La perception de l’autre




Connait-on réellement les gens qui nous entourent ? Je veux dire les proches, ceux qui le sont, ceux qui l’étaient ou ceux qui le deviennent ? Que savons-nous effectivement d’eux ? Qui sont-ils vraiment ? Difficile à dire.

Très peu de chose en fait. Souvent on partage des moments de vie ensemble et soudainement on s’aperçoit qu’on ne sait rien d’eux ou pas grand-chose. L’Autre est une interrogation permanente. Dès qu’on pense comprendre son fonctionnement soudain il fait volte face et l’on se retrouve désarçonné. On retente alors l’expérience, se disant que quelque chose nous avait échappé mais dès que l’on croit avoir bien saisi toutes les subtilités de l’Autre, il nous dévoile un profil inconnu qui nous laisse pantois ! Et pourtant nous nous accrochons encore et encore, parce qu’on l’apprécie, parce qu’on l’aime et qu’on se dit qu’on n’a pas su bien le regarder, le comprendre, l’écouter. Et nous remettons sans cesse l’ouvrage sur le métier usant nos forces, notre patience, notre amour, parfois même notre santé. Un jour il vous dit que vous êtes trop présent, qu’il a besoin d’air, alors vous éclipsez, docilement. Quelque temps après il vous reproche de le délaisser, de ne pas faire attention à lui, alors vous faites tout votre possible pour être présent, mais pas trop, on sait jamais dès fois qu’il vous en fasse le reproche. Une autre fois, il vous dit « à dans quelques jours » puis, juste après, vous accuse de ne pas avoir pensé à lui, simplement parce que durant ces quelques jours où vous étiez séparés, ce qu’il avait prévu ne s’est pas déroulé comme il l’espérait et que vous, vous ne lui avait pas donné signe de vie.

Des signes de vie que lui-même ne vous fait jamais lorsque vous être absent. Mais cela, il a tendance à l’oublier. D’autres fois, il vous fait remarquer que vous ne demandez jamais comment vont ses proches et pour cause, il ne vous le demande jamais non plus. Parfois même, il vous accuse de mensonges, de trahisons, de duperies, de tromperies ou je ne sais quoi alors que de son côté il se les autorise sans vergogne. Peut être cherche-t-il ainsi à se disculper de ses propres travers ? Si par malheur il vous arrive d’aller mal, de déprimer et qu’à cause de cela vous êtes désorientés, n’avez plus tout à fait la juste mesure des choses et réagissez de façons pas toujours cartésiennes, il n’hésite pas à vous le faire savoir. Il se refuse d’accepter que le mal dont vous souffrez peut être la cause de votre manque de discernement ou de vos actes irréfléchis. A ses yeux c’est bien trop facile de justifier nos égarements et nos erreurs par quelques troubles dépressifs passagers. En revanche, lorsqu’il est lui-même confronté au problème, là, c’est différent. Il n’hésite pas à légitimer son comportement par ces mêmes troubles dont vous souffriez ! Pire encore, alors qu’il revendique le droit à la vérité, à l’honnêteté, à la franchise, l’Autre n’accepte aucune critique ! Il n’apprécie pas d’être piqué au vif. Il réfute qu’on puisse lui démontrer par A+B qu’il a tord, non pas pour l’écraser mais pour lui montrer qu’il fait fausse route, qu’il s’égare. Mais l’Autre, inlassablement, sans même le vouloir, réduit à néant notre désir de vouloir bien faire.

Alors, un jour, épuisé par ce combat inégal, fatalement on baisse les bras. Trop c’est trop.



Alain/So Sad 30/11/2008 21h09








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