Grandeur et tragédie d'une décadence annoncée



Rien, en cette année 1975, ne laissait présager le tournant important qui allait s'opérer. Rien. Bon, oui, bien sûr, il s'est passé beaucoup de chose cette année là et pas des moindres ! La promulgation de la loi Veil autorisant l'I.V.G… La mort, à l'âge de 87 ans, de l'ancien chef de la Chine nationaliste : Tchang Kaï-Chek. Celle du général Franco, à 83 ans ou encore le décès de Joséphine Baker… Voire même le drame national que fut le suicide de Mike Brandt ! Mais 1975, c’est aussi l'année du Prix Nobel de la paix, décerné au physicien nucléaire Andrei Sakharov, père de la bombe H soviétique et dissident bien connu, du prix Goncourt à Émile Ajar, de la première d'Apostrophe, du démantèlement de l'ORTF, de l'Oscar du meilleur film pour le Parrain II de Francis Ford Coppola et d'un cru exceptionnel pour les bordeaux et les champagnes. Rien que ça ! En revanche pour le bourgogne, 1975 est une catastrophe ! Mais personne n'avait vu venir l'événement majeur qui allait tout chambouler.

En fait, il faut remonter à 1972 pour mieux comprendre la genèse de ce qui marquera la fin des années 70 et qui aura des répercussions jusqu'à nos jours. En 1972 donc, le batteur Paul Cook et le chanteur Steve Jones décide de créer le groupe "The Strand", nom emprunté au titre de Roxy Music,"Do the Strand". Ils s'adjoignent alors un guitariste, Wally Nightingale ainsi qu’un bassiste, Del Noone croisé au « Let It Rock » le magasin de Vivienne Westwood et Malcolm McLaren à King’s Road. Un magasin de mode branché où se côtoient, entre autres, Iggy Pop, Alice Cooper ou Ringo Starr !. Rebaptisé The Swanker, le groupe donnera son premier concert en 1974 et enregistra un album « Crunchy Frog ». Mais Del Noone quitte le groupe et les Swanker se mettent en quête d’un bassiste. C’est Malcolm McLaren qui présentera à Steve Jones un de ses employés, Glen Mattlock. Les Swanker se contentent alors de jouer des reprises, notamment des Stones, des Beatles ou des Small Faces, mais McLaren, qui commence à s’intéresser au groupe, les pousses à l’écriture. Sans grand succès. Il les convainc même à congédier Wally Nightingale. Dès lors, Jones devient guitariste… Seulement il leur manque un chanteur, Jones qui avait repris ce rôle n’est pas du tout à la hauteur. Tandis que McLaren part pour New York tenter de relancer la carrière des New York Dolls, les Swanker auditionnent divers chanteurs. En vain. De retour des states, McLaren retrouve sa boutique qu’il renomme « Sex » et décide de prendre l’avenir du groupe en mains. C’est alors qu’il repère dans sa boutique un type au cheveux verts arborant un t-shirt sur lequel était inscrit « I Hate Pink Floyd ». Il s’agit d’un certain John Lydon. Lydon est un personnage arrogant, dédaigneux et agressif mais qui possède un certain charisme. Il est issu des quartiers pauvres de Londres où vivent les Jamaïcains et les Irlandais. Victime d’une méningite durant son enfance, il en gardera certaines séquelles comme ce regard si particulier. Insoumis, il est en perpétuelle rébellion contre toute forme d’autorité et se fera renvoyer régulièrement des écoles qu’il fréquente. Néanmoins il y rencontrera les dénommés John « Wobble » Wardle et John Simon Ritchie, un adolescent perturbé, tout aussi agressif que son camarade en plus d’être adepte de l’automutilation. Tous deux écument les clubs de gays, non pas qu’ils soient homosexuels, mais les gays ont la réputation d’être à la pointe de la mode et propose toujours ce qui se fait de mieux en terme de musique. A cette époque Lydon écoute surtout Bowie, T.Rex, du reggae et voue une grande passion pour Miles Davis ! Lydon passe donc une audition mais sa reprise de Eigthteen d’Alice Cooper s’avère plutôt catastrophique. Lydon hurle tout du long et se fait de suite détester par Jones, Cook et Mattlock ! Mais malgré leurs réticences, McLaren, autoproclamé manager du groupe, fait le forcing et impose Lydon au reste des membres. Il en profite également pour changer une nouvelle fois le nom du groupe. Dorénavant ils seront les « Sex Pistols » !  L’histoire est alors en marche.

Avec l’arrivée de John Lydon, les choses évoluent rapidement. Déjà il écrit les premiers textes originaux et notamment le célèbre God Save The Queen. Jones en signe la musique. Cependant les paroles écrites par Lydon ne sont pas du tout du goût de Mattlock qui refuse de jouer le morceau. Quoi qu’il en soit les Sex Pistols donnent leur premier concert en novembre 75, suivi d’une dizaine d’autres en décembre. Mais en pleine période baba cool, leur musique agressive dérange et l’attitude de Lydon, que Jones a renommé Johnny Rotten à cause de sa dentition en bien piteux état, n’est pas des plus courtoise. Sur scène il insulte le public, lui crache dessus ! Les bagarres sont systématiques et le groupe commence à se faire une réputation certaine. Bien qu’une grande part du public les déteste, il se forme un noyau de fidèles, fasciné par l’énergie du groupe. Les rangs de leurs fans comptent déjà d’autres futurs acteurs de ce qu’on appellera le mouvement Punk, comme Joe Strummer qui ira fonder les Clash, Chrissie Hynde bientôt leader des Pretenders ou encore Steve Severin et Siouxsie Sioux qui deviendront Siouxie And The Banshees. Et parmi tous ceux qui suivent les Sex Pistols, il en est un qui, bien malgré lui, deviendra une légende, un mythe comme l’histoire du rock a su en créer. Celui qui, pour l’instant, reste dans l’ombre n’est autre John Simon Ritchie, l’ami de Johnny Rotten que ce dernier a surnommé Sid Vicious. Sid fait partie de ces figures emblématiques, si ce n’est la figure emblématique du Punk. Né à Londres il grandira néanmoins à Ibiza où sa mère divorcée survivra, tant bien que mal, en revendant de l’herbe avant de revenir à Londres en 1965. Mais sa mère sombre dans la drogue et Sid se retrouve livré à lui même. Sans repère, il se révèlera un adolescent déséquilibré, imprévisible et violent qui deviendra rapidement accro à l’héroïne.


En cette année 75, l’économie anglaise est au plus mal. Le système économique et social est à l’apogée de son déclin ! La jeunesse désœuvrée erre dans les quartiers les plus déshérités et le monde politique n’offre aucune issue à ces jeunes en mal de devenir. L’atmosphère est à la morosité, à la consternation. Le mot futur n’évoque rien, tant l’horizon semble bouché. « No future » ! La violence latente s’exprime dans les nombreux concerts qui sont programmés ça et là dans des clubs obscurs. Malcolm McLaren l’a bien compris et en manipulateur « génial », se dit qu’il y a là matière à se faire de l’argent. Son idée est simple. L’époque est au plus mal et il est temps qu’un groupe personnalise ce mal-être. Ce sera les Sex Pistols. Il va mettre alors tout en œuvre pour médiatiser ses poulains, jouant de la provocation et du scandale, un jeu dans lequel se jettera tête baissée celui qui deviendra la figure de proue du groupe, Johnny Rotten. La notoriété du groupe va grandissante, transformant leurs concerts en véritables émeutes de rue et c’est tout naturellement qu’une maison de disque, EMI, sent la bonne affaire et signe le groupe. En novembre 76 sort le premier single «Anarchie in the UK ».

"I am an anti-christ
I am an anarchist
Don't know what I want
But I know how to get it
I wanna destroy the passerby
 
Cause I wanna be anarchy
No dogs body"

Le texte, signé Rotten, devient rapidement un hymne pour tous les jeunes en mal de vivre qui voient dans les Sex Pistols, la personnalisation de leur profond malaise. Voilà enfin qu’ils trouvent des porte-paroles qui parlent le même langage qu’eux, qui dégagent la même violence, le même désespoir. Le texte choque et ne passe pas inaperçu. Le premier décembre, les Sex Pistols passent pour la première fois à la télé, dans l’émission de Bill Grundy, un show en prime time très suivi. Rapidement Grundy se laisse submergé par les invectives et les insultes des membres du groupe et l’émission dégénère. Grundy se fait traité « d’enculé » en direct et se fait même cracher dessus ! Le public est outré et McLaren ravi ! Dès le lendemain, la prestation explosive des Pistols fait la première des journaux, et du même coup offre une publicité inespérée et bien involontaire au groupe qui n’en espérait pas tant. En réaction, la BBC ne programme plus les Sex Pistols dès décembre 1976. De même, seuls les magasins de disques indépendants commercialisent encore leur single. S’en suit une tournée « L’Anarchy Tour » avec son lot de scandales et de violence. Mais un grand nombre de concerts est annulé, la censure et les autorités locales n’appréciant pas du tout la venue de tels agitateurs dans leurs villes. EMI décide alors de faire tourner le groupe aux Pays Bas, histoire de calmer les esprits. De retour au Royaume Uni début 1977 à l'aéroport de Heathrow, le groupe insulte copieusement les badauds, leur crache et leur vomit même dessus ! S'en est trop pour EMI qui, préférant arrêter les frais, se sépare du groupe le 8 janvier 77. L'ambiance entre les membres n'est pas des meilleures, Glen Mattlock n'appréciant que moyennement les frasques de ses camarades. De plus ses aspirations musicales sont radicalement différentes de l'orientation qu'a prise le groupe et il ne peut imposer ses mélodies. Le 28 février 77, McLaren prend la décision d'évincer Mattlock prétextant son goût prononcé pour Paul McCartney ! L'idée de McLaren est de le remplacer par quelqu'un qui serait plus en adéquation avec l'idéologie destructrice qu'il veut donner au groupe. C'est donc tout naturellement qu'il fait appel à celui qui, à ses yeux, et bientôt aux yeux de tous, incarne parfaitement cette image chaotique. Et ce bassiste providentiel n'est autre que… Sid Vicious ! "Bassiste" est pourtant beaucoup dire, Sid ne sait absolument pas jouer de la basse ! Mais qu'importe. Seul compte sa personnalité. Et les faits donnent raison à McLaren ! Le succès du groupe va grandissant, l'association Rotten/Vicious fonctionnant à merveille, tout du moins sur le plan de la provocation et de la violence. Le 10 mars, le groupe signe un contrat avec A&M qui sera fêté, comme il se doit, dans une débauche d'alcool, de drogue et de bagarre. Mais six jours à peine après la signature, Sid, plus ingérable que jamais, saccage le bureau du directeur d'A&M ! Le contrat est immédiatement dénoncé. ça sera finalement Virgin qui récupèrera le groupe, à la grande stupéfaction de tous, Virgin ayant surtout construit sa notoriété en produisant de la musique pour baba cool à cheveux longs ! Alors un groupe Punk, ça frisait le crime de lèse-majesté ! Mais Richard Branson, le patron de Virgin, étant avant tout un homme d'affaire avisé, avait flairé le bon filon en signant ces quatre énergumènes. Et le single "God save the Queen", où le groupe exprime sans ambiguïté sa haine envers la monarchie, qui sort le 27 mai 1977, soit exactement le jour de mes 13 ans, lui donnera raison. Le 7 juin, alors que la reine fête ses 25 ans de règne, le groupe donne un concert improvisé sur la Tamise à bord d'un bateau. Et c'est au son de "God Save The Queen" et "Anarchy In The UK" qu'une cohorte de punks vient perturber les agapes royales. Les bobbies interviendront sans ménagement et interpelleront le groupe et leurs fans. Pendant ce temps "God Save The Queen" se classe numéro 2 des charts et exaspère les royalistes les plus convaincus qui s'en prennent physiquement à Rotten le 13 juin. Le 20, c'est au tour de Paul Cook d'être agressé. Le groupe réplique en tabassant un journaliste. Cependant, 3 jours après, les Sex Pistols reçoivent une récompense pour avoir vendu 250 000 exemplaires de "God Save The Queen" ! Et le succès s’amplifie encore. Dès sa sortie le 14 juillet, leur nouveau single "Pretty Vacant" est directement propulsé n°7 des charts, du jamais vu à l’époque.

C’est avec 6 jours d’avance qu’arrive enfin dans les bacs le 28 octobre "Nevermind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols" (Rien à branler, voilà les Sex Pistols), le seul et unique album des Pistols. Là encore les ventes s’envolent. Malgré un boycott des disquaires classiques, l’album n’étant disponible que chez certains petits revendeurs, "Nevermind The Bollocks" atteint la première place du top ten. Aux premières 50.000 copies, qui ne contenaient que 11 titres plus un single bonus gratuit «Submission », suivra une seconde édition, incluant «Submission » comme le douzième titre, qui atteindra rapidement 125.000 copies, sans aucune publicité officielle ! Entre polémiques et controverses, le disque fera énormément parler de lui, plus par son coté irrévérencieux que par sa qualité musicale d’ailleurs. Enregistré entre mars et août 1977, l’histoire de cet album reste nébuleux. Selon les sources et selon les membres même du groupe les versions divergent. Si la majorité des titres sont signés Rotten/Jones/Cook/Mattlock, la présence de ce dernier reste hypothétique. En revanche, concernant la participation de Sid Vicious, aucun doute possible. Le junkie n’a jamais été capable de tenir la basse ! Soit disant atteint d’une jaunisse, il s’est avéré qu’il était bien plus qu’un mauvais musicien. Il était simplement complètement nul, ingérable et imprévisible ! De fait, si certains passages effectivement joués par Sid ont tenté d’être insérés dans quelques titres, la basse a simplement été remplacée par des overdubs (des effets techniques, pour simplifier) mais surtout par une habile solution qui consistait à rejouer à la guitare chaque morceau une octave plus bas. De fait le son de l’album possède une couleur toute particulière. Et concernant les parties de guitares justement, si Steve Jones en revendique l’entière paternité, le guitariste Chris Spedding, qui a enregistré l’album, aurait assuré une grande partie des guitares. Quoiqu’il en soit, l’album est un choc et marquera l’histoire du rock. En plus des titres déjà parus en 45 tours, on découvre de nouveaux morceaux comme "No Feeling", "Liar", "Bodies", "Problems" ou encore le provocateur "E.M.I" où Rotten règle ses comptes avec son ancienne maison de disque. Les titres sont simples, efficaces, gorgés d’énergie, de rage et de haine. Un disque 100% rock’n’roll qui fait mouche.
 
Mais cette notoriété ne calme en rien les extravagances du groupe. Bien au contraire. Et la présence de Sid Vicious ne fait qu’accentuer l’image destructrice que véhicule le groupe. En plus d’être arrêté pour port d’arme, il explose régulièrement sa basse sur les photographes lors de concerts. Défoncé, il tentera même de se jeter par une fenêtre fin novembre 77. Heureusement sa petite amie, Nancy Spungen, arrive in extremis pour l’en empêcher. Il la rouera de coup en guise de remerciements avant que la police ne les arrête pour détention de drogues. De son coté, Rotten continue aussi ses errements provocateurs en crachant régulièrement sur le public ou même en balançant des briques sur les voitures qui passent sous les fenêtres de son appartement ! Manifestement le mot « limite » ne faisait pas partie du vocabulaire de ces quatre perturbateurs. Leur réputation les précédant, il devient de plus en plus difficile pour le groupe de trouver des salles de concert qui acceptent de les recevoir. Ils iront jusqu’à se produire sous de faux noms pour éviter que leurs concerts soient annulés ! La pression contre les Pistols devenant trop lourde, McLaren imagine une tournée américaine. Après un dernier concert en Angleterre à Huddersfield le jour de Noël 77, le groupe, au grand complet, part pour une tournée de 8 dates aux Etats Unis. Le premier concert sera donné le 5 janvier 78, mais le public ne suit pas. Les Pistols rencontre une hostilité sans pareille ! De plus, leurs prestations scéniques sont déplorables. Vicious constamment au bord de l’overdose n’est plus qu’un pantin qui finit quasiment chaque concert le visage en sang. Quant à son jeu de basse, il semblerait que ce soit Chris Spedding, caché en coulisses, qui en assurait les parties, Sid ne faisant qu’un stupide play-back sur sa basse débranchée ! Il fera d’ailleurs une véritable overdose le 16 janvier. Heureusement Rotten lui viendra en aide. Cependant rien ne va plus au sein du groupe. Lors du dernier concert, à San Francisco, Rotten lance au public "Avez-vous déjà eu le sentiment de vous être fait avoir ?" Le 18 janvier 1978 Rotten annonce son départ et la dissolution du groupe ! Le lendemain Sid fait une nouvelle overdose. L’avenir musical des Pistols, pourtant prometteur, bât sérieusement de l’aile. De leur coté, Cook, Jones et McLaren partent pour Rio à la rencontre de Ronnie Biggs, l’auteur du casse du siècle ! Parallèlement McLaren entreprend la réalisation du film « The Great Rock‘n’Roll Swinddle » (La grande escroquerie du Rock’n’Roll ) censé raconter l’histoire du groupe. Un titre on ne peut plus clair. A cette occasion Vicious enregistre une version explosive de «My Way». Cook et Jones, enregistreront un ultime single « Silly think », mais l’esprit punk n’est plus là. On les retrouvera tous deux néanmoins sur le titre  "I Love Rock N Roll" de Joan Jett. La compilation "Kiss This" en 1992 sera l'occasion de redécouvrir certains titres uniquement sortis en single.
 
Dorénavant installé à New York, Sid Vicious n’en a pourtant pas fini de faire la une de l’actualité. Le 12 octobre 78 au matin, il trouve sa compagne Nancy gisant ensanglantée sur le sol de leur chambre d’hôtel du mythique Chelsea Hotel. Il sera arrêté et mis en examen pour meurtre. La relation entre Sid et Nancy a toujours été mouvementée. Une passion d’ados perdus et désœuvrés, incapables de gérer la notoriété étouffante et l’argent facile. Une passion faite de drogue, de masochisme, d'autodestruction. McLaren payera une caution de 50.000 dollars pour libérer Sid. La mort de Nancy ne sera jamais élucidée. Sid fera une ultime tentative de suicide le 22 octobre. Pendant ce temps, Rotten, redevenu John Lydon, propose un album avec son nouveau groupe Public Image Limited (P.I.L pour les intimes). Il retrouve pour l’occasion son ami John « Wobble » Wardle plus connu sous le nom de Jah Wobble. Bien que radicalement différent des Sex Pistols, PIL connaîtra un certain succès notamment avec son hit « This is not a love Song ». Le 2 février 1979 une dépêche tombe dans les rédactions. Sid Vicioux, bassiste des Sex Pistols et figure emblématique du monde Punk vient de mourir d’overdose. Il n’avait que 21 ans.
 
L’histoire des Sex Pistols appartient désormais à la légende du rock et Sid a rejoint ces personnages controversés et excessifs que le rock a engendrés. Alors que les hippies s’embourgeoisaient et que leurs groupes fétiches bien ancrés dans le star système emplissaient des stades immenses en proposant une musique convenue et sans émotion, les Pistols vont foutre un immense coup de pied dans la fourmilière, déstabilisant un Royaume Uni en pleine morosité. De part leurs textes engagés, leurs attitudes volontairement provocantes, ils ont révolutionné en quelques mois seulement, l’idée qu’on se faisait de la musique. En panne d’idoles et de maîtres à penser, les grands provocateurs étant tous morts (Hendrix, Morrisson) les kids ont trouvé en ces quatre iconoclastes la personnalisation de leur haine, de leur mal-être, de leur désarroi. La culture de la rue avait enfin leurs représentants. Des représentants en qui ils se reconnaissaient, la société d’alors ne leur offrant rien de concret, seule la violence résonnait comme unique forme d’expression. Bien qu’entièrement manipulé par McLaren, le groupe a bel et bien marqué son époque. Bien sûr on les aura, souvent à juste titre, simplement considérés comme une bande de junkies orduriers, ne sachant pas jouer et leur « No future » semble bien désuet. Mais cette vision me semble un peu simpliste et réductrice. Evidemment Sid Vicious était un personnage excessif, violent et sans morale. Mais n’était-il pas en fait la victime d’un système qu’il n’avait pas appris à gérer  et pour lequel il n’était pas destiné ? Et Johnny Rotten, provocateur né, était-il aussi crétin qu’il le laissait voir ? N’a-t’il pas tout simplement profité de l’opportunité offerte par McLaren pour se faire un nom et de l’argent avant de passer à autre chose par la suite, sentant l’avenir des Pistols bouché ? L’avenir prouvera que Rotten/Lydon n’était pas qu’une marionnette entre les mains de McLaren. Quoiqu’il en soit, 30 ans après, leur énergie, leurs provocations, leurs excès en tout genre sont restés dans la mémoire collective. Et aujourd’hui encore, ces gamins demeurent l’un des groupes les plus connus au monde avec un seul et unique album. Ce n’est pas rien, surtout pour de sombres voyous grossiers et incultes !


Découvrez le clip "Anarchy in the Uk"



© Alain Dukarski 20/06/2006 23:30


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