Déluge d'un amour douloureux




Discographie Higelin


 12 chansons avant le déluge


   








Discographie Détaillée



12, 15 voire 20 chansons avant le déluge !


C'est juste avant le déluge avec douze chansons  que Jacques Higelin accompagné de Brigitte Fontaine fait ses premiers pas en microsillon. Il signe donc en 1965 un album de reprises de Boris Vian justement intitulé "12 chansons avant le déluge" suivi la même année de "15 chansons avant le déluge" et de "20 chansons avant le déluge" du même Boris Vian. Trois albums qui ne présument en rien de la longue carrière qui attend Higelin. Ces enregistrements anecdotiques, considérés par certains comme des pièces de collection sont assez déroutants et restent à part dans sa discographie. S'il n'y a rien à redire quant aux textes de Vian, musicalement on est très loin de ce qui fera la légende de ces deux interprètes.

Eponyme


Composé avec Areski Belkacem, l'album "Higelin & Areski" propose une démarche radicalement différente des précédents. Higelin s'y dévoile comme un compositeur original qui n'hésite pas à visiter des univers musicaux réellement originaux pour l'époque, qui, plus de vingt cinq ans après gardent leur magie d'alors. Multi-instrumentiste, il mélange les genres et les styles que ce soit au piano, à l'accordéon, au violon ou encore à la guitare. Higelin n'est pas encore le show man que l'on connaît mais présente déjà une collection de titres qui marquera plusieurs générations de fans.
 


Crabouif


"Crabouif", en 1971, poursuit la voie empruntée avec Areski même si la démarche se veut un peu plus rock, notamment avec l'irrévérencieux "I Love The Queen" chanté en "franglais". "Tiens j'ai dis tiens" aurait très bien pu figurer sur l'album précédent dans sa conception peu orthodoxe. Le dernier titre de l'album, qui faisait toute une face du trente trois tours d'alors est une longue improvisation de plus de vingt minutes oscillant ente délires musicaux bruitistes et poésie délirante. Un album complètement à la marge de la production musical d'alors, qui demeure un incontournable pour les fans. Dommage qu'on ait jamais eu l'occasion de retrouver en live quelques uns des titres de "Crabouif".
J. Canetti présente J. Higelin



Il se passera deux ans avant que Jacques Canetti ne propose en 73 "J. Canetti présente J. Higelin", de vieilles chansons issues probablement des enregistrements d'avant le déluge. Un bref interlude avant la montée en puissance du phénomène Higelin.
BBH 75

Il faudra attendre 1975 pour écouter un réel nouvel album d'Higelin. Et l'homme a décidé de frapper fort ! Pour ce faire il décide de s'accompagner de deux musiciens talentueux, Simon Boissezon et le futur guitariste de Téléphone, Louis Bertignac. Avec "BBH75", Higelin tire un trait sur ses expériences passées et nous offre sept titres explosifs 100% rock. Aucun artiste français n'avait jusque là été aussi loin dans le rock, mis à part peut être Gainsbourg avec son "Homme à la tête de choux" et encore. Là où Gainsbourg tente de faire du rock à la française, Higelin nous fait du blues, du vrai, puissant et rageur. Chaque titre claque et deviendra un standard incontournable de ses concerts. "Paris-New York, New York-Paris", "Mona Lisa Klaxon" - reprit par Beverly Joe Scott - "Boxon" sonnent réellement rock sans fioritures, juste basse, guitare, batterie pour le bonheur de tous. Seul instant de calme dans la tempête, "Cigarette" ode amoureuse qui part en volutes bleutées.

Irradié



On retrouve les mêmes en 75 pour "Irradié". Un album rock, inégal et bien plus conventionnel que "BBH75", hormis le titre qui donne son nom à l'album et qui préfigure d'autres titres à venir. Sans être complètement raté, nombreux sont ceux qui se contenteraient de titres aussi moyens, les compositions ne décollent pas vraiment et le tout n'accroche pas tout à fait. Jacques Higelin n'est plus tout à fait Crabouif mais n'est pas encore complètement Higelin.




Allertez les bébés


Couronné par le Grand Prix de l'académie Charles Cros, "Alertez les Bébés" qui sort en 76 est une réussite totale. Balançant entre noirceur "Alertez les Bébés", titres plus léger "La Rousse au chocolat" ou jolie ballade "J'suis qu'un grain de poussière", Higelin cisèle ses textes, privilégie le piano et nous offre de véritables moments de bonheur. Les 10 minutes du titre éponyme, seul au piano est absolument déchirant. Désormais on sent que l'homme est épanoui, qu'il maîtrise au mieux l'art de la chanson. Il sait autant être grave que délirant mais surtout il révèle une sensibilité et une générosité sans pareilles mâtinée de ce qui deviendra sa marque de fabrique, cet heureux mélange d'accordéon nostalgique ou festif et rock'n'roll efficace, le tout ponctué par des petits enregistrements divers, bruits de train, discussions informelles... Des bruits qu'on retrouvera fréquemment dans ses futurs disques.


No man' land


"No man's Land" en 77 confirme le virage pris avec "Alertez" et enfonce le clou. Cet album est lumineux de simplicité, d'amour et de tendresse. Higelin explore la complexité de ses propres sentiments à travers de chansons bouleversantes "Pars" ou complètement décalées "Denise". On découvre alors un Higelin tendre, dessinant sa passion pour la femme avec le magistral "L... comme Beauté" et enregistre l'une de ses plus belles chansons "L'amour sans savoir ce que c'est", hommage à la pureté, à l'innocence, à l'enfant qu'il n'a cessé d'être. L'album idéal pour entrer dans l'univers d'Higelin, qui 30 ans après a su préserver toute sa beauté. Higelin est de ces rares artistes qui ont su produire des albums intemporels, hors mode qui jamais n'ont souffert du poids des années.







Champagne pour tout le monde...
Caviar pour les autres

Si, pour beaucoup, la fin des années 70 marque un difficile virage à amorcer, pour Higelin c'est une époque faste où tout semble lui réussir. Pour preuve la foule toujours grandissante qui se presse à ses concerts qui sont autant de moments de fête que de communion. Assister à un concert d'Higelin est toujours un moment fort où il se passe immanquablement quelque chose. Higelin n'est jamais aussi à l'aise que sur scène et le public le lui rend bien. Aussi après le succès des deux albums précédents, Higelin boosté par les critiques dithyrambiques et par des fans toujours plus nombreux se sent pousser des ailes et sort un faux double album sous la forme de deux albums distincts qui n'en font qu'un. "Champagne pour tout le monde..." et "Caviar pour les autres..." voient donc le jour en 78 et lui offrent sont premier véritable hit "Champagne". Mais les deux disques ne se résument pas à cet unique titre. Accompagné de musiciens chevronnés - entre autres le fameux Micky Fint - Higelin explore tout azimut, mariant humour "L'attentat à la pudeur", "Dans mon aéroplane blindé", rock'n roll "Trois tonnes de T.N.T." ou encore "Beau beau ou laid" ou pur moment de tendresse "Ci-Gît une star" ou le déchirant "Je ne peux plus dire je t'aime" qui rappelle le titre "Pars", superbement repris en duo avec Isabelle Adjani Deux superbes albums qui assoient définitivement Higelin comme l'un des plus grands chanteurs français.


La bande du Rex (BOF)



En 1980, Higelin tourne dans le film "La bande du Rex" et signe un grand nombre des titres de la bande originale. L'album du même nom propose donc les enregistrements, tous des instrumentaux, composés par Higelin. Petit intermède dans sa discographie, cet album est plus anecdotique que réellement intéressant. On y découvre néanmoins les prémices de futurs morceaux que l'on retrouvera sur de prochains albums.




Higelin à Mogador

Premier témoignage live, "Higelin à Mogador" marque le début d'une longue série d'albums publics. Comme Lavilliers ou Thiéfaine, Higelin proposera tout au long de sa carrière un nombre conséquent de témoignages lives, pas toujours indispensables d'ailleurs. S'il fallait n'en retenir qu'un, "Mogador est celui-là. Assister à un concert d'Higelin est un moment grandiose. L'homme est généreux comme personne et se donne sans compter. Il entre véritablement en communion avec son public. Qui n'a jamais assisté à un concert d'Higelin ne peut prétendre affirmer ce qu'est un concert digne de ce nom. Pour l'avoir vu à l'époque, précisément à St Clément les Baleines sur l'île de Ré, je peux dire qu'il m'a marqué à tout jamais. Trois heures de concerts rondement menées, alternées d'instants touchants, mélancoliques et de vrais envolées rocks du meilleur cru. Bref "Mogador" traduit à merveille tout ce qui se passait sur scène, avec ses instants de grâce et ses défauts. Après un "Hold tight" de 7 mn où l'échange avec le public est à son paroxysme, se suivent "Banlieue boogie blues", explosif à souhait, "Mona Lisa Klaxon" où il brocarde avec humour ses musiciens et surtout l'incroyable "Je veux cette fille" prétexte à une longue improvisation d'une quinzaine de minutes où il passe d'une course de spermatozoïdes en quête d'un ovule à un improbable match de rugby inspiré par quelques spectateurs faisant tourner un joint ! Un vrai régal où Higelin communique comme jamais, autant avec le public qu'avec ses musiciens qu'il engueule gentiment s'ils jouent trop de notes ("ça coûte cher les notes" !!!) ou s'ils le surprennent en intervenant de façon inopinée ! "Le minium" donne lieu à un incroyable solo de guitare. "Géant Jones" fait la part belle au violoncelle électrique, omniprésent sur tout l'album, "Irradié" prend une nouvelle dimension, profonde et puissante, quant aux vingt minutes de "Paris New York" c'est l'occasion d'une débauche de rock'n' roll de haut vol. Les musiciens s'en donnent à coeur joie, guitare, harmonica, cuivre, violoncelle, le son y est grandiose, le final impressionnant ! Ce "Mogador" est sans doute l'un des meilleurs album d'Higelin, tout live et studio confondus, et probablement le meilleur live de toute l'histoire de la chanson française tout simplement. Un must à découvrir de toute urgence.

Higelin 82

Nouvel opus en 82, sobrement appelé "Higelin 82". L'album s'ouvre sur un air de farniente, thème récurent et fétiche dans les textes d'Higelin. Les deux titres suivants poursuivent le même veine, mélangeant mélodies légères et bidouillages qui en sont pas sans rappeler ses premiers albums. Le quatrième morceaux, plus rock'n'roll, reprend une partie d'un texte qui figurait sur la pochette intérieure de "No man's land". Après une petite pause bluesy et lascive, retour à une chanson bien plus électrique avec "Lobotomie/Autonomie" qui aurait pu figurer sur "Champagne-Caviar". Puis on retrouve un Higelin tendre comme on l'aime avec la sublime "Balade de chez Tao", une balade qui révélera toute sa splendeur en concert et notamment sur le live à Bercy. L'album prend fin avec deux titres de facture classique, pour peu que ce qualificatif ait un sens chez Higelin. En résumé un album agréable bien que assez moyen comparé aux précédents albums studio.


Casino de Paris

Rendez-vous au "Casino de Paris" en 83 pour un deuxième album live qui fait la part belle à d'anciens titres, seul "Encore une journée de foutue" est issu du dernier album. Comme ce qui deviendra dorénavant une habitude, Higelin s'amuse à réorchestrer ses chansons, à surprendre son auditoire en transposant ses titres fétiches dans des atmosphères radicalement différents des ambiances originales. Si l'ensemble, malheureusement, ne parvient pas réellement à convaincre, on se réjouit néanmoins des nombreux monologues délirants qui ponctuent les différents titres et de la présence d'un inédits sorti on se sait d'où, "Le bal des sapeurs-pompiers" que ne renierait pas un certain Charles Trénet. A noter la présence de Didier Malherbe, illustre membre du mythique Gong !


Deux ans de silence seront nécessaires pour qu'Higelin propose "" en 1985. D'emblée ce nouvel album se veut plus nerveux que celui de 82. "Jack in the Box" avec ses cuivres apporte incontestablement un swing particulier du plus bel effet. "Slim black booggie" enchaîne sur un rythme plus enlevé encore avec son refrain imparable. "Fiche anthropométrique" est une bizarrerie pleine de bruitage, clin d'oeil à "Signalétique". Retour au rock'n'roll avec "Cult movie", puis au délire verbal de "Captain dodécaphonique Dada". La légèreté matinale d'"Excès de Zèle" est un interlude sympathique avant le grandiose "Coup de lune" héritier direct de "Champagne". Petites baisses de régimes, le temps de trois titres avant la superbe "Croisade des enfants", réellement émouvante. Puis se suivent "Je ne sais" bouleversant à souhait, le très beau "" et sa guitare espagnole, le déchirant "Laura Lorrelei" et pour finir le délicat et sublime "Victoria". 16 titres qui dévoilent une fois encore toute la poésie, toute la tendresse d'Higelin. Une grande réussite.


Bercy

Au milieu des années 80, Higelin est à son apogée. Il multiplie les concerts qui deviennent de véritables spectacle avec pléthore d'invités. Chaque représentation est plus démesurée que la précédente. Higelin est incontestablement le meilleur show man du moment. Trop peut être, car la démesure de ses concerts malgré toute la générosité dont il fait preuve, prive malheureusement le public de cette intimité qui en faisait tout le sel. A trop vouloir en faire, on en oublie d'être humble. Alors si ce double enregistrement est lumineux et parfait de bout en bout, il manque cruellement de cette étincelle de folie, de ces petites imperfections qui témoignent de la sincérité d'un artiste. Ici tout est calibré, propre, tous les dérapages sont contrôlés, maîtrisés. Higelin y perd un peu de son âme à travers ce "Bercy" trop grand pour lui même si ça reste un témoignage fort et bougrement efficace...
Tombé du ciel

"Follow the Line" qui ouvre le nouvel album en 88, produit par Jacno (ex punk avec les Stinky Toys et responsable des premiers pas de.. Lio !) ne nous dépayse pas. Higelin est de retour et c'est tant mieux. Pourtant, dès le deuxième titre, la surprise est de taille. Exit les guitares, c'est un ensemble à cordes,  véritable musique de chambre qui enrobe les mots d'Higelin. "Bras de fer" renoue avec un rock pêchu et dynamique. On retrouve son piano subtil au milieu du "Parc Montsouris", frais et léger. "Tombé du ciel", titre de l'album, est une jolie chanson simple et efficace. "Poil dans la mains" est une nouvelle ode délicieuse à la fainéantise. Un titre plus tard on fait la rencontre de "Tom Bombadilom", un portait plein de tendresse d'un homme bien hors du commun. Un délice ! Encore une rencontre avec "La ballade pour Roger" émouvante au possible. "Le drapeau de la colère" est un cri superbe et déchirant qui nous rappelle tout l'humanisme d'Higelin, son amour de l'autre et son combat contre l'exclusion. Un thème magnifié dans "La symphonie des droits de l'homme". Et son titre n'est pas usurpé. C'est belle et bien une véritable symphonie que nous offre là Higelin. Un exercice plutôt difficile qu'il maîtrise avec brio sans jamais sombrer dans le ridicule. "Tombé du ciel" est sans conteste un album généreux comme il en existe peu dans la chanson française.



Follow the live


Après l'imposant "Bercy", Higelin revient avec un quatrième live bien moins prétentieux "Follow the live". Cette fois, le format est plus concis moins démonstratif. On retrouve la modestie du saltimbanque, ses ambiances intimistes. Et c'est avec un plaisir certain qu'il égraine son répertoire alternant les moments d'émotion de douceur, de tendresse avec des phases plus rock'n'roll, plus joyeuses ou délirantes, les ponctuant comme à son habitude de petits monologues savoureux. Et on est tout heureux de retrouver Higelin tel qu'on l'aime, les yeux rieurs qui savent autant nous émouvoir, nous amuser que nous bercer.

llicite


1991 voit la parution d'"Illicite". "We are the show men" sonne bien dans son époque, toute basse en avant un rien blues. Le joyeux piano de "Ce qui doit être dit doit être fait" évoque avec tendresse et bonheur la joie de devenir père. "Illicite" plus sombre de prime abord laisse Higelin divaguer sur l'excitation de l'interdit, une vraie jubilation, dans une atmosphère à la fois aérienne et urbaine. "Balade pour Izia" est une sublime chanson d'amour comme Higelin sait en faire, avec des mots simples et efficaces. La froideur délicieuse de "l'homme oiseau" tranche avec sa voix claire et limpide pour une réussite totale et émouvante. "Il n'y a pas de nom" rend hommage à ces milliers d'anonymes abandonnés dans leur cimetière déserté mettant notre émotion une nouvelle fois à l'épreuve. C'est une bref incartade en Afrique à laquelle nous convie "Criez priez" où Higelin exprime à travers l'amour le thème de la nativité ! L'album se termine par "Les ailes du silence" qui, bien que de facture classique, est une très belle chanson sereine qui assène une dernière fois un grand coup de tendresse...



Au coeur d'Higelin


La même année sort la double compilation "Au coeur d'Higelin" qui fait ma part à belle à l'époque BBH75-Champagne pour les deux tiers de l'album. Rien de bien croustillant à se mettre sous la dent si ce n'est l'occasion pour une nouvelle génération de fans de découvrir l'Higelin des origines sur CD, CD qui en 1991 n'en n'étaient qu'à leurs balbutiements. Quinze ans plus tard, tous les albums originaux ayant été réédités, cette compilation ne s'impose plus vraiment, sauf pour ceux qui on un train de retard et qui n'oseraient pas plonger tête baissée dans la prolifique discographie d'Higelin.

Le Rex


C'est au "Rex" que revient Higelin avec son monde poétique. D'entrée, on le sent en grande forme et bien en verve. "Jack in the Box" pulse comme jamais, "Oesophage-boogie, Cardiac'blues" remis au goût du jour ne souffre aucunement de ses vingt ans d'âge. "Rock in chair", tout aussi vieux s'offre un lifting du meilleur effet. Chaque titre évoque un plaisir certain, qu'Higelin fait partager avec bonheur. Et le public est ravi d'accompagner son show man dans cet incroyable voyage musicale. Et les titres se suivent, des plus touchants "L'homme oiseau", 'Il n'y a pas de nom" en passant par le troublant "Illicite" sans oublier les incontournables comme "Champagne" lumineux et grandiose. Moins prétentieux que "Bercy", "Le Rex" nous montre Higelin dans toute sa simplicité, pour le plaisir de tous...


Aux sombres héros de la voltige


"Aux sombres héros de la voltige" est une collection hétéroclite de tout ce qu'Higelin sait faire de mieux. Un album où la mort est "Le berceau de la vie". Entre ballades légères "Sur la grande roue" et rocks urbains "Électrocardiogramme plat", Higelin nous offre un florilège de ses nombreuses inspirations de ces trente années passées. "Hot chaud" nous vient directement de "BBH 75" tout comme "Trou noir" lourd et suicidaire. Au milieu de cette furies électrique "Un naïf haïtien" léger, un "Adolescent" bizarre et troublant - un vieux texte figurant sur la pochette de "No Man's land" ainsi qu'une sublime chanson aux accents japonais "La dragon, le tigre et la geisha" où se marient petite ritournelle du soleil levant et imposant chant rauque de guerrier npipon. Pour finir, Higelin, dégaine sa guitare électrique pour un thème récurant dans son oeuvre, l'aviation et ses héros !  Higelin est le seul chanteur, à ma connaissance, qui aura autant écrit sur ce sujet, le déclinant sous tous les tons !  "Aux sombres héros de la voltige", est un album un peu fourre tout, sans réelle cohésion, mais qui comporte de belles réussite. Une sorte de compilation de ses meilleurs titres jamais écrits jusqu'alors !

Higelin pour tout le monde


Cette nouvelle compilation d'Higelin est censée, comme son nom l'indique, intéresser tout le monde. Mais voilà si elle présente un florilège de certains de ses meilleurs titres, elle n'apporte rien de nouveau pour qui connaît déjà l'oeuvre de A à Z.  Peut être aurait-on pu y trouver quelques inédits ou des versions introuvables comme son superbe duo avec Isabelle Adjani et le superbe "Je ne peux plus te dire je t'aime". Mais non rien de rien. Juste une compilation de plus, sans grand intérêt. Mais bon, les lois du marketing sont telles qu'il faut parfois se plier à ce genre d'exercice. Il aurait juste fallu baptiser ce "Higelin pour tout le monde", "Higelin pour les autres", cela aurait été plus approprié !
Paradis païen

Sept ans de silence. Sept ans sans qu'Higelin ne nous propose un nouveau voyage. Sept ans où on imaginait l'homme en panne d'inspiration ou ayant jeté l'éponge. Et pourtant il revient en 1998 avec un nouvel opus, "Paradis païen". Les deux premiers titres nous rassurent de suite, Higelin est toujours Higelin. Les compositions sont au rendez-vous, dans la grande tradition, sans surprise certes, mais toujours avec le même plaisir. Moins rock, les premiers titres se veulent populaires, notamment avec "L'accordéon désaccordé" et sa java qui rend hommage au piano à bretelles des baloches d'antan. Puis un son plus électronique vient nous surprendre pour un "Rififi" de toute beauté, titre écrit par Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, les amis de toujours. Encore plus étrange sonne "Luxe, charme et volupté" empli de bidouilleries en tout genre. "L'héritière de Crao" véritablement moderne et étonnant rappelle curieusement l'époque du premier album. Et pour cause, Areski est de retour aux cotés d'Higelin apportant sa touche si particulière, habile mélange de modernité et d'instruments traditionnels. Morceau phare de l'album, le titre éponyme est de toute beauté, un hymne à l'amour made in Higelin. En 1998 Higelin est toujours là, en déplaise à ses détracteurs.

Live 2000


C'est avec un Live - un  de plus - qu'Higelin salue cette fin de siècle. Contrairement à l'ambiance du moment, plutôt maussade, Higelin dans une formation acoustique, piano, violon, contrebasse vient nous offrir une bouffée d'air pur, d'amour et de bonheur. Dès les premières notes de ce "Live 2000", la joie est au rendez-vous. Higelin est au meilleur de sa forme, maîtrisant son chant comme jamais, jouant de son piano avec légèreté et générosité. Comme à son habitude, il ne se contente pas d'interpréter ses chanson, il leur donne corps, leur donne vie, de sa voix si particulière.Cette voix cassée, toujours au bord de la chute. Il ne chante pas avec sa voix, il chante avec son coeur, avec ses tripes... Et l'orchestration y est magistrale, de toute beauté. Et quand il abandonne son clavier c'est à la guitare acoustique qu'on le retrouve pour un "Paris New-York" sautillant et à tout rompre. Même chose pour "Mona Lisa Klaxon". Puis il fait place à un "Irradié" dépouillé où les cordes vrombissent au rythme des percussions. Il retrouve son piano fétiche et nous sert un "Champagne" pétillant avant d'endosser un autre piano, à bretelles celui-là, pour la java mélancolique de "L'accordéon désaccordé" enjolivé d'improvisations hilarantes. "Ce qui est dit doit être fait" sera le mot de la fin de ce concert d'où on ressort avec une pêche d'enfer ! Rien de tel pour retrouver le sourire et oser aller sauter pieds joints dans les flaques d'eau !



Higelin entre 2 gares


Alors qu'il coure en 2005 des bruits comme quoi Higelin n'aurait plus de maison de disque sort une nouvelle compilation "Higelin entre 2 gares". Les maisons de disque voyant leurs ventes s'effondrer, désignent comme responsables les ignobles internautes qui téléchargent à tout va les albums de leurs artistes préférés. Plutôt que de s'interroger sur cette révolution numérique, ils brandissent la carte du piratage et licencient leurs artistes les moins vendeurs. Higelin serait de ceux là. Ils oublient seulement qu'un artiste est avant tout un homme de scène et qui sur scène, justement, Higelin fait toujours salle comble. Bref cette compilation ressemble à un baromètre permettant de juger des capacités de vente de leurs poulains. Toujours est-il que s'il ne vous fallait qu'un seul best-of d'Higelin celui-ci semble le plus abouti. Il couvre toute sa carrière, depuis "la java des chaussettes à clous" des tout premiers enregistrement en passant par son duo avec Brigitte Fontaine "Cet enfant que je t'avais fait", jusqu'aux titres plus récents voire des extraits lives comme l'incontournable "Hold tight". Une belle entrée en matière pour qui veut découvrir Higelin.

Higelin enchante Trenet


Comme pour répondre à tous ceux qui l'auraient enterré prématurément, Higelin prend tout le monde à contre pied et revient, toujours chez EMI, avec un album aussi surprenant que jouissif "Higelin enchante Trenet". Les mauvaises langues y verront un live de plus, certainement redondant après celui de 2000, surtout qu'il n'a sorti aucun album studio depuis. Que nenni ! Ce nouvel album public est tout sauf un live de plus. Déjà il ne chante aucun de ses propres titres, mais bel et bien ceux d'un autre fou chantant, Charles Trenet ! Lumineux, plein de vie de gaieté, Higelin reprend les titres de son maître et révèle toute la poésie et la folie de celui-ci. A travers Higelin, les chansons de Trenet prennent un nouvel essor, une dimension oubliée. Et la magie est totale. Le plaisir est magnifié. Les textes et les mélodies de Trenet s'accordent à merveille avec la gouaille d'Higelin qui rend là le plus bel hommage qu'on pouvait offrir à Trenet. Higelin s'approprie Trenet, sans le trahir, en le parsemant de ses propres petite touches de folie. Un grand, grand disque que celui-ci, plein de mélancolie, de poésie et de délire. Merci Charles d'avoir offert à Jacques ce moment inoubliable.


Amor doloroso

Dernière livraison en date d'Higelin, "Amor doloroso" est son premier album studio depuis 8 ans ! Higelin deviendrait-il feignant ? Il l'a toujours été, et même souvent revendiqué ! Et puis, il n'a plus rien à prouver, alors il prend son temps. Et il a bien raison. Cet "Amor doloroso" s'ouvre sur "Queue de pan" ode à ce que l'homme a de plus masculin. "Prise de bec" et son rythme curieux sonne très électrique, très bleusy. "Ice dream" est une jolie chanson pleine de jeu de mot comme il en a l'habitude entre sérénité et mélancolie. "Halloween" et son brouillard lancinant, peuplé d'êtres fantastiques, n'en est pas moins une douce chanson d'amour. "Ici, c'est l'enfer" est une introspection douloureuse, tout comme "Amor doloroso" où il crie que l'amour est mort. "J't'aime telle" est bien plus optimiste, fait penser à du Gainsbourg. Et c'est toujours sur le thème de l'amour que s'achève cet album, un des plus introspectifs d'Higelin. Sans doute pas le plus marquant, ni le plus audacieux, mais l'album d'un homme de 67 ans (il est né le 18 octobre 1940) face à ses interrogations, qui fait le point sur sa vie et qui rend hommage à la plus belle et la plus douloureuse chose que la vie puisse nous offrir : l'amour. Mais l'amour n'est-il pas la plus belle des douleurs ?


Une autre comp
ilation, sortie en 2002, "Long Box" composée de 3 cd "Higelin s'en va en rêve", "Higelin guitare au poing" et "Higelin's folie's" retrace sa carrière en classant ses chansons selon leur "genre". On y retrouve tous ses classiques et ce "Long Box" ne présente aucun intérêt.

On le retrouve également sous forme d'un 45 tours pour la bande originale du film "Les Encerclés" en compagnie de Brigitte Fontaine avec qui il chante "Cet enfant que je t'avais fait". Bien que ce 45 tours soit introuvable, ce magnifique duo reste l'un des plus beaux et émouvants de la chanson française. A plusieurs reprises, Higelin collaborera étroitement aux albums de ses deux amis avec qui il aura fait du théâtre expérimental dans les années 60.

Il semblerait qu'il ait enregistré également quelques chansons de Boris Vian avec Catherine Sauvage, probablement dans les années 60. Plus certains sont ses participations aux contes musicaux "Pierre et le loup" et "La fugue du petit poucet" (1986). Il signe sa présence auprès de Jeanne Cherhal, Armanda Altaï (qui l'a accompagné sur scène), le musicien Michel Santangeli pour un single hors commerce en 83 ainsi que sur différents projets comme l'album "Urgence" pour la recherche contre le sida où il chante "Un aviateur dans l'ascenseur " avec... Patrick Bruel ! La liste n'est pas exhaustive ! Découvreur de talents, il nous a fait connaître, entre autres, Youssou'n Dour et Mory Kante (invités sur le live à Bercy) ainsi que son complice Eric Serra qui signera plus tard les bandes originales des films de Luc Besson.









Enfin, ce chapitre musical ne saurait être clôt, sans évoquer sa participation aux sixième album de son fils Arthur H "Adieu Tristesse" en 2005. Higelin, entre autres invités de luxe comme Feist ou encore M, chante en duo "Le destin du voyageur". Ce titre est le seul qu'aient engeristré ensemble à ce jour le père et le fils.

Un duo qu'on retrouvera à l'occasion des quarante ans du fiston sur l'album live de ce dernier "Show Time".






Autre domaine de prédilection d'Higelin, le cinéma ! Bien que sa carrière d'acteur ne lui ait jamais valu aucun César ni aucune nomination, il a participé à une vingtaine de films, dont le cultissime "Bébert et l'omnibus" d'Yves Robert.

Habitué aux seconds rôles, il tient néanmoins la tête d'affiche dans "Elle court, elle court, la banlieue" aux cotés de Marthe Keller.




  
     

 

    




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