Raymonde Verney





La diététique
(nouveau)
 
 
Ai-je le souvenir d’une table avenante ?
Certes mon repas frustrant aux attraits incisifs
Vainc mon appétence insatiable et…volatile
Feu mon désir dans un réduit ses braises attise

 J’enfourche une salade poivrée au goût édulcoré
 Le blanc de poulet reliquat de carême
 Tremblant, signe son acte de contrition
 La diététique taciturne me somme de manger

Je songe aux mets d’antan, la salade revêche
M’arrache des soupirs d’abstinence
Diète salvatrice qui calque ma faim
Sur mon visage  où la pâleur sied à l’ange

J’abdique sans rémission je réfute l’inanition
Dans le royaume des sucreries je suis dolente
Essayons ce baba, ces chocolats délicats, ma ligne
Oublieuse aborde son destin pantagruélique


 
© Raymonde Verney




Vieillesse
(nouveau)
 
 
Lorsque les aubes auront blanchi mes tempes
Argenté ma coiffe sous l’auvent du temps
Sauras –tu retrouver le dépit des mots tendres ?
Ensevelis sous une poussière aride et philtrée

Lorsque les rides sillonneront mon visage usé
Et que ma taille alourdie courbera sa mise
Sauras-tu  m’aimer dans les phases d’antan
Oublier ce corps flétri dépité par son âge ?

Lorsque le miroir aura changé de fond, lassé
Que mon image approuvera la caresse d’un cilice
Sauras-tu pardonner mon aride déchéance ?
Flatter ma réticence cueillir une rose sans ambages ?

Te plaire je désirerais, fâcher les ans taciturnes
D’un amour vieilli souffler les tièdes cendres
Quêter un baiser déposé sans aucun méandre
Que nos instants derniers soient fols et fugaces

 

© Raymonde Verney



Les arbres déguisés
(nouveau)
 
 
Perdus dans une aura de feuilles rousses
Les arbres s’inquiètent des prémices de l’automne
Comment ! Dirent d’aucuns, l’été a pavoisé
Les aubes se délassaient, les nuits se dévêtaient

Déjà l’air s’est affadi de parfums lourds annonciateurs
De pluies régicides, de vent perfide, masque menteur
Savourez, mes frères, ces instants sensoriels où l’âme
Se mue en plainte muette repliée dans une attente

Les arbres s’habillent, mordorés et inquiets
Craignons les précoces givres  matinales
Les branches déploient leur univers abyssal
Les couleurs se perdent dans une  intrigue fatale

Les feuilles dissuadent leur inconstance
Au gré de leur humeur, elles tourbillonnent
Saturées de liberté enivrées de libertinage
Elles s’abandonnent au bras volage du vent


 

© Raymonde Verney



D’automne
 
 
Se flétrissent mes pas sur des feuilles fuguées
Soir d’un été qui brade ses états
Opuscule livresque où transite l‘ambre dorée
L’automne détermine ses couleurs d’un air fat
 
S’interpellent l’absence et le futur, évasive pensée
Fugitive créance accordée à une saison permissive
Les arbres se distinguent et abrogent leur nudité
Sévères et centenaires comment osent-ils donc s’exhiber ?
 
Scrute la lune le miroir des songeuses nuées
Elle revêt  la terre d’un mystère pourpre orangé
Palette rugissante ravissement des ombres sidérées
L’air se ride d’effluves naissants et dentelés
 
S’égare ma vision des automnes pluvieux
Douceur d’une faction de temps où s’épousent les fleurs
Nature ambivalente qui habille de velours le fantôme du printemps
Saison apostrophe, je me perds sur tes feuilles froissées
 

© Raymonde Verney



L’étang des oublis


 
Au fil d’une eau stagnante j’ai vu flotter des souvenirs
Econduits et hagards, l’un d’eux accrocha mon regard
Dans cette eau verte silencieuse vivent des hommes poissons
Leur visage est oblong et leur corps est couvert d’écailles
 
Au fil d’une eau stagnante j’ai perçu des voix d’anges
Revenez demain minuit aura frôlé les ondes de sa main
Me proposa le souvenir, les roseaux déploieront leur amertume
La lune médisante, épiera postée derrière SATURNE
 
Au fil d’une eau stagnante j’ai vu des hommes poissons
Minuit s’ébroua mes pas me portèrent céans vers mon souvenir
L’étang s’inonda d’une lumière fluorescente
L’eau se fit limpide sa main humide vers elle m’attira
 
Au fil d’une eau stagnante j’ai dansé au bal des souvenirs
Les hommes poissons me virent un sourire flottait sur leurs lèvres fanées
L’un deux me fit valser sur des notes suintantes
Revenez à la cinquième saison celle qui peint les années mortes
 
 
© Raymonde Verney

 





Halloween



 
La forêt dans un silence dépeuplé
Entend des bruits diserts, la nuit décline son identité
Je suis la cellule des ombres, l’étuve des sorcières
Près de l’arbre des songes HALLOWEEN établira son antre
 
Minuit trapu apparut au bras d’une lune irascible
Il éveilla l’attente qui somnolait près d’un pin pensif
HALLOWEEN présentera ses respects au grand LCIFER
Permissif et fêtard le mentor attisera le feu de l’univers
 
Bruissement sensoriel, apparut une barque translucide
Mille et une sorcières vers l’arbre des songes s’égayèrent
On se congratulait : ma chère MEPHISTA votre tenue est d’enfer
Ce chapeau label de scorpion s’est inspiré des fourches caudines
 
HALLOWEEN Signa le pacte du néant les sorcières se dispersèrent
Vers les demeures murées dans une attente épique
Cette nuit verra les aubes travesties en crépuscules
Les matins fugaces parodier les après-midis somnolents

 
© Raymonde Verney
 



Nuit D’Halloween (poésie enfantine)

 
 
 
La nuit se peuplait d’étoiles ravissantes
Le ciel semblait réticent à cette fête magique
Il n’aimait pas halloween, pourquoi demandèrent les sorcières ?
Car trois nuits durant il serait oublié dans le grenier du ciel
 
HALLOWEEN s’avançait dans une robe verte orangée
Cette sorcière millénaire quittait ses quartiers d’hiver
Lorsque retentissait la cloche de l’univers
Le grand rassemblement des sorcières avait sonné
 
Le lieu du rendez-vous sera la forêt des spectres
Ainsi nommé parce que des fantômes habitaient
De petites maisons disséminées dans le feuillage des arbres
Des arbres qui parlaient et dansaient au clair de lune
 
Nos sorcières  furent à l’heure, les fantômes écoutaient ravis
Les chants anciens transmis par la mémoire d’HALLOWEEN
Sur le palier des ténèbres des torches éclairaient la scène
On fêta sans discontinuer on se sépara à la venue de l’aube échevelée


© Raymonde Verney





L’Ecole Des Ecrivains

 
 
On les nomme les enfants des nuages
Car ils sont nés sur le versant des aubes pâles
Leur âge incarne l’irréel, le silence des anges
Parole de lutins qui effeuille les larmes
 
Désinvoltes conteurs aux accents fluets
Intrigues où les fées hébergent les sorcières
Evasifs les songes ébauchent des contrées magiques
Là où le temps indifférent récuse hier
 
Les ombres pâlissent et les voix sont des mirages
Enfants aux yeux scellés, devins des pages blanches
Vos rêves traduisent les silence d’éternité
Sur vos fronts purs s’attardent des doigts d’anges
 
On les nomme les enfants des nuages
Ces petits narrateurs envahissent l’écriture incrédule
Leurs mots habillent des poupées, de curieux personnages
Le futur à leur porte frappera, l’encre habillera leur plume

 

© Raymonde Verney




Le sauna des dames


   
Dans une brume incandescente mes pensées s’évanouissent
Mes songes arpentent des contrés ruisselantes
Où la chaleur est l’émule de l’eau, j’habite une terre torride
Le temps a déposé son attente dans un intervalle d’oubli
 
Des sons caressent mes rêves, de bruits sourds m’éveillent
Assises en cercle,  mes amies épinglent l’avenir
Elles évoquent le passé où douleur siégeait avec labeur
J’écoute ravie ces pans d’histoire hantés de voix guerrières
 
Le café coule, fontaine bruissante dans le sauna des dames
Pauses délicieuses où l’amitié confie ses plaintes
A l’écoute attentive d’un sourire qu’enchante l’âme
Colocataire de cette fraternité je bondis dans le cercle des propos
 
Le sauna des dames bientôt posera les verrous
Nous errerons telles des saltimbanques  dans les rues désertées
L’automne ceint d’un feuillage abritera nos espérances
La clé grincera, le portail s’entrouvrira enfin sur le sauna des dames
 

© Raymonde Verney
Carnaval


   
Equinoxe de rondes, entrelacs, filles sans joie grimées
Carnaval songeur apocryphe, apôtre des menteurs
Grimace des ombres, hymnes aux accents séducteurs
Retour au paganisme, épisodes effrénées
 
Indécence des mœurs ébréchés, sonate débridée
Valsez folles dentelles, jupons aux airs tentants
Marquise aux yeux de page songez à l’intention
D’assumer le naufrage d’un galant énamouré
 
Carnavel,vieux ,sans âge, épique passion
Encercle les rives sacrées des vierges stupides
Caresse la veuve frigide, veille l’émotion
D’un amour doucereux simulacre d’inconduite
 
Luxure et ivresse, rendez-vous au bistrot éphémère
La porte évince l’ébriété des sols gisants et insomniaques
L’aube en retrait guette les figurines d’hier
Retour fiévreux ,bâillements de l’horloge asymétrique

 
© Raymonde Verney
 



Cyrilla

 
 
D’une ombre bleutée le vent s’était voilé
Au passage d’une nymphe nommée CYRILLA
Dans une ère d’oubli les siècles se sont cabrés
Usés en leur clémence par des âges lassés
 
La nymphe CYRILLA paraissait, vêtue d’une aube mousseuse
Une ondée lumineuse gravait ses pas dans le sentier dissident
Sa chevelure d’or pâli ceignait sa taille déliée
Et sa beauté effleurait les bois, en elfes déguisés
 
La nymphe sise près d’une roche escarpée aperçut la source RHEA
RHEA prenait l’apparence d’une fée à certaines heures du jour
Si elle transgressait les ordres du dieu NEBOR, maître de la forêt
Sa source se tarirait et elle se verrait  condamnée   à errer sur la roche glaciaire
 
CYRILLA  s’installa auprès de la fée, le ciel leur présenta le livre des fuites
La page grise fit comprendre les maux qui défieraient cette contrée mythique,
Des pans de glace se détacheraient de la montagne givrée
Et des hommes arbres envahiraient la forêt effarée <<vite partons>>
 
Epilogue :
RHEA et CYRILLA traversèrent les océans on perdit leur trace mais on chuchote que le vent les accompagna jusqu’aux contrées de sable et de soleil, là où le jour refuse l’accès à la nuit et où NEMESIS vit en solitaire
 
© Raymonde Verney





Gwendael

 

Dans les replis d’un intervalle GWENDAEL s’est réfugiée
Poursuivie par le comte ERWIN son château  de verre elle délaissa
GWENDAEL est la châtelaine des contrées lumineuses au nom PALLEA
Royaume des falaises gelées par le souffle du vent ACORA
Gwendael un jour consulta l’oracle      du lac gelé
Dis moi, pythie mes songes sont-ils mensongers ?
 une larme coula des yeux du lac
Non ! tes rêves visionnent un danger, un comte au nom d’ERWIN
démon régénéré
Violera les droits ancestraux des falaises gelées, tu fuiras la mise à sac
La prophétie s’accomplit la nuit des ténèbres somnolentes
Le ciel las s’était assoupi et sa vigilance démentie
Le comte maudit envahit PALLEA trahie par MORPHEE
Gwendael  fut sauvée par une nuée ardente
Le temps la protége à présent dans son palais « LES SECONDES VOILEES »
Elle chante, et sa voix trouble la conscience des étoiles
Nous nous devons de secourir cette châtelaine aux yeux opales
Un conciliabule se tint on chuchote que la lune ouvrit son portail sacré
 
A suivre….
© Raymonde Verney
   


Gwendael
(suite)
 
 

Une nuit, une étoile au nom d’ELINOR pénétra les falaises gelées
Elle avait pris la forme d’un pigeon blanc
Elle entra dans le château de verres halluciné
Le comte ERWIN oyait des chants de troubadours par les âges transités
ELINOR entendit les pleurs du château de verres « ORPHEE nous a trahis
GWENDAEL la châtelaine de PALLEA vit dans les nuées obscurcies »
Notre étoile implora la lune de faire appel aux revenants
La dame fatale rallia l’armée des fantômes en VESTONIE
La VESTONIE est une région peuplée de fantômes où la vie a ses rites suivis
Le jour proposa son aide et l’armée se mit en route vers PALLEA
Il fallait voir ces fantômes armés suivis des étoiles espiègles
Le jour, chef d’un  bataillon composé des heures arpège
Des minutes bousculées et des secondes au regard beta
Le château de verres fut éveillé aux cris «  le glas sonnera trois fois »
Les portes furent descellées par des lumières facétieuses
L’armée des revenants (ainsi nommée) surprit ERWIN dans ses draps de soie
Les falaises gelées firent un accueil astronomique à la princesse lumineuse
 
Fin

© Raymonde Verney





Les Anges Guerriers

 
 
 
D’un crépuscule flagorneur se sont lassés
Le pied  léger ils rejoignirent l’armée des revenants
Qui s’en allait guerroyer sur les montagnes gelées
Nos anges ont revêtu une tunique de soie brodée d’argent
 
Les montagnes gelées apparurent ceintes d’un brouillard fiévreux
L’armée des revenants avançait terrifiante et silencieuse
Il fallait terrasser le monstre, l’orque à l’œil terreux
Cet orque se nommait RUAL il était issu de la matrice de la terre
 
Le brouillard se fit plus dense, la lune signa d’une encre noire
Et sa plume se répandit dans les nuées incertaines
Nos anges guerriers surprirent l’orque dans un sommeil fêtard
Il avait bu et sa raison précaire s’évaporait dans son haleine
 
Horrible d’aspect, l’œil unique sur un front incurvé
Couvert de poils ! l’armée des revenants maîtrisa la brute récalcitrante
RUAL fut enchaîné à la montagne gelée pour les dix lunes suivantes
La punition fut levée par une fée éclaboussée de ses pleurs
 
© Raymonde Verney

 



La Lubellule Et L’Abeille

 
 
 
Vous ai-je conté l’histoire de la libellule et de l’abeille ?
Réparons cet oubli
Dans un été torride une libellule prenait ses aises
Elle s’égayait dans une nature translucide
Ne songeant qu’à s’amuser car l’été lui seyait à merveille
Une abeille observait ce manège d’un œil mauvais
Cette paresseuse se moque des ouvrières laborieuses
Elle en réfèrera à la doyenne des abeilles :la reine mère
Ma fille lui répondit la dame sage accepte cette erreur de la nature
Nous ne sommes pas tous égaux
La libellule a une vie fugitive toi un jour tu règneras
L’abeille bonne fille ne se fâcha plus contre la libellule
Pourtant à l’orée du soir les ragots allaient bon train
Savez vous disait le bouleau à un chêne fripé que dans la forêt des vertes
Saisons deux amoureux se rencontrent « en cachette » ?
La fée LUCIOLE abrite leur rencontre dans la cabane hantée
Le bruit se répandit dans une nature assoiffée de nouvelles
L’abeille décida  de se déguiser en fleurs
Une nuit où la lune oublieuse  de ses serments se coiffait et se parait
Afin de séduire le ciel, métamorphosée en fleur notre petite curieuse se
Planta (le mot est juste) à côté de la cabane hantée ! Elle attendit longtemps
Soudain ! La porte grinça…le bourdon et la libellule volèrent se serrant l’un contre l’autre
L’abeille en était retournée et stupéfaite elle se précipita à la ruche puis conta sa découverte à la reine mère
La sage vieille dame convoqua les deux amoureux et leur demanda de régulariser leur situation
Ainsi fut fait :la forêt des quatre saisons célébra les noces
La fée LUCIOLE offrit aux jeunes mariés une baguette magique

© Raymonde Verney







Les Brodeuses

 
 
Une main silencieuse aligne les points, croix d’un fragile tourment
Perfection itinérante qui se faufile sur l’ombre d’un tissu
Mystérieuse alchimie qui d’un art décline l’absolu
Dans un décor ouaté les brodeuses ravissent le temps
 
Assemblage de figurines, leurs doigts tissent la lumière
L’étoffe se prête au jeu d’une aiguille solitaire
Qui appréhende les dessins sinueux édités par une sphère sidérale
Vision d’un avenir aux contours brodés, dérive pastorale
 
Le regard habile ristourne d’une faute détournée
Au plus que parfait se créent les visions mythiques
Univers de couleurs où une fée venue d’un songe allégorique
Sème des pétales roses dont les paysages sont déterminés
 
L’aiguille fléchit le pas, l’étoffe en reste médusée
Il faut ourler la trame d’un décor éphémère
Des mains brodeuses, se distille le savoir de naguère
Epigraphes où le fil réalise des peintures rêvées
 
© Raymonde Verney







Plaine Hivernale


 
 
Horizon embrumés d’où s’enfuit un quatuor dépenaillé
Les ombres fragiles se terrent dans les replis des instants figés
Momies dont la mémoire saturnale abrite la loi des ancêtres
Il me souvient d’un hiver caduc où la neige filait les fenêtres
 
D’un écheveau surgi de l’invisible, image reproduite
D’un hiver moiré aux fissures givrées
Il me souvient reprit l’ombre des feux de la cheminées
Et de  cette fumée qui, libertine entreprenait le bois
 
Les aubes timorées hantaient les prés occultant leur inconduite
Les arbres affaissés effeuillaient les bois
De leurs doigts noueux ils inscrivaient le nom EERON
EERON divinité sans âge maître des flammes
 
Il me souvient ,reprit une ombre ,des chants dorés
Portés Sur un char aux notes ailées
Partition d’un hiver à la cadence épuisée
Les ombres se turent afin d’écouter la sonate du passé
 
© Raymonde Verney




Ange Déchu

 

Remontent mes angoisses à la surface du temps
je songe à autrefois, mes peurs lâchez moi!
mes faiblesses! vos larmes je les entends!
et ce linceul !non!ce n'est pas elle! m'envahisse le désarroi
 
Jadis, recoin des ombres MARIA me contait des légendes fatiguées
mon âge s'en impressionna,mon esprit s'éveilla promptement
sa patience tissa un rempart pour l'enfant sans amour, moi je l'aimais
le destin surgit ,installa sa morgue impudemment
 
Grand maman j'ai survécu touchant ton ombre
mes doigts crispés sur mes demains, je t'adorais
les souvenirs se démantèlent, crachin d'octobre
ronde des lutins, des fées aimables et ondoyantes, des sorcières hallucinées
 
MARIA cette blessure dis moi?douleur de ta tombe
je la déposerais sur ton nom, épine dont les roses ont tué l'enfant
toi si fervente prie pour ta petite païenne humblement
et retentissent les psaumes néfastes du mois d'octobre

 
© Raymonde Verney




La Maison Des Mystères

 

Farouche , le passé pose sur elle une ride éphémère
Le vent lui conte des folies les nuits de sédition
Elle se pâme sous les caresses du vieux ténébreux
Ses tempes sont grises certes scellées sous un lierre odorant 

La maison des mystères esquisse l’éternel
L’histoire l’a éduquée et sommée de se taire
Les tourments assoupis jamais ne seront divertis
Les pierres murent le silence fissuré par le temps 

Les aubes effrontées se déguisent en fées outrant la journée
Elles ceignent l’ancêtre de tulle rose et pourpre
D’un baiser elles fléchissent la hargne de la virago
Le jour se fâche "aux aurores du matin ne vous égarez point"

La maison des mystères aborde son centenaire
Au pied de son immobilité une source se volatilise
On la croyait tarie ,elle resurgit aux abords de l’été
Mystère ! son eau perlée et douce apaise l’aigreur de la terre

 

© Raymonde Verney




Le Livre

 

Ce livre je l’ai aimé sans esclandre
Obscure paroles que j’ai lues sans les entendre
Les mots, si compliqués, m’aspiraient, fait étrange
Suis-je assez sotte ! il s’avéra que le titre dérangeait 

Ce livre je l’ai aimé imprudemment
Mon esprit en léthargie réintégra la vie
J’ai dû m’éprendre des mots lancés rigoureusement
Par inadvertance, j’en compris le sens, ravie 

Ce livre je l’ai aimé absolument
J’abordai un univers, celui de  DANTE
Pages ensorcelantes, je vivais dangereusement
Par la magie de ces écrits, je devins savante

Mon livre ! j’aurais prouvé mon inaltérable fidélité
Je me rassure en te scrutant
Sorcier d’un âge fatigué tu m’as déniaisée
Depuis , j’écris un peu , beaucoup, maladroitement

 

© Raymonde Verney

 


Les Bacchantes

 

Elles chantent, dansent dans une montagne nébuleuse

Reines, païennes impudiques, MENADES , qui vénèrent l’orgie

Des mains se tendent, des âmes perverses prient BACCHUS, leur dieu

Prêtresses sans nom elles bénissent les maudits et récusent

La piété, la chasteté ;elles rient, extase ou folie ?
Le vin, breuvage antique possède leur raison
Que coule le nectar !que l’on suggère le pire !
Armées du thyrse, elles grimpent les sentiers et les saisons 

Entraînées par BACCHUS, cortège flamboyant
Sans religion, sans âge, démentes filles d’une passion
Couronnées de lierre, de feuilles de sapins, se moquant
Des dieux sages qui les exhortent à l’unisson 

Amoureuse d’un dieu ivre de puissance et de vin
La nuit délivre leur chair d’une abstinence désuètes
Les ombres se cachent et observent ces fêtes
Triviales où la luxure se découvre jusqu’au matin

 

© Raymonde Verney


Pour Toi

                                                        
 
Pour toi je sonderais le crépuscule lumineux
Où s'égare craintive ma pensée amoureuse
Dans une lune, virgule ceinte d'une ombre étourdie
J'inscrirais nos noms sur un rayon d'ocre pâli
 
Pour toi je gravirais les âges d'une éloquente jeunesse
Le bruissement des ans infiltrerait , discret
La nébuleuse histoire des amours en liesse
Ardeur impénitente, sève à peine effleurée
 
Pour toi les hivers se vêtiraient de serments
Déclineraient impalpables, leur identité à la vision du temps
Les saisons torrides, de leur charme, envoûteraient nos sens
Affolant une raison trompée dans son errance
 
Pour toi j'ai écrit ce poème posté par le vent
Adressé à nos rêves échevelés et un peu fous
Si l'encre a versé en essuyant ces lignes floues
EROS, intrépide, de sa flèche convaincra l'amant
 
© Raymonde Verney




Pascale
 

Sur ton  anniversaire s’est attardée la page des années
Envol déterminé vers une aube de félicité
Quarante ans et la jeunesse t’offre une fleur délicate
Une rose bleue à la fragrance fugace
 
Cette rose bleue tu la conserveras telle une allégorie
Tes espoirs se traduiront en perles de rosée
Une pensée vaporeuse dont les gouttes blasent l’envie
Et dans le creux de ta main s’irisera la vie
 
PASCALE, ton sourire est un épisode lumineux
Où ta bonté translate les émotions
Cette journée se vêtira de satin, de pourpre, de soie
Et te déclamera des vers gravés sur une boule de feu
 
Sur ton anniversaire des vers se seront envolés
Une poésie aura trempé sa plume dans l’encre sympathique
Les mots, fidèles, auront tracé le portrait atypique
D’une dame dont le rire détient les clés de l’éternité
 

© Raymonde Verney




Le Bal Des Envieux

 

Le soir vint me porter une missive
Fébrile, je lus l’en-tête du bal des envieux
On me conviait à une nuit folle aux rites sourcilleux
Sur une note d’oubli dans l’ombre je me glisse 

Eblouie par une lumière distillée en apnée
Des regards verts me toisèrent, ébauche de maux
Je fus saluée ,jalousée, sur un escabeau oubliée
Les heures serinées à l’horloge emphatique 

Me virent valser au son d’un tango
On s’esclaffa, je récidivai opiniâtre et désœuvrée
Pitié ou confusion on m’invita sur un air désabusé
Nous fîmes cohésion, l’orchestre sidéré se mit au trot

Le bal des envieux marqua ma destinée
Le monde s’éprit de moi, épique marivaudage
Un carton égaré, mon esprit hantant les parages
L’erreur fut occultée et tous les ans habilement rééditée

 

© Raymonde Verney




Les Fées De Chantelune

 

Exaltées par un songe, elle décoiffent le printemps
Vierges nubiles, elles espèrent un amour grandiloquent
Le printemps se dérobe, placide, vertueux
Sensorielle, la terre élime sa frigidité et se meut 

Les fées de CHANTELUNE ont affolé le vent
Le vieux fou s'essouffle et dilapide sa raison
Les bois ricanent et se prosternent sur le passage de CUPIDON
Nos fées fuient, se cachent dans les replis du temps

Les fées de CHANTELUNE escaladent la porte du printemps
Ravissement muet, la terre frôle l'éternel
Myriade de bouquets, artifice odorants!
Dans une brume altière se dérobe le ciel

 Les fées de CHANTELUNE récitent des vers aux passants
Adorables, mystiques, elles attirent les poètes hypnotisés
Les vers se déclament à l'envers, placide envolée
L'idiome de ces poèmes fane les instants

 

© Raymonde Verney




Les Enfants De  La Lune

 

 
Deux enfants posent leurs regards embués
Sur un quart de lune troublant l’hémisphère
Un pan d’oubli affecte leur témérité
Ils sont issus d’un affaissement de la terre 

Deux enfants par la main se tiennent décidés
A survivre, à outrer le destin invisible
Ils interpellent les grimaces divines
De leur candeur jaillit une eau parfumée 

Deux enfants font rougir la vie
Pourquoi dans nos berceaux nous avoir trahis ?
L’illusion se courbe, vétuste, dérisoire
Pardonnez lui son absence il se fait tard

Deux enfants façonnent des bruits
Ils essayent de saisir l’absurde et le néant
Ils sont autistes épigramme à l’en-tête de la nuit
Une virgule s’est égarée sur la lune des revenants

 
© Raymonde Verney









Athéna La Source Magique

 

Au pied d’une montagne nommée IOBE coule une source
Son nom est ATHENA.La journée se prélassant au soleil
La nuit protégée du froid par une lune rassurante
ATHENA n’était pas une source ordinaire, elle possédait
Des pouvoirs magiques. Toutes les nuits, les fées, les nains
Des forêts avoisinantes se baignaient au clair de lune
Ce bain leur était indispensable pour préserver leurs dons mystérieux
Une nuit, un nain du nom d’HECTOR ne se présenta pas à l’heure habituelle
ATHENA s’en aperçut ;le vent apporta de mauvaises nouvelles
HECTOR s’étant blessé au talon gauche se mourait dans la forêt
La source magique aidée du vent se coula péniblement dans la forêt
Dense et terrifiante.<<HECTOR réponds nous ,où es tu ?>>
Une plainte leur répondit .Le vent trouva le petit nain au pied d’un sapin
ATHENA le baigna de son eau magique et… HECTOR revint à la vie ,heureux
Reconnaissant.

Epilogue :on raconte que l’amitié de la source, du vent et du petit nain
Dure toujours

 

© Raymonde Verney





retour
Retour