A une
époque
que
l’on pourrait situer à la fin du 21ème
siècle, les Etats-Unis sont confront
és
à
une
montée du racisme qui dégénère en guerre
civile. D’un coté les blancs (WASP), de l’autre les noirs
(Black-Power). En quatre dessins Hermann résume la
situation.
Tout commence par des manifestations aux
accents
racistes où
chacun des deux
groupes
revendique le pouvoir.
Ensuite
ce sont des
combats de rues, puis l’intervention de l’armée. Enfin les
ruines désertiques de ce qu’on imagine être une
civilisation disparue et la nature qui reprend le dessus. La
première page du premier tome de la série Jeremiah
«La Nuit des Rapaces » vient de poser le décor.
On
comprend que la folie des hommes est passée par là et que
« la grande lessive » a tout dévasté.
Veuillez comprendre, qu’un doigt plus fou que les autres a osé
l’inimaginable en déclenchant l’arme nucléaire. Peu
importe qui était ce fou ou même de quelle origine il
était, on ne le saura jamais. Toujours est-il que le cataclysme
n’a laissé guère plus d’une dizaine de millions
d’habitants pour tout le continent américain, des survivants qui
tentent dans ce monde dévasté, revenu quelques 200 ans en
arrière, de reconstruire un monde vivable. Il n'existe plus de
gouvernement, plus aucune loi. Tout est à rebâtir,
à redécouvrir, à réinventer.
Et
c’est dans ce monde là, déstructuré, que des
communautés tentent de se créer, re
faisant
malheureusement les mêmes erreurs que leurs aînés.
De fait, des clans se constituent, cherchant à imposer leurs
règles dans cet
univers glauque où la loi qui
prédomine est celle du plus fort, du plus riche. Car dans ce
monde là, l’argent a gardé tout son pouvoir et la
violence le seul mode de communication que tout le monde comprend. La
terreur est le maître mot et la survie un combat quotidien, dans
cet univers hostile où la méfiance et la peur sont de
chaque instant. Tout est propice à la violence :
la
nature, les
animaux sauvages, les autres hommes…
Jeremiah
n’est alors qu’un adolescent naïf quand il se heurte pour la
première fois à Kurdy Mallow, sorte de voyou ironique et
sans morale qui s’ébroue à merveille dans ce monde
post-apocalyptique. Orphelin, Jeremiah vit avec son oncle Lukas et sa
tante Martha dans le fort de Bends Hatch, où quelques survivants
de la bombe vivent en quasi-autarcie. Eduqué selon les saintes
écritures, c’est un adolescent qui ne connaît pas grand
chose de la vie et encore moins de ce qu’il se passe à
l’extérieur des murs de Bends Hatch. Candide et crédule,
il se révèle rapidement d’une incroyable
naïveté cultivée par le mépris de son oncle
qui ne cesse de le rabaisser et par sa tante mère-poule
jusqu’à l’extrême. Ainsi, Jeremiah reste persuadé
que le monde dans lequel il vit est dirigé par une justice
irréprochable où la bible sert de livre de bonne conduite.
Tome
1 : La
Nuit des Rapaces
Alors
qu’il cherche
à capturer une mule afin de prouver ses compétences
auprès de son oncle, il
se
retrouve à passer la nuit,
seul, sans arme, aux alentours du fortin. C’est au petit matin qu’il
réussit enfin à attraper l’animal, sous les yeux
amusés de Kurdy, le propriétaire de la mule, qui de toute
évidence avait suivi l’intégralité de la
scène depuis le début. S’en suit un dialogue entre les
deux protagonistes qui manifestement ne vivent pas dans le même
monde. Sous la menace de l’arme de Kurdy, Jeremiah rend la mule
à son propriétaire non sans tenter maladroitement
une
défense dérisoire. Soudain un bruit alerte Kurdy qui, en
un reflex, propulse son nouveau compagnon et lui même dans un
fourré. Passe alors sur le chemin une sorte de diligence
montée sur pneus, tractée par des chevaux où est
installé un curieux personnage livide affublé d’habits
moyenâgeux tirant sur un long porte cigarette. Jeremiah devine
alors que ces hommes fortement armés se dirigent vers Bends
Hatch et qu’une attaque est imminente. Il décide alors, contre
l’avis éclairé de Kurdy, de prévenir les habitants
du fortin. Devant son obstination, Kurdy est forcé de
l’assommer. A son réveil, Kurdy a disparu et Jeremiah
découvre les ruines du fort fumantes… A l’intérieur le
spectacle n’est que mort et désolation. Il découvre son
oncle massacré, mais aucune trace de sa tante. En revanche,
c’est une plume qui attire son attention. Cette plume, c’est
celle
qu’arborait le casque de Kurdy.
Dans l’esprit de Jeremiah,
les faits
sont clairs. Kurdy a participé au pillage du fortin. Dès
lors l’idée de vengeance devient un véritable leitmotiv.
Alors qu’il décide de partir à sa poursuite, Jeremiah, en
quête de vérité, surprend Kurdy en bien mauvaise
posture. Celui-ci est en effet prisonnier de deux hommes qui le
torturent. N’écoutant que son courage et malgré une
maladresse évidente, Jeremiah s’interpose, menaçant le
duo tortionnaire d’un fusil récupéré au fortin.
Mais les deux hommes ne sont pas des anges et comprennent bien vite que
Jeremiah n’a pas l’étoffe d’un héros et encore moins d’un
tueur. Rapidement ils parviennent à le désarmer au prix
d’une bagarre où s’échangent coups de poings et coups
de
feu.
Alors
qu’ils prennent l’ascendant sur Jeremiah, Kurdy profitant
qu’un de ses liens se soit fait couper par une balle perdue, se saisit
d’une arme et met tout le monde d’accord en abatant les deux individus.
Cependant il reste sous la menace de Jeremiah, bien
décidé à en découdre avec celui qu’il
considère comme responsable du massacre de Bends Hatch. Mais sa
bonté prend le dessus et il finit par libérer Kurdy qui
lui explique que sa présence à Bends Hatch était
postérieure à l’attaque et qu’il n’avait fait que «
glaner quelques vivres » et constater l’ampleur des
dégâts. Seul et sans repère, Jeremiah décide
alors de continuer son chemin avec Kurdy. Ils se rendent ensemble
à Langton, une ville que la violence semble diriger. Là
Jeremiah reconnaît la diligence noire, croisée la veille.
C’est celle de Fat-Eye Birmingham, l’homme qui tient d’une main de fer
la ville et qui est responsable du massacre de son village. Fat-eye est
l’archétype du monarque fou. Avec l’aide d’une poignée
d’hommes grassement payés, il sème la terreur sur la
ville. Celle-ci est soumise à son diktat depuis les hauteurs
impressionnantes
de la tour où il vit, véritable
forteresse symbole de sa puissance, avec deux garçons dont on
devine une relation homosexuelle. Fat-Eye resse
mble
à un clown
grotesque, le visage grimé, le vêtement grandiloquent. Sa
seule préoccupation, ses vautours qu’il chérit plus que
tout. Sous ses ordres, ses hommes organisent des rafles dans les
fortins isolés, afin de revendre aux indiens les prisonniers
capturés. Sans réfléchir Jeremiah se rue sur la
berline noire, mais Kurdy arrive in extremis à le sortir de
là conscient du
danger
auquel il s’est exposé. A
présent les deux amis d’infortune sont devenus pour Fat-Eye des
cibles à abattre. Ce dernier voit en ces deux jeunes hommes un
frein à son activité de marchand d’esclaves qui lui
permet de vivre dans un luxe kitch et insolent. A l'extérieur de
la ville Kurdy surprend un chef indien porteur d'une importante somme
d'argent. C'est Mahani qui vient remettre à un des hommes de
Fat-Eyes le prix de quelques esclaves livrés par ce dernier.
Kurdy en profite pour attaquer le Peau Rouge et lui substituer
l’argent. Afin de semer la zizanie et de monter les habitants de
Langton contre leur dictateur, Kurdy ligote Mahani sur un cheval et le
fait entrer dans la ville avec un écriteau à son cou sur
lequel on peut lire « Nous achetons des esclaves, Fat-Eyes les
procure ». Il n’en faut pas plus pour provoquer une
colère
générale contre Fat-Eye, la population comprenant qu’elle
n’est qu’une marchandise dans les mains de ce dernier. Jeremiah de son
coté, inconscient, décide de profiter de la confusion
générale pour attaquer Fat-Eye dans sa tour-bunker
où sa distraction
préférée est de nourrir
une horde de vautours. Seulement il est fait prisonnier et sert d’otage
afin d’empêcher Kurdy de prendre la tour d’assaut. Mais ce
dernier malgré une proposition d’échanger Jeremiah contre
l’argent pris à Mahani, attaque le repère de Fat-Eye en
pleine nuit avec l’aide des gens de la ville. Arrivé presqu’en
haut de la tour, Kurdy voit Jeremiah en bien mauvaise position,
prêt à être propulsé du haut de
l’édifice. Rapidement les proches de Fat-Eye contestent ses
ordres, celui-ci n’ayant qu’une obsession, jeter Jeremiah en
pâture à ses vautours alors que ses hommes
préfèrent le garder comme monnaie d’échange pour
contrer les insurgés de plus en plus insistants. Mais la folie
de Fat-Eye est plus forte et il tue de sang froid son bras droit qui
refusait d’obtempérer à ses ordres. Dès lors,
Brucey, son dernier collaborateur voyant la défaite arriver, se
rebelle laissant son chef à ses délires
mégalomaniaques et tente de négocier avec Kurdy sa survie
contre les citoyens alors proches de la victoire. Mais la
démence de Fat-Eye exacerbée par les cris des vautours
affamés atteint son apogée et il exécute Brucey
avant de pousser Jeremiah dans la cage aux vautours. Kurdy
arrivé au sommet, intervient
alors et
tire sur Fat-Eye avant
d’extraire son malheureux compagnon des griffes des volatiles. Ivre de
folie Fat-Eye pense trouver refuge au milieu de ses rapaces qu’il
affectionne plus que tout au monde. Mais une fois enfermé dans
la cage, ceux-ci n’ont cure de leur maître et le dévorent.
Cette
première histoire d’une série qui, à ce jour, en
compte 26, plante le décor dans lequel vont évoluer les
deux compères. Comme dans grands nombres de bandes
dessinées, l’idée d’un duo permet à l’auteur
d’éviter la notion de super héros, en proposant au
contraire deux personnages antagonistes et complémentaires. Il
est évident que Jeremiah seul ne pourrait survivre dans cette
jungle digne d’un Mad-Max, alors que Kurdy n’aurait pas cette notion
d’humanisme qui permet de tempérer ses ardeurs
guerrières. Deux personnalités qui se heurtent et se
complètent pour mieux affronter les aléas de leur
existence précaire. Contrairement à beaucoup d’autres
séries, ici les protagonistes ne sont pas des supermen, ils ne
sont pas figés dans une image. Ils ont leurs qualités,
leurs défauts, ils sont humains. Ils ressentent des haines, des
amours, font des choix pas toujours bien réfléchis, font
des erreurs. Mais plus encore, ils évoluent, ils
mûrissent, tant psychologiquement que physiquement. D’un
adolescent un peu gauche ignorant tout du monde, Jeremiah devient un
homme avec ses doutes et ses certitudes. D’un simple voyou sans morale,
Kurdy va se révéler sensible et réfléchi.
Mais tous deux gardent en eux leurs spécificités qui leur
confèrent respectivement leur personnalité attachante.
Chacun grandit au
contact de l’autre. Ainsi Jeremiah découvrant ce
monde corrompu et sauvage, oublie un peu ses principes
idéalistes et finit même par déroger à sa
propre morale. Alors qu’il ne tolère aucune violence, alors que
l’idée
même de tuer lui est complètement
étrangère dans les premiers épisodes, il finira
par tuer involontairement un homme d’un simple coup de poing. Par la
suite, il sera obligé d’utiliser une arme pour assurer sa
survie, mais toujours en état de légitime défense.
Pourtant petit à petit le candide Jeremiah perd de son self
contrôle et, désabusé par ce monde sans
pitié, devient aussi sauvage que les autres, n’hésitant
plus à tuer de sang froid. Toutes ses certitudes s’effondrent et
alors qu’il croyait en une véritable justice, il se voit
obligé à son tour d’enfreindre le peu de lois existantes,
même s’il tente toujours contre vents et marées de rester
le plus droit possible, le plus juste.
Kurky
n’a quant à lui aucune morale. C’est un baroudeur de la pire
espèce qui n’hésite pas un instant à tuer ou
à voler son prochain. Il erre à travers ce monde
dévasté avec l’aisance d’une hyène, toujours
prêt à se mouiller pour abuser l’autre ou tout simplement
pour gagner quelque argent de façon rapide et de
préférence malhonnêtement. Malin et agile comme un
singe, il se tire toujours de situations inextricables. C’est un
personnage égoïste et sans grand principe. Ainsi il
n’hésitera pas à abandonner son compagnon lorsque la
situation lui semblera trop dangereuse. Tout au long de la série
il restera assez fourbe et obscur ne reculant devient rien pour arriver
à ses fins. Mais
si
Jeremiah connaîtra une certaine
évolution au fil des aventures, Kurdy restera Kurdy, même
s’il montrera à deux reprises un visage plus humain en
rencontrant l’amour dans « Alex » ou « La Ligne rouge
». Mais il restera cet aventurier qui manie l’humour noir et
l’ironie aussi bien que le poing et le revolver. De son passé on
ne sait pas grand chose, même s’il dévoile dans «
Les eaux de colère » une enfance dépourvue
d’affection et de tendresse aux cotés d’un père violent.
L’univers
post nucléaire
de la série Jeremiah où se
mélangent à la fois références westerns et
visions futuristes, n’en est pas moins un fidèle reflet du monde
actuel. Chaque histoire traite de sujets d’actualité. Tout au
long de la saga reviendront des thèmes aussi divers que le
racisme, l’esclavagisme, les luttes de pouvoir, la corruption, le
racket, les magouilles politiciennes… La liste n’est pas exhaustive !
Hermann plonge dans nos travers contemporains pour en tirer des
scénarii très réalistes. Mais deux
préoccupations
reviennent de façon
régulière : les sectes et la pédophilie. Le
premier est notamment traité dans l’album « La Secte
». Le monde décrit par Hermann est constitué de
communautés éparses vivant repliées sur
elles-même. Il n’en faut pas plus pour qu’un illuminé plus
malin que les autres en prenne le pouvoir se transformant en gourou
adulé mais surtout craint. C’est le cas d’Inemokh (anagramme de
Khomeni) qui évolue dans une atmosphère fantastique et
mystique ou dans « Strike » lorsque le patron pervers d’une
salle de bowling livre des fillettes à son gourou, lequel drogue
ces dernières avant d’en abuser. De même dans «
Simon est de retour » un fanatique vivant
du
commerce de
l’héroïne, un dénommé Sikorsky, fait sortir
de prison son frère Simon incarcéré pour
pédophilie à grand renfort d'avocat, de psychiatre et
d'argent sale. Lui et le psychiatre seront abattus par Kurdy
excédé d'avoir retrouvé sa mule peinte en jaune !
Dans cette
scène là, Kurdy n'est simplement que la main
virtuelle d’Hermann qui, belge de son état, a été
très choqué par les récentes affaires de
pédophilie qui
ont
bouleversé le royaume. Il accomplit
ainsi à travers son dessin, ce qu'il rêverait de faire lui
-même.
Mais
si la richesse des récits entre pour une bonne part dans la
réussite de cette série, il ne faut
pas
pour autant
oublier le style Hermann, ce trait vif et incisif qui est le sien. Son
dessin précis, les couleurs employées, la
somptuosité des décors, c'est un ensemble cohérent
et indissociable qui contribue à la qualité de cette
bande dessinée. Qu'il
représente un désert aride,
une forêt luxuriante, une ville démesurée, tout est
extrêmement somptueux et illustre bien l'arrogance des notables
mégalomanes ou
la
profonde détresse des basses gens. Mais
avant tout, les histoires qui nous sont contées, sont des
histoires de personnages et là Hermann se régale à
nous croquer des caractères marquants. Chaque protagoniste est
une "gueule" ! Pas une caricature, mais bel et bien un visage, un
physique dûment travaillé. Pour preuve, les
différents croquis d'études que l'on peut
découvrir dans certains albums. Hermann aime avant tout, un peu
à la manière d'un Sergio Leone, offrir des visages
atypiques, marqués par la vie. Il n'est pas étonnant que
ses histoires soient pleines de clochards, de marginaux, d'infirmes, de
sadiques, de tyrans grotesques aux allures féliniennes ! Si
Jeremiah est quelque peu épargné, il est plutôt
beau gosse et bien bâti, Kurdy possède un visage pointu,
un visage de fouine, un corps maigrichon. Et Hermann s'en amuse
d'ailleurs, notamment quand dans "Les eaux de colère" Kurdy
fasciné par la musculature d'un bel athlète entrevue
à travers une fenêtre, "mesure" ses propres petits
biscoteaux sous le regard amusé de Jeremiah. Et que dire de son
accoutrement ? Ce ridicule casque de moto surmonté d'une
plume,
un caraco en cuir élimé ouvert sur une poitrine lisse,
une chaîne autour du coup portant l'inscription "M
other",
et
cette mule, fidèle compagne qu'il finira bien tardivement par
remplacer par une moto. Hermann n'hésite pas à le
ridiculiser, allant même jusqu'à le déguiser en
prostituée ou en espèce de majorette ! Mais Kurdy n'est
pas le seul à faire les frais des délires graphiques
d'Hermann. Dans l'album " Ave Caesar" celui qui se fait appeler Caesar
s'habille en tyrolien, persuadé que César s'habillait
ainsi ! Hermann ponctue de façon systématique la
grandiloquence et la prétention de ses personnages les plus vils
par une courbette graphique qui les rend pathétiques dans leur
démesure. L'œuvre d'Hermann se singularise donc, entre autre,
par cette foultitude de caractères qui se croisent au
grès des aventures. Du plus important au moindre figurant de
passage, tous bénéficient d'une même rigueur
picturale. Souvent même, les plus anonymes, les plus
insignifiants ont-ils droit à plus d'attention que les
têtes d'affiche, comme si Hermann cherchait à brouiller
les pistes en accentuant les traits des seconds rôles. D'ailleurs
ceux-ci possèdent une place à part entière, soit
en vivant leur propre histoire en parallèle, soit en intervenant
de façon anecdotique et ponctuelle au sein du récit,
influençant celui-ci de manière involontaire. Il n'est
pas rare que des personnages mineurs, généralement de
pauvres gens, des laissés pour compte, extérieurs
à l'histoire centrale, soient, bien contre leur gré, la
clef d'un dénouement ou bénéficient des
retombés d'une aventure dans laquelle ils n'étaient pas
directement impliqués. Quoi qu'il en soit Hermann ne
néglige aucun détail les concernant, les traitant avec la
même rigueur que n'importe quel élément du
décor. Un décor, d'ailleurs, toujours très
fouillé, en intérieur comme
en
extérieur,
alternant le modernisme écrasant de métropoles
futuristes, la froideur d'immenses friches industrielles
abandonnées ou la beauté luxuriante d'une nature diverse
et variée. Que l'intrigue se déroule dans la
pénombre, de nuit, sous un soleil écrasant ou même
sous la neige, chaque scène est remarquablement habillée
avec un foisonnement de nuances, d'effets de contraste ou d'explosions
de couleurs ; particulièrement lorsqu'il s'agit d'illustrer le
nombre impressionnant d'incendies qui jalonne les différentes
histoires.
Tout
est mis en œuvre pour accentuer et souligner toujours d'avantage la
violence omniprésente qui règne dans cet univers
résolument
viril et rude. Les humiliations, les crimes, les
atrocités sont légions, sous toutes les formes possibles
et imaginables. Le pardon n'existe pas, seule la vengeance prime. Et
dans ce monde où l'homme est dépeint dans ses moindres
travers, les références à la virilité
foisonnent. Elles sont même poussées à
l'extrême à travers des scènes où la
masculinité est présentée dans ce qu'elle a de
plus vil. Mais les femmes ne sont pas pour autant
délaissées, bien au contraire. Même si elles ne
sont pas toujours présentées sous leur meilleur jour,
comme l'acariâtre et puritaine Martha, elles sont
généralement plutôt très sensuelles et peu
pudiques, tout en gardant, elles aussi, ce petit quelque chose qui fait
qu'elles sont si particulières et souvent déroutantes. La
plus marquante reste Lena. Petite fille riche et gâtée qui
découvre les affres de la dure réalité avant de
s'enfoncer à son tour dans les bas fonds de cette
société qui n'épargne personne. Viennent ensuite
les meneuses d'hommes comme Sharita ou Alex, qui, derrière une
beauté indiscutable, se révèlent être aussi
cruelles et immorales que les hommes qu'elles côtoient. Mais
cette galerie de portraits féminins renferme bien d'autres
créatures qui, à l'image de la série, expriment
toute l'ambiguïté, la complexité et l'ambivalence
des relations humaines. C'est ainsi qu'on découvre de nombreuses
fillettes, symbole de l'innocence au milieu de cette jungle, de
même qu'un nombre considérable de prostituées qui
souligne la décadence et le caractère précaire de
cette société où tout est consommé à
la va-vite, la vie comme l'amour…
Mais
la série n'est pas dénuée pour autant d'humour.
L'humour est omniprésent, un humour noir et cynique de
préférence. Il n'y a pas de gag à proprement
parler mais certaines situations sont singulièrement cocasses,
grâce notamment à l'absurdité des protagonistes et
au décalage des dialogues par rapport au déroulement des
évènements. Les répliques entre Jeremiah et Kurdy,
parfois aux limites de l'absurde, sont un régal. En quelques
mots, Hermann fait tomber la pression d'une scène
particulièrement difficile et désamorce la dramaturgie
étouffante. Sans jamais devenir bavard, il cisèle des
dialogues simples, rapides, directs, avec une minutie efficace qui
soulignent l'urgence de l'action.
C'est
donc un cruel constat que nous offre Hermann dans cette série
riche et subtile. Un constat amer sur les rênes du pouvoir,
l'angoisse humaine et l'incroyable facilité qu'à l'homme
pour inventer des horreurs toujours plus cruelles. Un puissant est
détrôné ? Un nouveau régime se reforme juste
après, identique au précédent. Et si, comme c'est
souvent le cas, le puissant n'est juste qu'égratigné, ce
sont ses sous-fifres qui trinquent, aussitôt remplacés par
d'autres tout aussi assoiffés de haines et de sang. Et lorsque
la justice semble avoir le dernier mot et que les soumis gagnent la
partie, ils se transforment à leur tour en tyrans sanguinaires.
Seuls les visages changent, les méthodes restent les mêmes.
Tome
2 : Du sable plein les dents
Un
groupe
de miliciens, des transporteurs de fonds, est attaqué par des
pillards, une bande de malfrats dirigée par une Tzigane Sharita
Manush. Deux miliciens échappent au massacre et arrivent
à dissimuler le trésor. Jeremiah le cœur sur la main et
Kurdy plutôt attiré par l’argent, décident de venir
en aide à Corey un des deux miliciens rescapés. Alors que
Kurdy part chercher de l’eau, il se fait emprisonner par le clan de
Sharita où il retrouve le second rescapé Kenney. Pendant
ce temps Corey fausse compagnie à Jeremiah lequel comprend que
les deux hommes ont en fait abattu leurs compagnons d’arme pour voler
le butin.
Tome
3 : Les
héritiers sauvages

En
quête d’un boulot pour gagner de quoi vivre
Jémémiah et Kurdy errent toujours et encore. Ils arrivent
dans une région agricole où un certain Nathaniel Bancroft
a créé une société prospère, la
Bancroft Farming Company. Jeremiah, de part ses origines paysannes,
décide de s’y faire embaucher le temps de se renflouer.
Malheureusement Nathaniel tombe malade et la société est
alors reprise par ses enfants adoptifs Jessica et Audie lesquels sont
sous l’influence d’un personnage douteux Alvis Trenton. Rapidement
Jeremiah s’aperçoit que le trio paupérisent les fermiers,
les obligeant à vendre à bas prix leurs terres, pour
ensuite les embaucher en tant que simples ouvriers. Le tout sous
l'arrogance d'Audie qui les maltraite et les terrorise avec sa moto
rutilante.Révolté par ces méthodes, Jeremiah n’a
qu’un désir : que les fermiers se révoltent ! C’est alors
qu’il découvre que Nathaniel est mort depuis longtemps et qu’en
fait c’est sa dépouille que Jessica promène tous les
matins sur la terrasse, faisant croire au peuple qu’il est toujours en
vie et maître sur le domaine. La supercherie découverte,
le peuple organise sa rébellion
Tome
4 : Les
yeux de fer rouge

Toujours
décidé à connaître toute la
vérité sur le massacre de Bends Hatch, Jeremiah
décide de suivre les traces d’un indien qui le mèneraient
peut être aux assassins du fortin. Soudain une forme bizarre au
loin interpèle Kurdy. Qu’est-ce dont que ce truc curieux qui
courre en agitant des ailes ? La nuit arrivant, Jeremiah et Kurdy
trouvent hospitalité auprès d’un petit groupe de migrants
dont l’une des roues du chariot est coincée dans une
ornière profonde. Mais la tâche est rude. C’est alors
qu’intervient un personnage aussi inattendu qu’énigmatique,
Pinkas L.C. Khobb, magicien, montreur de curiosités, musicien,
bref un artiste. En un instant, Idiamh, un de ses monstres de foire,
réussit à extraire l’engin que trois hommes en pleine
force de l’âge n’avaient pu déplacer ! Le temps de se
retourner, le magicien et sa troupe disparaissent. Seule Faye la femme
du migrant reste prostrée, hébétée,
incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit… Les deux groupes se
séparent et nos deux protagonistes prennent le chemin qui les
conduit vers le territoire de la Nouvelle Nation Rouge. Là, le
terrain est plus qu’hostile. C’est une sorte de no man’s land
inextricable, fait de gros buissons épineux, véritable
rempart naturel empêchant les esclaves de s’évader. Mais
alors que l'entreprise leur semble impossible, grâce à
quelques Peaux Rouges progressistes, ils parviennent à sauver
quelque pauvres évadés et notamment la tante Martha
miraculeusement rescapée du massacre de Bends Hatch. Mais c’est
trop vite oublier
la présence toujours énigmatique de
Pinkas et de sa créature Idiamh…
Tome
5 : Un cobaye pour
l'éternité

Un
vieux
wagon de chemin de fer est dorénavant la masure de tante Martha.
Jeremiah et Kurdy y trouvent enfin un peu de repos. On surprend
même Kurdy en train de jardiner quelques salades ! Mais
manifestement ce genre d‘occupation ne le passionne guère, Kurdy
n’étant pas homme à finir ses jours les mains dans la
terre. C’est alors qu’intervient Stonebridge, un des rares personnages
qu’on retrouvera à plusieurs reprises tout au long de la saga.
Stonebridge est fait du même sang que Kurdy, fourbe et
dénué de tout sens moral. Homme de main d’un nombre
incalculable de tyrans et autres gourous qui dominent le pays,
Stonebridge tout comme Kurdy ne pense qu’à l’argent quitte
à sacrifier un « ami » pour peu que le terme «
ami » puisse correspondre à quelque chose chez lui. Bien
que suspicieux, Kurdy accepte la proposition de Stonebridge qui lui
offre 600 billets pour un job sans en préciser la teneur exacte.
L’appât du gain étant plus fort que ses doutes, Kurdy se
retrouve dans un complexe ultramoderne au milieu de superbes
créatures. Rapidement il se rend compte qu’il se pratique ici de
bien curieuses expériences. Il est simplement devenu un cobaye
entre les mains d’un savant fou qui extrait de sa jeunesse un
élixir de jouvence réservé à quelques
privilégiés fortunés…


Embauchés
comme escorte avec quelques militaires, Jeremiah et Kurdy accompagnent
un riche homme influant et sa petite famille jusqu’à la ville
voisine. La petite troupe avance sans trop de problèmes
notoires, presqu‘une promenade de santé jusqu’au moment
où le convoi est attaqué par une bande de pillards. Une
fusillade s’ensuit laissant à terre le sergent de l’escorte
grièvement blessé. Mais soudaint les assaillants prennent
la fuite, une fuite que Jeremiah pense devoir à une intervention
armée de Kurdy. Mais ce dernier n’y est pas pour grand chose, le
salut venant d’un jeune homme au curieux discours. Face aux blessures
importantes de l’homme à l’uniforme, le jeune homme propose
à la troupe de les guider vers son village où l’on soigne
« les âmes et les corps ». L’ambiance du village est
assez particulière. La nuit il se trame d’inquiétantes
processions de mannequins. A l’évidence, Jeremiah et ses
compagnons de route se retrouvent prisonnier d’une secte peu
tolérantes aux méthodes expéditives envers ses
opposants, à la tête de laquelle sévit
l’énigmatique et inquiétant Inemokh…

Le
racisme et la lutte des races ont été à l’origine
de la guerre civile qui a amené l’Amérique à
sombrer dans ce cataclysme. Dès années après, et
malgré les conséquences, l’homme n’a pas vraiment
changé, il n’a rien compris et chacune des communautés
cherche à se reconstruire et à partir à la
conquête de ce monde décadent. C’est ainsi que deux
mouvements particulièrement virulents essayent d’imposer leurs
extrémismes. D’un côté le « Survival »,
sorte de Ku Klux Klan militaire qui cherche à imposer la race
blanche, de l’autre une communauté noire «
Afromérica » copie conforme des villes africaines,
dirigée par un homme de poigne : Mungalla. Mais au sein de cette
dernière des dissensions se font sentir, une partie des
habitants d’ « Afromérica » ne souhaitant pas que
des hostilités soient engagées. C’est dans ce contexte
difficile et belliqueux, que Jeremiah et Kurdy sont surpris par la
milice du « Survival » alors qu’ils viennent en aide
à un homme d «Afromérica ». Ils parviennent
néanmoins à s’échapper et trouvent refuge dans la
« ville africaine ». Mais manifestement ils ne sont pas les
bienvenus et auront à affronter la cruauté de Mungalla et
de ses guépards.
Tome
8 : Les
eaux de colère

L’étape
suivante conduit les deux amis dans une ville dirigée par la
famille Toshiba. La famille Toshiba assoit sa notoriété
grâce au négoce du pétrole qui reste un des
produits les plus rares et donc les plus chers. Toshiba père est
un homme extrêmement respecté. Il voue toute sa passion
à sa fille Léna, son oiseau des îles, qui n’en est
pas moins une petite peste prétentieuse et gâtée,
qui fait absolument tout ce qui lui chante sans que personne ne lui
dise jamais rien. C’est la fille Toshiba et on ne touche pas à
la fille de Monsieur Toshiba. D’autant plus, qu’elle est constamment
suivie de près d’un garde du corps impressionnant. Flairant le
bon filon, Kurdy manigance une stupide histoire de rançon suite
à une soit disant indiscrétion de Max, le garde du corps
de Léna, qui viserait à livrer Léna à une
bande rivale de Toshiba contre une somme rondelette. Pris dans la
tourmente Jeremiah suit cette entreprise peu orthodoxe sans en
connaître les aboutissants. Malheureusement tout ne se passe pas
comme Kurdy l’avait imaginé. Jeremiah capturé par les
hommes de Toshiba réalise qu’il a été trahit par
son ami, pendant que ce dernier s’enfonce en compagnie de sa
prisonnière dans un marais lugubre peuplé de
légendaires créatures qui n’ont rien d’humaines. Mais la
fuite tourne court et Kurdy finit par se rendre compte qu’il a
été instrumenté par une partie des hommes de
Toshiba qui cherchait à déstabiliser ce dernier. Seule,
ruinée, la belle et pulpeuse Léna, qui perdra son
père dans l'aventure, trouvera refuge
dans les bras de Jeremiah
qui saluera pour la dernière fois Kurdy d’un magistral coup de
poing.
Tome
9 : Un hiver de clown

C’est
donc désormais seul avec Léna que Jeremiah poursuit sa
route. L’empire Toshiba n’étant plus, Léna a
été chassée de la ville et se retrouve à
présent en fuite à travers un hiver des plus rigoureux.
Kurdy est déjà loin. Pour Jeremiah seule compte à
présent celle qui erre à ses cotés dans ce froid
glacial où la neige se fait de plus en plus présente.
Alors qu’ils tentent de se réchauffer, soudain ils sont mis en
joue par un homme frigorifié qui vient de leur subtiliser leur
arme. Mais le pauvre s’effondre complètement gelé avant
même de pouvoir prononcer un mot. Alors qu’ils reprennent leur
errance ils aperçoivent un curieux personnage rieur, une sorte
de bouffon qui se déplace au guidon d’une moto-neige. Suivant sa
trace ils arrivent dans un port désaffecté où ils
trouvent refuge sur un bateau pris dans les glaces. A bord se
côtoient de bien curieux personnages. Des parias, des
déshérités de la vie, des rejetés de la
société, une troupe de nains et… un médecin !
Profitant que Jeremiah conduit le médecin auprès du corps
de l’homme gelé, Léna inspecte le bateau et
découvre une petite fille prostrée dans une cabine.
Après le repas du soir pris en compagnie des locataires du
bateau, ils découvrent que leurs manteaux ont disparu de la
cabine. Ils se rendent alors à l’évidence, les nains ont
décidé de les faire mourir de froid…

Le
titre et la couverture du nouvel album sont sans ambiguïté.
Kurdy est de retour. Et dans la pénombre des premières
planches on le découvre manifestement embarqué dans une
salle affaire en train de prendre une prison d’assaut. Un assaut qui
sera un échec total. Quant à Jeremiah, en visite chez sa
tante Martha à Langton, il paraît apaisé, parlant
même de mariage avec Léna. La ville de Langton est en
ébullition, de prochaines élections se préparent.
Seulement, comme toujours, les luttes de pouvoir ne sont pas toujours
très nettes et un certain Monroe tente de conserver coûte
que coûte sa place de maire contre son rival un
dénommé Atwood. Alors que Monroe semble rallier à
lui la majorité de la population, Kurdy, floué lors de
l’attaque de la prison, cherche à retrouver le commanditaire de
cette opération ratée et se rend à Langton pour
récupérer sa paye. Là il comprend que le maire
actuel n’est pas étranger à toute cette affaire. Son
arrivée dans la ville ne passe pas inaperçue notamment
aux yeux de Jeremiah qui l’entrevoit dans un bar. Le soir venu, un
individu contacte Jeremiah le convainquant de venir en aide à
son ancien ami qui se retrouve plongé dans une sombre histoire.
Léna le lui pardonnera-t-elle ?

Tancrède,
un
garçon à la corpulence imposante et à
l’intelligence plus que limitée, s’invite avec ses parents,
guère mieux lotis que leur fils, dans la villa d’un pauvre
bougre. Poussé par ses parents, Tancrède assomme puis
défenestre leur hôte. Si la bombe nucléaire a eu
raison d'une bonne partie du pays, le replongeant quelques
siècles en arrière, une partie de la technologie moderne
a survécu, notamment chez les plus aisés. L'or noir est
devenu un enjeu capital. De fait, les stocks de carburant font l'objet
d'une attention et d'une protection drastique de la part de ceux qui
les possèdent. C’est dans ce contexte qu’un
dénommé Sydney propose à Kurdy d’aller chercher du
pétrole dans une réserve. Mais Jeremiah n’est pas
très enthousiaste. Kurdy soumet alors l’idée d’aller
retrouver Jay Howell, une ancienne connaissance, qui lui doit une belle
somme d’argent. Seulement à leur arrivée, Jay, suite
à un accident de delta plane, a perdu la mémoire. A
contre cœur, ils décident d’accepter l’offre
précédente et rejoignent la troupe qui s’est
formée autour de Sidney. Parmi eux, Tancrède et ses
parents ! Mais la prise du complexe pétrolier ne se passe pas
sans heurt, la troupe est attaquée. Alors qu’un membre de la
troupe coiffé du casque de Kurdy se fait tuer, les deux
compères comprennent que le responsable n’est ni plus ni moins
Jay pas si amnésique qu’il semblait l’être.


C’est
avec
Stonebridge, prisonnier d’un curieux et peu ragoûtant personnage,
passant son temps à visionner la ville sur une multitude
d’écrans vidéos, que débute la nouvelle aventure.
Tous deux discutent de choses et d’autres, quand soudain apparaît
à l’écran un étrange joueur de cornemuse. Il
s’agit du propre frère de Stonebridge ! A la fenêtre de
son somptueux appartement protégé par une horde d’hommes
en arme, Roméa l’écoute amoureusement. De leur
coté, Jeremiah et Kurdy pensent avoir trouvé enfin un
travail, un vrai. Ils se font donc embaucher comme ouvriers pour
l’entretien d’une paisible ville pleine de richesses. Mais dès
leur arrivée, on les affuble d’une tenue de travail et d’un
matricule dignes d’un camps de concentration. Ils seront
dorénavant respectivement les numéros 26 et 27 perdant de
fait toute leur identité. Mais ils ne sont pas au bout de leurs
surprises et le soir même après une douche
désinfectante commune, ils regagnent leurs quartiers sans
possibilité d’en sortir. Les journées de travail sont
éreintantes, leurs employeurs n’autorisant pas le moindre faux
pas, pas le moindre papier gras qui traîne. Cependant la
cité tranquille et radieuse est régulièrement
perturbée par un rôdeur, un ange noir qui sème le
désordre en renversant les poubelles. De son coté Mme
Procton une jeune femme séduisante, désire s’offrir un
extra. Et c’est tout naturellement vers Jeremiah qu’elle jette son
dévolu. Seulement leur relation tourne court et Jeremiah est
arrêté puis jeté dans une sorte d’arène
poursuivi par un aurochs aux cornes tranchantes. Kurdy tentera de
sauver son ami en même temps qu’il offrira à Roméa
la possibilité de rejoindre Julius. Quant à Stonebridge,
son geôlier lui avait promis de le libérer, à une
condition…


Les
premières images de « Strike » annoncent de
suite la couleur. Une procession colorée avance doucement
escortant une sorte de « papamobile » où se tient ce
qui semble être un grand maître affublé d’une
espèce de tiare ridicule. Aucun doute on a à faire,
là encore, à une de ces sectes qui pullulent dans le pays
! De son coté Jeremiah fait sensation au bowling de la ville
où il se fait pas mal d’argent grâce aux paris qui sont
lancés. Mais sa réussite fait des envieux, entre autre le
gérant de l’établissement qui est un ami proche du
gourou. Mais, alors que les deux amis jouissent de privilèges
réservés aux vainqueurs, il est proposé à
Jeremiah de passer la vitesse supérieure et de jouer une partie
à 4000 $. Jeremiah gagne haut la main, mais son adversaire est
arrêté faute de pouvoir payer la mise prévue et sa
petite amie conduite au sein de la secte. Jeremiah convaincu que la
défaite de son adversaire n’était pas normale, paye la
caution et le fait sortir de prison. Ensemble ils vont tenter de
délivrer la jeune femme des griffes de la secte. Cependant la
police locale, plutôt corrompue, et de vieilles rancœurs entre
différents protagonistes, ne leur rendront pas la tâche
aisée.
Tome
14 :
Simon est de retour

Un
dirigeable
traverse la nuit. A son bord un certain Simon Sikorsky. Jeremiah et
Kurdy sont en train de pique-niquer lorsque soudain un homme s’empare
d’Esra, la mule de Kurdy. De suite, ils s’empressent de le rattraper,
mais l’homme tombe raide mort au bout de quelques mètres. C’est
alors que surgit une bande d’hommes en arme qui font passer un sale
quart d’heure aux deux compères. Ce sont des hommes à la
solde de Sebastian Sikorski, le propre frère de Simon que ce
dernier vient de retrouver. Sebastian est un artiste illuminé
qui joue du Jean Sébastien Bach sur un orgue face à une
cathédrale d’eau. Curieusement, Simon ordonne qu’on
relâche Kurdy et Jeremiah et qu’on leur rende Esra… repeinte en
jaune pour l’occasion ! Kurdy s’en souviendra ! Parallèlement
Lessley, un policier rencontré pendant l’escorte de « La
secte », enquête sur un trafic de stupéfiants que
les frères Sikorsky organiseraient. Jeremiah et Kurdy risquant
d’être désignés comme coupables idéaux pour
le meurtre perpétré au début de l’histoire
acceptent de seconder Lessley dans son entreprise. Lessley leur
explique que Simon est un pervers sexuel récidiviste qu’une
horde d’avocats et de psy grassement payés font
régulièrement sortir de prison. Ensemble ils partent donc
chercher les indices de ce trafic de stupéfiants sur le
territoire très très bien gardé des deux
frères Sikorsky.

Edward,
un
frêle jeune intello et sa mère, une femme complexée
par ses rondeurs généreuses vont rejoindre le reste de la
famille séparé depuis de longues années, soit le
mari de la femme en question et leur fille Alexandra. Chemin faisant la
femme est victime des quolibets et des railleries de la gente masculine
des lieux. Le malheureux Edward tente de s’interposer, mais le
chétif jeune homme ne fait réellement pas le poids. Ne
supportant pas l’injustice et voyant là de quoi se faire un peu
d’argent Kurdy propose de monnayer son aide aux deux pauvres victimes.
L’affaire conclue, les deux comparses escortent donc le couple.
Arrivé à destination, Kurdy imagine découvrir en
Alexandra une copie conforme de sa mère. C’est alors
qu’apparaît une sculpturale jeune femme le laissant bouche
bée. Rapidement Alex se révèle être une
femme un peu particulière qui ne manque pas de caractère.
Quoiqu’il en soit, tout le monde prend place à bord du bateau
d’Alex pour un voyage peu ordinaire au milieu de singes qu’elle
élève. Des singes qu’elle semble bien plus
apprécier que les humains au grand dam de Kurdy qui n’est pas
insensible aux charmes de la belle. Cependant rien ne laissait
présager ce que cette « croisière » allait
leur réserver… Rien si ce n’est ce petit bout de papier
rédigé en japonais…


Lorsque
la violence n’est pas dans les rues, c’est tout naturellement
dans les sports de combats qu’elle s’exprime. Et cette fois c’est un
match de catch particulièrement violent qui inaugure le nouvel
album : The Butcher contre Tornado Cesar ! De leur coté,
Jeremiah et Kurdy attendent patiemment un bateau à aube en
compagnie d’un certain Frank qu’ils sont censés protéger.
Une fois à bord, Kurdy croise la superbe Pryscillia. Quelques
heures suffisent pour qu’ils se retrouvent ensemble dans le même
lit. Seulement Pryscillia est la femme du boss de Tornado Cesar, le
catcheur monstrueux qui, grâce à ses victoires, permet
à son patron de gagner d’avantage de terre ; car dans cette
ville, la richesse et le partage territorial passent par les matchs de
catch. Tabassé et laissé pour mort, Kurdy n’a qu’une
envie, faire la peau de ceux qui veulent l’empêcher de vivre son
idylle avec Pryscillia. Et c’est sur fond de règlement de compte
entre clans rivaux que Kurdy part soulager sa colère
bientôt rejoint par Jeremiah qui le sait bien mal engagé…
Tome
17 : Trois
motos… ou
quatre

Bref
retour à
Langton pour Jeremiah qui vient aider le compagnon de tante Martha
à reconstruire leur maison. Mais ce retour se fait sans Kurdy,
la vieille femme vouant une haine sans pareille envers celui qu’elle
considère comme le diable en personne, responsable d’avoir
dévoyé son cher neveu. Et la vieille femme n’a pas tout
à fait tord. Pour preuve, alors qu’il est tranquillement assis
dans un bar, il parvient à se mettre à dos un client un
dénommé Montana qui n’a pas l’intention d’oublier
l’affront que Kurdy lui a fait. Obligé donc de quitter la ville,
Kurdy et Jermiah attendent la nuit pour tenter de
récupérer Esra et ses bagages restés dans une
écurie à proximité du bar. Mais l’affaire n’est
pas simple et ils rencontrent une opposition musclée qu’ils
parviennent tout de même à vaincre. Soudain au coin d’une
rue sombre, Kurdy surprend un homme qui, effrayé, promet de
rendre « l’argent » ! L’effet de surprise passé,
Kurdy ordonne à l’homme de se retourner et découvre…
Stonebridge qu’il comprend être poursuivi par quelques
malfaisants. Rapidement Stonebridge négocie la protection de
Kurdy moyennant finance. En fait il s’avère qu’il est
recherché par une bande de motards désireuse de
récupérer une importante somme d’argent que Stonebridge a
du cacher en lieu sûr. Mais Martha voyant d’un mauvais œil la
présence de Kurdy le dénonce auprès de Montana. Il
devra affronter à la fois la horde de motards en furie et le
désir de vengeance de Montana…


C’est
une
bien
curieuse douche que prend Kurdy ce matin là. Alors qu’il
s’affaire à sa toilette sous l’eau d’une cascade, ce n’est ni
plus ni moins qu’un cadavre qui lui tombe dessus ! Et pas n’importe
quel cadavre celui d’un milicien. Alors que Kurdy et Jeremiah
s’apprêtent à donner au corps une sépulture
improvisée ils sont arrêtés par la milice qui les
soupçonne d’avoir abattu leur compagnon. Conduits en cellule, un
char d’assaut explose soudain les murs de la prison. Jer’ et Kurdy en
profitent pour se faire la belle. Poursuivis dans les montagnes
environnantes ils sont sauvés par une armée d’hommes
habillés en soldats romains ! Là, ils sont conduits dans
une véritable cité romaine dirigée par Ceasar, un
tyran mégalomane, où pour rester maître de leur
faits et gestes, ils acceptent d’être intégrés dans
sa puissante armé. C’est alors qu’ils découvrent que Ron
Ogilvy, compagnon d’arme du milicien abattu, est prisonnier de la
nouvelle Rome où il n’est, ni plus ni moins, qu’un esclave
travaillant dans un camp de travail. Délivrer Ron, permettrait
de démontrer leur innocence aux yeux des miliciens. Et c’est
entre deux crucifixions et quelques travaux d’intérêts
généraux qu’ils préparent leur évasion.
Mais les centurions et leurs blindés veillent…


Un
convoi
motorisé transporte une mystérieuse « marchandise
» vers la ville. La « chose » n’inspire guère
Lewis le chauffeur du tracteur qui conduit l’engin porteur. Jeremiah et
Kurdy suivent une piste qui se termine brusquement. Esra semble
énervée. Une odeur pestilentielle se fait sentir.
Jeremiah veut en avoir le cœur net et tombe sur un spectacle des plus
inattendus ! Il découvre un engin métallique
carbonisé d’où s’échappe un bourdonnement infernal
et autour duquel gisent des corps humanoïdes
méconnaissables. Pendant plusieurs heures il restera
hébété, comme hypnotisé ! Arrivé
à la ville, Jeremiah toujours en quête de Léna se
rend au poste de police pour récolter quelques renseignements
quant à la possible présence de Léna dans la
ville. La réponse est négative, mais les hommes de lois
sont bien plus intéressés par son récit concernant
l’engin découvert. De fait ils décident de se rendre avec
lui sur les lieux de sa découverte. Mais tout a disparu. En
ville, les gardiens du mystérieux chargement meurent dans
d’horribles conditions pendant que toute la population souffre
d’étranges malaises. De son coté Kurky se languit seul
dans un bar. C’est alors que contre toute attente une femme lui tend un
briquet. Ce n’est autre que Léna Toshiba embauchée comme
barmaid aguicheuse.


Une
petite cabane au milieu de nulle part. A l’intérieur, une homme
s’offre un peu de bon temps avec une prostituée. Soudain arrive
un bien curieux convois constitué de blindés
motorisés et d’éléphants en cuirasse ! A sa
tête, Pamela une femme qui n’a aucun scrupule à tuer ses
congénères. Pris dans une tempête de sable,
Jeremiah et Kurdy croisent la route d’Angus Greenspoon, un vendeur de
bible dont le camion est tombé en panne. Ensemble ils font route
vers la ville minière de Sears & Como où ils
retrouvent par hasard Julius et Roméa. Julius leur apprend quel
secret renferme la mine récemment réouverte. Un secret
convoité par bien du monde, comme le dirigeant de la mine
Monsieur Meredith, Angus Greenspoon le vendeur de bible ou
l’impressionnant gang de mercenaires. Entre sexe, violence et
confusion, nos deux compères vont se retrouver au cœur d’une
histoire riche en évènements et rebondissements.
Tome
21 : le cousin
Linford

C’est
avec un bien curieux personnage que débute cette nouvelle
histoire. Rejeté par une vague, le « hamster »
présente des lobs d’oreilles démesurés, de grands
yeux dénués de cil ainsi qu’une sorte de crête sur
le crâne, à la manière d’un poulet ! Un peu plus
loin Kurdy et Jeremiah, qui désormais se déplacent
à moto, Esra la mule de Kurdy étant à bout de
souffle, surprennent deux individus en plein enterrement clandestin.
C’est à nouveau Stonebridge qui fait des siennes ! Un
Stonebridge en pleine forme qui fait passer à Kurdy un bien
mauvais moment sous les yeux de la police locale étonnamment
passive. Suite à cet incident dont Kurdy sort très
affaibli, les deux amis trouvent refuge auprès d’un vielle femme
qui partage sa modeste masure avec Lindford, l’homme rejeté sur
le sable, sosie conforme de celui mis en terre par Stonebridge ! Ils
comprennent alors que Stonebridge est lié à une sombre
histoire de manipulations génétiques et de clonage
humain. Et bien qu’ils ne soient que spectateurs de toute cette
affaire, ils n’en auront pas moins leur dose d’adrénaline et
d’action.

Tome
22 : Le
fusil dans l'eau

C’est
au cœur d’un complexe industriel délabré que Jeremiah et
Kurdy, cherchant à échapper à un groupe de motards
alcoolisés, rencontrent Jason tombé au fond d’une
citerne. En remerciement de leur aide, Jason les invite à
trouver refuge chez lui quelque part dans un bayou paumé. Si
l’accueil de Marge, la mère, est des plus chaleureux, les autres
membres semblent moins ravis. Il faut dire que c’est dans une famille
particulièrement perturbée qu’ils viennent d’atterrir !
Entre une mère nymphomane à souhait et son suspicieux
quatrième mari Less, les taciturnes frères Tod, Willie et
Shank, la petite Lizzy et la jolie belle fille Angela, Hermann
présente une photo de famille, au bord de l’implosion,
minée par un secret bien gardé. Et manifestement les
visiteurs ne sont pas réellement les bienvenus au milieu de ce
linge sale où chacun tente de tirer la couverture à soi.
Alors Jeremiah et Kurdy vont tenter de slalomer dans ce huis clos
particulièrement sordide où les cruautés et les
bassesses s’unissent en un règlement de comptes familiale et
sanguinaire.

Tome
23 : Qui est Renard
Bleu
?

Une
femme erre dans un claque à la recherche de son mari. A
l’extérieur Jeremiah et Kurdy achèvent un convoyage pour
lequel ils ne recevront qu’une petite partie de la paye
annoncée. Alors que Kurdy se remet difficilement d’une bagarre
de rue, Jeremiah part en quête d’un nouveau job. Là il
rencontre Gazoleen une hôtesse très entreprenante qui
s’avère être un agent fédéral
infiltré dans un réseau de prostitution et de
pédophilie. Susceptibles d’être accusés de
complicité pour avoir convoyé de jeunes mineurs
destinés à l’esclavage sexuel, Jeremiah et Kurdy se
voient obligés de coopérer avec les agents
fédéraux afin de mettre fin à ce trafic odieux.
Mais comme à l’accoutumé tout n’est pas si clair et
Jeremiah se trouve plongé au cœur d’un monde ignoble où
se côtoient politiciens corrompus, proxénètes
patrons de casinos et autres mentors de sectes louches avec en toile de
fond l’ombre d’un tueur de jeunes femmes particulièrement
abject. Pour une fois Jeremiah se révèle
particulièrement violent et expéditif, reprenant à
son compte le rôle tenu par Kurdy qui, cette fois, se trouve
fortement diminué tant physiquement que moralement.
Manifestement, cette histoire de pédophilie a
réveillé en lui un passé très
délicat…

Tome
24 : Le
dernier diamant

Langton,
une fois de plus. Et une fois de plus c’est Stonebridge qui
inaugure les premières planches du nouvel album. Un Stonebridge
toujours à l’affût d’un mauvais coup mais, cette fois-ci,
deux hommes l’ont devancé. Il se retrouve alors simple
spectateur d’une scène de crime où une vieille femme se
fait étrangler avant d’être dépouillée de 4
diamants. Les soupçons de l’inspecteur Glenn, un flic
torturé par sa conscience, se portent immédiatement sur
son propre frère Jef dont il retrouve sur place une
chaînette offerte quelques années avant. Alors que
Jeremiah rend visite à Matha, Kurdy retrouve Esra avant de
prendre Stone-B en filature le soupçonnant de mauvaises
intentions dont il pourrait tirer quelques dividendes. Violetta la
femme de Gleen, une jeune mexicaine victime de railleries
xénophobes, pressentant de futurs ennuis, demande à
Jeremiah de veiller sur son mari. Malheureusement rien
n’empêchera la tragédie particulièrement abjecte
qui se profile. Alors que le calvaire infligé à un
Stone-B complètement ridiculisé par un Kurdy plus mesquin
que jamais est d’une drôlerie sans pareille, cette histoire nous
plonge au cœur d’un roman noir, un polar psychologique, subtil
mélange de drame et de comédie.

Tome
25 : Et si un
jour, la
terre...

Mauvaise
passe pour Jeremiah et Kurdy… Il y a des jours comme ça
où rien ne va et nos deux complices, au milieu d’une forêt
hostile envahie d’inquiétantes lueurs flamboyantes où le
vent susurre de bien curieux murmures, se retrouvent face à un
pont détruit en panne de carburant. Leur « salut »
ils le doivent à un groupe de 5 personnes qui négocient
l’aide des deux amis contre quelques litres d’essence. N’ayant
guère le choix, ils acceptent le deal et se joignent à la
petite troupe poursuivie par une bande de tueurs dont ils ne savent
rien. Petit à petit ils découvrent que tout n’est pas
rose entre les membres de l’équipe, des tensions se font sentir.
Et l’étrange présence de la mystérieuse et
inaccessible Agatha ne fait qu’ajouter de l’épaisseur à
l’atmosphère pesante ponctuée de macabres surprises. Et
autour de ce sinistre road-movie plane la main vengeresse d’un
fantôme du passé revenu de l’enfer… La terre aura le
dernier mot… "Écoute homme,
écoute la
terre... Entends-la gémir sous tes coups... Homme cupide, homme
stupide... Cette terre... Elle ne t'aime plus."
Tome
26 : Un
port dans l'ombre

La
noirceur
glauque des premières pages du dernier opus tranche radicalement
avec les images estivales suivantes où Jeremiah et Kurdy
s’octroient un moment de détente. Un moment rare qui sera de
courte durée. Alors que nu, Kurdy savoure les caresses du
soleil, il entend le cri de détresse d’une femme en train de se
noyer. N’écoutant que son courage il plonge aussitôt et la
ramène au rivage. Elle, c’est Milova. Une jeune fille,
effrayée à l’idée de retourner auprès des
siens où elle sera forcément punie par Jason, un
prêcheur qui maintient le village dans un mode de vie digne du
18ème siècle, et où elle sera battue par son
frère Ruben. Malgré ses craintes, Jeremiah et Kurdy la
reconduisent chez elle, un village coupé du monde où la
bible est la seule lecture autorisée. Leur arrivée est
plutôt mal venue et leurs armes font des envieux. Au milieu de ce
monde de totalitarisme où la liberté de penser est
bannie, où l’expression de soi est une faute, les envies de
révolte ne sont pas loin. Et lorsque la liberté prend le
visage de Jeremiah et Kurdy, les choses ne peuvent que s’emballer.
C’est encore avec un récit poignant, des personnages hauts en
couleur et un graphisme toujours aussi bien maîtrisé,
qu’Hermann clôt ce 26ème tome, avant le prochain
épisode qui, n’en doutons pas, saura encore nous étonner
!
©
Alain/SoSad 14/05/2006
Tome
27 : Elsie et la rue...
C'est une
nouvelle
fois à Langton que nous retrouvons nos deux acolytes et plus
précisément chez l'acariâtre tante Martha. Une
Martha toujours aussi prévenante envers Jérémiah
et toujours aussi peu aimable avec Kurdy, d'autant plus que ce dernier
n'est pas insensible aux charmes de la jeune et innocente Milova qui a
trouvé, chez la vieille femme, un havre de paix
inespéré après des années passées
recluse au sein d'une secte (voir Un port dans l'ombre). Alors que
Kurdy s'en va conter fleurette dans les bars de Langton,
Jérémiah s'adonne au bricolage avec Woody, le compagnon
de Martha. Mais alors qu'il part en ville faire quelques achats, il
emmène Milova qui, candide et attirée par les vitrines
luxueuses qu'elle découvre alors, vole un bracelet dans une
échoppe. Mise en fuite par le boutiquier elle s'égare et
fait la rencontre de Elsie, une voleuse jusqu'alors à la solde
d'un chef de bande, Blitz, et la sort de ce mauvais pas. Cette
dernière met tout en oeuvre pour entraîner Milova dans un
projet de braquage allant jusqu'à séduire Kurdy qui n'y
voit que du feu. Bien plus spectateurs qu'acteurs, les deux
compères verront leur protégée s'émanciper
au coté d'Elsie et n'auront juste qu'à intervenir pour
tirer les deux femmes d'un mauvais pas. Loin des atmosphères
habituellement glauques et sordides ce 27ème album ne manque pas
moins d'action et personnages hauts en couleur. Hermann, une fois de
plus, fait preuve d'un graphisme exceptionnel, faute d'un
scénario en béton même si l'humour et la
causticité sont toujours au rendez-vous. Un album de transition
qui se lit d'une traite malgré une intrigue moins aboutie
qu'à l'accoutumée.
Tome
28 : Esra va très bien
« Esra va très bien » !
Voilà qui en rassurer plus d’un ! Esra ? Pour ceux qui
l’auraient oublié, Esra est la mule de Kurdy mise en retraite
depuis « le cousin Linford » et, présentement, titre
du nouvel épisode de la série. Et c’est par le biais
d’une simple lettre signée « Esra » que Kurdy prend
connaissance de l’état de sa chère mule ! Cette lettre
est accompagnée d’une photo… de la croupe d’Esra ! Sans doute
une façon de dire à son maître « cause
à mon c.. » ! C’est par ce clin d’œil humoristique que
débute la nouvelle aventure de notre duo de choc qui se
déroule à Correos, une municipalité sous tension
depuis que 9 têtes coupées ont été
découvertes en ville. De fait, les autorités locales
mettent en garde-à-vue tous les étrangers de passage.
C’est ainsi que Jeremiah et Kurdy se retrouvent momentanément en
cellule, ce qu’ils acceptent forcément très mal. Ils ne
tardent pas à le faire savoir, de façon assez violente,
à deux des hommes de main du maire, lequel s’inquiète par
ailleurs de sa future réélection. Relâchés,
les deux compères quittent Correos avec à leurs trousses
les deux miliciens décidés de se venger de l’affront
reçu la veille. S’en suit un schéma de course poursuite
classique assez banale bien que sans pitié avec ses
rebondissements habituels. Mais comme bien souvent chez Hermann,
l’histoire se passe ailleurs. Quatre petits vieux dans leur masure
vivent terrorisés rongés par le remord et la
culpabilité. Manifestement ces scientifiques à la
retraites auraient quelques implications dans les décapitations
de ces derniers mois. Si le fil conducteur de ce nouvel opus est assez
maigre, si l’implication des deux héros n’y est qu’anecdotique,
ce récit est un des plus des plus énigmatiques qu’Hermann
ait imaginé. Qui sont des petits vieux ? Qui est cet arracheur
de tête mi-homme mi-monstre qu’on ne fait qu’entre-apercevoir ?
Quelles sont ses motivations ? Qu’ont bien pu faire ses victimes par le
passé pour subir pareil sort ? Quel rôle ont ces corbeaux
tout droit sortis de chez Hitchcock qui planent sur tout le
récit ? Pourquoi ces nouvelles improbables d’Esra ? Et enfin,
pourquoi ce titre alors qu’Esra est totalement absente de cette
histoire ? Hermann joue avec nos nerfs, trace des fausses pistes pour
mieux nous embrouiller dans ce monde post-cataclysmique où
se croisent toujours et encore des personnages troublent aux gueules
toujours aussi marquantes et marquées que le dessin
réaliste d’Hermann réalisé en couleurs directes
retranscrit à merveille. Sans doute pas le meilleur de la
série, « Esra va très bien » n’en demeure pas
moins un bon moment de bandes dessinées.
©
Alain/SoSad 29/02/2008 16h00
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