses bandes originales des documentaires de
Frédéric Rossif, sont loin d’imaginer que « Earth
» est un chef d’œuvre absolu. Pour cause, l’album est aujourd’hui
quasiment introuvable. Sorti en 1973, Vangelis n’est pas encore le
compositeur que l’on connaît. A cette époque, les
synthétiseurs ne sont qu’un support secondaire, Vangelis
privilégiant d’avantage le mariage d’instruments traditionnels
folkloriques à des sonorités plus rock, pour créer
un album où se mélangent voix et ambiances acoustiques.
Le résultat est époustouflant ! Vangelis défriche,
explore, revisite ses racines grecques pour les rendre universelles. On
y retrouve les influences qui ont fait le succès de « 666
» mais également les prémices de la musique qui,
plus tard, feront sa renommée. « Earth »
n’est pas une musique du terroir mais un melting-pot de
sonorités qui défie les frontières. Cet album
n’est pas de la world-music mais de la earth-music, magique,
envoûtante, mystique, étrange, contemplative,
mystérieuse et d’une richesse inouïe.
Vangelis signe
là, le plus beau voyage musical qu’il soit.
|

|
|

|
Miles Davis «
Kind of Blue »
Tout a déjà été dit et écrit
à propos de ce monument qu’est « Kind Of Blue ». Les
puristes vous parleront pendant des heures de son influence sur le jazz
et même sur le rock, de l’incroyable talent des musiciens
présents sur l’album, John Coltrane, Bill Evans, Jimmy Cobbs,
Julian Cannonball Adderley, ou encore de la technique si
particulière de Miles Davis. Les plus férus
évoqueront le jazz modal en opposition au be-bop jugé
trop hermétique aux improvisations. Bref oubliez tout cela.
L’essentiel n’est pas là. Installez-vous confortablement dans
votre fauteuil préféré, éteignez la
lumière et laissez-vous faire.
Laissez la musique
entrer en vous. Laissez la trompette de Miles Davis vous envahir.
Laissez-la faire. Vous sentirez rapidement ce souffle sensuel monter en
vous. Ce n’est plus de la musique, c’est l’expression musical d’un
camaïeu d’émotions qui s’insinue au plus profond de vous,
c’est la grâce d’une ligne mélodique chaude et
généreuse, le groove de cuivres profonds, de claviers
précis et délicats, le tout enrobé d’une
contrebasse magistrale et d’une batterie subtile. Un pur moment de
bonheur et de plaisir. L’un des tous meilleurs albums de musique, tous
styles confondus. Un must.
|
|
Kristin Hersh «
Hips & Makers »
(
Une guitare, une voix.
Un enchantement…
Kristin Hersh distille les émotions comme personne, entre
fragilité et violence.
Cristallines, explosives, ses chansons ciselées avec
précision revisitent toutes les couleurs de ses humeurs…
L’énergie du punk-rock au service de la délicatesse…
|

|
|

|
The B-52's «
The B-52's »
Historiquement le B-52’s est un
légendaire avion bombardier américain. Plus curieusement,
le B-52’s est aussi le nom de ces fameuses improbables choucroutes
arborées par certaines femmes dans les années 50-60. Et
c’est rapport à cet attribue capillaire que le groupe d’Athens a
choisi ce nom improbable. Et pour cause, les deux chanteuses porte
effectivement cette coiffure là. Pour autant les B-52’s ne sont
pas un groupe des sixties mais bien un combo né dans la mouvance
new-wave des années 70.
Rapidement leur démarche musicale se démarque de la
scène new-wave pour proposer des compositions pour le moins
originales. Composées autours de rythmes simples, leurs chansons
sont des condensés d’humour d’une efficacité redoutable,
dansantes à souhait. Si les membres ne sont pas des musiciens de
haut vol, ils parviennent néanmoins à combler ce manque
par un subtil jeu de voix et par un esprit festif délirant.
Chaque titre semble directement issu d’un cartoon de Tex Avery
reprenant un épisode de star Trek ! La musique des B-52’s est
une invitation à la fête mêlant rock enlevé,
bruitages en tous genres, textes surréalistes, instruments
impossibles, cris d’animaux et autres joyeusetés surprenantes.
L’album regorge de titres hallucinants comme les hits « Planet
Claire », « 52 Girls », « Rock Lobster »
ou encore « 6060-842 ». Ce premier album est une
véritable bombe dans le monde sombre et morbide de la new-wave
d’alors.
Un vrai coup de bonheur !
|
|
Philip Glass «
Glassworks »
Envoutante, captivante,
ensorcelante, fascinante, répétitive, minimaliste...
La musique du philosophe et mathématicien Philip Glass est
unique, inclassable, magique.
Une invitation au voyage vers des contrés
insoupçonnées…
Superbe...
|

|
|

|
Devo « Q: Are
We Not Men ? A: We Are Devo ! »
L’approche musicale du groupe Devo,
originaire d’Akron dans l’Ohio est résolument unique en son
genre. Même s’ils puisent leurs influences dans le Krautrock et
notamment auprès de gens comme Neu ! ou Can, ils se
démarquent de leurs ainés teutons par une démarche
totalement différente et surprenante. Maniant le paradoxe comme
un art à part entière, Devo fustige la
société de consommation, le modernisme exacerbé,
en utilisant ce que cette société a justement de plus
emblématique. Sur scène le groupe se produit dans des
« costumes » improbables, post modernistes pour des shows
au visuel étonnant. « Q: Are We Not Men? A: We Are Devo !
», le premier album du groupe sorti en 1978, est ni plus ni mois
qu’un ovni musical. La reprise de « (I Can't Get No) Satisfaction
» des Rolling Stone est à elle seule la
démonstration du délire dans lequel le groupe
évolue. Soutenu par une solide base rock, le titre s’enrichi de
sons électroniques en plus d’un chant syncopé et
robotique. Les titres comme « Mongoloïd », «
Jocko Homo » deviendront des tubes incontestables. L’univers de
Devo est un savant mélange déjanté de guitares
acerbes et de synthés déstructurés. Politiquement
incorrect et particulièrement cinglant envers l’évolution
de la société américaine, Devo ose toutes les
critiques, toutes les attaques à travers la fraîcheur de
leurs jeunes années. Album intemporel, « Q: Are We Not
Men? A: We Are Devo ! » défie les modes grâce
notamment à la présence de Brian Eno à la
production, le quel, ne l’oublions pas, est certainement l’homme qui a
le plus œuvré pour l’explosion des nouvelles musiques ces 30
dernières années.
|
|
Scorpions «
Lovedrive »
Une année sépare la
double tuerie qu’est « Tokyo tapes » du nouvel album des
hard-rockers germaniques Scorpions « Lovedrive ». Vous
allez penser que j’exagère et que donner tant d’importance
à ce vieux groupe de chevelus bardés de cuir et un peu
too much. Rassurez-vous c’est la dernière fis que j‘en reparle.
Pour remettre les choses en place, je n’aime pas du tout le hard-rock,
n’empêche que ce Scorpions là vaut plutôt bien le
détour. Tout débute par un titre lourd assez
mélodique et typique du groupe « Loving you Sunday morning
». Le son est clair, les instruments sonnent juste. «
Another Piece of meet » est netemment plus violent, limite punk !
Ca explose, c’est nerveux, rapide. Les crescendo de guitares sont
superbes. Impossible de rester stoïque en écoutant un titre
pareil. Ca déboule sans crier gare avec bonheur et rage ! C’est
curieux, combien les hard-rockeurs savent être tendres ! Si, si !
Ils sont capable de chose extrêmement fines et délicates,
notamment quand ils se mettent à écrire des slows ! Les
plus grands slows ont été écrits par ses groupes
de hard-rock, et ce « Always Somewhere » ne dément
pas ce postulat ! Le titre est de toute beauté, langoureux
à souhait, avec ce qu’il faut d’électricité pour
ne pas renier ses origines. « Coast to Coast » est un
instrumental au tempo assez lent, mais tout est relatif, assez
représentatif du hard-rock des années 70 avec une
qualité de son irréprochable procurant un climat
presqu’envoutant. Quant à « Can't Get Enough » c’est
un rock pur jus, avec solos de guitares dans la grande tradition du
hard destroy. Curieux titre en revanche que « Is there anybody
there », teinté de reggae ! La puissance du heavy-metal
à la sauce Kingston ! Il fallait oser, Scorpions l’a fait et de
fort belle manière. Avant dernier titre, « Lovedrive
», est rutilant comme une Ford Mustang dévorant les
kilomètres sur la route 66. Ca ronronne à vive allure,
ça carbure… La basse assène un rythme d’enfer un peu
à la manière du Led Zep sur certains titres de «
Presence ». Pour finir, « Holiday » débute
tout en arpèges acoustiques, laissant Klaus Meine poser sa voix
cristalline délicate. Une jolie ballade subtile et douce qui
fini par un feu d’artifice de fer et
d’électricité…Premier album de Scorpions sans son
légendaire guitariste Uli Roth, les teutons de Hanovre signent
là un album fort, richement produit, indémodable. Le
dernier avant un lent déclin vers des voies bien plus
commerciales où ils perdront leur âme et leur musique.
Enfin une mention toute spéciale à la pochette de
l’album, irrespectueuse à souhait !
|

|
|

|
Si le nom de Peter Cetera ne nous dit pas
grand chose, en revanche
celui du groupe Chicago devrait peut être vous parler d’avantage.
Mais si, rappelez-vous
le hit « If you leave me now », un slow imparable
qui cartonna en
1976 et qui reste un modèle du genre. Bref, Peter Cetera
était donc chanteur,
musicien et compositeur au sein de Chicago. En 81 il décide de
sortir un
premier album solo chez Warner Bros qui torpille le projet craignant de
voir
Cetera quitter son groupe et voir se poule aux œufs d’or
décliner sans son
chanteur emblématique. Mais Peter n’en a cure et malgré
une distribution et une
promotion désastreuse sortira son album. Le premier titre
« Living in the
Limelight » est un rock plutôt musclé à
la mélodie accrocheuse, un tube en
puissance, avec guitares rageuses et rythme enlevé.
« I can feel it »
est plus conventionnel mais permet néanmoins à Peter
d’explorer tout le talent
de sa voix. « How many time », bluesy et
chaloupé est de bonne
facture, rappelant certains titres de Steve Winwood. « Holy
Holy »
sonne très californien tandis que « Mona
Mona » pulse du côté funk,
parfait pour les dance-floors. « One the line »
est une jolie ballade
dont Cetera a le secret, un titre à la Toto, très
influencé 80’s. Même moule
pour « Not Afraid to love », loin d’être
révolutionnaire mais
sympathique. « Evil Eye » renoue avec un rock
propret tandis que « Pratical
Man » poursuit la veine rock-FM un peu insipide bien que
superbement
produit. Dernier titre, « Ivy covered Walls »
conclue cet album, loin
d’être un incontournable, mais néanmoins fort
agréable à écouter pour bouffer
du kilomètre d’autoroute. La suite de la carrière Cetera,
si elle rencontrera
plus de succès, sera sommes toutes moins intéressante. Ce
premier opus solo, n’est
pas l’album du siècle, loin de là, c’est juste une jolie
récréation sans
prétention, une voix absolument magique et un compositeur de
talent.
|
|
Sonic Youth «
Dirty »
L’univers des Sonic Youth n’est pas
ce qui est des plus faciles d’accès. Ces quatre musiciens ne
sont pas particulièrement connus pour faire dans la dentelle.
Loin de là. Chacun de leurs albums est un concentré de
bruits judicieusement bricolés pour en faire une œuvre d’art.
Groupe qualifié tour à tour de no-wave, hard-core ou
même grunge, les Sonic Youth ne portent en fait aucune de ces
étiquettes. Leur musique, faite de distorsions, de dissonances
enveloppant des mélodies pop, est unique dans son genre et se
veut avant tout libre. Car telle est le leitmotiv du groupe, la
liberté de création. Bricoleur talentueux, ils
n’hésitent pas à modifier leurs instruments de
façon tout particulière pour créer un son unique.
Véritables laboratoires d’expérimentations musicales,
leurs albums peuvent bien souvent heurter l’auditeur non habitué
à ce genre de sonorités. N’empêche, le rock des
Sonic Youth est d’une efficacité redoutable et ce « Dirty
» en est l’exemple même. Plus accessible que leurs autres
productions, il associe à merveille compositions rock et
délires créatifs à tel point que les fans
considéreront cet album de « facile ». Mais son
efficacité n’en est pas moins redoutable. « 100% »
est un rock pur jus, « Theresa’s Sound-world » paraît
presque calme et reposé. « Drunken Butterfly »
explosif à souhait avec la voix si particulière de la
bassiste Kim Gordon. « Sugar Kane » aurait
mérité d’être un tube. « Nic fit » est
incroyable de furie électrique. En quinze titres, « Dirty
» fait le tour de toute la palette sonore du groupe qui
transforme de simples titres rock en d’incroyables déluges de
folie musicale.
|

|
|

|
John Hackett &
Steve Hackett « Sketches of Satie »
J’ai toujours eu beaucoup
d’admiration pour Erik Satie. Ses compositions pour piano sont parmi
les plus touchantes qu’il soit. Compositeur avant-gardiste, son
phrasé musical est unique, transformant, en quelques petites
minutes, le silence en un monde magique et profond. Bien qu’il ait
créé des pièces pour orchestre, le piano reste son
instrument de prédilection. Aussi l’album des frères
Hackett paraît de prime abord improbable. Adapter les titres de
Satie à la guitare et à la flute n’est pas
forcément la première idée qui vient à
l’esprit. Et pourtant les deux musiciens réussissent à
merveille ce tour de force. Mieux même, ils parviennent à
nous faire oublier les compositions originales sans les
dénaturer. C'est-à-dire qu’on a réellement
l’impression que ces titres ont été écrits pour un
duo guitare-piano ! Steve, le guitariste, s’occupe principalement de la
partie « accompagnement » des compositions de Satie pendant
que John, le flutiste s’occupe de la partie « solo ». En
résumé, pour faire plus simple, Steve est la main gauche
sur le clavier tandis que John est la main droite. Et le
résultat est absolument bouleversant. Les « Gnossienne
» sont claires, fluides, mystérieuses. Les «
Gymnopédie » profondes et sensuelles. Les «
Pièces Froides » hypnotisent. Les «
Avant-dernières pensées » sautillent, dansent,
s’envolent. Quant aux « Nocturne » elles sont magnifiques
de délicatesse, de calme… John et Steve égrainent leurs
notes en fines volutes musicales subtiles et fragiles. Un album de
toute beauté, qui prouve tout le génie créateur de
Satie et les qualités d’interprètes des frères
Hackett.
|
|
Klimt «
Jesienne Odcienie Melancholii »
Cet album n’est aucunement la bande
originale d’un reportage consacré à Gustav Klimt mais il
pourrait l’être, tant certaines toiles du Maître, je pense
notamment à « l’Attersee », auraient très
bien pu inspirer l’auteur de ce Jesienne Odcienie Melancholii, un
certain Antoni Budziński. De cet homme je ne sais rien, si ce n’est
qu’il serait un guitariste polonais œuvrant au sein d’un groupe
appelé Saluminesia. Mais qu’importe qui il est et d’où il
vient, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est dans cette
galette où prédominent le calme et la beauté.
Musique atmosphérique, aérienne, mystérieuse,
angélique, limpide, subtile, délicate…
Un enchantement
sonore idéal pour la méditation, le repli sur soi tout en
nuances d’automne mélancoliques….
|

|
|

|
The Heads « No
Talking, Just Head »
Au milieu des années 70, au
cœur de New-York, les groupes de new-wave faisaient les beaux jours du
fameux club de Manhattan le CBGB’s. Parmi eux, le Patti Smith Group,
Suicide, Television, les Ramones, Mink de Ville, Blondie ou encore les
Talking Heads. Ce dernier composé de David Byrne, Jerry
Harrison, Tina Weymouth et Chris Frantz sort un premier album en 77
dans lequel il se démarque déjà de la mouvance
new-wave en proposant des compositions originales éclectiques
radicalement différentes de la furie électrique de leurs
congénères du CBGB’s. Sa démarche musicale est si
personnelle et innovante que le groupe ne tarde pas à attirer
l’attention d’un certain Brian Eno qui se propose alors de produire
leur futur album. De cette association sortiront en fait trois albums
dont le classique « Fear of Music » et l’incroyable «
Remain in Light ». Véritable chaudron
d’électronique, d’instruments acoustiques, de percussions
africaines, d’ambiances aériennes avec la trompette hallucinante
de Jon Hassell, de textes politico-philosophiques, de rythmes funk,
rock ou hypnotiques, la musique des Talking Heads gagne en
épaisseur et en profondeur. Si le groupe présente une
unité certaine, l’association David Byrne - Brian Eno semble
cependant dominer les autres membres à tel point que le couple
Tina Weymouth - Chris Frantz s’offrira une petite
récréation en créant le groupe Tom Tom Club
où ils donnent libre court à leur création
artistique. Néanmoins, les Talking Heads poursuivront leur route
jusqu’en 88, date à laquelle David Byrne privilégiera sa
carrière solo pendant que le Tom Tom Club étoffera sa
discographie. Il faudra attendre 1996 pour voir les Talking Heads
réunis à nouveau, ou tout du moins, les ¾ des
Talking Heads, David Byrne n’étant pas de la partie. C’est donc
sous le nom de The Heads que le groupe sort « No Talking Just
Head ». Si le titre choisi est une référence
évidente à l’absence du chanteur et leader original,
c’est également un jeu de mot avec l’expression « giving
head » qui signifie « fellation ». Privé de sa
voix, le groupe opte pour une solution originale, faire appel à
des invités, et pas des moindres ! Ainsi se succèdent au
micro d’anciens du CBGB’s comme Debbie Harry, Richard Hell ou d’autres
personnalités du rock comme Michael Hutchence, Maria McKee ou
encore Andy Partridge. Au final « No Talking Just Head »
présente une collection de chansons dignes du Talking Heads
original avec néanmoins quelques excursions chez Tom Tom Club.
Mais le tout reste fort cohérent prouvant, s’il en était
besoin, que les Talking Heads ne se résumaient pas au
génie indéniable de David Byrne mais bien à la
cohésion de l’ensemble du groupe. Pour preuve, jamais ni Byrne
ni Tom Tom Club ne connaîtront la réussite du Talking
Heads. A travers « No Talking Just Head » les trois
rescapés renouent avec un passé lointain, subtil
mélange de rock, de new-wave, de world-music et de funk torride.
La présence des nombreux invités apporte curieusement une
certaine homogénéité à l’ensemble alors que
la diversité des morceaux, des atmosphères et des parties
vocales pourrait laisser penser que l’album part dans tous les sens.
Jerry Harrison, Tina Weymouth et Chris Frantz signent là un
album soigné et puissant comme ils en ont le secret, comme ils
savaient le faire bien des années auparavant. Ecoutez le glacial
« Damage I’ve done », le dramatique « The king is
gone », le superbe et lancinant « No more lonely nights
» ou encore le profond « blue blue moon » pour vous
en convaincre.
|
|
Orchestre Rouge
« Yellow Laughter / More Passion Fodder »
Belle surprise que cette
réédition des deux albums du mythique groupe Orchestre
Rouge. Fondé en 1980 par Théo Hakola, américain
d’origine finlandaise mais français de cœur et de plume,
Orchestre Rouge s’inscrit dans la mouvance new-wave-punk initiée
en France par des groupes comme Marquis de Sade. Cependant la musique
du groupe, notamment sur « Yellow Laughter » le premier
album de 1982, se rapproche d’avantage du légendaire groupe
hollandais Meccano mâtinée des noirceurs des anglais de
Joy Division osant quelques échappées vers le dub ou le
punk New-yorkais. Alternant textes en français et en anglais
Orchestre Rouge à l’image des Clash par le biais de son
fondateur révèlera une certaine prise de conscience
politique. « More Passion Fodder » sorti en 1983 poursuit
l’aventure avec un visage un peu plus difficile et rugueux que son
prédécesseur. Le groupe se séparera en 1984,
Hakola poursuivant l’aventure musicale avec son nouveau groupe, Passion
Fodder. Restent deux albums testamentaires témoins d’une
époque révolue emplis de romantisme urbain et de
poésie noire. A redécouvrir pour qui avait 20 ans en 1980
et à découvrir pour tous les autres !
|

|
|

|
Steve Lukather
« Candyman
»
Steve Lukather est le guitariste du
groupe Toto. Toto, pour ceux qui l’ignoreraient, est un groupe
californien composé de musiciens de studio lesquels ont
notamment enregistré au début des années 80
quelques tubes comme Rosanna ou Africa avec leur album « Toto IV
» six fois récompensé au Grammy Awards. Un album
qui malheureusement leur collera une étiquette de rock-FM
gentillet dont le groupe aura du mal à se défaire. Mais
fort heureusement cette réputation n’entrave en rien les
qualités musicales des musiciens composant le groupe. Pour
preuve, on retrouve Steve Lukather sur plus de 900 albums ! Sur son CV
on peut lire les noms de Clapton, Cocker ou encore McCartney !
Son album solo de
1994 « Candyman » est un savoureux mélange de
balades et de titres rock où la guitare tient le premier
rôle. Certes pas l’album du siècle, ni de l’année,
mais une belle collection de morceaux rondement menés, riches et
superbement interprétés. Lukather promène sa
guitare avec brio sur des compositions taillées sur mesure pour
cet instrument sur lesquelles il pose sa voix avec une maîtrise
certaine.
Album sans prise
de tête, sans prétention, « Candyman »
ravivera tous les amateurs de bonnes guitares et de groove
électrique léché.
|
|
Bernard Lavilliers
« Samedi soir à Beyrouth
»
Un Lavilliers fidèle
à lui-même, plutôt teinté reggae, sans grande
surprise certes, mais de bonne facture qui se laisse écouter
sans couac. Ceux qui n’aime pas l’homme ne l’aimeront pas d’avantage et
ceux qui l’apprécient, ne seront pas déçus. A 61
ans, Lavilliers semble traverser les décennies sans prendre une
ride avec toujours le même plaisir de nous concocter ses petites
histoires de marins, de voyage, d’amour et ses cris de révoltes.
Lavilliers séduit ou frape, c’est selon, mais n’écrit
jamais à la légère. Le stéphanois,
éternel bourlingueur, nous emmène donc à travers
le monde à bord de son cargo musical aux multiples couleurs.
Vous embarquez ?
|

|

|

|
Pink Floyd
« Animals
»
Pour les puristes « Animals
» est l’un des albums de Pink Floyd les moins
intéressants. Les plus vieux lui préfèreront
« A saucerful of secret », les classiques opteront pour
« Dark Side of The Moon » et les plus jeunes choisiront
« The Wall ». Ben moi non. « Animals » est une
merveille. Tout débute par « Pigs on the Wing 1 »
petite chanson à la guitare acoustique 1,25 mn à peine.
Puis arrive « Dogs » au son plus froid avec ce rythme
à la guitare qui va s’amplifiant auréolé d’un
synthé léger avant que ne viennent batterie, basse, orgue
puis un premier solo de Gilmour, typique, limpide avant le couplet
suivant. Un titre faussement calme, faussement lent. Puis retour
à un deuxième solo de Gilmour, finement taillé
dans le cristal qui soudain replonge le titre dans une plénitude
lancinante pour mieux repartir de plus belle, grinçante et
profonde. La six cordes déraille, tranche, taille dans le vif et
s’assagi de nouveau. Retour au chant qui s’achève sur un
écho infini porté par un des claviers aériens et
de lointains aboiements étouffés. Et le rythme
insufflé par la guitare acoustique revient, hypnotique avec ce
chant presque plaintif pour un final foisonnant électrique
à souhait. Le troisième titre « Pigs (Three
Different Ones) », débute par une sorte de cri de cochon
prolongé par l’orgue et la basse de Water, tout juste
ponctués par quelques accords de guitare. Et Water lance ses
vocalises sur un rythme soutenu. Intervient alors un pont musical,
mélange de sonorités porcines sur fond de guitare et de
bruits étranges, le tout dans une succulente harmonie.
Après un ultime couplet, C’est un déferlement de guitares
acérées qui clôt ce chapitre au son de quelques
moutons. Et ce sont quelques notes de piano électrique qui
inaugurent le nouveau titre « Sheep », soutenu par un
ronronnement de basse jusqu’à ce que tout s’emballe lorsque le
chant de Water prend place. Le refrain est des plus enlevés
jusqu’au tiers du morceau où ce dernier prend toute sa
substance, avec une explosion de haut vole qui soudain sombre vers les
abysses du glacial avec toujours cette basse assommante,
véritable métronome entêtant qui ne s’arrête
que pour redonner la parole à Water, le temps du dernier couplet
que vient imploser la guitare très rock de Gilmour ! «
Pigs on the Wing 2 » achève ce voyage musical exceptionnel
comme il a commencé. Moins prétentieux que « Dark
Side », moins froid que « Wish you were here »,
« Animals » laisse la part belle aux atmosphères,
aux sous-entendus, aux alternances de moments rugueux et de phases plus
planantes. Dernier album 100% Pink Floyd, il présente les quatre
musiciens du groupe au sommet de leur art, tout en finesse, en totale
osmose. « Animal » est un album riche, profond, intemporel
qui présente de multiples facettes sans jamais se
désunir. Un Must tout simplement
|
|
Tuxedomoon «
30th Anniversary Box
»
Un 30ème anniversaire......
qui pour la plupart des gens passera complètement
inaperçu. Et
c'est bien dommage
En
revanche pour Crammed Disc c'est l'occasion de sortir un luxueux
coffret (à moins de 30 ?) comprenant un CD-DVD ""Unearthed", le
CD comprenant des inédits, des lives et autres petites
surprises, le DVD offrant quant à lui l'intégrale de la
vidéo "Ghost Sonata" (plutôt discutable),
l'intégralité des clips de la période 82-85, plus
divers enregistrements vidéos le tout pour 160 mn d'images la
plupart inédites, le live "160207 - 39°n 7°w"
enregistré en 2007, ainsi que le dernier album "Vapour Trails".
Soit 3 Cd et un DVD au total. L'intérêt de ce
coffret est donc triple. Redécouvrir les premières heures
du groupe, voir ce qu'il offre aujourd'hui en concert et enfin et
surtout écouter le dernier album.
De prime
abord dès l'ouverture de ce "Vapour Trails" on se retrouve
en terrain connu. La basse de Peter Principal, les cuivres de Steven
Brown et de Luc Van Lieshout, le violon et la guitare de Blaine L.
Reininger, tout y est, ne manque que la voix de Winston Tong.
Musicalement on retrouve cette ambiance si particulière,
mélange de new-wave, de jazz, de classique et
d'expérimentations tout azimut. Enregistré en
Grèce, cet album comme d'habitude, n'a pas de frontière.
Il faut dire que ces américains ont toujours eu à cœur de
voyager de part le monde et de s'inspirer de toutes les cultures
rencontrées, plutôt que de s'enfermer dans un studio
californien cossu. La preuve la plus flagrante est d'être
fidèle à Crammed Disc, le plus avant-gardiste des
labels.. belge !
Bref cet
album marrie, comme c'est une habitude depuis 30 ans, clarinette,
saxophone, trompette, piano, orgue, violon, guitare, percussion et
bricolages électroniques sans oublier la basse incontournable,
véritable colonne vertébrale de la musique du groupe. Considéré comme des
plasticiens du son, les membres du groupe explorent, défrichent,
déconcertent sans se soucier des modes et des plans marketings. Passer à coté de ses
gens là et un manquement certain à toute culture musicale
qui se respecte.
Alors je
voulais souhaiter un bon anniversaire à ce groupe trentenaire.
Happy
birthday Tuxedomoon !!!!
|


|
|
|
« Berlin
- Musik Der 20er Jahre
»
Spécial
Allemagne
L’avant-garde
musicale allemande
n’est pas née avec la révolution rock’n’roll des sixties,
loin de là. Tous les grands compositeurs classiques l’ont
prouvé au fil des siècles. Il est pourtant une
époque, plus précisément entre les deux
guères mondiales, où cet avant-gardisme s’est
exprimé de façon plus radicale et plus marquante. En
témoigne cette série d’enregistrements de compositeurs
berlinois des années 20. Tous ou presque plus inconnus les uns
que les autres, enfin en ce qui me concerne, les quatorze compositeurs
réunis dans cet album par un fou de musiques d’avant-garde osent
des compositions magistrales de toute beauté. La sublime
dramaturgie de Tiessen avec sa pièce pour violon et piano est
à pleurer. Von Zieritz marche sur les pas de Satie. Krenek est
sa symphonie syncopée nous plonge dans les premiers soubresauts
de la future apocalypse du troisième Reich. Eisler explore des
« voix » inédites sur des mélodies
déstructurées libérées d’un carcan
métronomique. Karol Rathaus dessine une sonate pour clarinette
et piano sombre et lumineuse à la fois, pendant que Kurt Weil
(enfin en voilà un que je connais !) nous offre une «
chanson » a capella à plusieurs voix, étrange messe
intemporelle. Le piano épileptique de Arnold Schonberg,
surprend, dérange, sautille et revient plus apaisé pour
mieux s’envoler. Paul Hindemith achève cette superbe collection
avec une musique qui en 1935 préfigure déjà ce que
sera des années bien plus tard la musique dite ambiant voire la
musique électronique en général. Un grand moment
à savourer, à découvrir, dans toute sa
modernité futuriste. Etonnant !
|
|
Guru Guru
« Der Elektrolurch
»
Spécial
Allemagne
Guru Guru est un groupe de rock
& roll. Heu, non. Guru Guru est un groupe de boogie. Non plus, non
c’est pas ça. Un groupe psychédélique alors. Pas
vraiment non plus. De jazz ? Difficile à dire… En fait Guru Guru
est tout à la fois. Sans jamais perdre son identité
propre le groupe évolue dans les différents styles
musicaux qui l’inspirent pour recréer sa propre galaxie d’une
richesse étonnante et unique. Le groupe plonge au milieu de
multiples références pour en extirper l’ADN qu’il
manipule avec une dextérité sans pareille. Entre
généticiens musicologues et alchimistes de l’acoustique,
les musiciens de Guru Guru explorent, sondent, cherchent, fouillent et
publient leurs précis d’ethnologie musicale sous forme de
galettes sonores d’une précision exquise. Aussi le choix de
« Der Elektroluch » s’impose car il est la réunion
de leurs deux albums précédents "Känguru" et "Guru
Guru" et offre donc un panorama assez vaste de la production du groupe.
On y retrouve l’essentiel des voies qu’ils emprunteront jusqu’à
aujourd’hui. Expérimentations indus, pur rock’n’roll
estampillé 60’s, longues séquences jazz de haut vol,
errances planantes, délires électroniques, le tout
enveloppé par des guitares hendrixiennes explosives. Atypique et
imprévisible, Guru Guru aura traversé les
décennies fidèle à sa liberté
créatrice sans se soucier des modes. Un must.
|
|
|
|
Klaus Schulze
« Dune
»
Spécial
Allemagne
Imaginez. Arrakis… La
planète des sables. La planète de l’Epice. L’objet de
toutes les convoitises…
C’est dans cet univers que Klaus Schulze en véritable messie de
Dune nous fait voyager au milieu des Fremens à la rencontre du
monde imaginaire de Frank Herbert. Juste deux titres sur cet album,
"Dune" et "Shadows of Ignorance". Deux titres radicalement
différents. Le premier dans la pure tradition du maestro
allemand, nous entraîne dans ses sphères vaporeuses et
envoûtantes. Un océan de son où le ressac de la
mélodie cadence l’absence de rythme. Le deuxième est une
longue litanie, entre chant et prière, récitée par
la voix captivante et magique d’Arthur Brown posée sur le long
ruban sonore des machines de Schulze. Dune n’est pas la bande originale
du film inspiré de l’œuvre de Herbert, laquelle a
été confiée au groupe… Toto !
Mais cette Dune là est le digne prolongement musical d’une
épopée unique et grandiose.
|
|
Neu ! «
Neu! 75 »
Spécial
Allemagne
Si
les Allemands n’ont pas inventé le rock’n’roll, ils ont sans nul
doute été les grands précurseurs de
différents mouvements artistiques en général et
musicaux en particulier. S’inscrivant dès leur premier album
comme les chefs de file de l’avant-gardisme rock, les membres du groupe
Neu! (nouveau en allemand) proposent des 72 une musique, mariant dans
le même chaudron, mélodies planantes, rythmes industriels
et puissance punk à une époque où celui-ci
n’existait même pas. Issu d’une première mouture du groupe
Kraftwerk, Neu! prit une direction radicalement différente de
ses collègues de Düsseldorf, délaissant le
coté robotique de ses derniers pour insuffler à ses
compositions un climat plus humain tout en restant très urbain.
Préfigurant le design des années de consommation des
80’s, les pochettes des albums de Neu! sont très minimalistes
aux antipodes de leurs musiques riches et bouillonnantes de
créativité. Entre calme et furie « Neu! 75 »
restera une des références majeures pour bien des
musiciens tels que Brian Eno, David Bowie ou encore Tohm Yorke
(Radiohead). Aussi de la scène « grunge » jusqu’aux
groupes « noisy », nombreux sont ceux qui aujourd’hui
marchent sur les pas de ces défricheurs de son. Sans même
souvent en être conscient d’ailleurs. Demandez autour de vous si
quelqu’un à déjà entendu parler de Neu! !
|
 |
|

|
Liaisons
Dangereuses « Los Niños Del Parque »
Ne
vous y trompez pas, malgré son nom et le titre de son album
sorti en
octobre 1981 « Los niños del parque » le groupe
Liaisons Dangereuses
est bel et bien d’origine allemande mais pour moitié seulement,
vu
qu’un de
ses fondateurs Beate Bartel est allemand alors que son compère
Chris
Haas est américain. Quoiqu’il en soit le groupe a élu
domicile de
l’autre côté du Rhin. Bien que le titre
générique soit en espagnol,
l’album est chanté majoritairement en… français ! Ce qui
pour un groupe
allemand est déjà peu commun. De fait le choix de la
langue confère à
l‘album un romantisme assez particulier contrecarré par la
dureté de
quelques morceaux en allemand et par le coté festifs de titres
en
espagnol, le tout saupoudré d’un peu d’anglais. Album plein de
contradiction, « Los niños del parque » alterne
entre joie et noirceur.
Musicalement parlant, Liaisons Dangereuses ouvre avec cet album la voie
de l’EBM (Electronic Body Music), mélangeant beats
électroniques
puissants et basses explosives à une voix particulière,
celle de
Krishna Goineau, tantôt martelée, tantôt criarde.
Source d’inspiration
pour bien des groupes et D.J de musique électronique, Liaisons
Dangereuses, de part sa démarche novatrice et hors du commun,
n’a
jamais réellement connu le succès populaire qu’il
méritait, alors qu’il
fut sans nul doute le précurseur du meilleur de la New Wave des
eighties, loin devant leurs camarades de la scène anglaise.
Voilà cet
oubli réparé.
|
|
The Can «
Monster Movie »
Spécial
Allemagne
Un peu partout dans le monde, les
jeunes musiciens de rock ont souvent été
considérés comme de petits morveux voyous sortis trop
tôt de l’école, catapultés en autant d’icônes
éphémères et violentes. Il faut dire qu’il y avait
de quoi se poser des questions. Les scènes de destructions
massives des Who, le meurtre perpétré lors du concert des
Stones à Altamont, les errances psychotropes des Floyd, rien
n’allait dans le sens d’une reconnaissance artistique de ces pionniers
du rock. Sans parler du doute relatif à leur qualité de
musicien. De fait, l’arrivée de Can sur la scène rock
était plutôt improbable. Un prof de musique,
contrebassiste de jazz formé chez Stockhausen, un batteur de
jazz spécialiste de musiques ethniques, un compositeur
touche-à-tout formé à la direction d’orchestre et
primé au conservatoire, ces gens là, qui accusent
déjà la trentaine en 1968, n’avaient donc manifestement
pas le CV idéal pour faire du rock. Seul le
guitariste-violoniste Michael Karoli semblait avoir le profil
adéquat. Nul doute que ces musiciens chevronnés allaient
donner une image bien plus acceptable et policée à la
déferlantz rock. Oui mais voilà, au lieu de cela, les
Allemands de Can choisirent d’opter pour un rock novateur,
extrémiste et bougrement efficace dont les influences perdurent
encore aujourd’hui. Véritable laboratoire musical, la «
boîte conserve » offre son premier enregistrement en 69.
Accompagné par Malcolm Mooney, un chanteur black
américain, également sculpteur, « Monster Movie
» est une véritable claque ! En quatre titres à
peine - mais quels titres ! – Can révolutionne le rock de la
plus belle façon qu’il soit. Can applique à sa musique la
technicité de chacun sans s’encombrer de considérations
académiques. Ici la musique est réduite à sa plus
simple expression, brute de fonderie, sans aucune tentation
symphonique, mais avec brio et efficacité. Rythmes tribaux,
improvisations, guitares puissantes et la voix de Mooney aussi chaude
et posée « Mary, Mary So Contrary » que totalement
hallucinée « Yoo Doo Right » donnent à
l’ensemble une cohésion superbe. Enregistré en direct,
l’album bénéficie d’un son particulier,
épuré, sans la lourdeur d’une production
extérieure non maîtrisée. Can en fera d’ailleurs sa
marque de fabrique, privilégiant son autonomie artistique
à la présence envahissante d’un producteur, d’où
une qualité de son souvent assez approximative. Mais qu’importe,
« Monster Movie » étonne, dérange et installe
Can comme l’un des groupes majeurs de la scène rock mondiale.
Des quatre titres, les vingt minutes de « Yoo Doo Right »
sont les plus extrémistes, offrant un panel savoureux des
futures prétentions du groupe. Une longue transe musicale,
à la fois martiale et minimaliste où s’égraine le
chant plaintif de Mooney, lequel quittera le groupe dans la
foulé pour le rejoindre… 30 après !
|
|
|

|
Naked Lunch «
This Atom Heart Of Ours »
Spécial
Allemagne
Bon,
autant vous le dire de suite, Naked Lunch n’est pas allemand. Ces gens
là sont Autrichiens. Mais on va pas chipoter pour si peu,
d’autant plus que le site officiel du groupe est basé en
Allemagne et qu’historiquement l’Allemagne et l’Autriche sont quand
même assez liées. De toute façon dès le
premier titre, cela n’a plus aucune importance car ici on est
très loin du Tyrol ou des valses viennoises. Rien dans leur
musique ne rappelle leurs origines ou celles de leurs cousins germains
! Préalablement estampillé grunge dans une
première vie, Naked Lunch revient sur la pointe des pieds nous
offrir de somptueuses perles mélodiques dans un écrin de
douceur apaisée. Cet album respire la
sérénité, le calme, la tendresse, la
simplicité, l’amour. Il n’en est pas pour autant un album
léger, superficiel et fleur bleue ! Non, non, les compositions
sont remarquables, habilement ciselées et magnifiquement
composées par trois vrais musiciens chevronnés revenus du
cirque rock’n’rollien. Une sorte de long souffle de soulagement bien
mérité après des années de débauches
électriques saturées. Magnifique sans être
grandiloquant cet « Atom Heart Of Ours » est l’album
idéal pour se ressourcer, pour retrouver une paix
intérieure, bien au chaud dans la solitude d’une nuit d’automne.
Un beau, très beau disque sorti en début d'année
qui nous aide à oublier un moment les affres du quotidien.
|
|
Amon Düül
II «
Yeti »
Spécial
Allemagne
Chroniquer un album n’est pas chose
aisée. Il faut trouver le bon angle d’attaque, le petit quelque
chose qui mettra en haleine le lecteur. Et croyez-moi ce n’est pas
toujours simple. D’autant plus que les Munichois d’Amon Düül
II ne me rendent pas forcément la tâche facile.
Déjà pourquoi un nom pareil ? Simple, Amon Düül
II est une émanation de feu Amon Düül, groupe allemand
lui aussi. Après la dissolution de ce premier groupe, son
successeur déboule sans crier gare avec un premier album
sobrement appelé « Phallus Dei » ! Après le
succès de celui-ci ils reviennent en 1972 nous proposer «
Yeti », un double album hallucinant ! Musicalement, on pourrait
les rapprocher des freaks de la côte Ouest des USA, pour le
côté psychotrope de la chose, mais avec une
démarche radicalement différente. Ici les
plénitudes béates des fumeurs de "ionjs" et autres
absorbeurs de substances illicites sont remplacées par un
mauvais trip fait de cauchemars sonores démoniaques. Le premier
disque s’ouvre sur le morceau « Soap Shop Rock »
décomposé en 4 sous-titres aux noms improbables
« Burning Sister », « Halluzination Guillotine
», « Gulp A Sontata » et « Flesh-Coloured
Anti-Aircraft Alarm » ! Ca ne s’invente pas ! Le tout baignant
dans un magma de rythmes fracassants, de guitares tantôt
planantes, tantôt acerbes, de cordes distendues et de claviers
fous. Sans oublier, la voix de Chris Karrer et surtout de Renate Knaup
au timbre si particulier. « She Cames Through The Chimney »
avec ses sonorités indouïsantes, époque baba-cool
oblige, flirte avec les intonations folks de « Cerberus »
ou la rage sans compromis de « Archangels Thunderbids »
véritable électrochoc d’une violence inouïe. Ainsi
va le monde d’Amon Düül II, toujours plein de surprises,
entre le lourd et le léger, jamais là où on
l’attend, en ébullition constante. Déconcertant, souvent
hermétique mais réellement novateur. Dans ce monde aucune
place à de simples bluettes, tout est dans l’excessif, rien
n’est sobre. C’est un foisonnement de tortures sonores et de caresses
électriques enfumées. Et le combat se poursuit sur le
deuxième disque de l’album, où là, le groupe ose
trois longues improvisations diaboliques au possible qui virent au
traumatisme acoustique ou à la jouissance sonore, c’est selon.
Pour le néophyte cet espace de liberté peut certainement
dérouter, tant l’ambiance générale est lourde et
dérangeante, mais pour qui arrive à faire abstraction de
ses habitudes musicales et désire s’ouvrir à d’autres
couleurs mélodiques, ce champ d’expérimentation est un
vivier de créativité, une overdose de délire.
Reconnu comme l’une des influences majeures du
néo-psychédélisme des années 90, ce «
Yeti » permit au groupe de connaître une
notoriété internationale et de faire découvrir au
monde entier les nombreuses couleurs du rock allemand.
|

|
|
|
Nico «
The Marble Index »
Spécial
Allemagne
Attention chef d’œuvre !
J’imagine que pour la plupart
d’entre vous le nom de Nico n’évoque pas grand chose. Et
pourtant … Née en 1938 à Cologne, Christa Päffgen
fut, dans les 50/60, mannequin pour les plus grandes revues de mode
avant de travailler pourr Coco Chanel. Le cinéma lui ouvre ses
portes et la voilà aux cotés de Fellini
dans « la Dolce Vita ». Elle rencontre alors Alain Delon
qu’il lui donnera un fils. Puis elle part en 66 aux USA où elle
sera remarquée par Andy Warhol qui l’impose comme chanteuse au
sein du « cultissime » groupe Velvet Underground. Groupe
qu’elle quittera dès 1967 non sans avoir signé, de sa
voix si particulière, le classique premier album de la bande
à Lou Reed, avec qui elle aura une courte relation. Ses amours
sont d’ailleurs particulièrement tumultueuses et on lui
reconnaît des relations avec, excusez du peu, John Cale, Jim
Morrison, Iggy Pop, Jackson Browne, Brian Jones ou encore Tim Buckley.
Dire que Nico a vécu avec les plus grandes légendes du
rock sixties est une évidence. Curieusement, jamais elle n’aura
profité de la célébrité de ses illustres
amants, loin de là. Elle préfèrera rester dans
l’ombre et ciseler son œuvre anti-commerciale et indépendante.
«
The Marble
Index », sorti en 1969, est une pure merveille de
désespoir. Glacial, effrayant, chaotique. Seule à
l’harmonium électrique, Nico, déchirante
d’émotion, psalmodie ses textes de sa voix grave et
ténébreuse. Dès les premières notes on se
sent transporté dans un autre monde hanté par
d’étranges créatures fantasmagoriques… Un lieu
insoupçonné, irréel, peuplé de
fantômes impalpables. La musique de Nico est à des
années lumières, blafardes forcément, de tout ce
que le rock a produit. Aujourd’hui encore, personne n’est allé
aussi loin dans cette démarche musicale
déstructurée et envoûtante. D’un coup d’un seul
elle a brisé les bases fondamentales du rock pour peaufiner une
musique intemporelle, un long souffle déchirant,
énigmatique, unique. Une oeuvre d’art inclassable, difficile,
presque hermétique, mais si belle et puissante lorsqu’on
parvient à en trouver la clef. Nico n’est pas une grande
chanteuse, au contraire son chant est monocorde, monolithique
même. Mais aucune autre voix ne saurait mieux interpréter
ses compositions avec la gravité et la profondeur qui la
caractérise. « The Marble Index » est un album
fragile,
déconcertant, magique, composé de parcelles d’âme
tourmentée. Artiste atypique et attachante, Nico,
décédée en 1988, nous a laissés en deux ou
trois albums une œuvre majeure.
|
|
Nektar
« A Tab in the Ocean »
Spécial
Allemagne
Nektar ne devrait pas avoir lieu de
citer dans ce voyage au cœur du rock allemand. La raison en est simple,
ce groupe est anglais ! Néanmoins c’est bel et bien en Allemagne
que le groupe a décidé d‘élire domicile, d’y
construire son histoire choisissant un label et un producteur
allemands. Bien que bénéficiant d’une
notoriété plutôt confidentielle, le groupe a
longtemps rivalisé outre-Atlantique avec Pink Floyd ou Yes, rien
que ça ! Cependant la musique de Nektar, tout en étant
assimilable à un rock progressif, s’en éloigne quelque
peu à partir de leur deuxième album « A Tab in the
Ocean » et plus encore par la suite. Cet album de 1972 illustre
à merveille les différentes options musicales que
choisira le groupe dans la première partie de sa
carrière. Le titre éponyme, un long morceau épique
d’une quinzaine de minutes, alterne phases planantes aquatiques et
torpilles de guitares insubmersibles. « Desolation Valley »
nous enfonce dans les profondeurs d’un océan de guitares fluides
tandis que la fin de « Crying in the Dark » ou plus encore
le titre « King of Twilight » dévoilent un
rock bien plus soutenu et musclé aux limites du hard-rock. Allez
savoir pourquoi, la version CD remasterisée propose, en bonus,
une version du même album sortie en 1976 pour le marché
américain ! Celle-ci se distingue principalement par l’ajout de
percussions, de nombreux overdubs aux synthés et par un son plus
épais. Sans doute les Américains n’ont-ils pas le
même sens auditif que les Européens ! Quoiqu’il en soit,
on préfèrera donc la version originale, malgré un
son moins abouti mais plus direct. Toujours en activité
aujourd’hui le groupe n’aura cependant pas su prendre le virage des
années 80 et se sera perdu dans des albums fades et sans
éclat. Demeure un océan bouillonnant et quelques albums
remarquables, tous estampillés 70’s.
|

|
|
|
Peter Gabriel «
Ein deutches Album »
Spécial
Allemagne
Nombreux
sont les artistes qui, désireux de voir leur popularité
dépasser les frontières de leur pays natal,
décident d’enregistrer dans une langue qui ne leur est pas
naturelle quelques chansons censées leur ouvrir de nouveaux
horizons et bien entendu de nouveaux marchés. Les exemples sont
nombreux et bien souvent peu convaincants. Le cas de Peter Gabriel est
quelque peu atypique. L’homme, connu depuis des années comme
l’ex-leader de Genesis, reconnu mondialement comme un artiste majeur
depuis qu’il a entamé une carrière solo, n’a nul besoin
de devoir se plier à de telles démarches purement
commerciales pour asseoir sa notoriété. Pourtant en 1980
il décide de sortir sur le marché allemand une version
teutonne de son 3ème album. Une démarche surprenante,
compte tenu qu’il est déjà une star outre Rhin et que cet
album destiné au seul marché allemand ne lui apportera
guère de royalties. Enregistrer en chinois aurait
été plus rémunérateur si telle était
le but de cet exercice. Bref qu’importe ses motivations, le
résultat est là. « Ein deutches Album » est
donc le frère jumeau de son alter ego anglais, avec en prime un
mixage légèrement adapté pour la circonstance. Et
le choix de cet album s’avère gagnant. Le rythme martial de la
version originale, notamment insufflé par une batterie tribale
dépouillée de toute cymbale se prête à
merveille. Les titres prennent une dimension plus grave, plus dure,
plus brute. Sans rien renier à l’original, « Ein deutches
Album » en est son prolongement idéal, une sorte de une
vision plus radicale comme si Peter Gabriel avait voulu durcir son
propos contre toutes les formes de répression qu’il
dénonce. Comme dans le superbe « Biko », hommage au
militant noir d'Afrique du Sud Stephen Biko, grande figure de la lutte
anti-apartheid décédé en 1977. « Biko
» en allemand, tout un symbole.
|
|
Neonbabies
« Neonbabies »
Spécial
Allemagne
La musique des Berlinois de
Neonbabies est assez peu commune. Après la déferlante
Krautrock et tous ses avatars et juste avant la main mise teutonnes sur
la
musique électronique, ces allemands se situent, en cette
année 1981, à la charnière de ces deux mondes sans
pour autant opter pour le radicalisme des uns ou
l’expérimentation forcenée des autres. Ceci dit, leur
démarche musicale n’en est pas moins aventure et novatrice voire
quelque peu déconcertante pour les non initiés ou les
obtus des esgourdes. On pense au B52’s en plus martial pour les jeux de
voix féminines ou aux Talking Heads pour l’audace des
compositions, le tout judicieusement cuivrés par un saxophone
omniprésent, solidement mené par une section rythmique
basse-batterie solide, bien qu’un peu étouffée par un
mixage en deçà de leur prétention et une guitare
aux multiples couleurs nuancées. Les titres ultra courts
condensent en 2 minutes toute la folie de l’écriture du groupe.
Leur reprise de « Jumpin’ Jack » des Stones illustre
d’ailleurs assez bien l’orientation déstructurée et
concise de leurs compositions. Aller rapidement à l’essentiel
avec le maximum de délire sans sombrer dans quelques
démonstrations prétentieuses. Musique urbaine mais
néanmoins pleine de vie et d’entrain, leur new wave version
bonne humeur a tout pour réveiller en nous donnant une
frénétique envie de bouger jusqu’au petit matin.
|

|
|

|
Scorpions «
Tokyo Tapes »
Spécial
Allemagne
Evoquer
Scorpions peut surprendre tant j’ai l’habitude de vous proposer de
découvrir des artistes nettement moins populaires. Pour beaucoup
et à juste titre, Scorpions est un groupe de hard rock cul-cul
sans grand intérêt. Il faut avouer que depuis le single
"Still Loving You", le groupe s’est mis à dos une grande partie
de
ses fans d’alors et moi le premier. Mais avant qu’il ne devienne un
groupe de hard FM sans âme mondialement connu, le combo de
Hambourg était l’un des fleurons du hard-rock allemand.
Et ce Tokyo Tapes est l’un des meilleurs albums live de rock jamais
produit. Rien que ça ! Le son est immense, les guitares fusent,
la batterie martèle en tout sens, la basse vrombi à tout
va et la voix de Klaus Meine est parfaite. Ce double live sorti en 78
offre un pur moment de rock, brut et direct, efficace et rageur, sans
faute de goût. Les compositions explosent feu et sang sans aucun
temps mort avec une puissance inouïe rarement atteinte dans un
album live pour l’époque. Une époque malheureusement
révolue aujourd’hui. Trente années se sont passées
et Scorpions n’est plus que l’ombre de lui-même.
Mais ce Tokyo Tapes, quelle claque !
|
|
Lou Reed «
Berlin »
Spécial
Allemagne
Bien évidemment Lou Reed n’est pas allemand. Lou Reed est un pur
produit new-yorkais. Il est même certainement l’icône de la
musique made in « Big Apple » ! Qu’importe ! L’album
« Berlin » qui sort en 1973 est de toute beauté.
Bien qu’ayant été un échec commercial à sa
sortie, sans doute trop déprimant pour l’époque, «
Berlin » dévoila sa déprime envahissante avec
grâce et subtilité. Tout débute par le brouhaha
d’un anniversaire au travers d'un prisme alcoolisé. Puis un
piano
d’une lenteur extrême prend le devant laissant Reed
réciter ses mots : « In
berlin by the wall, You were five foot ten inches tall, It was very
nice, Candlelight and dubonnet on ice.. ». Le décor
est posé. C’est d’ailleurs la seule image de la ville. Car
« Berlin » ne parle ni de son mur, ni de son histoire
torturée. « Berlin » est une lente descente aux
enfers vers les bas fonds de quartiers lugubres, vers les noirceurs de
l’existence, entre cauchemars, sang, larmes, amour et drogue. «
Berlin » nous conte l'histoire de Jim et Caroline, un couple
confronté à la violence conjugale, à la
prostitution, au suicide. La voix de Lou Reed déchirante,
plaintive, à peine chantée, dessine l’univers glauque de
Caroline sur "Lady day". Dans "The kids", au milieu des cris des
enfants de Caroline qu’on vient de lui arracher, dans "The Bed"
où elle se donne la mort ou encore dans "Sad song" où Jim
pleure son amour perdu, le chant de Lou Reed nous arrache des
émotions comme rarement le rock peu en procurer. Les
mélodies s’enchaînent chaotiques, tortueuses et
magistrales. « Berlin » est une perle noire, une œuvre
unique et marquante qui distille les angoisses et les psychoses de son
créateur. Glacial à souhait, « Berlin » nous
laisse étourdis, sans voix, avec un goût amer au fond de
la gorge.
Superbe. |

|
|

|
Nina Hagen «
Nina Hagen Band »
Spécial
Allemagne
Nul besoin de vous
présenter Nina Hagen. Tout le monde connaît la dame en
question ne serait-ce par ses frasques et ses grimaces inimitables, un
peu moins pour sa musique. Et c’est bien dommage...
En cette année 78, le monde musical est confronté
à une révolution sans précédent :
l’explosion punk. Si en France, les nouveaux groupes ne sortent pas
vraiment du lot, de l’autre côté du Rhin et plus
particulièrement à Berlin les choses sont toutes
différentes.
Et c’est notamment une jeune ex-petite fille de RDA qui crée
l’événement de la plus belle façon qu’il soit.
Accompagnée du groupe Spliff, Nina Hagen enregistre un album
inattendu aux compositions parfaites, imparables. Ses musiciens
distillent une musique puissante à la production sans faille.
Nina égraine ses textes avec sa voix si particulière
mélangeant à merveille chant guttural, vocalise
d’opéra et éructation punk. L’album est un joyau rock,
toujours aussi moderne et efficace 30 ans après. Par la suite,
Nina Hagen, perdue dans ses délires mystiques, n’arrivera jamais
à réitérer ce coup de maître où l’on
se promène entre hymne punk « TV Glotzer (White Punks on
Dope) » et lyrisme improbable « Fisch Im Wasser » le
tout avec beaucoup d’amour comme elle le souligne dans «
Auf'm Bahnhof Zoo » : "Ob blond
ob schwarz ob braun Ich liebe alle Frau'n".
« Nina Hagen Band » est sans conteste l'album testamentaire
d'un jeunesse berlinoise acculée au mur de la révolte et
de la décadence.
|
|
Tangerine Dream
« Cyclone »
Spécial
Allemagne
Logiquement les
intégristes du genre devraient me sauter dessus à pieds
joints. Chroniquer « Cyclone » pour illustrer la
carrière de Tangerine Dream relève du crime de
lèse-majesté !
Pourtant cet album
atypique, trop souvent critiqué, est pour moi une des pierres
angulaires de la longue carrière du groupe. J’irai même
jusqu’à dire qu’il est l’album qui aurait pu
révolutionner la musique rock. Rien que ça. Pour faire
court, Tangerine Dream est la référence en terme de
musique dite « planante». Durant les années 70, ses
années de gloire, le groupe écrivit les plus belles pages
de la musique électronique. « Ricochet », «
Rubycon », « Stratosfear » sont quelques-uns uns des
sublimes albums conçus à cette époque. 100%
musicaux, ces chefs d’œuvres mariaient à merveilles guitares
électriques planantes et claviers vaporeux sur une trame
répétitive. Allez savoir pourquoi, en 1978 le groupe
emmené par Edgar Froese, au détour d’un changement de
personnel, décide de bouleverser ses habitudes. L’album qu’il
propose alors brise un tabou, incorporant un véritable batteur
et chose impensable, un chanteur ! Et là tout change. Si la
structure musicale reste intrinsèquement la même, celle-ci
explose littéralement sur deux titres qui deviennent de vraies
chansons rocks. Tangerine Dream réalise là la parfaite
adéquation entre le monde hermétique de la musique
planante et le rock musclé y incorporant nombre d’instruments
à vent. La deuxième face, entièrement
instrumentale, plus conventionnelle, offre un seul titre magnifique
qui clôt une décennie d’expérience musicale. Nul
doute que TD a sorti cet album avec 20 ans d’avance. D’ailleurs
personne à ce jour n’est allé aussi loin dans le mariage
des
genres. Le choc est si rude, qu’il ne s’en remettra jamais
réellement et les albums sortis ces trente dernières
années resteront fades et sans âme. Et ce n’est pas le
deuxième album du groupe proposant des chansons « Madcap's
flaming duty », sorti en début d’année et
dédié au défunt Sid Barrett, qui me fera mentir.
(Re) Découvrez ce « Cyclone » là et son
univers si particulier, un régal !
|

|
|
 |
Grobschnitt
« Solar Music Live »
Spécial
Allemagne
Il faut bien l’avouer Grobschnitt
n’a jamais trop brillé par la qualité de ses albums
studios, et plus particulièrement à partir des
années 80. En fait c’est sur scène que le groupe s’est
forgé sa réputation et ce « Solar Music Live
» de 1978 en est la preuve irréfutable. Loin de vouloir
jouer note pour note leurs titres enregistrés en vinyl,
Grobschnitt réinventait constamment sa musique et lui
conférant en lieu et place d’un rock mélodique bien
propret, un brûlot énergique empli d’improvisations de
toutes sortes. Album quasiment entièrement instrumental, seul le
curieux premier titre, assez court, ressemble à une
chanson classique, les morceaux soutenus pas une basse assommante
s’enchaînent sans temps mort, juste parfois ponctués par
des éructations gutturales en pur teuton, tranchant radicalement
avec l’atmosphère générale. Les guitares
omniprésentes sont gigantesques faisant feu de tout bois, comme
un long solo de plus de 50 minutes. Ce disque foisonne de puissance
tribale et d’inventivité, vous prend dès le
deuxième morceau pour ne plus vous lâcher jusqu’à
la
fin. Hypnotique et entêtant « Solar Music Live » est
un de ces lives intemporels qui grave à tout jamais les lettres
de noblesse du rock. Groupe de scène avant tout donc - la
durée de leurs concerts atteignaient souvent plus de 4 heures -
Grobschnitt offrait de véritables spectacles, n’hésitant
pas à s’affubler de masques ridicules et à faire
participer leur roadies en tant que véritables acteurs. «
Solar Music Live » nous entraîne dans un monde de
féerie et de délires musicaux époustouflants
dignes des plus grands groupes.
|
|
Novalis «
Banished Bridge »
Spécial
Allemagne
Pas très loin de Grobschnitt, Novalis, du nom d’un poète
romantique allemand du 18ème siècle, propose en 1973 son
premier album « Banished Bridge ». Sans être une
référence indiscutable ni un groupe incontournable de la
scène rock, Novalis possédait de bons atouts pour aller
très loin. Et ce « Banished Bridge » est un bon
éventail de ce que ce groupe aurait pu devenir. Savoureux
mélange de rock mélodique où l’orgue
prédomine, on y voit les influences de groupes comme Jethro Tull
sans sombrer dans la caricature avec cette touche de romantisme
allemand. Entièrement chanté en anglais, le groupe
poursuivra plus tard sa carrière dans la langue de Goethe,
mettant notamment en musique des poèmes de celui qui leur
inspira
leur nom. Malheureusement les prétentions de Novalis
sombrèrent rapidement corps et âme et les années 80
furent une succession d'albums vides où le groupe se contenta
d'enregistrer sans grande conviction des titres d'une banalité
à faire fuir les fans les plus tenaces.
|

|
|

|
David Bowie - "Christiane F. Wir
kinder vom bahnhof zoo
original soundtrack"
Spécial
Allemagne
A la lecture du livre « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée
et prostituée... », outre la violence et la
déchéance qui en parsèment ses pages - lesquelles
m’ont troublé à tout jamais - j’y ai de suite
retrouvé de troublantes similitudes avec deux albums
chroniqués ci-dessus. Le premier est celui de Nina Hagen et plus
particulièrement la chanson « Auf’m Bahnhof Zoo » et
son univers désespérant. Le deuxième est le
« Berlin » de Lou Reed et son atmosphère faite de
drogue et de prostitution. Ces deux albums auraient pu
très bien servir de support musical au film inspiré par
cette histoire. Pourtant, c’est à un tout autre artiste qu’est
revenue la lourde tâche d’en écrire la bande originale.
Logique, l’homme en question est souvent cité dans le livre ;
l’héroïne - mot judicieusement choisi pour son double sens
- étant une fan de la star en question. Une star qui nous
ramène directement à Lou Reed, puisqu’il s’agit de David
Bowie avec qui Reed a lié de sérieux liens
d’amitié. L’album en question n’est certes pas le meilleur du
beau blond et peut manquer d’intérêt pour les puristes.
Les titres proposés ont tous déjà
été publiés sur différents albums de Bowie.
Ceci-dit, le choix proposé colle parfaitement au décor
glauque, urbain et autodestructeur du film/livre. La froideur
mécanique de "V-2 schneider", "Warszawa" et "Sense of doubt"
issus de ce qu’on appelle la trilogie berlinoise de Bowie, illustre
bien le malaise ambiant. On retrouve tout de même une
curiosité, le titre « Heroes »
interprété pour moitié en allemand et qui devient
pour l’occasion « Helden ». (Titre qui sera repris plus
tard pour tout un album) ainsi qu’une version live de « Station
to Station » issue de l’album « Stage » quasiment
introuvable à l’époque. Musicalement, cette fausse
compilation composée de titres majeurs, offre une approche
intéressante de cette riche période de Bowie en plus de
nous replonger dans d’adolescence tragique de Christiane .F. Puisse cet
album vous donner envie de (re)découvrir ce film poignant et
surtout de (re)lire ce livre absolument bouleversant.
|
|
Cluster & Eno "Cluster & Eno"
Spécial
Allemagne
Quoi de plus normal après
Bowie que d’évoquer Brian Eno ? Les deux hommes ayant à
maintes fois travaillé ensemble, toujours pour le meilleur, la
transition est des plus logiques. Et comme Eno est un artiste prolixe
qui n’hésite pas à tenter toutes sortes
d’expériences musicales, c’est avec bonheur qu’on le retrouve
avec le groupe allemand Cluster pour un album lumineux.
Spécialiste de « l’ambiant music », Eno a
trouvé chez les Teutons Dieter Moebius et Hans-Joachim Roedelius
un duo l’électro-musiciens à la hauteur de ses
aspirations musicales. Savoureux mélange de musique
électronique et de climat ambient, Cluster & Eno offre une
collection délicate d’expérimentations bizarres et de
mélodies aériennes. Le mariage des trois hommes est des
plus réussis chacun apportant ses propres sensibilités
sans faire ombrage à celles des autres. La musique coule
lentement comme un long filet cristallin et apaisant qui s’insinue au
plus profond de nos émotions pour un voyage fait de
plénitude et de calme.
Un grand moment de relaxation à écouter dans la solitude
d’une longue méditation rafraîchissante.
|

|
|

|
Der Moderne Man "Unmodern"
Spécial
Allemagne
Originaire de Hanovre, Der Moderne
Man n’a pas grand chose en commun avec la scène krautrock. Pour
cause, ces gens là font du punk. Mais comme les Allemands ne
font rien comme les autres, le punk de ces derniers est
forcément atypique et se démarque de ses homologues
anglais. S’il en possède l’urgence et la rugosité, il
révèle des couleurs qui lui sont bien propres. De prime
abord la structure des compositions reste basique mais bien vite
s’insèrent des bribes d’originalité, sous formes de
gimmicks électroniques ou de rythmes venus d’ailleurs qui
propulsent littéralement les titres vers des dimensions
avant-gardistes reléguant la trame punk à
l’arrière plan, un peu à la manière de Joy
Division. « Unmodern » sorti en 82 foisonne
d’inventivité et s’éloigne plus encore des
préceptes musicaux punks, invitant ça et là
quelques repères new-wave, quelques touches de cuivre, notamment
sur « Nur Die » aux accents ska du 28ème
siècle ! « Nicht Warten » mixe solos de guitares
volubiles, presque hawaïennes, et rythmes lourds. Le titre
« Unmodern » va plus loin encore explosant les
barrières du genre pour un résulta d’une maturité
étonnante plus moderne que jamais ! Malgré sa courte
carrière, de 1980 à 1983, Der Moderne Man a su
réécrire le punk, lui offrant des horizons
insoupçonnés.
|
|
Faust "71 minutes Of"
Spécial
Allemagne
71 minutes, pas une seconde de
plus. C’est que je vous propose de découvrir pour clore cet
inventaire non exhaustif de la musique d’origine allemande ou
inspirée par l’Allemagne. Et comme il est de bon ton de garder
le meilleur pour la fin, je ne peux résister au plaisir vicieux
de vous parler de Faust. Pourquoi vicieux ? Parce que pour le non
initié, Faust est tout simplement inécoutable ! Pour les
autres c’est une toute autre histoire. Faust n’est pas un groupe comme
les autres. C’est plus un mouvement artistique et philosophique qu’un
groupe rock. L’art de la créativité, de
l’expression libre et la philosophie du chaos, de l’improbable. Chez
Faust, rien n’est gratuit, rien n’est simple, rien n’est
prévisible. Capable de jolies ballades, d’improvisations
électro-acoustiques, de free-jazz décalé,
d’enregistrements sonores de toutes sortes triturés dans tous
les sens, voire même de purs chefs d’œuvre de chansons pop, Faust
ose tout et n’importe quoi même l’impensable. Sa démarche
est radicalement imprévisible, anti-commerciale,
expérimentale et bourrée d’humour. Faust transforme des
textes crétins « J’ai mal aux dents, j’ai mal aux pieds
aussi… » en un foisonnement de folie électrique
entêtante. Faust magnifie la sérénité avec
une douceur aérienne comme dans le sublime « Das Meer
». Faust mélange les rythmes tribaux à
d’étranges chants invraisemblables « Baby ». Faust
bricoles les boucles musicales, comme autant de bouts de ficelles
sonores « Party 8 ». Faust déconcerte avec de
petites bluettes aux fausses allures bien innocentes « Psalter
». Faust bouleverse tout, nous prend à rebrousse poil pour
une lente descente vers l’impossible « 25 yellow doors ».
Faust bricole, expérimente « Party 6 », «
Lieber Herr Deutschland ». Faust s’amuse. Faust est un
laboratoire d’idée où se fabrique la musique de demain,
sans concession, sans se plier aux sirènes du show biz pour nous
surprendre toujours et encore. Faust est libre. Faust est Faust et rien
d‘autre.
|

|
|
 |
Chris
Letcher "Frieze"
C'est un bien bel album que
ce "Frieze" sorti en début d'année.
Des chansons très bien écrites, des climats intimistes
où l'on se plonge avec délectation.
Il est même difficile d'en parler, tant l'album est limpide,
clair, sans faute de goût. On imagine fort bien quelques
inspirations floydiennes, époque Atom Heart Mother, dans le
traitement des mélodies, mais rien de pompeux, juste des
sonorités disséminées par-ci par-là. Le
monde de Letcher est à mille lieux des Floyd. Il règne un
calme une sérénité dans ces chansons comme on aime
en entendre
chez Surjan Stevens par exemple. Le piano tient une place
prépondérante sans être envahissant, tout en
subtilité. Et la guitare, bien souvent acoustique, distille ses
notes avec grâce et légèreté. Quelques
cuivres
s'imposent ça et là, quelques violons discrets et une
voix puissante diablement maîtrisée.
Une grande réussite, un grand moment de bonheur simple à
découvrir d'urgence...
|
|
Tinariwen
"Aman Iman"
Du blues Touareg,
je ne savais même pas que ça pouvait
exister !
Et bien c'est
vachement bien. Et c'est de toute beauté.
Un tour
de force
magistralement mené par ces musiciens ivres de
liberté qui, si j'ai bien tout compris, se sont retrouvés
à une époque et bien malgré eux, embarqués
dans l'armée libyenne, d'où un album où ils
affirment leur résistance à cette armée, où
ils dénoncent la répression des touaregs au Mali, leur
expulsion d'Algérie, j'en passe et des bien pires.
Bref
un groupe
marqué par les aléas de
leur existence à errer sans frontière.
Le disque d'un combat permanent, qui, tout en faisant
référence à un
blues typique (on croirait même entendre du Robert Johnson par
moment)
conserve toutes ses racines. On est loin d'un Gnawa Diffusion ou tout
autre groupe du même acabit, non, non là on est en plein désert touareg
et c'est franchement un grand moment. |
 |
|

|
Boredoms "Soul Discharge '99"
Complètement
déjanté !
Je croyais avoir tout entendu avec les Residents, et bien non. J'ai
trouvé plus barge encore ! Mais barge de chez barge.
Le genre complètement
inclassable, capable du pire comme du pire (non y'a pas de faute)
mais avec ce qu'il faut de folie pour que ce soit bourré
d'inventivité. Ca sonne, selon les morceaux, electro-acoustique,
hardcore déstructuré, indus, enfin tout ce qu'on veut,
même ce qu'on ne veut pas. Ca part dans tous les sens, ça
décolle les tympans,
ça n'est absolument pas musical, à se demander ce qu'ils
utilisent comme instruments. Parfois on reconnaît de la guitare,
de la basse, des chiens qui aboient, des trucs, des cris, des
borgorythmes (?), des hurlements et parfois un semblant de rythme. Une
sorte de dessins animés destroyed pour
les zoreilles.
C'est une horreur totale, insupportable de bout en bout, donc
complètement indispensable !
Votre petite amie ne l'aimera pas... Votre
frère non plus. Pas plus que vos voisins.
Quant à vous,
z'êtes plus à une expérience près ! Mais je
décline toute responsabilité concernant les possibles
conséquences sur votre état psychique après avoir
écouté, heu, cette chose made in Japan !
|
|
Rio En Medio "The bride of
dynamite"
Dans ma recherche
de musiques différentes, je vous invite
à découvrir Rio En Medio.
C'est
faussement
simple, c'est frais, léger comme un matin de
printemps.
Une
musique pleine
de sérénité,
profondément acoustique, emplie de bruit d'oiseaux, de nature,
de petites touches de bidouilleries électroniques du meilleur
effet comme des petites étincelles multicolores qui
pétillent dans un firmament d'étoiles.
Une voix
magique,
presque susurrée, une véritable magie
musicale apaisante, une invitation à la douceur, à la
plénitude.
Pas de
solo de
guitare tonitruant, pas de batterie, rien qu'une
atmosphère douce et calme.
En prime
et en
français, une mise en musique très
poignante du fameux poème de Paul Eluard "Liberté".
Une bien
joli
moment à découvrir pour un voyage sublime
et reposant.... |

|
|

|
Of Montreal "Rissing Fauna, Are You the Destroyer?"
Ne vous fiez pas
à leur
nom, ces gens là ne sont pas des cousins
québécois, ils viennent d'Athens. Mais bon, ils
pourraient être de n'importe où ailleurs qu'on s'en
foutrait un peu. Alors voilà, ces gens là, qui en fait se
résument principalement à un certain Kevin Barnes qui
joue la plupart des instruments, vient de sortir "Rissing Fauna, Are
You the Destroyer?". A priori, un album de plus dans la jungle musicale
américaine. Seulement cet album là est un
véritable ovni. Le genre de truc improbable, délirant,
bourré d'idées jusqu'à raz bord. Barnes est un
malade, un allumé de première qui mélange tout et
n'importe quoi dans son cerveau transformé en mixeur pour en
sortir des compositions absolument étonnantes. Après une
entrée en matière toutes guitares rageuses en avant,
surviennent les premières surprises. Des breaks improbables, des
bizarreries sorties on ne sait d'où. Dès qu'on croit bien
s'installer dans le rythme, voilà qu'il nous balance un revers
de derrière les fagots qui nous cloue sur place. Cet album ne
laisse aucun moment de répit. Chaque titre possède son
lot de surprises, de bricolages sonores, de collages musicaux comme un
patchwork infernal dont chaque carré ne laisse en rien supposer
celui qui le jouxte.
Le résultat est un album absolument jouissif, plein de petites
bulles de folie qui explosent dans toutes les directions sans jamais
s'enliser. On y trouve tout ce qu'on veut : une pincée de funk
par-ci, un poil de punk par-là, mais juste d'infimes extraits,
rien que l'essence comme pour donner quelques repères tangibles
à ceux qui en auraient besoin. Pour les autres, c'est un
plongeon en apnée dans un univers fait de bric et de broc, une
sorte de vide grenier artistique, un fourre tout, mené de mains
de maître par un type qui doit avoir douze mille idées
à la minute !
Ecoutez ce "Hissing Fauna, Are You the Destroyer?" C'est foutrement bon
et joyeusement récréatif. Un vrai bonheur quoi.
|
|
Electrelane "The power out"
Pour tous ceux qui aiment les choses
décalées, surprenantes, tout en restant rock & roll,
Electrelane est fait pour vous. Que dire ? Difficile d'en
définir le style précis tant les influences viennent de
tout horizon. On pense au Velvet Underground, à Brian Eno
(époque Taking
tiger mountain), aux Talking Heads, mais aussi aux folies furieuses des
premiers Floyd en live, avec en bonus, en plein milieu, des choses
complètement loufdingues à contre courant de tout ce
qu'on pouvait s'attendre à découvrir. Le tout avec une
énergie punk made in Brighton.
Une musique qui oscille
entre un minimaliste presque étouffant et une débauche
d'énergie électrique. La couleur générale
est plutôt sombre, mais de ces noirceurs délicieuses
parsemées de douces vocalises aériennes qui se
transforment en cris de rages tétanisants. De nombreuses
escapades
musicales martelées à la Moe Tucker, secondées par
une basse assommante, une guitare taillée en biseau qui sait
aussi bien nous transpercer les tympans que nous caresser dans le sens
du poil. Le tout baignant dans des atmosphères aussi lourdes
qu'éthérées en fonction de l'humeur du
groupe, atmosphères
distillées
par des claviers qui sentent bon les vieux
orgues électriques d'antan. Entre ukulélé et
guitares rebelles, on se perd dans les compositions limpides ou
tourmentées, entre rage et apaisement, entre tempêtes et
zéphyr...
Un petit détail en passant, les membres d'Electrelane se nomment
Emma Gaze, Ros Murray, Mia Clarke et Verity Susman, quatre jeunes
femmes qui semblent partager la même joie de vivre que Lou Reed
ou Low. C'est dire !
|

|
|

|
Aleks and the Ramps "Pisces vs Aquarius"
De prime abord Aleks and the Ramps
nous
offre un décor bucolique, banjo, mélodie cuivrée,
choeurs angéliques. Mais là déjà on se
doute
qu'il y a comme un bug, un truc qui va nous tomber dessus sans savoir
quoi. Puis la voix du chanteur prend le relais dans des intonations
plutôt aiguës mais toujours à la limite de la chute.
Puis l'impression bizarre se confirme. Les guitares s'emballent, le
rythme devient chaotique puis épileptique. Tout se
mélange rapidement en magma explosif parsemé de ce putain
de banjo qui devient, petit à petit, complètement fou.
Puis
retour au calme... relatif ! Là on se croirait dans un vieux
western qui sombrerait vers une sorte de Mad Max musical. La voix se
veut plus profonde, plus blues. Mais là encore tout n'est
qu'illusion. Derrière, le rythme rappellerait plutôt
un Tom Waits joyeux, au milieu d'un bordel électrique digne du
meilleur de Yo La Tengo.
Arrive alors ce qui ressemble à une chanson "classique", tout du
moins jusqu'à la moitié du morceau. Après, on ne
sait plus très bien où on se trouve. On navigue au milieu
d'un casse-tête électronique saupoudré de sauce
80's,
mais juste ce qu'il faut, tout en gardant un coté
épicé arrosé de tequila. Et tout l'album
défile visitant quelques tribus indiennes investies par des
extraterrestres, des bayous verdoyants remplis de tags urbains, des
chansonnettes à trois balles amusantes comme tout lesquelles,
irrémédiablement, sombrent vers un
cauchemar de débauches de
sons....
Aleks and the Ramps et son "Pisces vs Aquarius" nous fait voyager dans
une bonne humeur torturée de cauchemars effrayants.
Un pur plaisir à découvrir d'urgence.
|
|
21st Century Schizoid Band "In The Wake Of Schizoïd Men"
J'écoute à l'instant
même l'album "In The Wake Of Schizoid Men" du groupe 21st
Century Schizoïd Band.
C'est quoi donc vont me rétorquer les plus perspicaces d'entre
vous ? Un groupe qui reprend des titres du King Crimson ? Oui et non.
Tous les titres sont du King Crimson de la première
époque et certains membres aussi. C'est donc KC qui a
changé de nom ? Oui et non. En fait c'est KC sans être
réellement KC.
Le 21st Century Schizoïd Band est composé, excusé du
peu,
de Mel Colins, Peter Giles, de Ian Mc Donald, Ian Wallace, soit ni plus
ni moins que 4 des membres fondateurs du King Crimson
légendaire. Un gage de
qualité donc. A ce quatuor d'exception vient s'ajouter, et c'est
là que le bas blesse, un certain Jakko M Jakszyk (inconnu de
moi) qui tient le rôle de lead guitar et de chanteur. Et
là, on ressent comme un furieux manque. La voix de Greg Lake
manque cruellement sur les subtils titres que sont "I Talk To The
Wind",
"Epitaph"ou "In The Court Of The Crimson King". Il n'y a guère
que sur "21th Century Schizoid Man" qu'il fait illusion. Musicalement,
forcément, ça tient très bien la route, même
si Wallace sonne un peu bourrin. Mais là encore si Jakszyk se
démène comme il peut, il n'a pas le doigté du
maître et l'absence de ce dernier se fait cruellement sentir,
même si
sur "Starless" on retrouve un peu son jeu. Bref un album, sommes
toutes, plutôt sympathique, bien que parfois imparfait, qui
nous fait replonger dans un passé très lointain. Il nous
fait redécouvrir combien les titres du premier album de Crimson
étaient puissants, bougrement efficaces et de toute
beauté.
"Epitaph" est certainement un des titres les plus émouvants
qu'il m'ait été possible d'écouter à ce
jour.
Quant à Robert Fripp, l'âme éternelle de King
Crimson, qui a donné son aval pour cette
(re)formation, il est ailleurs, bien encré dans le
présent, voire dans le futur... On ne sait plus trop !
Mel Collins - Baritone, Tenor and Alto Sax, Flute, Keys and Backing
Vocals
Peter Giles - Bass Guitar and Backing Vocals
Jakko M Jakszyk - Guitar, Vocals, Flute and Mellotron
Ian McDonald - Keyboard, Flute, Alto Sax and Vocals
Ian Wallace - Drums, Percussion and Vocal
|

|
|

|
Azevedo Silva "Tartaruga"
Encore
un bien bel objet que cet album lumineux.
Une guitare
acoustique omniprésente, un rythme envoûtant,
mélancolique, tout juste ponctué par quelques
sonorités subtiles à peine perceptibles. Et cette voix
lancinante, simple et prenante.
Une
intimité qui nous est offerte comme un secret bien
gardé. Un jardin sauvage où l'on se promène
croisant ça et là des elfes graciles, des anges
aériens.
C'est triste et
beau.... Très beau....
Parfois les mots
sont bien inutiles, voire même indécents.
Il faut savoir se taire et écouter...
|
|
Franck Zappa "Trance-fusion"
Un album posthume,
live, forcément...
Le 392
ème enregistrement d'une longue série d'un artiste unique
! J'exagère à peine tant l'homme a été
prolixe.
En fait
une
compilation de solos, aux transitions certes un peu
approximatives, mais la six cordes du maître fait feu de tous
bois.
Et
probablement de
loin, la plus jolie pochette de l'ensemble de son
oeuvre.
Énigmatique
et à double sens ! Rien que pour ça, "Trance-Fusion" vaut
le détour ! |

|
|

|
Maher Shalal Hash
Baz "L'Autre Cap"
Voilà
un
truc surprenant !
Alors comment dire ce dont il s'agit ?...
Hum,
ça
oscille entre des bricolages à la Albert Marcoeur, des
rafraîchissements dignes Sufjan Stevens le tout
mâtiné d'un esprit festif à la Mardi Gras.BB.
Tout cuivré donc, mais
complètement
déstructuré, comme si un big band avait
décidé de reprendre du Tom Waits le tout drivé par
Zappa.
Ca reste assez cool dans l'ensemble, assez
lent mais
réellement original et complètement allumé.
Rien à voir avec Boredoms
cependant, pas du
tout le même registre !
|
|
The Leather Nun "Force of habit"
Encore un groupe auquel j'ai failli échapper. C'aurait
été dommage !
Bon en gros c'est du rock qui sonne très actuel bien que
ça date des années 80 (enfin pour schématiser)
Plutôt du genre prolifique d'ailleurs que ce groupe
suédois qui n'a jamais
dépassé les frontières de son pays natal. Allez
savoir pourquoi...
Musicalement, ils proposent un mix entre Lou Reed et Iggy Pop. Le
premier pour le timbre de voix et le deuxième pour l'urgence des
compositions. C'est donc étonnamment profondément
new-yorkais avec ce petit quelque chose d'européen qu'on
retrouve chez les
artistes de chez PIAS par exemple.
L'album "Force Of Habit", le seul que je connaisse pour l'instant est
assez curieux. Le premier titre peut carrément rebuter par son
atmosphère vraiment heigties. Pourtant une guitare nous
intrigue, et cette voix.... Ensuite tout doucement on se sent
envoûté par je-ne-sais-quoi, une espèce de gimmick
entêtant.... Le 3ème morceau nous plonge dans une sorte de
chaînon manquant entre Lou Reed et... U2 ! Puis ça
s'enchaîne sans temps mort et on se sent comme emporté par
cette musique entre brume et tempête... Une surprise en plein
milieu nous révèle que ces gens ne manquent pas d'humour.
Voyez plutôt : une reprise du "Gimme Gimme Gimme" de... Abba !!!
Mais attention, pas un cover ridicule, mais bien une
réorchestration totale avec grosses guitares, basse assommante
qui transforment ce hit on ne peut plus kitch, en un véritable
rock que plus d'un groupe aimerait composer. La fin de l'album alterne
entre punk-rock (No Rule) et rock-funky genre Talking Heads
comme sur le titre "F.F.A".
Bref si vous croisez un de leurs albums, jetez-y une oreille attentive,
ça vaut franchement le détour.
|

|
|

|
Michael Brook "Live at the aquarium"
Vous avez dit ambiant ? Alors
Michael Brook est pour vous..
Michael Brook contrairement aux
habituels musiciens qui oeuvrent dans l'ambiant est un guitariste !
Et sa musique est un ravissement.
Aérienne comme il se doit, elle se promène parmi une
multitude d'atmosphères toutes différentes mais toujours
envoûtantes. On pense à Rypdal en moins glacial, mais
aussi à Fripp et son String Quintet, voire carrément
Hawkwind dans leurs délires planants, ou encore Manuel
Göttsching et ses Inventions for Electric Guitar ou même les
transes électroniques de System7, le groupe de Steve Hillage.
Bref tout
un univers de guitares subtiles finement ciselées, qui
pétillent comme des petites bulles de couleurs ou qui glissent
comme une perle de nacre sur un ventre de femme... De la dentelle
métallique sur une peau de velours....
Juste une
guitare...
|
|