Carnets de Bord



Le mois de novembre est sans doute un des mois le plus tristounet du calendrier. Plus vraiment en automne, pas encore en hiver, il est souvent synonyme de longues soirées venteuses où le froid engourdit les rêves. Franchement pas le mois idéal pour laisser son âme vagabonder au fil des rimes. Alors on se terre, le cœur frileux, la thermos de café à proximité, histoire de réchauffer l’atmosphère qui frôle le trente-deuxième sous-sol…

Et c’est dans cette ambiance morose de couette et de pyjama en coton, le cœur à la dérive, que dans mon hibernation naissante soudainement un inattendu rayon de soleil, un doux vent des mers du sud, est venu me réveiller. Contre toute attente alors que je m’apprêtais à entrer en phase de cocooning saisonnier, une voix grave, profonde et chaude est venue me susurrer ses vers sur cette musique aux accents latinos sur fond de rock new-yorkais.


Et me voilà donc à suivre ces «Carnets de Bord», véritable invitation au voyage vers lequel je m’empresse de vous emmener. Nous voilà donc en compagnie du « Voyageur » pour une introduction à cette promenade autour du monde où se mélangent diverses influences musicales à la fois arabisantes et sud américaines « Trafiquant de métaphore, Insurgé de l’univers, Passager du Maldoror, Entre la mort et la mer ». Tout un programme

Puis la musique se veut plus douce. «Elle chante» Cesaria Evora vient prêter sa magnifique voix à ce texte qui lui est dédié « Elle chante un peu voilé, souple comme le vent, C’est une mélodie sans paroles, hors du temps ». Tout le Brésil transpire dans un foisonnement de percussions délicieuses.

Un accordéon digne d’un bal musette esquisse les premières mesures de «L’été ». On imagine un bal de campagne au 14 juillet. Un rythme qui met le cœur en fête et qui efface d’un coup d’un seul la pluie de ce soir.

«Guitar song» sur un air de samba nous offre une ode à cet instrument qui a donné à bien des poètes l’envie de chanter leurs vers.

Et le voyage se poursuit par un «Etat des lieux» sans complaisance où sur un fond de reggae on découvre un inventaire caustique des maux que l’homme fait subir à la Terre « Je vois des guerres tribales comme des cancers, qui rongent des pays déchirés » « Que la nature assure – les animaux s’en sortent, Que le point de rupture ne soit pas lettre morte, Après nous le déluge – bombardé de neutrons, L’univers qui nous juge nous donne le frisson ».

«Silences» prend le relais et dénonce la misère du tiers monde. Pas forcément le tiers monde exotique, mais celui du quotidien, celui qui est derrière votre porte, sur votre palier.. « Un enfant au regard vide, va rasant les murs, il ne joue pas, il se ride ». « plus le soleil est dur, plus l’ombre est noir ».

Retour au reggae en duo avec Tiken Jah Fakoly sur «Question de peau» où on découvre l’errance d’un clandestin arrivé pour « travailler au noir jusqu’à la mort ». Un texte plein d’humanisme comme l’auteur sait si bien en écrire.

D’un saut de puce nous voilà en Bolivie pour assister à «La mort du Che». Une chanson puissante pour un hommage simple et pudique à celui que « Les marchands ont canonisé, Ce romantique si jeune encore, qui les ignore ». Superbe, tout simplement.

Petite accalmie avec «Messageries Maritime», une chanson toute en douceur sur des docks les yeux rivés vers l’horizon à attendre celui qui ne semble par revenir. Une sorte d’appel, une bouteille à la mer… Une lettre morte…

Changement de décor, nous voilà dans les rues de «Brooklyn» pour une visite toute personnelle où l’image de la ville se confond avec celle de l’amour sur un rythme bien new-yorkais, tout en rondeurs fluides et subtiles. On est réellement sur les trottoirs de Brooklyn tant l’atmosphère de la ville transpire autant dans la musique que dans les vers.

Et le voyage prend fin pour ce «
Marin» sans frontière sur un air digne des vielles chansons de boucaniers. Un véritable hommage à ceux qui de port en port usent leur vie entre bars et grand large.





Un grand merci monsieur Lavilliers pour cette nouvelle carte postale du monde. Vous seul savez dessiner de si belle façon l’humanisme avec les couleurs de votre poésie. Je me devais donc, vous qui m’avez donner le goût d’écrire à l’aube de mon adolescence, de vous remercier, tout simplement dans ce simple texte sans prétention.

Enfin je voulais aujourd’hui tout particulièrement, remercier tous ceux qui m’ont fait confiance jusqu’à présent, qui m’ont aidé d’une façon ou d’une autre à rédiger tous ces textes et poésies.

Mais avant tout je voulais saluer celle sans qui rien ne serait, celle qui m’a offert pendant près de deux ans un petit coin où déposer mes mots, celle qui m’a fait prendre confiance en moi, celle sans qui je ne serai rien ou pas grand chose. Merci, merci à toi pour tout ce que tu m’as donné qui à jamais restera gravé dans mon cœur. Je ne serai certainement jamais un grand poète, ni même un écrivain talentueux, mais au moins je l’étais dans tes yeux, et ces yeux là, seul moi ai pu y voir tout l’amour qui s’y cachait… Et même plus encore… Puissent d’autres voir ce que moi j’y ai vu..

Un poète s’endort… Chuuuut, ne le réveillez pas ! Il rêve !

© Alain Dukarski 31/10/2004

Découvrez la discographie de Bernard Lavilliers

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