Le Yin & le Young





Neil Percival Kenneth Ragland Young a fêté ses 60 ans en novembre dernier. 60 ans ! L’âge de la retraite pour certains. L’âge où les hommes aspirent en
général au calme et à la tranquillité.  Mais voilà Neil Percival Kenneth Ragland Young ne semble pas être de cet avis. Et depuis qu’il a formé les Squires fin 1962, il n’a cessé d’œuvrer, pour le bonheur de tous, à façonner un nombre considérable de perles musicales qui font de ce canadien d’origine, un artiste incontournable. Une fois tournée la page Squires, débute alors la légende Buffalo Springfield en compagnie de Stephen Stills, qui pendant deux petites années marquera à jamais l’histoire du rock. Cependant, comme c’est souvent le cas lorsque deux fortes personnalités aux talents indéniables tentent de s’approprier l’ascendant au dépend de l’un sur l’autre, le groupe ne survivra pas et les deux compères prirent leurs destins en main chacun de leur coté.









 C’est ainsi que Neil Young se lance dans l’aventure solo avec le premier album d’une longue et impressionnante discographie. Tout simplement appelé « Neil Young » ce premier opus de 1969, bien que contenant déjà ce qui deviendra un de ses classiques « The Loner », ne présage en rien ce que deviendra l’œuvre magistrale de ce musicien hors pair. Trop sophistiqué et manquant de spontanéité, ce premier enregistrement sous son nom reste un album à part que les futurs fans laisseront sagement vieillir sur leurs étagères.









« Everybody Knows This Is Nowhere », sorti la même année, opère un premier virage à 180°. Ce ne sera pas le dernier. Tout au long de sa carrière, Neil Young prendra un malin plaisir à prendre son public à rebrousse poil en osant des expériences musicales aussi hasardeuses que déroutantes. Mais avec cet album, il marque d’une emprunte indélébile les fondations de ce que sera le style Neil Young. Un rock pur, efficace, au son puissant, direct et dépouillé, accompagné par celui qui restera certainement l’un des plus mauvais groupe rock au monde, mais le seul capable de suivre Neil dans ses délires électriques, le fidèle et légendaire Crasy Horse. Aujourd’hui encore des titres comme « Cinnamon Girl », « Cowgirl in the Sand » ou le magistral « Down by the River » sont des incontournables repris en chœur à chaque concert.






Parallèlement à sa nouvelle carrière, Stephen Stills le rappelle pour ce qui deviendra un disque majeur de l’histoire du rock. En mars 1970 paraît donc « Déjà Vu
» ou la réunion de quatre songwritters de génie, soit David Crosby, Graham Nash, Stephen Stills et Neil Young. Malgré l’improbable mariage des univers éloignés de ses géniteurs, l’album est une petite merveille et offre à  chacun la possibilité d’affirmer sa différence tout en gardant une curieuse alchimie d’ensemble. L’expérience, de courte durée, sera poursuivie l’année suivante par le double « 4 Ways Street » où les oppositions et les dissensions s’affirment, notamment entre Stills et Young, qui signent pourtant là un live époustouflant. Mais déjà la cohésion a disparu et le groupe implose avant même la sortie du disque. Cependant, leurs chemins se croiseront encore par deux fois en 1988 et 1999 pour deux albums « American Dream » et « Looking Forward » qui n’atteindront jamais la qualité des deux premiers enregistrements.








Comme un clin d’œil aux dollars amassés avec le quatuor Crosby, Stills, Nash & Young, Neil revient en 1970 avec « After the Gold Rush ». Un climat intimiste, des compositions délicates qui tranchent radicalement avec la fureur de « Everybody Knows This Is Nowhere », « After the Gold Rush » offre de belles chansons folk et country qui dévoilent toutes les qualités de compositeur de Neil Young. Les titres « Southern Man », « Don’t Let It Bring You Down » ou “When You Dance I Can Really Love” illumine cet album sensible et délicat où Neil nous montre d’une voie particulièrement aiguë son côté calme et serein comme sur le superbe titre éponyme.







En févier 72, Neil Young signe ce qui reste à ce jour son  meilleur et son  pire album,  « Harvest » ! Propulsé tube de l’année, « Heart of Gold » n’est pourtant pas le titre phare de ce chef d’oeuvre incontournable. C’est simple, chaque titre est quasiment devenu un classique. Magistral de bout en bout, « Harvest » est le disque majeur de Neil Young. « Old Man », « The Needel and The Damage Done", “Alabama” tous sont de véritables morceaux de choix finement ciselés où les harmonies des cordes du Philharmonique de Londres succèdent aux arpèges limpides de sa guitare acoustique. « Harvest » poursuit et magnifie la somptuosité musicale d’«After the Gold Rush » l’emmenant encore plus loin sur la voie de la maîtrise et de la sérénité. Pourquoi son pire album me direz-vous ? Parce que celui-ci lui collera à la peau durant toute sa carrière, faisant de lui l’archétype du baba-cool des années 70 ! « Harvest » et son succès mérité est devenu une référence encore aujourd’hui, alors que Neil est passé à bien d’autres choses depuis.







Cette même année Neil Young se lance dans la réalisation de son premier film « Journey Through The Past » aujourd’hui introuvable. Sa maison de disque qui avait investi dans ce film boudé par les fans, est bien décidée à avoir un retour sur investissement et sort en novembre la bande originale du film, espérant surfer sur la vague du succès de « Harvest ». L’album reçoit un accueil mitigé, celui-ci ne proposant qu’un inédit « Soldier », les autres titres n’étant que des versions live ou des chutes de studio pas toujours du meilleur goût.








Avec «Time Fades Away » l’année suivante, Neil prend tout le monde de revers proposant un album public qui laisse entrevoir l’esquisse des années sombres et tourmentées qui succéderont à « Harvest ». Là le son est radicalement torturé, tournant définitivement le dos aux productions léchées des deux précédents albums, comme s’il cherchait à se débarrasser de cette image trop propre de folkeux qu’il n’est pas, laissant les fans d’« Harvest » sur leur faim. Mais il s’en fout Neil et ne fait que commencer à nous surprendre et à nous bouleverser comme avec l’autobiographique « Don’t be Denied ».







Malgré un titre aux fausses allures estivales, « On The Beach » enfonce le clou de « Time Fade Away » en cet été 74. Ici c’est le blues qui prédomine l’atmosphère. Une atmosphère lourde, pesante. Glaciale. Empli de nostalgie, Neil décline son malaise en 8 titres d’une beauté sombre, inspirée par sa récente séparation d’avec la mère de son premier fils. Il revisite les effets négatifs de la célébrité, dénonce les critiques, opère une introspection peu glorieuse quelque part entre une certaine violence et un spleen grandissant. Quoi qu’il en soit, il offre là un magnifique album brut et essentiel avec des titres phares comme « Revolution Blues ».







Bien qu’enregistré en 73, « Tonight The Night » ne sort qu’en juin 75. Digne successeur du précédent, cet album atteint le paroxysme de la déprime et de la noirceur. Profondément marqué par les décès successifs par overdose de Danny Whitten, guitariste du Crasy Horse et de son roadi Bruce Berry, « Tonight The Night » est une lente descente aux enfers oscillant en blues dépressif et rock désespéré. Neil Young révèle là des qualités d’auteur remarquables qui sauront influencer quelques années plus tard bien des musiciens encore en culottes courtes.








Novembre 1975 salue le retour du Crasy Horse, sans le regretté Danny Whiten qui est remplacé par le non moins talentueux Franck Sampedro à la rythmique. D’entrée « Zuma » tranche radicalement avec la période noire qui le précède. Neil Young a affûté sa guitare qui se veut résolument rock et électrique sans pour autant atteindre les sommets de hargne qu’il nous offrira quelques années plus tard. Ceci dit, les compositions de « Zuma » sont plutôt de bonnes factures. Les mélodies y sont simples, efficaces, accrocheuses et Neil laisse libre court à ses fameux solos déchirants dont il a le secret. Manifestement il a retrouvé une certaine joie de jouer communicative qu’il signe d’un somptueux « Cortez the Killer », titre incontournable de ses meilleurs concerts.







Parallèlement il retrouve, le temps d’un album, son ancien complice Stephen Stills courant 76. De cette association sort un insipide « Long May You Run » dont on ne retiendra que le titre qui donnera le nom à l’album. Le reste n’est que compositions sans âme qui ne laisseront pas de trace dans la mémoire collective.







C’est toujours en 76 qu’apparaît dans les bacs l’hideuse pochette de « American Stars’n’Bars ». Considéré comme un assemblage de fonds de tiroir sans aucune cohésion, l’album peut paraître bâclé et sans grand intérêt. On y découvre effectivement des titres aux climats fort différents les uns des autres où se côtoient des personnalités aussi diverses que Nicolette Larson ou Emmylou Harris. Il s’en dégage une musique fortement country, mais avec un petit plus qui fait qu’on découvre ici et là de bien belles compositions. Et puis, au milieu de ce patchwork musical plus ou moins brouillon jaillit le titre le plus marquant de toute la discographie de Neil Young « Like A Hurricane » ! 8 minutes de pur bonheur électrique où Neil déchire nos enceintes d’un long solo époustouflant qui ne cessera de se bonifier au fil des 30 années de concerts qui suivront sa sortie. « Like A Hurricane » affirme Neil Young comme un guitariste éclectique et électrique majeur. Son jeu de guitare y est majestueux, impressionnant et cloue définitivement le bec à tous ses détracteurs qui ne voyaient en Neil Young qu’un baba-cool un peu has-been. Neil Young manie la distorsion comme personne. Mais ce n’est qu’un début !






Fin 77 sort la compilation « Decade » qui résume comme son nom l’indique les 10 premières années de la carrière musicale de Neil Young. Ce triple album offre le meilleur de Neil depuis le Buffalo Springfield jusqu’au dernier album en date, en passant par quelques extrais avec Crosby, Still ans Nash, le tout en suivant la chronologie de l’histoire. Chaque titre a été minutieusement choisi par Neil lui-même et à longtemps permis de compenser la non réédition de certains albums comme « American Stars’n’Bars ». Aujourd’hui cet album n’est pas des plus indispensables, mais offre une bonne idée des années 70 pour ceux qui veulent entrer prudemment dans l’univers de Neil Young.



Autant la  pochette de « American Stars’n’Bars » ne présageait rien de bien enthousiasmant, autant celle de «Comes A Time» en octobre 78 nous montre un Neil Young rayonnant ! L’homme y est souriant, détendu, heureux. Guitare sèche en bandoulière, on se dit que cet album là ne peut être qu’agréable à écouter. Et c’est le cas. Les titres qui le composent sont à l’image de la pochette. De jolies compositions qui sentent bon la campagne, la plénitude, un peu à la manière de « Harvest ». La production y est parfaite et, sans être révolutionnaire, l’album trouve toute sa place dans l’œuvre de Neil Young. Une sorte de récréation avant de revenir vers des cieux plus orageux comme le laisse doucement présager « Lotta Love » accompagné pour l’occasion par un Crasy Horse en plein forme.






Et en pleine forme, il l’est le Crasy Horse ! En témoigne le monumental album suivant « Rust Never Sleeps » sorti en juin 79. En cette période où les punks enterrent d’un coup d’un seul toutes les vieilles gloires rock’n’roliennes des années 70, personne n’aurait parié un kopeck sur l’avenir de Neil Young, surtout après le délicat album précédent où l’homme semblait avoir renoué avec son image de folk singer gentillet. Mais voilà, c’est bien mal connaître le bonhomme et celui-ci nous revient avec un album qui écrase tous les à priori. Composé de deux faces totalement différentes (n’oublions pas qu’à cette époque le cd n’existait pas), Neil Young semble vouloir clore définitivement sa période folk avec une première face dépouillée entièrement acoustique et une seconde face radicalement électrique où le Crasy Horse accompagne le maître d’un son énorme volontairement crade ! Un déferlement électrique de distorsions en tous genres assomme cette face avec des titres comme « Powderfinger », « Welfare Mother », « Sedan Delivery » ou encore « Hey, hey, my my » la version explosive du titre « My, My, Hey, Hey » qui ouvre l’album. Un titre d’une furie incroyable où Neil, le vieux baba des années Woodstock scande « Rock’n’roll will never die » en rendant hommage à Johnny Rotten alors leader des Sex Pistols ! Neil s’impose une nouvelle fois comme un artiste incontournable, inclassable et bien encré dans son époque. Neil peut aussi bien être folkeux, bluesman que Punk sans jamais se renier ! Qui l’eut cru à l’époque de « Déjà Vu » ?







Et comme si cela ne suffisait pas, Neil nous livre en novembre de la même année un double live « Live Rust ».  Conçu selon la même trame, « Live Rust » nous présente une face acoustique et trois faces électriques. S’il reprend un bon nombre des titres du précédent album, Neil revisite ses anciens standards, qui sous l’impulsion d’un Crasy Horse tonitruant dévoilent toutes leurs puissances. Ainsi on redécouvre « Tonight The Night », « Like an Hurricane » et bien d’autres encore. A travers ce témoignage live, Neil Young confirme une fois de plus qu’il est un musicien et un show man de premier plan sur lequel il faut compter. La vidéo tirée de ce concert ne fait que confirmer ses qualités scéniques et musicales.







Le modeste « Hawks and Doves » l’année suivante, fait en revanche bien triste mine. Non pas que se soit un mauvais album, mais celui-ci semble bâclé, inabouti, comme s’il l’avait composé plus par obligation que par passion. L’atmosphère se veut très intimiste mais sans jamais réellement atteindre son but. On se sent un peu absent, en manque de quelque chose. La hargne et la rage ne sont plus là et on s’ennuie un peu.






« Re-ac-tor» est présenté juste un an après, en octobre 1981. Le Crasy horse est de nouveau au rendez-vous et manifestement ça se sent. Cependant cet album sonne bizarrement. On a l’impression de revivre la période « Tonight The Night » tant les morceaux sont oppressants. La grande différence est la force et la rage qui mènent cet album de bout en bout. Les guitares sont omniprésentes, écrasantes et offrent un rock puissant pas toujours bien compris par les fans malgré des titres majeurs comme «Shots » qui est littéralement une vraie tuerie. Cet album ne sera jamais joué en concert, Neil a l’esprit déjà bien ailleurs.








Et l’esprit de Neil est là où personne ne l’attendait. En premier lieu, il opère un premier changement radical en signant chez Geffen après une longue carrière passée chez Reprise. Et c’est chez Geffen qu’il sort en décembre 82 un ovni au milieu de sa discographie prolixe. Bien qu’il ait habitué le public à ses nombreux revirements musicaux, personne n’aurait pu imaginer un seul instant ce qu’avait concocté Neil Young en ce début des années 80. Et c’est ni plus ni moins un album électronique qu’il vient nous présenter ! Les fans déroutés ne comprennent plus et rares sont ceux qui le suivront sur ce chemin là. Il est vrai qu’entendre la voix si particulière de Neil à travers un Vocoder a de quoi déstabiliser ! Ceci dit, « Trans » possède tout de même des titres de factures classiques et plutôt de qualité comme « Mr. Soul » ou « Like An Inca ». Neil expliquera que cet album lui avait été inspiré par son fils autiste avec qui il n’avait trouvé que cette solution pour pouvoir communiquer.







Mais Geffen peu satisfait des retombées financières de « Trans » intime à Neil Young de réaliser un album véritablement rock. Qu’à cela ne tienne, Neil Young s’exécute et réalise en 83 « Everybody’s Rockin’ » qui, pour sonner rock, sonne réellement rock, mais tendance rockabilly en ligne directe des années cinquante ! C’est qu’il faut pas l’énerver le père Young et ce dernier déteste se sentir « obligé ». Mais là encore les fans ne suivent plus. Ils ne comprennent plus le message de Neil et se demandent bien où il veut en venir. Pourtant l’album est loin d’être mauvais et propose même une relecture de l’histoire du rock des plus intéressantes. Mais le public rêve de nostalgie et l’album est un nouveau fiasco.








Alors Neil Young fait une pause avant de revenir avec du matériel moins audacieux et plus académique en 1985, toujours chez Geffen. « Old Ways » est donc une collection de country  classique sans beaucoup de génie réservé aux aficionados du genre. On y retrouve tous les clichés country, poussant même le luxe jusqu’à avoir été enregistré à Nashville. Malheureusement son public le boude toujours autant et Geffen commence à se poser de sérieuses questions quant à son investissement sur cet artiste imprévisible.








Et manifestement les relations entre la maison de disque et son encombrant poulain s’enveniment. Mais Neil doit aller au bout de son contrat et sort en 86 dans l’indifférence générale ce qui reste à ce jour son plus mauvais album « Landing On Water ». Une production déplorable, des synthés partout, un son de batterie atroce, Neil se fourvoie dans une musique insipide et sans intérêt qui semble sonner le glas de sa popularité et de sa carrière.







Dès 87, Neil Young tente un come-back salutaire en réunissant une fois de plus le Crasy Horse. Mais là encore l‘aventure est vouée à l’échec et son album « Life » manque sérieusement d‘inspiration. Enregistré en concert puis retravaillé en studio, « Life » n’a plus cette magie, cette osmose que lui offrait le Crasy Horse. L’album est un nouveau bide et Geffen intente un procès à Young pour cause de résultat insatisfaisant.







Au bout du compte chacun rentre chez soi et Neil retrouve sa liberté de ton et son label des débuts. C’est donc chez Reprise que sort le nouvel album « This Note’s for You » en 88. Et bien que ce nouvel opus sorte une fois de plus des sentiers battus depuis plus de 20 ans, il n’en est pas moins son meilleur album depuis le début des années 80. Young revisite le rythme and blues à sa façon, incorporant pour la première fois une section de cuivres solide. Et le résultat est des plus agréables. Les compositions sont subtiles, efficaces, entêtantes ! Neil renoue enfin avec le succès dans un style nouveau qui garde cependant la touche si personnelle du maître.









Bizarrement réservé au public nippon, « Eldorado » sort en 1989 sous la forme d’un mini album de 5 titres. 5 titres seulement, oui, mais quels titres ! Voilà l’album tant attendu depuis 10 ans ! « Eldorado » est une bombe, une explosion de guitares comme on les aime ! Avec ces 5 titres, Neil nous fait oublier une décennie tristounette d’un coup d’un seul. Il y a plus de qualité, d’émotion, de hargne et de bonheur dans ces 26 minutes de furies que dans les 8 albums précédents. Neil semble vouloir nous dire, attention me revoilà ! Enregistré à la hussarde, cet album explose de partout, pulvérise les amplis, bref nous fait retrouver le Neil tel qu’on l’aime, celui qui sème le feu et la tempête à travers des titres comme « Cocaine Eyes » dédié à Stephen Stills ou une version toute personnelle et déjanté du standard « On Broadway ». Un tout petit album qui rallume enfin les cendres électriques trop longtemps endormies.







Continuant sur sa lancée, Neil nous offre enfin, fin 89, son véritable nouvel album « Freedom ». Les fans dubitatifs s’interrogent alors légitimement sur ce que l’iconoclaste musicien a encore concocté. Qu’ils soient rassurés ! « Freedom » est une merveille ! Digne successeur d’ « Eldorado » dont il reprend trois titres, « Freedom » rappelle le légendaire « Rust Never Sleeps » en offrant en ouverture un « Rockin in a Free World » acoustique puis en version électrique en fermeture. Et entre les deux, Neil rassemble tous les ingrédients qui ont fait sa renommé. Du rock, du folk, de la guitare, de l’émotion, tout y est. Neil s’y amuse assurément, osant même un brin d’humour surréaliste « Someday » ou nous invitant au bal des épaves avec « Wrecking Ball ». L’album oscille entre balades minimalistes et puissance contrôlée. Avec « Freedom » Neil Young signifie son grand retour sur la scène rock. Les années 90 seront électriques ou ne seront pas.






En cette année 90 justement, les vieux dinosaures rocks sont quasiment tous sous respiration artificielle. Du côté de Seattle se forme ce qui sera bientôt le dernier phénomène rock du siècle. Figure de proue de ce mouvement Nirvana en sera la légende, mais d’autres groupes seront bientôt aussi estampillés ou assimilés « Grunge » ! The Pixies, Sonic Youth et bien d’autres. Et cette jeune génération, contre toutes attentes, trouve son parrain légitime en la personne de.. Neil Young ! Le vieux baba de « Harvest » idôle de leurs parents, est devenu le père spirituel de cette génération aux accents électrique. Mais n’était-ce pas logique ? Neil Young n’avait-il pas montré le spleen rock’n’roll avec « Tonight the Night » ? N’avait-il pas posé les premières pierres électriques débridées avec « Zuma » ou « Rust Never Sleeps » ? La filiation est somme toute logique et le récent  «Eldorado » ne fait que confirmer qu’il fait partie de la même famille. C’est tellement vrai, qu’en 1989, toutes ces jeunes recrues s’associent pour un album tribute « The Bridge » où chacun revisite la discographie de Neil Young au profit de la fondation créée par Neil Young pour les enfants autistes. De son coté, Neil attend septembre pour nous livrer son dernier brûlot « Ragged Glory ». A 45 ans, il prouve une nouvelle fois que le rock n’est pas qu’une histoire de jeunes loups, bien au contraire. « Ragged Glory » est sans doute l’album le plus violent qu’il ait réalisé. Tout y est électrique, sans concession. Le Crasy Horse suit les improvisations délirantes de Neil avec brio. L’album est 100% rock, voire hard rock. Neil y lâche toutes ses tripes, maltraite sa six cordes comme jamais. Le temps des doutes et des incertitudes semble bien loin. Neil est un rockeur qui maîtrise son sujet comme personne.







Il faudra attendre octobre 91 pour découvrir ce qui, à mon sens, reste comme l’un des 5 meilleurs albums rock live de tous les temps. Sorti sous la forme d’un triple album « Arc-Weld » ou de deux albums indépendants « Weld » et «Arc » ce live se veut résolument électrique. Accompagné du Crasy Horse, « Weld » est une tuerie majeure. Chaque morceau est porté au paroxysme du rock pur et dur. Les solos s’enchaînent sans temps mort dans une réjouissante violence musicale ou Neil laisse libre court à ses improvisations. Sa guitare explose, dérape, sature, crisse, nous assomme, replonge dans les basses pour revenir plus aiguë encore, plus rageuse. Chaque morceau est magnifié. Ceux de « Ragged Glory » bien évidemment mais aussi tous les classiques qu’il torture avec un plaisir évident. En guise de bonus, Neil nous offre un effroyable et magnifique « Blowin’In The Wind » de Bob Dylan d’une violence inouïe qui nous rappelle qu’on est en pleine guerre du Golf. Mieux qu’un simple témoignage live, « Weld » est un album à part entière qui s’avère simplement indispensable. Quant à « Arc », son intérêt est déjà plus limité. Difficilement écoutable de bout en bout, ces 35 minutes de bruit ne sont qu’un collage expérimental de distorsion qui n’apporte pas grand chose si ce n’est qu’un mal de crane assuré.







En cette année 1992 sont fêtés les 20 ans d’«Harvest ». Il n’en faut pas plus à Neil Young pour se replonger avec délectation dans l’atmosphère de l’époque et saluer cet anniversaire avec une pseudo suite simplement appelée « Harvest Moon ». Exit donc la furie des derniers albums, Neil, une nouvelle fois, opère un virage radical pour revenir à ses premières amours. Loin d’être une copie conforme de son grand frère, « Harvest Moon » s’avère être un album lumineux et reposé. Accompagné par les Stray Gators déjà présent sur « Harvest », Neil rend hommage à tous ceux qui l’ont suivi jusqu’à aujourd’hui et tous ceux qui l’ont inspiré que ce soit Hank Williams ou Jimi Hendrix. Avec cet album qui lui fera retrouver son public des premières heures, Neil Young peaufine des mélodies subtiles qui parfois surpassent même celles de l’ « Harvest » légendaire. Rapidement « Harvest Moon » deviendra l’un de ses plus grands succès commerciaux et l’assoira au panthéon des musiciens de ce siècle.








Janvier 93 est marqué par la sortie chez Geffen de la compilation malicieusement intitulée « Lucky Thirteen ». Cet album clôt les démêlés judiciaires entre l’artiste et la maison de disque et résume les difficiles années passées chez Geffen en proposant les titres les plus marquants de cette période en plus de quelques inédits. Un bon moyen pour découvrir cette période trouble sans avoir à tout écouter.







La même année, Neil Young joue le jeu de MTV et enregistre pour la fameuse chaîne musicale son « Unplugged ». Bien que l’homme soit habitué à se produire en solo et en acoustique, cet « Unplugged » là est le seul réel témoignage live, hormis les enregistrements pirates, qu’il nous ait livré à ce jour. Sur cet album, il ressort de ses placards de vieux titres « Helpless » mais aussi des titres plus récents « From Hank To Hendrix » en passant par des morceaux moins connus comme « Transformer Man » tiré du tant décrié « Trans ». Mais la pièce maîtresse de l’album reste incontestablement la version hallucinée de « Like an Hurricane » interprétée à l’orgue ! Dépouillé de son carcan électrique qui pourtant avait fait sa spécificité, ce morceau gagne en respect et en profondeur. La voix de Neil y est sublime, fragile, à la limite de la rupture. Bouleversant. Si « Weld » nous offre le Neil rageur et furieux, « Unplugged » nous dévoile l’autre Neil Young celui des ambiances calmes et reposées. Deux visages antinomiques pour un même homme. Deux albums radicalement différents mais tout aussi indispensables.







1994 voit la mort de Kurt Cobain, l’idole légendaire de toute la génération Grunge et leader du groupe Nirvana. Comme ce fût le cas pour « Tonight the Night », Neil est très affecté par ce décès et signe son disque le plus sombre depuis 1975. « Sleeps With Angels » est une succession de finesse et de rage où se mélangent diverses inspirations plus ou moins expérimentales. Si le Crasy Horse est bel et bien présent et, qui plus est de fort belle manière, Neil n’hésite pas à utiliser divers instruments hétéroclites qui confient à cet album un son tout à fait particulier. Etrange et déprimant, « Sleeps with Angels » n’en reste pas moins un album majeur.







Surfant sur la vague rock qui semble lui convenir à merveille, Neil considéré comme le père spirituel du Grunge persiste et signe en revenant en cette année 1996 avec un album des plus explosifs : « Mirror Ball ». Pour ce dernier, il abandonne temporairement son fidèle Crasy Horse pour s’associer le temps d’un album magistrale avec le groupe Pearl James, un des fleurons du mouvement Grunge d’alors. Enregistré en quelques heures avec des chansons écrites dans l’urgence, « Mirror Ball » se révèle être une énergie pure. A 50 ans, Neil retrouve une seconde jeunesse auprès de ces jeunots tout heureux d’accompagner leur idole. Le son y est énorme bien qu’un peu brouillon et les compositions sans doute en deça de ses meilleurs productions, mais le résultat reste époustouflant d’efficacité. Un album bien ancré dans son époque, en parfaite adéquation avec le climat musical ambiant.






Et Neil réitère l’expérience l’année suivante toujours avec la même énergie mais cette fois à nouveau avec le Crasy Horse. « Broken Arrow » succède donc à « Mirror Ball » proposant 8 titres explosifs du meilleur cru. Avec les années, la musique de Neil Young a gagné en intensité et son association avec le Crasy Horse n’a cessé de se bonifier pour arriver à une totale osmose. Ils forment réellement un véritable groupe, un tout indissociable qui a permis à Neil Young d’être ce qu’il est aujourd’hui. Sans le Crasy Horse, jamais il n’aurait pu aller aussi loin sur la longue route du rock. Et cet album sonne comme l’apogée d’une complicité sans faille. Neil excelle dans ses exercices de solos sur-vitaminés et son groupe sonne encore plus dur, donnant à l’ensemble une cohésion à toutes épreuves. L’épreuve du temps, de la vieillesse arrivant à grand pas et malheureusement de la grande faucheuse qui aura emporté en 95 David Briggs l’ami et producteur de toujours. « Broken Arrow » confirme le Crasy Horse comme l’élément indispensable et inaltérable de la galaxie Neil Young. Et même s’il n’est pas réellement un groupe aux qualités techniques irréprochables, son efficacité n’est plus à démontrer tant sur scène qu’en studio.





Parallèlement à « Broken Arrow », Neil travaille sur la bande originale du film de Jim Jarmusch « Dead Man » avec Johnny Depp. Le résultat est tout simplement époustouflant ! Alors que Jarmusch n’avait demandé que les droits d’utiliser certains titres de Neil pour illustrer son western, celui-ci lui proposa contre toute attente d’en composer la musique. Et c’est en visionnant les images que Neil improvise une bande son déchirante au possible avec sa seule guitare électrique. Mais bien plus qu’une simple BO, « Dead Man » transcende le film de Jarmusch encensé par la critique, en devient un acteur à part entière, en accentue l’atmosphère bizarre. Mais si le film de Jarmusch ne peut s’imaginer sans la musique de Young, en revanche l’album possède sa propre entité et fait partie intégrante de sa discographie. Bien que radicalement différent de ses productions passées, cet album 100% musical, hormis la voix de Johnny Depp qui ponctue ça et là la ligne mélodique d’extraits de dialogues du film, demeure du pur Neil Young et donc se laisse écouter comme tel. Bien sûr ici pas de rythmes effrénés, pas de perles acoustiques, rien qui ne rappelle ce qu’on connaît habituellement de lui, si ce n’est cette touche particulière, cette sensibilité qui n’appartient qu’à lui et qui font de cet bande originale, dans les deux sens du terme, un moment de musique sublime et envoûtant.






1997 est l’année du cheval, enfin selon Neil Young. C’est ainsi qu’il nomme son nouvel album live « Year of the Horse » comme pour rendre hommage à ses fidèles compagnons de route. Un hommage mérité d’ailleurs, car malgré les nombreuses escapades de Neil avec d’autres, le groupe est toujours présent à se cotés. Et sur cet album témoignage de la dernière tournée, le Crasy Horse confirme une nouvelle fois combien il est prépondérant dans l’oeuvre de Neil Young. Sans pour autant atteindre les sommets du précédent live « Weld », celui-ci n’en est pas moins tout aussi puissant mariant avec subtilité morceaux récents, standards incontournables et quelques titres plus obscurs qui prennent là une dimension nouvelle. On pourrait peut-être tout de même lui reprocher quelques longueurs déjà pressenties sur « Broken Arrow », mais l’ensemble reste cohérent et diablement efficace.






Trois ans séparent « Year Of the Horse » et le tout nouveau “Silver and Gold » qui paraît dans les bacs en avril 2000. Dès les premiers accords de « Good to see You », Neil annonce la couleur. Guitare sèche, harmonica, voix calme et posée, nous voilà retournés à l’époque d’ «Harvest » ou de « Comes a Time ». Cet album sent la mélancolie, le bon vieux temps, impression confirmée par des titres comme « Buffalo Springfield Again » emprunt d’une certaine nostalgie évidente. Les compositions s’enchaînent sans heurt, mais sans surprise non plus. Il se laisse écouter mais n’apporte rien de neuf. Aucun titre ne sort réellement son épingle du jeu. Neil Young y fait du Neil Young classique, le fait bien, mais semble n’avoir plus grand chose à prouver.







Le Live « Road Rock – Friends And Relatives » sort la même année, à la fois en cd et en dvd. Si la version CD souffre d’un son absolument déplorable, le DVD lui n’est pas victime des mêmes carences. Ce live qui réunit divers enregistrements nous présente Neil entouré de sa famille, sa femme Pegy, ou de ses nombreux amis. Il en résulte un témoignage scénique plutôt moyen et redondant par rapport au précédent live. On peut néanmoins saluer la présence de Chrissie Hynde, leader des Pretenders qui nous offre une version cataclysmique de « All Along the Watchtower ».






« Are You Passionate ? » telle est la question que nous pose Neil Young en 2002. Vu le temps passé à rédiger ces critiques, en ce qui me concerne, je répondrai plutôt favorablement, vous vous en doutez ! « Are You Passionate ? » avec son atmosphère soul explore une fois encore de nouveaux horizons musicaux. Entouré de musiciens chevronnés, dont Frank "Poncho" Sampedro du Crazy Horse qui le rejoint sur le furieux « Goin' Home », et de ses proches, sa soeur Astrid et sa femme Pegy, Neil nous propose une collection de titres sublimes et efficaces marquée par les évènements du 11 septembre « Let's roll » ou teintés des couleurs de la Tamla Motown « You're my Girl ». Un bien bel album donc que ce « Are You Passionate » empli d’émotions et de ballades sans prétention mais de bonne facture.





Alors que la canicule écrase ce mois d’Août 2003, Neil Young et le Crasy Horse nous reviennent avec un concept-album « Greendale ». En résumé, l’histoire nous conte la vie de la famille Green dans la ville de Greendale. Malheureusement, « Greendale » demande une certaine maîtrise de l’anglais et, bien que le livret de l’album soit des plus riches, il n’est pas toujours facile d’en apprécier toutes les subtilités. D’entrée « Greendale » se veut rock et électrique mais aussi très très bavard. De fait si les titres de prime abord possèdent indéniablement tous les ingrédients qui ont fait la renommée d’un « Mirror Ball » ou d’un « Ragged and Glory » ceux-ci se traînent en longueur et semblent ne jamais finir. Cette impression est encore plus marquante avec le DVD, où Neil Young nous propose une version complètement acoustique, seul à l’harmonica et à la guitare, qui s’éternise jusqu’à saturation. Pourtant l’album offre des titres puissants « Be The Rain » ou « Bringin'Down Dinner » mais l’ensemble souffre d’une sorte de prétention que Neil n’a pas su canaliser. Sans doute « Greendale » aurait gagné en efficacité s’il avait été plus concis. Sans doute aussi, sommes-nous devenus trop exigeants et demandons à Neil Young de nous surprendre toujours d’avantage, car, quoi qu’il en soit, cet album encensé par la critique et prétexte au film du même nom réalisé par Neil Young himself, surpasse de loin nombre de productions d’artistes actuels.
Ceci-dit notre exigence, ou tout du moins la mienne, sera rapidement comblée, lorsqu’en 2005, après un «Greatest Hits » complètement inutile pour qui connaît la discographie de Neil Young sur le bout des doigts, sort le sublime et magnifique « Prairie Wind ». Sorti indemne d’un accident cardio-vasculaire, Neil Young revient en douceur nous caresser l’ouïe avec 10 nouveaux titres ciselés à la perfection. « Prairie Wind » mélange avec bonheur différentes atmosphères, tout en conservant une trame de calme et de sérénité. La furie de « Greendale » s’est apaisée, et la nostalgie reprend le dessus. Neil ose cependant encore quelques surprises et quelques expérimentations sonores, comme l’apport de cuivres au milieu de riffs estampillés Nashville ce qui peut en déconcerter certains. Après plus de 40 ans de carrière, le rockeur sexagénaire n’a rien perdu de ses qualités de musicien et de compositeur et semble même se bonifier avec le temps, pour preuve sa voix nasillarde au timbre si particulier qui se veut de plus en plus posée et maîtrisée. Bien que le temps qui passe semble hanter ses dernières compositions, comme il le chante dans « The Painter » « It’s a long road behind me » ou dans le superbe « No Wonder » « Tic Toc, the clock on the wall. No matter we're losing time », Neil n’a pas fini de nous surprendre et de nous offrir encore de belles mélodies.





Preuve en est, son tout dernier opus « Living With War » disponible dans les bacs depuis peu. Tout comme il l’avait déjà fait avec « Prairie Wind », l’album est en libre écoute sur son site "Neil's Garage". Une initiative peu commune qui mérite d’être saluée. Ecrit, composé et enregistré en 9 jours, ce nouvel album est purement et simplement une critique contre le gouvernement Bush. Le titre « Let’s Impeach The President ». ( Destituons le président ) est on ne peut plus explicite. Les autres titres sont du même acabit. « The Restless Consumer » dénonce les mensonges présidentiels, « Shock and Awe » aborde le thème des bombardements sur Bagdad. Et dans « Flags of Freedom » il soulève le douloureux thème des jeunes américains envoyés au combat. Musicalement il renoue avec l’électricité, proposant des titres rageurs, d’autres un peu moins enlevés et même une chanson à capela « America The Beautiful » sorte de gospel. Mais l’ambiance est réellement rock et même si certains morceaux ponctués par des trompettes de style mariachi sonnent de façon un peu curieuse et si parfois des chœurs quelques peu envahissants (« Let’s Impeach The President » a été enregistré avec 100 autres musiciens et chanteurs découvrant les paroles sur grand écran comme un gigantesque karaoké) apportent une dimension discutable, Neil nous signe là encore un grand disque, sorte de protest song qui n’a pas fini de faire parler de lui.





Une des qualités majeures de Neil Young est, sans aucun doute, la générosité. Outre son action au quotidien envers les enfants handicapés via sa fondation Bridge School, le Looner n'est pas avare d'albums. Et en cette fin d'année 2006, il nous revient pour la seconde fois en un an pour nous offrir un cadeau inattendu sous la forme d'un concert enregistré en 1970, le mythique
« Live at the Fillmore East 1970 ». Une belle surprise que cet album qui nous renvoit 36 ans en arrière, au tout début de sa carrière. Surtout connu à l'époque pour ses prestations avec Crosby, Still and Nash, ce live nous dévoile de quelle façon, Neil a su imposer sa musique, pleine de rage et de fureur avec son fidèle Crasy Horse au complet. Pendant tout ce temps, seuls quelques bootlegs témoignaient de cette tournée d'anthologie et personne n'imaginait pouvoir écouter un jour ce concert dans des conditions optimales. Heureusement, la technologie et le bon vouloir de Niel sont passés par là pour dépoussiérer de vieilles bandes oubliées. Bien sûr le son reste d'époque et toute une partie du concert, notamment la partie acoustique, a disparu. Mais la magie opère et le fan y trouvera son compte. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, d'autres lives sont d'or et déjà annoncés pour les prochains mois, Neil Young ayant décidé de dévoiler ses archives au grand public ! Que demander de plus ?




La réponse arrive juste avant que je ne publie cette mise à jour ! Un nouvel opus vient tout juste de voir le jour et c'est avec un superbe « Live At Massey Hall 1971» que Neil Young a décidé de commencer l'année à peine quelque mois après l'excellent « Live at the Fillmore East 1970 ». A cette cadence, on peut espérer de prochaines surprises d'ici peu ! Que dire de cet album ? Que du bien, ça en devient même pénible à force ! 100% acoustique, ce « Live At Massey Hall 1971» s'il ne dévoile rien de bien nouveau par rapport à la pléthore d'enregistrements solos que le Looner a pu produire, bénéficie d'une bien belle production. Le son y est parfait et on se laisse embarquer avec beaucoup de plaisir dans ce voyage musical intimiste. On y retrouve les principaux titres de ses premiers albums, des titres entendus des centaines de fois mais qu'on ne se lasse pas de redécouvrir. Manifestement le grenier de Neil Young regorge de bien belles choses, on peut juste se demander pourquoi, alors qu'il avait refusé pendant des années de ressortir en CD certains albums comme « American Stars’n’Bars » ou « Re-ac-tor » , s'est-il décidé subitement de nous offrir la porte de ses archives privées ! Mais qui va s'en plaindre ?




Comme son nom l’indique « Chrome Dreams II » est la suite de « Chrome Dreams » album mythique qui n’a jamais vu le jour ! Donner une suite à quelque chose qui n’a pas été, peut paraître surprenant mais Neil Young n’en est pas à une bizarrerie près ! En fait, les titres du premier « Chrome Dreams » enregistré, jamais sorti en tant que tel dans le commerce mais que l’on trouve sous le manteau, se sont retrouvés disséminés dans, entre autres,  « American Stars’n’Bars », « Comes A Time », « Hawks and Doves » ou encore « Long May You Run » avec Stephen Stills, lequel soupçonnera son ami de n’avoir proposé pour cet enregistrement que des titres de second ordre pour se réserver le meilleur. Ce troisième album en un an pour le vétéran du rock’n’roll commence par un « Beautiful Bluebird » dans la plus pure tradition folk du loner. Une jolie balade avec harmonica et tout le toutim qui fait penser à « Out Of the Week-end ». « Boxcar » rappelle des rythmes entendus sur « Reactor » en plus posés où se mêlent chœurs et banjo. Les superbes dix huit minutes de « Ordinary People », qui date de l’époque « This Note’s for You » avec The Bluenotes en 1988, sonnent bien plus électrique et cuivré, un somptueux mélange de guitares énervées et de cuivres généreux, un régal ! Retour au calme, à la tendresse avec le très chaloupé « Shining Light », sorte de slow (si, si !!!!) faussement mielleux aux accents sixties. Le rythme léger de « The Believer » malgré un martèlement de batterie monolithique surprend puis séduit pour au final offrir un titre bien joyeux. Les guitares fusent à nouveau sur « Spirit Road » digne héritier de « Living with War ». « Dirty Old Man » poursuit la même veine électrique et énervée. Tout l’inverse de « Ever After » reposé et folk à souhait qui offre une parenthèse avant le cataclysmique « No Hidden Path » qui nous renvoie à l’époque de « Ragged Glory » et son hard-rock lumineux. Une chorale d’enfant clôt cet album avec « The Way », fragile et délicat. Cette fois encore Neil Young nous offre un album riche et dense où il alterne moments forts et joyaux limpides. Moins percutant que « Living with War » il propose un panel de ce que Neil fait de mieux... Se faire plaisir pour notre plus grand plaisir !


“Hey hey, my my
Rock and roll can never die
There's more to the picture
Than meets the eye
Hey hey, my my”
 
"My My Hey Hey Out Of The Blue" album “Rust never Sleeps

© Alain.D-So Sad 12/05/2006 (mise à jour du 25/02/2008)


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