Passion BD : Jeremiah



A une époqu
e que l’on pourrait situer à la fin du 21ème siècle, les Etats-Unis sont confrontés à une montée du racisme qui dégénère en guerre civile. D’un coté les blancs (WASP), de l’autre les noirs (Black-Power). En quatre dessins Hermann résume la situation. Tout commence par des manifestations aux accents racistes où chacun des deux groupes revendique le pouvoir. Ensuite ce sont des combats de rues, puis l’intervention de l’armée. Enfin les ruines désertiques de ce qu’on imagine être une civilisation disparue et la nature qui reprend le dessus. La première page du premier tome de la série Jeremiah «La Nuit des Rapaces » vient de poser le décor.

On comprend que la folie des hommes est passée par là et que « la grande lessive » a tout dévasté. Veuillez comprendre, qu’un doigt plus fou que les autres a osé l’inimaginable en déclenchant l’arme nucléaire. Peu importe qui était ce fou ou même de quelle origine il était, on ne le saura jamais. Toujours est-il que le cataclysme n’a laissé guère plus d’une dizaine de millions d’habitants pour tout le continent américain, des survivants qui tentent dans ce monde dévasté, revenu quelques 200 ans en arrière, de reconstruire un monde vivable. Il n'existe plus de gouvernement, plus aucune loi. Tout est à rebâtir, à redécouvrir, à réinventer.

Et c’est dans ce monde là, déstructuré, que des communautés tentent de se créer, re
faisant malheureusement les mêmes erreurs que leurs aînés. De fait, des clans se constituent, cherchant à imposer leurs règles dans cet univers glauque où la loi qui prédomine est celle du plus fort, du plus riche. Car dans ce monde là, l’argent a gardé tout son pouvoir et la violence le seul mode de communication que tout le monde comprend. La terreur est le maître mot et la survie un combat quotidien, dans cet univers hostile où la méfiance et la peur sont de chaque instant. Tout est propice à la violence : la nature, les animaux sauvages, les autres hommes…

Jeremiah n’est alors qu’un adolescent naïf quand il se heurte pour la première fois à Kurdy Mallow, sorte de voyou ironique et sans morale qui s’ébroue à merveille dans ce monde post-apocalyptique. Orphelin, Jeremiah vit avec son oncle Lukas et sa tante Martha dans le fort de Bends Hatch, où quelques survivants de la bombe vivent en quasi-autarcie. Eduqué selon les saintes écritures, c’est un adolescent qui ne connaît pas grand chose de la vie et encore moins de ce qu’il se passe à l’extérieur des murs de Bends Hatch. Candide et crédule, il se révèle rapidement d’une incroyable naïveté cultivée par le mépris de son oncle qui ne cesse de le rabaisser et par sa tante mère-poule jusqu’à l’extrême. Ainsi, Jeremiah reste persuadé que le monde dans lequel il vit est dirigé par une justice irréprochable où la bible sert de livre de bonne conduite.




Tome 1 : La Nuit des Rapaces


Alors qu’il cherche à capturer une mule afin de prouver ses compétences auprès de son oncle, il se retrouve à passer la nuit, seul, sans arme, aux alentours du fortin. C’est au petit matin qu’il réussit enfin à attraper l’animal, sous les yeux amusés de Kurdy, le propriétaire de la mule, qui de toute évidence avait suivi l’intégralité de la scène depuis le début. S’en suit un dialogue entre les deux protagonistes qui manifestement ne vivent pas dans le même monde. Sous la menace de l’arme de Kurdy, Jeremiah rend la mule à son propriétaire non sans tenter maladroitement une défense dérisoire. Soudain un bruit alerte Kurdy qui, en un reflex, propulse son nouveau compagnon et lui même dans un fourré. Passe alors sur le chemin une sorte de diligence montée sur pneus, tractée par des chevaux où est installé un curieux personnage livide affublé d’habits moyenâgeux tirant sur un long porte cigarette. Jeremiah devine alors que ces hommes fortement armés se dirigent vers Bends Hatch et qu’une attaque est imminente. Il décide alors, contre l’avis éclairé de Kurdy, de prévenir les habitants du fortin. Devant son obstination, Kurdy est forcé de l’assommer. A son réveil, Kurdy a disparu et Jeremiah découvre les ruines du fort fumantes… A l’intérieur le spectacle n’est que mort et désolation. Il découvre son oncle massacré, mais aucune trace de sa tante. En revanche, c’est une plume qui attire son attention. Cette plume, c’est celle qu’arborait le casque de Kurdy. Dans l’esprit de Jeremiah, les faits sont clairs. Kurdy a participé au pillage du fortin. Dès lors l’idée de vengeance devient un véritable leitmotiv. Alors qu’il décide de partir à sa poursuite, Jeremiah, en quête de vérité, surprend Kurdy en bien mauvaise posture. Celui-ci est en effet prisonnier de deux hommes qui le torturent. N’écoutant que son courage et malgré une maladresse évidente, Jeremiah s’interpose, menaçant le duo tortionnaire d’un fusil récupéré au fortin. Mais les deux hommes ne sont pas des anges et comprennent bien vite que Jeremiah n’a pas l’étoffe d’un héros et encore moins d’un tueur. Rapidement ils parviennent à le désarmer au prix d’une bagarre où s’échangent coups de poings et coups de feu. Alors qu’ils prennent l’ascendant sur Jeremiah, Kurdy profitant qu’un de ses liens se soit fait couper par une balle perdue, se saisit d’une arme et met tout le monde d’accord en abatant les deux individus. Cependant il reste sous la menace de Jeremiah, bien décidé à en découdre avec celui qu’il considère comme responsable du massacre de Bends Hatch. Mais sa bonté prend le dessus et il finit par libérer Kurdy qui lui explique que sa présence à Bends Hatch était postérieure à l’attaque et qu’il n’avait fait que « glaner quelques vivres » et constater l’ampleur des dégâts. Seul et sans repère, Jeremiah décide alors de continuer son chemin avec Kurdy. Ils se rendent ensemble à Langton, une ville que la violence semble diriger. Là Jeremiah reconnaît la diligence noire, croisée la veille. C’est celle de Fat-Eye Birmingham, l’homme qui tient d’une main de fer la ville et qui est responsable du massacre de son village. Fat-eye est l’archétype du monarque fou. Avec l’aide d’une poignée d’hommes grassement payés, il sème la terreur sur la ville. Celle-ci est soumise à son diktat depuis les hauteurs impressionnantes de la tour où il vit, véritable forteresse symbole de sa puissance, avec deux garçons dont on devine une relation homosexuelle. Fat-Eye ressemble à un clown grotesque, le visage grimé, le vêtement grandiloquent. Sa seule préoccupation, ses vautours qu’il chérit plus que tout. Sous ses ordres, ses hommes organisent des rafles dans les fortins isolés, afin de revendre aux indiens les prisonniers capturés. Sans réfléchir Jeremiah se rue sur la berline noire, mais Kurdy arrive in extremis à le sortir de là conscient du danger auquel il s’est exposé. A présent les deux amis d’infortune sont devenus pour Fat-Eye des cibles à abattre. Ce dernier voit en ces deux jeunes hommes un frein à son activité de marchand d’esclaves qui lui permet de vivre dans un luxe kitch et insolent. A l'extérieur de la ville Kurdy surprend un chef indien porteur d'une importante somme d'argent. C'est Mahani qui vient remettre à un des hommes de Fat-Eyes le prix de quelques esclaves livrés par ce dernier. Kurdy en profite pour attaquer le Peau Rouge et lui substituer l’argent. Afin de semer la zizanie et de monter les habitants de Langton contre leur dictateur, Kurdy ligote Mahani sur un cheval et le fait entrer dans la ville avec un écriteau à son cou sur lequel on peut lire « Nous achetons des esclaves, Fat-Eyes les procure ». Il n’en faut pas plus pour provoquer une colère générale contre Fat-Eye, la population comprenant qu’elle n’est qu’une marchandise dans les mains de ce dernier. Jeremiah de son coté, inconscient, décide de profiter de la confusion générale pour attaquer Fat-Eye dans sa tour-bunker où sa distraction préférée est de nourrir une horde de vautours. Seulement il est fait prisonnier et sert d’otage afin d’empêcher Kurdy de prendre la tour d’assaut. Mais ce dernier malgré une proposition d’échanger Jeremiah contre l’argent pris à Mahani, attaque le repère de Fat-Eye en pleine nuit avec l’aide des gens de la ville. Arrivé presqu’en haut de la tour, Kurdy voit Jeremiah en bien mauvaise position, prêt à être propulsé du haut de l’édifice. Rapidement les proches de Fat-Eye contestent ses ordres, celui-ci n’ayant qu’une obsession, jeter Jeremiah en pâture à ses vautours alors que ses hommes préfèrent le garder comme monnaie d’échange pour contrer les insurgés de plus en plus insistants. Mais la folie de Fat-Eye est plus forte et il tue de sang froid son bras droit qui refusait d’obtempérer à ses ordres. Dès lors, Brucey, son dernier collaborateur voyant la défaite arriver, se rebelle laissant son chef à ses délires mégalomaniaques et tente de négocier avec Kurdy sa survie contre les citoyens alors proches de la victoire. Mais la démence de Fat-Eye exacerbée par les cris des vautours affamés atteint son apogée et il exécute Brucey avant de pousser Jeremiah dans la cage aux vautours. Kurdy arrivé au sommet, intervient alors et tire sur Fat-Eye avant d’extraire son malheureux compagnon des griffes des volatiles. Ivre de folie Fat-Eye pense trouver refuge au milieu de ses rapaces qu’il affectionne plus que tout au monde. Mais une fois enfermé dans la cage, ceux-ci n’ont cure de leur maître et le dévorent.

Cette première histoire d’une série qui, à ce jour, en compte 26, plante le décor dans lequel vont évoluer les deux compères. Comme dans grands nombres de bandes dessinées, l’idée d’un duo permet à l’auteur d’éviter la notion de super héros, en proposant au contraire deux personnages antagonistes et complémentaires. Il est évident que Jeremiah seul ne pourrait survivre dans cette jungle digne d’un Mad-Max, alors que Kurdy n’aurait pas cette notion d’humanisme qui permet de tempérer ses ardeurs guerrières. Deux personnalités qui se heurtent et se complètent pour mieux affronter les aléas de leur existence précaire. Contrairement à beaucoup d’autres séries, ici les protagonistes ne sont pas des supermen, ils ne sont pas figés dans une image. Ils ont leurs qualités, leurs défauts, ils sont humains. Ils ressentent des haines, des amours, font des choix pas toujours bien réfléchis, font des erreurs. Mais plus encore, ils évoluent, ils mûrissent, tant psychologiquement que physiquement. D’un adolescent un peu gauche ignorant tout du monde, Jeremiah devient un homme avec ses doutes et ses certitudes. D’un simple voyou sans morale, Kurdy va se révéler sensible et réfléchi. Mais tous deux gardent en eux leurs spécificités qui leur confèrent respectivement leur personnalité attachante.

Chacun grandit au contact de l’autre. Ainsi Jeremiah découvrant ce monde corrompu et sauvage, oublie un peu ses principes idéalistes et finit même par déroger à sa propre morale. Alors qu’il ne tolère aucune violence, alors que l’idée même de tuer lui est complètement étrangère dans les premiers épisodes, il finira par tuer involontairement un homme d’un simple coup de poing. Par la suite, il sera obligé d’utiliser une arme pour assurer sa survie, mais toujours en état de légitime défense. Pourtant petit à petit le candide Jeremiah perd de son self contrôle et, désabusé par ce monde sans pitié, devient aussi sauvage que les autres, n’hésitant plus à tuer de sang froid. Toutes ses certitudes s’effondrent et alors qu’il croyait en une véritable justice, il se voit obligé à son tour d’enfreindre le peu de lois existantes, même s’il tente toujours contre vents et marées de rester le plus droit possible, le plus juste.

Kurky n’a quant à lui aucune morale. C’est un baroudeur de la pire espèce qui n’hésite pas un instant à tuer ou à voler son prochain. Il erre à travers ce monde dévasté avec l’aisance d’une hyène, toujours prêt à se mouiller pour abuser l’autre ou tout simplement pour gagner quelque argent de façon rapide et de préférence malhonnêtement. Malin et agile comme un singe, il se tire toujours de situations inextricables. C’est un personnage égoïste et sans grand principe. Ainsi il n’hésitera pas à abandonner son compagnon lorsque la situation lui semblera trop dangereuse. Tout au long de la série il restera assez fourbe et obscur ne reculant devient rien pour arriver à ses fins. Mais si Jeremiah connaîtra une certaine évolution au fil des aventures, Kurdy restera Kurdy, même s’il montrera à deux reprises un visage plus humain en rencontrant l’amour dans « Alex » ou « La Ligne rouge ». Mais il restera cet aventurier qui manie l’humour noir et l’ironie aussi bien que le poing et le revolver. De son passé on ne sait pas grand chose, même s’il dévoile dans « Les eaux de colère » une enfance dépourvue d’affection et de tendresse aux cotés d’un père violent.
L’univers post nucléaire de la série Jeremiah où se mélangent à la fois références westerns et visions futuristes, n’en est pas moins un fidèle reflet du monde actuel. Chaque histoire traite de sujets d’actualité. Tout au long de la saga reviendront des thèmes aussi divers que le racisme, l’esclavagisme, les luttes de pouvoir, la corruption, le racket, les magouilles politiciennes… La liste n’est pas exhaustive ! Hermann plonge dans nos travers contemporains pour en tirer des scénarii très réalistes. Mais deux préoccupations reviennent de façon régulière : les sectes et la pédophilie. Le premier est notamment traité dans l’album « La Secte ». Le monde décrit par Hermann est constitué de communautés éparses vivant repliées sur elles-même. Il n’en faut pas plus pour qu’un illuminé plus malin que les autres en prenne le pouvoir se transformant en gourou adulé mais surtout craint. C’est le cas d’Inemokh (anagramme de Khomeni) qui évolue dans une atmosphère fantastique et mystique ou dans « Strike » lorsque le patron pervers d’une salle de bowling livre des fillettes à son gourou, lequel drogue ces dernières avant d’en abuser. De même dans « Simon est de retour » un fanatique vivant du commerce de l’héroïne, un dénommé Sikorsky, fait sortir de prison son frère Simon incarcéré pour pédophilie à grand renfort d'avocat, de psychiatre et d'argent sale. Lui et le psychiatre seront abattus par Kurdy excédé d'avoir retrouvé sa mule peinte en jaune ! Dans cette scène là, Kurdy n'est simplement que la main virtuelle d’Hermann qui, belge de son état, a été très choqué par les récentes affaires de pédophilie qui ont bouleversé le royaume. Il accomplit ainsi à travers son dessin, ce qu'il rêverait de faire lui -même.

Mais si la richesse des récits entre pour une bonne part dans la réussite de cette série, il ne
faut pas pour autant oublier le style Hermann, ce trait vif et incisif qui est le sien. Son dessin précis, les couleurs employées, la somptuosité des décors, c'est un ensemble cohérent et indissociable qui contribue à la qualité de cette bande dessinée. Qu'il représente un désert aride, une forêt luxuriante, une ville démesurée, tout est extrêmement somptueux et illustre bien l'arrogance des notables mégalomanes ou la profonde détresse des basses gens. Mais avant tout, les histoires qui nous sont contées, sont des histoires de personnages et là Hermann se régale à nous croquer des caractères marquants. Chaque protagoniste est une "gueule" ! Pas une caricature, mais bel et bien un visage, un physique dûment travaillé. Pour preuve, les différents croquis d'études que l'on peut découvrir dans certains albums. Hermann aime avant tout, un peu à la manière d'un Sergio Leone, offrir des visages atypiques, marqués par la vie. Il n'est pas étonnant que ses histoires soient pleines de clochards, de marginaux, d'infirmes, de sadiques, de tyrans grotesques aux allures féliniennes ! Si Jeremiah est quelque peu épargné, il est plutôt beau gosse et bien bâti, Kurdy possède un visage pointu, un visage de fouine, un corps maigrichon. Et Hermann s'en amuse d'ailleurs, notamment quand dans "Les eaux de colère" Kurdy fasciné par la musculature d'un bel athlète entrevue à travers une fenêtre, "mesure" ses propres petits biscoteaux sous le regard amusé de Jeremiah. Et que dire de son accoutrement ? Ce ridicule casque de moto surmonté d'une plume, un caraco en cuir élimé ouvert sur une poitrine lisse, une chaîne autour du coup portant l'inscription "Mother", et cette mule, fidèle compagne qu'il finira bien tardivement par remplacer par une moto. Hermann n'hésite pas à le ridiculiser, allant même jusqu'à le déguiser en prostituée ou en espèce de majorette ! Mais Kurdy n'est pas le seul à faire les frais des délires graphiques d'Hermann. Dans l'album " Ave Caesar" celui qui se fait appeler Caesar s'habille en tyrolien, persuadé que César s'habillait ainsi ! Hermann ponctue de façon systématique la grandiloquence et la prétention de ses personnages les plus vils par une courbette graphique qui les rend pathétiques dans leur démesure. L'œuvre d'Hermann se singularise donc, entre autre, par cette foultitude de caractères qui se croisent au grès des aventures. Du plus important au moindre figurant de passage, tous bénéficient d'une même rigueur picturale. Souvent même, les plus anonymes, les plus insignifiants ont-ils droit à plus d'attention que les têtes d'affiche, comme si Hermann cherchait à brouiller les pistes en accentuant les traits des seconds rôles. D'ailleurs ceux-ci possèdent une place à part entière, soit en vivant leur propre histoire en parallèle, soit en intervenant de façon anecdotique et ponctuelle au sein du récit, influençant celui-ci de manière involontaire. Il n'est pas rare que des personnages mineurs, généralement de pauvres gens, des laissés pour compte, extérieurs à l'histoire centrale, soient, bien contre leur gré, la clef d'un dénouement ou bénéficient des retombés d'une aventure dans laquelle ils n'étaient pas directement impliqués. Quoi qu'il en soit Hermann ne néglige aucun détail les concernant, les traitant avec la même rigueur que n'importe quel élément du décor. Un décor, d'ailleurs, toujours très fouillé, en intérieur comme en extérieur, alternant le modernisme écrasant de métropoles futuristes, la froideur d'immenses friches industrielles abandonnées ou la beauté luxuriante d'une nature diverse et variée. Que l'intrigue se déroule dans la pénombre, de nuit, sous un soleil écrasant ou même sous la neige, chaque scène est remarquablement habillée avec un foisonnement de nuances, d'effets de contraste ou d'explosions de couleurs ; particulièrement lorsqu'il s'agit d'illustrer le nombre impressionnant d'incendies qui jalonne les différentes histoires.

Tout
est mis en œuvre pour accentuer et souligner toujours d'avantage la violence omniprésente qui règne dans cet univers résolument viril et rude. Les humiliations, les crimes, les atrocités sont légions, sous toutes les formes possibles et imaginables. Le pardon n'existe pas, seule la vengeance prime. Et dans ce monde où l'homme est dépeint dans ses moindres travers, les références à la virilité foisonnent. Elles sont même poussées à l'extrême à travers des scènes où la masculinité est présentée dans ce qu'elle a de plus vil. Mais les femmes ne sont pas pour autant délaissées, bien au contraire. Même si elles ne sont pas toujours présentées sous leur meilleur jour, comme l'acariâtre et puritaine Martha, elles sont généralement plutôt très sensuelles et peu pudiques, tout en gardant, elles aussi, ce petit quelque chose qui fait qu'elles sont si particulières et souvent déroutantes. La plus marquante reste Lena. Petite fille riche et gâtée qui découvre les affres de la dure réalité avant de s'enfoncer à son tour dans les bas fonds de cette société qui n'épargne personne. Viennent ensuite les meneuses d'hommes comme Sharita ou Alex, qui, derrière une beauté indiscutable, se révèlent être aussi cruelles et immorales que les hommes qu'elles côtoient. Mais cette galerie de portraits féminins renferme bien d'autres créatures qui, à l'image de la série, expriment toute l'ambiguïté, la complexité et l'ambivalence des relations humaines. C'est ainsi qu'on découvre de nombreuses fillettes, symbole de l'innocence au milieu de cette jungle, de même qu'un nombre considérable de prostituées qui souligne la décadence et le caractère précaire de cette société où tout est consommé à la va-vite, la vie comme l'amour…


Mais la série n'est pas dénuée pour autant d'humour. L'humour est omniprésent, un humour noir et cynique de préférence. Il n'y a pas de gag à proprement parler mais certaines situations sont singulièrement cocasses, grâce notamment à l'absurdité des protagonistes et au décalage des dialogues par rapport au déroulement des évènements. Les répliques entre Jeremiah et Kurdy, parfois aux limites de l'absurde, sont un régal. En quelques mots, Hermann fait tomber la pression d'une scène particulièrement difficile et désamorce la dramaturgie étouffante. Sans jamais devenir bavard, il cisèle des dialogues simples, rapides, directs, avec une minutie efficace qui soulignent l'urgence de l'action.


C'est donc un cruel constat que nous offre Hermann dans cette série riche et subtile. Un constat amer sur les rênes du pouvoir, l'angoisse humaine et l'incroyable facilité qu'à l'homme pour inventer des horreurs toujours plus cruelles. Un puissant est détrôné ? Un nouveau régime se reforme juste après, identique au précédent. Et si, comme c'est souvent le cas, le puissant n'est juste qu'égratigné, ce sont ses sous-fifres qui trinquent, aussitôt remplacés par d'autres tout aussi assoiffés de haines et de sang. Et lorsque la justice semble avoir le dernier mot et que les soumis gagnent la partie, ils se transforment à leur tour en tyrans sanguinaires. Seuls les visages changent, les méthodes restent les mêmes.





Tome 2 : Du sable plein les dents




Un groupe de miliciens, des transporteurs de fonds, est attaqué par des pillards, une bande de malfrats dirigée par une Tzigane Sharita Manush. Deux miliciens échappent au massacre et arrivent à dissimuler le trésor. Jeremiah le cœur sur la main et Kurdy plutôt attiré par l’argent, décident de venir en aide à Corey un des deux miliciens rescapés. Alors que Kurdy part chercher de l’eau, il se fait emprisonner par le clan de Sharita où il retrouve le second rescapé Kenney. Pendant ce temps Corey fausse compagnie à Jeremiah lequel comprend que les deux hommes ont en fait abattu leurs compagnons d’arme pour voler le butin.









Tome 3 : Les héritiers sauvages




En quête d’un boulot pour gagner de quoi vivre Jémémiah et Kurdy errent toujours et encore. Ils arrivent dans une région agricole où un certain Nathaniel Bancroft a créé une société prospère, la Bancroft Farming Company. Jeremiah, de part ses origines paysannes, décide de s’y faire embaucher le temps de se renflouer. Malheureusement Nathaniel tombe malade et la société est alors reprise par ses enfants adoptifs Jessica et Audie lesquels sont sous l’influence d’un personnage douteux Alvis Trenton. Rapidement Jeremiah s’aperçoit que le trio paupérisent les fermiers, les obligeant à vendre à bas prix leurs terres, pour ensuite les embaucher en tant que simples ouvriers. Le tout sous l'arrogance d'Audie qui les maltraite et les terrorise avec sa moto rutilante.Révolté par ces méthodes, Jeremiah n’a qu’un désir : que les fermiers se révoltent ! C’est alors qu’il découvre que Nathaniel est mort depuis longtemps et qu’en fait c’est sa dépouille que Jessica promène tous les matins sur la terrasse, faisant croire au peuple qu’il est toujours en vie et maître sur le domaine. La supercherie découverte, le peuple organise sa rébellion







Tome 4 : Les yeux de fer rouge



Toujours décidé à connaître toute la vérité sur le massacre de Bends Hatch, Jeremiah décide de suivre les traces d’un indien qui le mèneraient peut être aux assassins du fortin. Soudain une forme bizarre au loin interpèle Kurdy. Qu’est-ce dont que ce truc curieux qui courre en agitant des ailes ? La nuit arrivant, Jeremiah et Kurdy trouvent hospitalité auprès d’un petit groupe de migrants dont l’une des roues du chariot est coincée dans une ornière profonde. Mais la tâche est rude. C’est alors qu’intervient un personnage aussi inattendu qu’énigmatique, Pinkas L.C. Khobb, magicien, montreur de curiosités, musicien, bref un artiste. En un instant, Idiamh, un de ses monstres de foire, réussit à extraire l’engin que trois hommes en pleine force de l’âge n’avaient pu déplacer ! Le temps de se retourner, le magicien et sa troupe disparaissent. Seule Faye la femme du migrant reste prostrée, hébétée, incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit… Les deux groupes se séparent et nos deux protagonistes prennent le chemin qui les conduit vers le territoire de la Nouvelle Nation Rouge. Là, le terrain est plus qu’hostile. C’est une sorte de no man’s land inextricable, fait de gros buissons épineux, véritable rempart naturel empêchant les esclaves de s’évader. Mais alors que l'entreprise leur semble impossible, grâce à quelques Peaux Rouges progressistes, ils parviennent à sauver quelque pauvres évadés et notamment la tante Martha miraculeusement rescapée du massacre de Bends Hatch. Mais c’est trop vite
oublier la présence toujours énigmatique de Pinkas et de sa créature Idiamh…






Tome 5 : Un cobaye pour l'éternité





Un vieux wagon de chemin de fer est dorénavant la masure de tante Martha. Jeremiah et Kurdy y trouvent enfin un peu de repos. On surprend même Kurdy en train de jardiner quelques salades ! Mais manifestement ce genre d‘occupation ne le passionne guère, Kurdy n’étant pas homme à finir ses jours les mains dans la terre. C’est alors qu’intervient Stonebridge, un des rares personnages qu’on retrouvera à plusieurs reprises tout au long de la saga. Stonebridge est fait du même sang que Kurdy, fourbe et dénué de tout sens moral. Homme de main d’un nombre incalculable de tyrans et autres gourous qui dominent le pays, Stonebridge tout comme Kurdy ne pense qu’à l’argent quitte à sacrifier un « ami » pour peu que le terme « ami » puisse correspondre à quelque chose chez lui. Bien que suspicieux, Kurdy accepte la proposition de Stonebridge qui lui offre 600 billets pour un job sans en préciser la teneur exacte. L’appât du gain étant plus fort que ses doutes, Kurdy se retrouve dans un complexe ultramoderne au milieu de superbes créatures. Rapidement il se rend compte qu’il se pratique ici de bien curieuses expériences. Il est simplement devenu un cobaye entre les mains d’un savant fou qui extrait de sa jeunesse un élixir de jouvence réservé à quelques privilégiés fortunés…





Tome 6 : La secte




Embauchés comme escorte avec quelques militaires, Jeremiah et Kurdy accompagnent un riche homme influant et sa petite famille jusqu’à la ville voisine. La petite troupe avance sans trop de problèmes notoires, presqu‘une promenade de santé jusqu’au moment où le convoi est attaqué par une bande de pillards. Une fusillade s’ensuit laissant à terre le sergent de l’escorte grièvement blessé. Mais soudaint les assaillants prennent la fuite, une fuite que Jeremiah pense devoir à une intervention armée de Kurdy. Mais ce dernier n’y est pas pour grand chose, le salut venant d’un jeune homme au curieux discours. Face aux blessures importantes de l’homme à l’uniforme, le jeune homme propose à la troupe de les guider vers son village où l’on soigne « les âmes et les corps ». L’ambiance du village est assez particulière. La nuit il se trame d’inquiétantes processions de mannequins. A l’évidence, Jeremiah et ses compagnons de route se retrouvent prisonnier d’une secte peu tolérantes aux méthodes expéditives envers ses opposants, à la tête de laquelle sévit l’énigmatique et inquiétant Inemokh…








Tome 7 : Afromérica




Le racisme et la lutte des races ont été à l’origine de la guerre civile qui a amené l’Amérique à sombrer dans ce cataclysme. Dès années après, et malgré les conséquences, l’homme n’a pas vraiment changé, il n’a rien compris et chacune des communautés cherche à se reconstruire et à partir à la conquête de ce monde décadent. C’est ainsi que deux mouvements particulièrement virulents essayent d’imposer leurs extrémismes. D’un côté le « Survival », sorte de Ku Klux Klan militaire qui cherche à imposer la race blanche, de l’autre une communauté noire « Afromérica » copie conforme des villes africaines, dirigée par un homme de poigne : Mungalla. Mais au sein de cette dernière des dissensions se font sentir, une partie des habitants d’ « Afromérica » ne souhaitant pas que des hostilités soient engagées. C’est dans ce contexte difficile et belliqueux, que Jeremiah et Kurdy sont surpris par la milice du « Survival » alors qu’ils viennent en aide à un homme d «Afromérica ». Ils parviennent néanmoins à s’échapper et trouvent refuge dans la « ville africaine ». Mais manifestement ils ne sont pas les bienvenus et auront à affronter la cruauté de Mungalla et de ses guépards.







Tome 8 : Les eaux de colère



L’étape suivante conduit les deux amis dans une ville dirigée par la famille Toshiba. La famille Toshiba assoit sa notoriété grâce au négoce du pétrole qui reste un des produits les plus rares et donc les plus chers. Toshiba père est un homme extrêmement respecté. Il voue toute sa passion à sa fille Léna, son oiseau des îles, qui n’en est pas moins une petite peste prétentieuse et gâtée, qui fait absolument tout ce qui lui chante sans que personne ne lui dise jamais rien. C’est la fille Toshiba et on ne touche pas à la fille de Monsieur Toshiba. D’autant plus, qu’elle est constamment suivie de près d’un garde du corps impressionnant. Flairant le bon filon, Kurdy manigance une stupide histoire de rançon suite à une soit disant indiscrétion de Max, le garde du corps de Léna, qui viserait à livrer Léna à une bande rivale de Toshiba contre une somme rondelette. Pris dans la tourmente Jeremiah suit cette entreprise peu orthodoxe sans en connaître les aboutissants. Malheureusement tout ne se passe pas comme Kurdy l’avait imaginé. Jeremiah capturé par les hommes de Toshiba réalise qu’il a été trahit par son ami, pendant que ce dernier s’enfonce en compagnie de sa prisonnière dans un marais lugubre peuplé de légendaires créatures qui n’ont rien d’humaines. Mais la fuite tourne court et Kurdy finit par se rendre compte qu’il a été instrumenté par une partie des hommes de Toshiba qui cherchait à déstabiliser ce dernier. Seule, ruinée, la belle et pulpeuse Léna, qui perdra son père dans l'aventure, trouvera
refuge dans les bras de Jeremiah qui saluera pour la dernière fois Kurdy d’un magistral coup de poing.







Tome 9 : Un hiver de clown





C’est donc désormais seul avec Léna que Jeremiah poursuit sa route. L’empire Toshiba n’étant plus, Léna a été chassée de la ville et se retrouve à présent en fuite à travers un hiver des plus rigoureux. Kurdy est déjà loin. Pour Jeremiah seule compte à présent celle qui erre à ses cotés dans ce froid glacial où la neige se fait de plus en plus présente. Alors qu’ils tentent de se réchauffer, soudain ils sont mis en joue par un homme frigorifié qui vient de leur subtiliser leur arme. Mais le pauvre s’effondre complètement gelé avant même de pouvoir prononcer un mot. Alors qu’ils reprennent leur errance ils aperçoivent un curieux personnage rieur, une sorte de bouffon qui se déplace au guidon d’une moto-neige. Suivant sa trace ils arrivent dans un port désaffecté où ils trouvent refuge sur un bateau pris dans les glaces. A bord se côtoient de bien curieux personnages. Des parias, des déshérités de la vie, des rejetés de la société, une troupe de nains et… un médecin ! Profitant que Jeremiah conduit le médecin auprès du corps de l’homme gelé, Léna inspecte le bateau et découvre une petite fille prostrée dans une cabine. Après le repas du soir pris en compagnie des locataires du bateau, ils découvrent que leurs manteaux ont disparu de la cabine. Ils se rendent alors à l’évidence, les nains ont décidé de les faire mourir de froid…






Tome 10 : Boomerang




Le titre et la couverture du nouvel album sont sans ambiguïté. Kurdy est de retour. Et dans la pénombre des premières planches on le découvre manifestement embarqué dans une salle affaire en train de prendre une prison d’assaut. Un assaut qui sera un échec total. Quant à Jeremiah, en visite chez sa tante Martha à Langton, il paraît apaisé, parlant même de mariage avec Léna. La ville de Langton est en ébullition, de prochaines élections se préparent. Seulement, comme toujours, les luttes de pouvoir ne sont pas toujours très nettes et un certain Monroe tente de conserver coûte que coûte sa place de maire contre son rival un dénommé Atwood. Alors que Monroe semble rallier à lui la majorité de la population, Kurdy, floué lors de l’attaque de la prison, cherche à retrouver le commanditaire de cette opération ratée et se rend à Langton pour récupérer sa paye. Là il comprend que le maire actuel n’est pas étranger à toute cette affaire. Son arrivée dans la ville ne passe pas inaperçue notamment aux yeux de Jeremiah qui l’entrevoit dans un bar. Le soir venu, un individu contacte Jeremiah le convainquant de venir en aide à son ancien ami qui se retrouve plongé dans une sombre histoire. Léna le lui pardonnera-t-elle ?





Tome 11 : Delta





Tancrède, un garçon à la corpulence imposante et à l’intelligence plus que limitée, s’invite avec ses parents, guère mieux lotis que leur fils, dans la villa d’un pauvre bougre. Poussé par ses parents, Tancrède assomme puis défenestre leur hôte. Si la bombe nucléaire a eu raison d'une bonne partie du pays, le replongeant quelques siècles en arrière, une partie de la technologie moderne a survécu, notamment chez les plus aisés. L'or noir est devenu un enjeu capital. De fait, les stocks de carburant font l'objet d'une attention et d'une protection drastique de la part de ceux qui les possèdent. C’est dans ce contexte qu’un dénommé Sydney propose à Kurdy d’aller chercher du pétrole dans une réserve. Mais Jeremiah n’est pas très enthousiaste. Kurdy soumet alors l’idée d’aller retrouver Jay Howell, une ancienne connaissance, qui lui doit une belle somme d’argent. Seulement à leur arrivée, Jay, suite à un accident de delta plane, a perdu la mémoire. A contre cœur, ils décident d’accepter l’offre précédente et rejoignent la troupe qui s’est formée autour de Sidney. Parmi eux, Tancrède et ses parents ! Mais la prise du complexe pétrolier ne se passe pas sans heurt, la troupe est attaquée. Alors qu’un membre de la troupe coiffé du casque de Kurdy se fait tuer, les deux compères comprennent que le responsable n’est ni plus ni moins Jay pas si amnésique qu’il semblait l’être.






Tome 12 : Julius & Romea




C’est avec Stonebridge, prisonnier d’un curieux et peu ragoûtant personnage, passant son temps à visionner la ville sur une multitude d’écrans vidéos, que débute la nouvelle aventure. Tous deux discutent de choses et d’autres, quand soudain apparaît à l’écran un étrange joueur de cornemuse. Il s’agit du propre frère de Stonebridge ! A la fenêtre de son somptueux appartement protégé par une horde d’hommes en arme, Roméa l’écoute amoureusement. De leur coté, Jeremiah et Kurdy pensent avoir trouvé enfin un travail, un vrai. Ils se font donc embaucher comme ouvriers pour l’entretien d’une paisible ville pleine de richesses. Mais dès leur arrivée, on les affuble d’une tenue de travail et d’un matricule dignes d’un camps de concentration. Ils seront dorénavant respectivement les numéros 26 et 27 perdant de fait toute leur identité. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises et le soir même après une douche désinfectante commune, ils regagnent leurs quartiers sans possibilité d’en sortir. Les journées de travail sont éreintantes, leurs employeurs n’autorisant pas le moindre faux pas, pas le moindre papier gras qui traîne. Cependant la cité tranquille et radieuse est régulièrement perturbée par un rôdeur, un ange noir qui sème le désordre en renversant les poubelles. De son coté Mme Procton une jeune femme séduisante, désire s’offrir un extra. Et c’est tout naturellement vers Jeremiah qu’elle jette son dévolu. Seulement leur relation tourne court et Jeremiah est arrêté puis jeté dans une sorte
d’arène poursuivi par un aurochs aux cornes tranchantes. Kurdy tentera de sauver son ami en même temps qu’il offrira à Roméa la possibilité de rejoindre Julius. Quant à Stonebridge, son geôlier lui avait promis de le libérer, à une condition…






Tome 13 : Strike







Les premières images de « Strike » annoncent de suite la couleur. Une procession colorée avance doucement escortant une sorte de « papamobile » où se tient ce qui semble être un grand maître affublé d’une espèce de tiare ridicule. Aucun doute on a à faire, là encore, à une de ces sectes qui pullulent dans le pays ! De son coté Jeremiah fait sensation au bowling de la ville où il se fait pas mal d’argent grâce aux paris qui sont lancés. Mais sa réussite fait des envieux, entre autre le gérant de l’établissement qui est un ami proche du gourou. Mais, alors que les deux amis jouissent de privilèges réservés aux vainqueurs, il est proposé à Jeremiah de passer la vitesse supérieure et de jouer une partie à 4000 $. Jeremiah gagne haut la main, mais son adversaire est arrêté faute de pouvoir payer la mise prévue et sa petite amie conduite au sein de la secte. Jeremiah convaincu que la défaite de son adversaire n’était pas normale, paye la caution et le fait sortir de prison. Ensemble ils vont tenter de délivrer la jeune femme des griffes de la secte. Cependant la police locale, plutôt corrompue, et de vieilles rancœurs entre différents protagonistes, ne leur rendront pas la tâche aisée.






Tome 14 : Simon est de retour





Un dirigeable traverse la nuit. A son bord un certain Simon Sikorsky. Jeremiah et Kurdy sont en train de pique-niquer lorsque soudain un homme s’empare d’Esra, la mule de Kurdy. De suite, ils s’empressent de le rattraper, mais l’homme tombe raide mort au bout de quelques mètres. C’est alors que surgit une bande d’hommes en arme qui font passer un sale quart d’heure aux deux compères. Ce sont des hommes à la solde de Sebastian Sikorski, le propre frère de Simon que ce dernier vient de retrouver. Sebastian est un artiste illuminé qui joue du Jean Sébastien Bach sur un orgue face à une cathédrale d’eau. Curieusement, Simon ordonne qu’on relâche Kurdy et Jeremiah et qu’on leur rende Esra… repeinte en jaune pour l’occasion ! Kurdy s’en souviendra ! Parallèlement Lessley, un policier rencontré pendant l’escorte de « La secte », enquête sur un trafic de stupéfiants que les frères Sikorsky organiseraient. Jeremiah et Kurdy risquant d’être désignés comme coupables idéaux pour le meurtre perpétré au début de l’histoire acceptent de seconder Lessley dans son entreprise. Lessley leur explique que Simon est un pervers sexuel récidiviste qu’une horde d’avocats et de psy grassement payés font régulièrement sortir de prison. Ensemble ils partent donc chercher les indices de ce trafic de stupéfiants sur le territoire très très bien gardé des deux frères Sikorsky.






Tome 15 : Alex





Edward, un frêle jeune intello et sa mère, une femme complexée par ses rondeurs généreuses vont rejoindre le reste de la famille séparé depuis de longues années, soit le mari de la femme en question et leur fille Alexandra. Chemin faisant la femme est victime des quolibets et des railleries de la gente masculine des lieux. Le malheureux Edward tente de s’interposer, mais le chétif jeune homme ne fait réellement pas le poids. Ne supportant pas l’injustice et voyant là de quoi se faire un peu d’argent Kurdy propose de monnayer son aide aux deux pauvres victimes. L’affaire conclue, les deux comparses escortent donc le couple. Arrivé à destination, Kurdy imagine découvrir en Alexandra une copie conforme de sa mère. C’est alors qu’apparaît une sculpturale jeune femme le laissant bouche bée. Rapidement Alex se révèle être une femme un peu particulière qui ne manque pas de caractère. Quoiqu’il en soit, tout le monde prend place à bord du bateau d’Alex pour un voyage peu ordinaire au milieu de singes qu’elle élève. Des singes qu’elle semble bien plus apprécier que les humains au grand dam de Kurdy qui n’est pas insensible aux charmes de la belle. Cependant rien ne laissait présager ce que cette « croisière » allait leur réserver… Rien si ce n’est ce petit bout de papier rédigé en japonais…





Tome 16 : La ligne rouge





Lorsque la violence n’est pas dans les rues, c’est tout naturellement dans les sports de combats qu’elle s’exprime. Et cette fois c’est un match de catch particulièrement violent qui inaugure le nouvel album : The Butcher contre Tornado Cesar ! De leur coté, Jeremiah et Kurdy attendent patiemment un bateau à aube en compagnie d’un certain Frank qu’ils sont censés protéger. Une fois à bord, Kurdy croise la superbe Pryscillia. Quelques heures suffisent pour qu’ils se retrouvent ensemble dans le même lit. Seulement Pryscillia est la femme du boss de Tornado Cesar, le catcheur monstrueux qui, grâce à ses victoires, permet à son patron de gagner d’avantage de terre ; car dans cette ville, la richesse et le partage territorial passent par les matchs de catch. Tabassé et laissé pour mort, Kurdy n’a qu’une envie, faire la peau de ceux qui veulent l’empêcher de vivre son idylle avec Pryscillia. Et c’est sur fond de règlement de compte entre clans rivaux que Kurdy part soulager sa colère bientôt rejoint par Jeremiah qui le sait bien mal engagé…









Tome 17 : Trois motos… ou quatre





Bref retour à Langton pour Jeremiah qui vient aider le compagnon de tante Martha à reconstruire leur maison. Mais ce retour se fait sans Kurdy, la vieille femme vouant une haine sans pareille envers celui qu’elle considère comme le diable en personne, responsable d’avoir dévoyé son cher neveu. Et la vieille femme n’a pas tout à fait tord. Pour preuve, alors qu’il est tranquillement assis dans un bar, il parvient à se mettre à dos un client un dénommé Montana qui n’a pas l’intention d’oublier l’affront que Kurdy lui a fait. Obligé donc de quitter la ville, Kurdy et Jermiah attendent la nuit pour tenter de récupérer Esra et ses bagages restés dans une écurie à proximité du bar. Mais l’affaire n’est pas simple et ils rencontrent une opposition musclée qu’ils parviennent tout de même à vaincre. Soudain au coin d’une rue sombre, Kurdy surprend un homme qui, effrayé, promet de rendre « l’argent » ! L’effet de surprise passé, Kurdy ordonne à l’homme de se retourner et découvre… Stonebridge qu’il comprend être poursuivi par quelques malfaisants. Rapidement Stonebridge négocie la protection de Kurdy moyennant finance. En fait il s’avère qu’il est recherché par une bande de motards désireuse de récupérer une importante somme d’argent que Stonebridge a du cacher en lieu sûr. Mais Martha voyant d’un mauvais œil la présence de Kurdy le dénonce auprès de Montana. Il devra affronter à la fois la horde de motards en furie et le désir de vengeance de Montana…






Tome 18 : Avé César





C’est une bien curieuse douche que prend Kurdy ce matin là. Alors qu’il s’affaire à sa toilette sous l’eau d’une cascade, ce n’est ni plus ni moins qu’un cadavre qui lui tombe dessus ! Et pas n’importe quel cadavre celui d’un milicien. Alors que Kurdy et Jeremiah s’apprêtent à donner au corps une sépulture improvisée ils sont arrêtés par la milice qui les soupçonne d’avoir abattu leur compagnon. Conduits en cellule, un char d’assaut explose soudain les murs de la prison. Jer’ et Kurdy en profitent pour se faire la belle. Poursuivis dans les montagnes environnantes ils sont sauvés par une armée d’hommes habillés en soldats romains ! Là, ils sont conduits dans une véritable cité romaine dirigée par Ceasar, un tyran mégalomane, où pour rester maître de leur faits et gestes, ils acceptent d’être intégrés dans sa puissante armé. C’est alors qu’ils découvrent que Ron Ogilvy, compagnon d’arme du milicien abattu, est prisonnier de la nouvelle Rome où il n’est, ni plus ni moins, qu’un esclave travaillant dans un camp de travail. Délivrer Ron, permettrait de démontrer leur innocence aux yeux des miliciens. Et c’est entre deux crucifixions et quelques travaux d’intérêts généraux qu’ils préparent leur évasion. Mais les centurions et leurs blindés veillent…








Tome 19 : Zone Frontière





Un convoi motorisé transporte une mystérieuse « marchandise » vers la ville. La « chose » n’inspire guère Lewis le chauffeur du tracteur qui conduit l’engin porteur. Jeremiah et Kurdy suivent une piste qui se termine brusquement. Esra semble énervée. Une odeur pestilentielle se fait sentir. Jeremiah veut en avoir le cœur net et tombe sur un spectacle des plus inattendus ! Il découvre un engin métallique carbonisé d’où s’échappe un bourdonnement infernal et autour duquel gisent des corps humanoïdes méconnaissables. Pendant plusieurs heures il restera hébété, comme hypnotisé ! Arrivé à la ville, Jeremiah toujours en quête de Léna se rend au poste de police pour récolter quelques renseignements quant à la possible présence de Léna dans la ville. La réponse est négative, mais les hommes de lois sont bien plus intéressés par son récit concernant l’engin découvert. De fait ils décident de se rendre avec lui sur les lieux de sa découverte. Mais tout a disparu. En ville, les gardiens du mystérieux chargement meurent dans d’horribles conditions pendant que toute la population souffre d’étranges malaises. De son coté Kurky se languit seul dans un bar. C’est alors que contre toute attente une femme lui tend un briquet. Ce n’est autre que Léna Toshiba embauchée comme barmaid aguicheuse.








Tome 20 : Mercenaires






Une petite cabane au milieu de nulle part. A l’intérieur, une homme s’offre un peu de bon temps avec une prostituée. Soudain arrive un bien curieux convois constitué de blindés motorisés et d’éléphants en cuirasse ! A sa tête, Pamela une femme qui n’a aucun scrupule à tuer ses congénères. Pris dans une tempête de sable, Jeremiah et Kurdy croisent la route d’Angus Greenspoon, un vendeur de bible dont le camion est tombé en panne. Ensemble ils font route vers la ville minière de Sears & Como où ils retrouvent par hasard Julius et Roméa. Julius leur apprend quel secret renferme la mine récemment réouverte. Un secret convoité par bien du monde, comme le dirigeant de la mine Monsieur Meredith, Angus Greenspoon le vendeur de bible ou l’impressionnant gang de mercenaires. Entre sexe, violence et confusion, nos deux compères vont se retrouver au cœur d’une histoire riche en évènements et rebondissements.








Tome 21 : le cousin Linford





C’est avec un bien curieux personnage que débute cette nouvelle histoire. Rejeté par une vague, le « hamster » présente des lobs d’oreilles démesurés, de grands yeux dénués de cil ainsi qu’une sorte de crête sur le crâne, à la manière d’un poulet ! Un peu plus loin Kurdy et Jeremiah, qui désormais se déplacent à moto, Esra la mule de Kurdy étant à bout de souffle, surprennent deux individus en plein enterrement clandestin. C’est à nouveau Stonebridge qui fait des siennes ! Un Stonebridge en pleine forme qui fait passer à Kurdy un bien mauvais moment sous les yeux de la police locale étonnamment passive. Suite à cet incident dont Kurdy sort très affaibli, les deux amis trouvent refuge auprès d’un vielle femme qui partage sa modeste masure avec Lindford, l’homme rejeté sur le sable, sosie conforme de celui mis en terre par Stonebridge ! Ils comprennent alors que Stonebridge est lié à une sombre histoire de manipulations génétiques et de clonage humain. Et bien qu’ils ne soient que spectateurs de toute cette affaire, ils n’en auront pas moins leur dose d’adrénaline et d’action.









Tome 22 : Le fusil dans l'eau




C’est au cœur d’un complexe industriel délabré que Jeremiah et Kurdy, cherchant à échapper à un groupe de motards alcoolisés, rencontrent Jason tombé au fond d’une citerne. En remerciement de leur aide, Jason les invite à trouver refuge chez lui quelque part dans un bayou paumé. Si l’accueil de Marge, la mère, est des plus chaleureux, les autres membres semblent moins ravis. Il faut dire que c’est dans une famille particulièrement perturbée qu’ils viennent d’atterrir ! Entre une mère nymphomane à souhait et son suspicieux quatrième mari Less, les taciturnes frères Tod, Willie et Shank, la petite Lizzy et la jolie belle fille Angela, Hermann présente une photo de famille, au bord de l’implosion, minée par un secret bien gardé. Et manifestement les visiteurs ne sont pas réellement les bienvenus au milieu de ce linge sale où chacun tente de tirer la couverture à soi. Alors Jeremiah et Kurdy vont tenter de slalomer dans ce huis clos particulièrement sordide où les cruautés et les bassesses s’unissent en un règlement de comptes familiale et sanguinaire.









Tome 23 : Qui est Renard Bleu ?





Une femme erre dans un claque à la recherche de son mari. A l’extérieur Jeremiah et Kurdy achèvent un convoyage pour lequel ils ne recevront qu’une petite partie de la paye annoncée. Alors que Kurdy se remet difficilement d’une bagarre de rue, Jeremiah part en quête d’un nouveau job. Là il rencontre Gazoleen une hôtesse très entreprenante qui s’avère être un agent fédéral infiltré dans un réseau de prostitution et de pédophilie. Susceptibles d’être accusés de complicité pour avoir convoyé de jeunes mineurs destinés à l’esclavage sexuel, Jeremiah et Kurdy se voient obligés de coopérer avec les agents fédéraux afin de mettre fin à ce trafic odieux. Mais comme à l’accoutumé tout n’est pas si clair et Jeremiah se trouve plongé au cœur d’un monde ignoble où se côtoient politiciens corrompus, proxénètes patrons de casinos et autres mentors de sectes louches avec en toile de fond l’ombre d’un tueur de jeunes femmes particulièrement abject. Pour une fois Jeremiah se révèle particulièrement violent et expéditif, reprenant à son compte le rôle tenu par Kurdy qui, cette fois, se trouve fortement diminué tant physiquement que moralement. Manifestement, cette histoire de pédophilie a réveillé en lui un passé très délicat…






Tome 24 : Le dernier diamant




Langton, une fois de plus. Et une fois de plus c’est Stonebridge qui inaugure les premières planches du nouvel album. Un Stonebridge toujours à l’affût d’un mauvais coup mais, cette fois-ci, deux hommes l’ont devancé. Il se retrouve alors simple spectateur d’une scène de crime où une vieille femme se fait étrangler avant d’être dépouillée de 4 diamants. Les soupçons de l’inspecteur Glenn, un flic torturé par sa conscience, se portent immédiatement sur son propre frère Jef dont il retrouve sur place une chaînette offerte quelques années avant. Alors que Jeremiah rend visite à Matha, Kurdy retrouve Esra avant de prendre Stone-B en filature le soupçonnant de mauvaises intentions dont il pourrait tirer quelques dividendes. Violetta la femme de Gleen, une jeune mexicaine victime de railleries xénophobes, pressentant de futurs ennuis, demande à Jeremiah de veiller sur son mari. Malheureusement rien n’empêchera la tragédie particulièrement abjecte qui se profile. Alors que le calvaire infligé à un Stone-B complètement ridiculisé par un Kurdy plus mesquin que jamais est d’une drôlerie sans pareille, cette histoire nous plonge au cœur d’un roman noir, un polar psychologique, subtil mélange de drame et de comédie.







Tome 25 : Et si un jour, la terre...





Mauvaise passe pour Jeremiah et Kurdy… Il y a des jours comme ça où rien ne va et nos deux complices, au milieu d’une forêt hostile envahie d’inquiétantes lueurs flamboyantes où le vent susurre de bien curieux murmures, se retrouvent face à un pont détruit en panne de carburant. Leur « salut » ils le doivent à un groupe de 5 personnes qui négocient l’aide des deux amis contre quelques litres d’essence. N’ayant guère le choix, ils acceptent le deal et se joignent à la petite troupe poursuivie par une bande de tueurs dont ils ne savent rien. Petit à petit ils découvrent que tout n’est pas rose entre les membres de l’équipe, des tensions se font sentir. Et l’étrange présence de la mystérieuse et inaccessible Agatha ne fait qu’ajouter de l’épaisseur à l’atmosphère pesante ponctuée de macabres surprises. Et autour de ce sinistre road-movie plane la main vengeresse d’un fantôme du passé revenu de l’enfer… La terre aura le dernier mot… "Écoute homme, écoute la terre... Entends-la gémir sous tes coups... Homme cupide, homme stupide... Cette terre... Elle ne t'aime plus."









Tome 26 : Un port dans l'ombre




La noirceur glauque des premières pages du dernier opus tranche radicalement avec les images estivales suivantes où Jeremiah et Kurdy s’octroient un moment de détente. Un moment rare qui sera de courte durée. Alors que nu, Kurdy savoure les caresses du soleil, il entend le cri de détresse d’une femme en train de se noyer. N’écoutant que son courage il plonge aussitôt et la ramène au rivage. Elle, c’est Milova. Une jeune fille, effrayée à l’idée de retourner auprès des siens où elle sera forcément punie par Jason, un prêcheur qui maintient le village dans un mode de vie digne du 18ème siècle, et où elle sera battue par son frère Ruben. Malgré ses craintes, Jeremiah et Kurdy la reconduisent chez elle, un village coupé du monde où la bible est la seule lecture autorisée. Leur arrivée est plutôt mal venue et leurs armes font des envieux. Au milieu de ce monde de totalitarisme où la liberté de penser est bannie, où l’expression de soi est une faute, les envies de révolte ne sont pas loin. Et lorsque la liberté prend le visage de Jeremiah et Kurdy, les choses ne peuvent que s’emballer. C’est encore avec un récit poignant, des personnages hauts en couleur et un graphisme toujours aussi bien maîtrisé, qu’Hermann clôt ce 26ème tome, avant le prochain épisode qui, n’en doutons pas, saura encore nous étonner !


© Alain/SoSad 14/05/2006






Tome 27 : Elsie et la rue...



C'est une nouvelle fois à Langton que nous retrouvons nos deux acolytes et plus précisément chez l'acariâtre tante Martha. Une Martha toujours aussi prévenante envers Jérémiah et toujours aussi peu aimable avec Kurdy, d'autant plus que ce dernier n'est pas insensible aux charmes de la jeune et innocente Milova qui a trouvé, chez la vieille femme, un havre de paix inespéré après des années passées recluse au sein d'une secte (voir Un port dans l'ombre). Alors que Kurdy s'en va conter fleurette dans les bars de Langton, Jérémiah s'adonne au bricolage avec Woody, le compagnon de Martha. Mais alors qu'il part en ville faire quelques achats, il emmène Milova qui, candide et attirée par les vitrines luxueuses qu'elle découvre alors, vole un bracelet dans une échoppe. Mise en fuite par le boutiquier elle s'égare et fait la rencontre de Elsie, une voleuse jusqu'alors à la solde d'un chef de bande, Blitz, et la sort de ce mauvais pas. Cette dernière met tout en oeuvre pour entraîner Milova dans un projet de braquage allant jusqu'à séduire Kurdy qui n'y voit que du feu. Bien plus spectateurs qu'acteurs, les deux compères verront leur protégée s'émanciper au coté d'Elsie et n'auront juste qu'à intervenir pour tirer les deux femmes d'un mauvais pas. Loin des atmosphères habituellement glauques et sordides ce 27ème album ne manque pas moins d'action et personnages hauts en couleur. Hermann, une fois de plus, fait preuve d'un graphisme exceptionnel, faute d'un scénario en béton même si l'humour et la causticité sont toujours au rendez-vous. Un album de transition qui se lit d'une traite malgré une intrigue moins aboutie qu'à l'accoutumée.









Tome 28 : Esra va très bien


« Esra va très bien » !  Voilà qui en rassurer plus d’un ! Esra ? Pour ceux qui l’auraient oublié, Esra est la mule de Kurdy mise en retraite depuis « le cousin Linford » et, présentement, titre du nouvel épisode de la série. Et c’est par le biais d’une simple lettre signée « Esra » que Kurdy prend connaissance de l’état de sa chère mule ! Cette lettre est accompagnée d’une photo… de la croupe d’Esra ! Sans doute une façon de dire à son maître « cause à mon c.. » ! C’est par ce clin d’œil humoristique que débute la nouvelle aventure de notre duo de choc qui se déroule à Correos, une municipalité sous tension depuis que 9 têtes coupées ont été découvertes en ville. De fait, les autorités locales mettent en garde-à-vue tous les étrangers de passage. C’est ainsi que Jeremiah et Kurdy se retrouvent momentanément en cellule, ce qu’ils acceptent forcément très mal. Ils ne tardent pas à le faire savoir, de façon assez violente, à deux des hommes de main du maire, lequel s’inquiète par ailleurs de sa future réélection. Relâchés, les deux compères quittent Correos avec à leurs trousses les deux miliciens décidés de se venger de l’affront reçu la veille. S’en suit un schéma de course poursuite classique assez banale bien que sans pitié avec ses rebondissements habituels. Mais comme bien souvent chez Hermann, l’histoire se passe ailleurs. Quatre petits vieux dans leur masure vivent terrorisés rongés par le remord et la culpabilité. Manifestement ces scientifiques à la retraites auraient quelques implications dans les décapitations de ces derniers mois. Si le fil conducteur de ce nouvel opus est assez maigre, si l’implication des deux héros n’y est qu’anecdotique, ce récit est un des plus des plus énigmatiques qu’Hermann ait imaginé. Qui sont des petits vieux ? Qui est cet arracheur de tête mi-homme mi-monstre qu’on ne fait qu’entre-apercevoir ? Quelles sont ses motivations ? Qu’ont bien pu faire ses victimes par le passé pour subir pareil sort ? Quel rôle ont ces corbeaux tout droit sortis de chez Hitchcock qui planent sur tout le récit ? Pourquoi ces nouvelles improbables d’Esra ? Et enfin, pourquoi ce titre alors qu’Esra est totalement absente de cette histoire ? Hermann joue avec nos nerfs, trace des fausses pistes pour mieux nous embrouiller  dans ce monde post-cataclysmique où se croisent toujours et encore des personnages troublent aux gueules toujours aussi marquantes et marquées que le dessin réaliste d’Hermann réalisé en couleurs directes retranscrit à merveille. Sans doute pas le meilleur de la série, « Esra va très bien » n’en demeure pas moins un bon moment de bandes dessinées.

© Alain/SoSad 29/02/2008 16h00



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